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Les dernières nouvelles du front horloger, alors que le ralentissement classique des fins d’année se conjugue aux effets de plus en plus sensibles d’une sévère dépression...
• Pas de Baselworld pour deLaCour : la marque – qui se maintient avec une certaine insolence sur ses marchés habituels, notamment en Asie – préfère refaire son siège genevois (l’immeuble voisin de l’hôtel Richemont) et y aménager un salon pour recevoir ses détaillants pendant le SIHH. Nouveautés annoncées : une superbe montre de plongée et une nouvelle édition de la Bichrono qui a fait le succès de la marque...
• Pas de temps mort pour MB&F : contrairement à ce que Business Montres a pu écrire voici quelques jours, Max Büsser (MB&F) tiendra salon pendant le SIHH. Comme l’année dernière, il recevra sur rendez-vous, dans un palace genevois, les détaillants et les journalistes qui voudront voir ou revoir la nouvelle HM3. Question existentielle des insiders au sujet de cette HM3 : Sidewinder ou Starcruiser ? Chacun ses goûts, en attendant la livraison au moment de Baselworld, ce qui permettra à Max Büsser de venir en toute innocence prendre un café à Bâle pour nous la montrer ! Au programme de ces prochaines semaines, une version très spéciale de la HM2 (présentée pendant le SIHH) et, dans quelques mois, une pièce spéciale MB&F « très émotionnelle », prévue pour la vente Only Watch de septembre 2009, à Monaco. Fin 2008, MB&F – qui devrait ouvrir deux nouveaux points de vente en 2009 – devrait avoir livré de 120 à 130 HM1 et HM2, plus quelques HM3. Il est libre, Max...
• Pas de chance pour le Swatch Group : expliquée dès jeudi dernier par Business Montres, l’augmentation de 12 % des mouvements mécaniques décidées par ETA [décision qui s’accompagne d’un raccourcissement des délais de paiement et d’une suppression de l’escompte : soit 15 % de hausse réelle !] commence à provoquer de gros remous dans le microcosme horloger suisse. A tel point que la Commission de la concurrence – qui avait déjà épinglé le Swatch Group pour sa décision de cesser les livraisons d’ébauches aux marques tierces – aurait décidé de se saisir du dossier pour enquêter sur d’éventuels abus de position dominante...
• Pas d’erreur tactique pour Vogue Russie : le magazine fêtait récemment les trente ans de son édition russe et organisait un événement somptueux autour d’une grande idée créative. Une trentaine de grands créateurs et de marques de mode avaient rhabillé et repeint à leurs codes une matriochka de cinquante centimètres de haut [il s'agit des fameuses poupées russes]. Ci-dessus : la matriochka Paul Smith, juste pour changer un peu des habituelles images de montres. Toutes les pièces ont été vendues aux enchères au profit d’une œuvre charitable. Simple, superbe et très efficace [lien en bas de page]...
••••• L’idée fonctionnerait parfaitement pour des montres, puisqu’elle a déjà fonctionné pour des...vaches (Cow parade), restylées dans l’esprit des attributs de différentes marques. Le concept est d’autant riche que chaque poupée contient d’autres poupées, propices à une déclinaison des codes identitaires ? A quand une matriochka Hublot, Cartier ou Franck Muller, par exemple pour le Nouvel An russe ?
• Pas de répit pour de Grisogono : Fawaz Gruosi n’a toujours pas trouvé l’investisseur à 100 millions de francs suisses dont il rêvait. Le groupe Richemont vient d’opposer une nouvelle fin de non-recevoir à ses demandes pressantes. Les fournisseurs [qui attendent depuis longtemps le règlement de leurs factures] et la principale banque créancière de la marque sont au moins tout aussi pressants et pressés...
• Pas de visiteurs pour le salon Luxury, Please : ce week-end, au Hofburg de Vienne (Autriche), pas grand-monde au salon du luxe Luxury, Please. Moitié moins d’entrées que l’année dernière et presque moitié moins d’exposants. Le « luxe » fait beaucoup moins rêver. Argumenter sur le fait qu’un objet est « le plus cher du monde » provoque plus de mépris que d’envie. Ni les baignoires serties de diamants, ni la vache tapissée de cristaux Swarovski, ni la Maybach Landaulet à 1,3 million d’euros, ni le sac à main en platine avec 200 carats de « cailloux » n’ont fait recette. Le rapport au luxe n’est plus ce qu’il était dans les pays européens : c’est très nouveau dans le paysage marketing et ça devrait changer beaucoup de stratégies horlogères...
• Pas le moindre respect des institutions pour Bamford & Sons : le célèbre magasin de mode londonien, qui avait commis un premier sacrilège en proposant des Submariner et des Daytona en PVD noir, persiste et signe, avec un site que son département Montres a entièrement dédié à la personnalisation et à la customisation des différents modèles de la collection Rolex (www.bamfordwatchdepartment.com). Ce n’est pas donné, mais on peut choisir la couleur du boîtier et du bracelet, de la lunette, du cadran, des index lumineux, de la couleur de la date et de l’anneau qui porte cette date. Il est possible d’ajouter un mot sur le cadran et de graver le fond d’une inscription personnelle. Le tout pour 8 000 à 9 000 euros, en plus du prix de la montre (il ne faut pas rêver !)...
