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Ce qui bouge sur le marché de la montre
 
Le 16-12-2008
de Business Montres & Joaillerie

Montre atomique, mouvements mécaniques nacre de luxe, champagne horloger, détaillants inquiets
et tout le reste…


••• 22 % DE CHUTE : Business Montres se demandait cette semaine, dans le 360° du lundi, si cette première semaine des ventes de fin d’année tiendrait ses promesses habituelles. Un chiffre vient de tomber des Etats-Unis : 22 % de chute pour les achats on line de montres et de joaillerie pour les cinq premiers jours de décembre (étude Reston, après le Cyber Monday du 1er décembre). Ceci alors que les ventes globales on line augmentaient de 9 %, les meilleures performances allant aux articles sportifs (+ 35 %) et à l’électronique (+24 % : la fréquentation du site Apple étant en hausse de 29 %)…

•••
MONTRE ATOMIQUE : il sera bientôt possible de concevoir une horloge atomique à la taille d’une montre-bracelet. C’est une promesse de deux très sérieux physiciens de l’Université of New South Wales (UNSW, Australie), qui ont travaillé avec une équipe de physiciens de l’université du Nevada (Etats-Unis). Il ne s’agirait plus de définir le battement d’un atome de césium [ce qui réclame des procédures et des matériels très complexes et très volumineux], mais de travailler sur des appareillages plus simples, en utilisant des atomes d’aluminium, de gallium, de césium ou de rubidium soumis à un faisceau laser pour caler une onde de fréquence au moins aussi précises que les mesures actuelles…

••• INQUIÉTUDE : spécialisé dans l’hyperréalisme horloger le plus pointilleux (ci-dessus), le peintre bordelais Didier Vallé abandonne les montres pour se spécialiser dans les… singes, toujours avec le même réalisme ! Y aurait-il un rapport (http://www.didiervalle.fr) ?

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NERF DE LA GUERRE : passionnant article de Bastien Buss dans L’Agefi (Suisse), pour établir, chiffres à l’appui, que la position d’ETA (Swatch Group) reste dominante sur le marché, avec une maîtrise de plus de 75 % du marché (63 % du marché mécanique pour les seules trois principales références d’ETA). Ces chiffres n’avaient jamais été publiés. En excluant Rolex (qui ne fournit que Rolex) du total des mouvements produits en Suisse, on aboutit à 90 % de parts de marché pour le Swatch Group. Les projections sur 2011 aboutissent à 77 % pour Swatch Group, en admettant que les concurrents (Sellita, Soprod) réussissent leur montée en puissance…
••• Je persiste à trouver pathétiques les cris d’orfraie de tous ceux qui n’ont pas voulu investir dans la mise au point de nouveaux calibres et qui s’indignent aujourd’hui du quasi-monopole du Swatch Group ! Rappel utile : cette position dominante n’a pas été décidée par Nicolas Hayek ; elle lui a été imposée par l’histoire à la suite de la crise du quartz. Avec l’embellie de l’horlogerie mécanique depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, combien de marques ont tenté d’assurer leur indépendance ? Très peu ! Je me souviens encore de l’incompréhension rencontrée par Karl-Friedrich Scheufele quand il avait lancé sa manufacture L.U.C…
Aujourd’hui, les groupes ont réagi pour leurs marques de luxe, mais ça reste encore insuffisant. Les petites marques et les maisons indépendantes ont-elles tenté d’assurer leur indépendance ? Les alternatives ne manquaient pas pour ressusciter en Suisse des mouvements français, russes ou allemands, anciens mais performants : qui l’a fait ? Qui a aidé les Chinois qui voulaient investir dans le Swiss Made (Technotime, Soprod) ? Qui a aidé Bernard Richards à développer son mouvement automatique 100 % tricolore ? On ne peut pas reprocher au Swatch Group de profiter d’une rente de situation que chacun a conforté au cours de ces dernières années.
L’article de L’Agéfi donne la parole à un horloger prudemment anonyme, qui chiffre autour de 230 francs suisses la hausse du prix des montres pour le consommateur, à cause d’un « facteur multiplicateur de sept » : et si on réduisant là aussi les marges insensées pratiquées ces dernières années ?

