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On ne s’ennuie jamais avec les horlogers, même en temps de crise.
• La Fabrique de montres normandes ne fait pas de complexe d’infériorité : FDMN est une nouvelle marque française, qui se pose d’emblée en « manufacture » Made in Normandy 100 % authentique [comme le camembert, le calvados et les cimetières militaires]. La maison ne craint pas de s’établir dans un pays perdu dénué de la moindre tradiction horlogère, au milieu de nulle part. Tout simplement parce son créateur, d’origine allemande, est tombé amoureux de Brionne (5 000 habitants), dans la vallée de la Risle (Eure). On découvrira les premiers modèles de la FDMN au Salon Belles Montres : au programme, un tourbillon in-house, qui porte donc à deux [après le superbe tourbillon automatique de BRM] le nombre de mouvements à tourbillon développé par des marques horlogères tricolores !
••••• Encore plus étonnant : ces deux nouveaux tourbillons franchouillards ont été conçus et réalisés en partant de zéro, hors de tout tissu industriel horloger : c’est peut-être ça le nouveau secret de la créativité...
• Les Italiens d’Avion 1945 préfère les gros bonnets : récemment apparus dans le paysage horloger italien, les petits nouveaux d’Avion 1945 [ça, c’est un nom, mais personne n’y avait osé !] donnent à fond dans la « pin-up » forties-fifties et dans le graphisme des Babies Dolls qui décoraient le nez des bombardiers américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Seul changement : il s’agit maintenant de montres de filles, serties de cristaux Swarovski, qui surfent sur la vague d’un hyper-féminité assumée autant que sur les fantasmes pulmo-bikinophiles des mâles. Collection d’une douzaine de créatures différentes sur les cadrans, excellente PLV et prix plus que bien placé : 135 euros (mouvement quartz Miyota)...
••••• Je suis quand même étonné qu’aucune des marques horlogères typées macho – à l’exception notable de BRM, en série ultra-limitée – n’ait détourné ou décalé à son profit l’esthétique pin-up, symbolique d’un certain retour du vintage, de l’esprit militaire, du rêve américain et de la testostérone en fusion : il y a là un réservoir d’images absolument fabuleux...
• Olivier Randin veut développer un pôle horloger lausannois : le positionnement n’est pas a priori très facile [la région de Lausanne est assez pauvre en traditions horlogères, hormis le siège administratif de Blancpain], mais Olivier Randin mise sur les célébrités locales : le créateur de ballets Maurice Béjart ou le graveur Albert-Edgar Yersin [à ne pas confondre avec le Yersin du bacille de la peste]. Pas facile pour se faire un nom avec de telles séries limitées [les cibles sont « pointues »], des mouvements basiques, des boîtiers standards et des finitions sans gloire. Surtout quand on pose d’emblée en « manufacture », avec pour principal argument l’esthétique des cadrans, pour le coup assez réussi, notamment pour la gravure en hommage à Yersin, signée Pierre Schopfer, auquel on doit les billets de banque et beaucoup de timbres-postes suisses (Renseignements : www.olivierrandin.com).
••••• On imagine – et on espère – que la ville de Lausanne aura à cœur de soutenir à fond un jeune et méritant créateur indigène : ses montres feront d’excellents cadeaux pour les visites officielles...
• Attendues dans les jours à venir, d’autres nouveaux venus sur la scène horlogère :
• Grönefeld, avec un tourbillon répétition minutes GTM-06, qui fera des frères Tim et Bart Grönefeld les créateurs de la première grande complication batave (leur atelier est situé à Oldenzaal, Pays-Bas). Ils ont fait leurs classes en Suisse et ils aiment apparemment un design assez musclé qui ne craint pas les détails baroques et le bodybuilding (Renseignements : http://www.gronefeld.nl)...
• Fontainemelon, dont le nom réveillera des souvenirs chez les amateurs d’histoire horlogère (la ville est toujours une cité horlogère aux portes de Neuchâtel, mais il n’y reste plus qu’un établissement du Swatch Group). Un mouvement vintage très original par son tourbillon logé dans un calibre de poche, une astucieuse montre sportive et une mignonne gourmandise féminine, qui fera battre le cœur des dames : Business Montres en révèlera plus ces jours-ci...
••••• Bienvenue au club, on commençait justement à s’ennuyer un peu !
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