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GMT Lady a rencontré Aletta Stas, COO de la manufacture de Plan-les-Ouates...
Comment en êtes-vous venue à créer votre propre marque?
Tout a débuté par un hobby avec mon mari Peter, nous avons toujours aimé les montres. Alors que je travaillais dans l’immobilier en Hollande et lui dans l’électroménager pour un grand groupe, nous sommes venus skier dans les Alpes bernoises. En nous arrêtant devant la vitrine de Bucherer nous admirions les modèles prestigieux des grandes marques et sommes tombés en arrêt devant les montres Bucherer. Elles avaient l’air luxueuses et présentaient des petites complications mais restaient tout à fait abordables. C’est alors que nous nous sommes dit qu’il était possible de proposer des montres de luxe à un prix raisonnable. Nous avons poursuivi nos carrières respectives et nous sommes expatriés à Hong Kong au début des années 1990, mais l’idée nous travaillait de plus en plus. C’est alors que nous avons commencé à dessiner des montres sur notre ordinateur, puis à chercher des entreprises capables de nous modéliser quelques échantillons. Nous partions à la découverte d’un nouvel univers et j’ai quitté mon travail pour m’y consacrer. C’est sur un petit salon horloger de Hong Kong que nous avons eu notre première commande: 300 pièces! Afi n d’honorer cette commande japonaise j’ai commencé à chercher des fournisseurs en Suisse, aidée par la Fédération Horlogère Suisse grâce à qui j’ai trouvé un atelier d’assemblage rive droite. Pendant nos vacances nous continuions à visiter les fournisseurs potentiels jusque dans le Jura.
Nous débarquions sans rendez-vous et ils étaient extrêmement accueillants et nous apprenaient beaucoup. Pendant quelques années nous avons ainsi opéré en supervisant les affaires depuis l’Asie en nous appuyant sur un partenaire à Genève, mais en 1997 nous avons pris la décision de nous lancer vraiment et de nous installer en Suisse. Trois déménagements et dix ans plus tard nous possédons maintenant notre propre manufacture à Plan-Les-Ouates et allons franchir la barre des 100’000 montres produites.
Quel y est votre rôle?
Je suis en charge de la production et de la logistique et Peter s’occupe des ventes et du marketing. Nous nous partageons le design et la stratégie, mais je siège aux comités des ventes chaque trimestre pour suivre la marche des affaires et anticiper les adaptations. Enfi n, Peter et moi siégeons au conseil d’administration avec deux personnes issues de grandes multinationales extérieures à l’horlogerie.
Les marques horlogères à consonance féminine sont rares, d’où vient le nom Frédérique Constant?
Ce sont en fait les prénoms de nos arrières grandsparents: Frédérique pour mon arrière grand-mère et Constant pour l’arrière grand-père de Peter. Ce sont aussi nos deuxièmes prénoms et ceux de nos enfants.
Auprès des femmes de quels pays vos montres connaissent-elles le plus de succès?
Nos modèles féminins ont été introduits depuis trois ou quatre ans seulement dans nos collections, avec la Heart Beat. Devant le succès rencontré auprès des femmes actives de 30-40 ans, plus élégantes que fashion victimes, nous avons capitalisé sur ce modèle automatique au cadran ouvert avec la Double Heart Beat. Auparavant il s’agissait seulement de réductions de montres d’hommes ne dépassant pas 10% des ventes. Ce n’est qu’en 2008 que nous avons créé une ligne exclusivement féminine, la Delight. Les ventes de montres dames représentent aujourd’hui plus du quart de la production mais elles sont en progression constante et devraient atteindre une part plus importante de nos débouchés. Il n’y a pas un marché en particulier qui s’avère plus friand que d’autres pour ces modèles, qui se vendent aussi bien en Hollande qu’en Espagne ou en Russie.
Comment vous adressez-vous à elles?
Le slogan de Frédérique Constant s’applique aux hommes comme aux femmes: Live your Passion. Nous avons choisi une ambassadrice pour nos campagnes de publicité, Nina Badric, une chanteuse croate, dont la féminité est en phase avec les valeurs de la marque. Notre campagne indique également aux clientes que nous reversons une partie des sommes perçues par la vente des Double Heart Beat à une oeuvre de bienfaisance. Des événements spécifi ques vont sans doute accompagner les nouveaux lancements féminins mais ce n’est que le début.
Quel est votre modèle préféré et pourquoi?
Je porte une des toutes premières Heart Beat Lady automatique. J’apprécie beaucoup l’harmonie du luxe sobre que sa nacre et sa boite en acier sertie de diamants affi chent et ses qualités mécaniques révélées par l’ouverture du cadran. Quelle est votre marque de bijoux préférée? Cartier. J’ai toujours aimé leurs bagues, même quand j’étais petite fi lle et sans savoir de quelle marque il s’agissait. Leur force réside dans cette puissance créatrice mais qui reste aussi contenue dans des modèles que l’on peut porter sans exubérance.
Comment conciliez-vous vos rôles de femme d’affaires et de mère de famille?
C’est un combat incessant. On aimerait pouvoir se partager et tout accomplir parfaitement des deux côtés, mais le mieux de l’un est l’ennemi du bien de l’autre. Pourtant je ne pourrais pas me consacrer uniquement à mon travail ou à ma famille, je trouve mon équilibre dans ma relation avec les deux.
Qu’est-ce qui différencie le plus les Hollandaises des Suissesses?
Je ne peux vous donner que mon avis, qui est basé sur mon expérience à Genève et n’est pas une vérité absolue! Il me semble que les Hollandaises se comportent plus en égal vis-à-vis des hommes, qu’elles se mélangent plus à eux, sans former des clans. J’ai l’impression qu’elles sont aussi plus ouvertes, mais parfois les obstacles linguistiques et culturels ne rendent pas aisée l’interprétation des subtilités et peuvent biaiser l’avis que l’on se fait d’une situation.
Quelle personnalité féminité sort de l’ordinaire selon vous?
J’apprécie particulièrement la Princesse Maxima de Hollande, qui est l’épouse de notre Prince Héritier. Sa spontanéité et son approche ouverte envers le peuple hollandais a apporté beaucoup de popularité à notre royaume.
BRICE LECHEVALIER
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