••• NACRE BIO-CÉRAMIQUE : la dernière livraison du magazine Science détaille les avancées d’une équipe de chercheurs du Berkeley Lab (US Department of Energy Lawrence Berkeley National Laboratory) qui travaille sur le high-tech bio-mimétique. En congelant de l’oxyde d’alumine et des polymères et en jouant sur l’architecture interne des molécules, ils ont obtenu une « nacre » bio-céramique artificielle 300 fois pus résistante que la nacre naturelle. Ces recherches sur les micro-structures de matériaux naturels ouvre la voie à de nouvelles découvertes dans le domaine des matériaux composites, travaillés pour être toujours plus légers et plus résistants, ce qui place l’horlogerie au premier rang des industries directement concernées par ces avancées (article : « Tough, Bio-Inspired Hybrid Materials », de Munch et al., Science, 5 décembre 2008)…

••• CHAMPAGNE : faire la fête traditionnelle de fin d’année ou se serrer la ceinture à la fois par mesure d’économie, par décence vis-à-vis des personnels qui seront « allégés » en 2009 et, aussi par « solidarité » avec tous les clients du luxe touchés par la crise ? La question se pose pour la plupart des dirigeants horlogers, en particulier au sein des groupes, où des recommandations très strictes ont été données. Chez Richemont, une seule exception : Piaget maintient son invitation de 400 personnes au Kempinski (Genève), Philippe Leopold-Metzger jugeant préférable de faire passer un message positif à ses équipes et estimant que ses clients ne sont pas affectés par la crise actuelle. Une attitude non-conformiste jugée assez sévèrement en haut lieu…

••• INCERTITUDES : c’est dans vingt jours, au 1er janvier 2009, que la loi de modernisation de l’économie (LME) impose aux entreprises françaises un délai de paiement de 45 jours fin de mois (60 jours à date d’émission) pour les factures. Les détaillants horlogers sont directement concernés et inquiets, la pratique de la profession étant plutôt de l’ordre de 150, voire 180 jours. Pour la première de son histoire, la totalité de la branche (marques, fournisseurs, détaillants) s’est mobilisée pour parvenir à un accord sous l’égide de la FH française (Fédération horlogère).
La LME prévoyant des dérogations par branche et compte tenu des « spécificités » de la branche HBJO (rotation lente, etc.), il a été proposé au ministre un aménagement progressif : ne rien changer avant le 1er juillet prochain et ramener les délais actuels par paliers à 90, 60 et 45 jours d’ici à 2011. Les services de la Concurrence décideront, mais la profession HBJO se trouve dans une troublante incertitude juridique : si la Concurrence refusait cet aménagement de la loi, l’actuel marché HBJO exploserait, surtout dans un contexte de crise : aucun détaillant n’est aujourd’hui capable d’honorer le délai de 45 jours qu’une marque serait en droit de lui imposer.

••• DÉSTOCKAGES : des Rolex chez les soldeurs ? C’est désormais possible dans les enseignes françaises spécialisées dans l’écoulement des stocks d’invendus. Enseignes (Bravo les Affaires, DestockPlus, Noz, 0'Circus, Market Discount) qui font actuellement le plein de clients, mais aussi de fournisseurs, parmi lesquels des détaillants horlogers à court de trésorerie. Pour les marques de montres, c’est difficile à tracer : les pièces partent avant même que les directions ne soient prévenues…

••• CIRCUITS SOUPLES : les circuits électroniques horlogers étant aussi rigides que les platines des mouvements mécaniques, les montres électroniques ont toujours vu leur design évoluer en parallèle à celui des montres classiques. Une nouvelle technologie développée par des chercheurs américains (universités NorthWestern et de l’Illinois) permet de réaliser des circuits électroniques souples et déformables : on peut donc les disposer sur des surfaces courbes. Ce qui intéresse directement l’industrie horlogère : ces circuits extensibles libèrent les montres purement électroniques de toute rigidité formelle en même temps qu’elles autorisent des créations hybrides (mécaniques/électroniques) qui permettraient de laisser le cœur intact tout en lui ajoutant des fonctions électroniques déportées autour du boîtier ou même dans le bracelet. Les années dix s’annoncent décidément créatives ! (revue Proceedings of the National Academy of Sciences, 2 décembre, et http://www.mccormick.northwestern.edu/news/articles/424)…

 



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