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Une petite entreprise de Bienne produit des montres dessinées par des architectes ou graphistes de réputation mondiale.
Mario Botta, Arne Jacobsen, Massimo Vignelli, Angelo Mangiarotti, mais aussi Steven Götz ou Sandrine Oppliger, «sans oublier Michael Graves à l’origine de notre histoire», ajoute Pierre Junod, patron de l’entreprise éponyme et méconnue: des signatures qui n’ont, a priori, rien à voir avec l’horlogerie.
Original
Descendant d’une famille horlogère, «mes aïeux ont fondé la marque Milus», Pierre Junod (photo Enrique Muñoz Garcia) fait tourner ses propres aiguilles depuis une quinzaine d’années. «Un concours de circonstances, pour un marché de niche.» Avec, pour fil rouge, l’originalité et une présence marquée en marge des circuits traditionnels de l’horlogerie helvétique. Un contact avec l’entreprise italienne Alessi, spécialisée dans le design, a mis le mouvement en marche. «L’architecte américain Michael Graves leur proposait un projet de montres, ils ne savaient pas où le produire.» Pierre Junod et son épouse Danuta relevaient le défi. Aujourd’hui encore, la liste du personnel ne comprend que leurs deux prénoms. «Lorsqu’ils voient les grands noms qui figurent sur nos montres, les gens pensent que nous sommes une grande société », sourit le patron. Car à l’inverse de celui des collaborateurs, le registre des créateurs s’est copieusement allongé. «Les architectes et autres artistes se connaissent. Ils parlent entre eux et nous apportent des idées exceptionnelles. Nous recevons beaucoup de propositions spontanées.»
Mécanique
Dans son bureau de la rue Feldeck, Pierre Junod rayonne. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. «Notre avantage, c’est la longévité de nos modèles. Par exemple, les premières montres de Mario Botta datent de plusieurs années, mais se vendent toujours.» Malgré les nombreuses sollicitations, les nouvelles réalisations se comptent sur les doigts d’une seule main, «deux ou trois par an». Et d’annoncer avec une certaine fierté: «Nous faisons tout faire dans la région.» Sans parler de l’assemblage qui porte le sceau maison. Aux signatures de célébrités, gravées sur chaque pièce, s’ajoute ainsi la mention «Swiss made», toujours référence du monde horloger. C’est d’ailleurs, un des rares liens entretenus avec le microcosme du tic-tac. «Si l’on excepte nos fournisseurs tous spécialistes du domaine, nous évoluons en dehors du circuit traditionnel.»
Pierre Junod n’expose plus à Bâle, n’est pas, ou très peu, distribué par les échoppes habituelles. «Plus de 90% de notre production est exportée. » Dans les salons, ses montres sont présentées parmi les bijoux modernes. Et le caractère atypique du petit atelier ne s’arrête pas là. «Nous faisons de petites séries de quelques centaines de pièces. Je suis à la fois surpris et reconnaissant du bon accueil réservé par nos partenaires.» Dernier détail, tous les modèles actuels de la collection sont assemblés autour de mouvements quartz. «A l’instigation de Mario Botta, un projet mécanique est à l’étude. Ce devrait être un mouvement manuel.»
Revue FH
François Lamarche |