• Pas de relâche pour Fossil : le groupe américain ouvre, la semaine prochaine, à Paris sa première boutique Fossil en France : elle sera située dans le passage du Havre (quartier de la gare Saint-Lazare et des grands magasins). Galerie commerciale qui est en passe de devenir un hot spot horloger, puisqu’on y trouve également la boutique pilote de Louis Pion (présentation murale des montres, à la manière des lunettes dans les boutiques d’optique)...
• Pas de honte pour Jaermann & Stübi : la marque zurichoise laboure allègrement le sillon marketing des DNA-Legends de Romain Jerome, en lançant une montre de golf réalisée avec les clubs (fers 1 à 9) qui ont permis à Severiano Ballesteros de gagner le Chunichi Crows Open [une célèbre étape du circuit japonais, que « Seve » avait gagné grâce à un cinq sous le par]. Cinquante montres sont éditées, chacun des boîtiers étant affecté à un des fers, selon un procédé développé chez un coutelier de Solingen (Allemagne). Chaque montre est dotée d’un mouvement automatique et d’un module golfique capable de décompter les coups et le score en intégrant le handicap.
••••• Il n’y a plus qu’à attendre des boîtiers réalisés dans les vieilles chaînes de vélo de Lance Armstrong : Festina devrait s'y coller...
• Pas de Christmas pour les détaillants américains : ceux qui espéraient se refaire ne serait-ce qu’un tout petit peu grâce aux ventes de fin d’année ont maintenant compris que les Américains avaient déchiré leurs listes de cadeaux, décommmandé le père Noël et rayé purement et simplement Christmas de leur agenda. De plus en plus de détaillants ferment boutique après avoir liquidé leur stock à n’importe quel prix [ce qui engorge un peu plus le marché parallèle] : les statistiques, imprécises, situent le nombre de ces vitrines fermées à plus de 2 300 entre le printemps 2008 et le printemps 2009. Même Tourneau – réseau numéro un mondial pour les montres de luxe – vient d’annuler la plupart de ses commandes du printemps et prépare une « charrette » de licenciements...
• Pas de pause créative pour De Bethune : David Zanetta prend tout le monde horloger à contrepied en créant une voiture qui portera son nom, là où les plus grandes manufactures se contenter de devenir partenaire d’une marque automobile. Gros moteur et gros coup de poing à l’estomac côté design (image et détails à découvrir en exclusivité dans le prochain numéro de Business Montres).
• Pas d’excuse pour les premiers Ateliers de la refondation horlogère : ce sera dans la première semaine de mars, sur le thème « Y a-t-il une vie après la crise ? », avec les animateurs, les influenceurs et les agitateurs d’idées de la nouvelle génération horlogère. Une journée de travail, d’échanges et de débats, au cœur de la Suisse horlogère, sans langue de bois pour découvrir ensemble, étudier, comprendre et critiquer quelques stratégies gagnantes pour l’horlogerie post-crise des années dix. Un rendez-vous « affinitaire » exclusif – uniquement sur invitation, hélas payante ! – pour tous les managers, designers, concepteurs marketeurs, communicateurs et autres vrais tendanceurs de la planète montres. Sans parasitage médiatique, The place to be à quelques semaines de Baselworld. Renseignements et précisions à venir dans Business Montres.
• Pas de mauvaise surprise pour Peace Mark : comme annoncé deux mois à l’avance par Business Montres, qui suit l’affaire avec attention depuis ses révélations de l’été 2008 [voir nos informations précédentes], la Cour suprême de Hong-Kong a autorisé le rachat les 207 sociétés, filiales et succursales du groupe Peace Mark par le milliardaire hongkongais Cheng Yu-tung, qui dirige l'empire Chow Tai Fook, dont la filiale New Flow Group Ltd a pris le contrôle de Peace Mark. Montant de la transaction : 505 millions de dollars HK (51 millions d’euros, 80 millions de francs suisses). Belle opération pour une compagnie qui valait dix fois plus cher avant l’été ! Aucune décision n’a encore été prise pour le rachat du groupe de distribution Sincere, toujours entre les mains de Peace Mark. Apparemment, et au moins provisoirement, Patrick Chau Cham Wong (ex-chairman), Tommy Leung Yung (ex-CEO), Kevin Tsang Kwong Chiu, Man Kwok Leung, Cheng Kwan Ling and le Français Hugues de Jaillon restent directeurs exécutifs du groupe Peace Mark, sous le contrôle des « liquidateurs provisoires ».
• Pas d’informations nouvelles sur les grandes marques : à quoi bon, puisque tout le monde sait que « tout va très bien, Madame la marquise » ! « L’horlogerie suisse ne connaîtra pas de crise », nous confirme Nick Hayek en cette mi-novembre 2008.
La bande-son est parfaite : les statistiques de la FH sont toujours à la hausse ; les carnets de commandes des manufactures sont pleins ; les détaillants font des pieds et des mains pour être livrés ; les ventes de fin d’année s’annonçent exceptionnelles ; les salons 2009 vont battre tous les records.
••••• Ah, pardon, je me suis trompé : j’ai repassé sans le faire exprès la bande-son de novembre 2007...
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