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Côté montres, cette semaine, j’ai…
 
Le 16-12-2008
de Business Montres & Joaillerie

Richard Mille, Swatch Group, LVMH, A. Lange & Söhne, Villemont et tout le reste...

••• APPRÉCIÉ au moins visuellement la nouvelle « plongeuse » de Richard Mille, baptisée RM 025 (ci-contre, en image de synthèse). Ce nom laisse d’ailleurs entendre qu’il y a quatre autres RM dans les tuyaux, puisque la dernière présentée – la fameuse montre de poche, toujours à l’état de prototype – portait le numéro 020. Voici donc un troisième boîtier dans la collection Richard Mille, rond comme il se doit pour une vraie montre de plongée, étanche à 300 m et conforme aux normes ISO qui définissent cette catégorie d’« outils ». Sur le plan mécanique, c’est… richarmillissime puisque la RM 025 est un chronographe tourbillon roue à colonnes, ultra-pointu sur le plan de la construction (échappement innovant) et encore plus high-tech sur le plan de la réalisation (titane pour le pont de centre et la roue à colonnes, nanofibres de carbone, etc.). On est un peu effrayé par la taille (presque 51 mm, pour presque 20 mm d’épaisseur), mais les corne « plongeantes » affirment un appréciable souci d’ergonomie. A quand la livraison ?

••• NOTÉ que Bernard Arnault avait fini par se décider à racheter lui-même ses propres actions du groupe LVMH [un peu plus d’un million d’euros, source Autorité des marchés financiers] pour réaffirmer sa confiance dans le devenir de son groupe. Toujours selon l'AMF, un de ses copains vient d'en racheter pur 2,5 millions d'euros. Evolution intéressante, avec une optique un peu différente de celle de Nicolas Hayek, qui a également fait procéder à un grand « ramassage » [5 à 6 millions de francs suisses], mais c’était pour rendre le Swatch Group encore plus indépendant de l’évolution des marchés et pour alourdir son poids spécifique au sein du capital. De leur côté, les cadres de Richemont et les membres du conseil d’administration seraient plutôt… vendeurs qu'acheteurs[source SIX Swiss Exchange]…

••• REPÉRÉ quelques ventes « sauvages » aux Etats-Unis, comme des A. Lange & Söhne soldées à -50 % : renseignements The Watch Boutique, hôtel Mirage, Las Vegas…

••• ECOUTÉ une intéressante émission sur la chaîne française France 3, à propos de la « honte du luxe », avec des professionnels du luxe sur le plateau. Réactions assez conformistes sur l’exception française en matière de luxe, le fait que ça ira mieux demain et l’appel aux « valeurs immatérielles » de l’image, de la créativité, de la rareté et de la vulgarité du bling bling. Une exception dans ce torrent d’eau tiède : les interventions du professeur Michel Maffesoli, prophète de la tribalisation et du nouvel hédonisme, qui plaidait pour l’extimité (contrairement de l’intimité) du nouveau rapport au luxe, pour le retour « populiste » des valeurs de gaspillage [seules les élites et les autorités morales ont aujourd’hui « honte du luxe »] et pour la mort d’une fausse modernité fonctionnaliste. Des propos stimulants, contestables évidemment, mais qui avaient le mérite de nous relancer sur la piste de nouvelles réflexions sur l’anti-utilitarisme de la nouvelle génération horlogère…

••• CONFIRMÉ certains de mes pronostics pessimistes en surprenant une statistique non officiellement confirmée en provenance du SIHH, avec une baisse provisoire de 35-40 % des réservations enregistrées et une baisse encore plus sensible des niveaux de commande envisagés [plus question cette année de rendre le fameux « kit SIHH » obligatoire : les commandes seront ponctuelles et sélectives]…

••• RELEVÉ un nombre insupportable de grosses bêtises éditoriales dans l’édition françaises de L’Annuel des Montres : inversion de photos et de légendes (Jaeger-LeCoultre, Piaget, notamment) et manque de soin dans la supervision de cette traduction française du Armbanuhren Katalog (150 marques) du journaliste allemand Peter Braun. Moralité : préférez l’original à la copie tricolore, qui a, en plus, la mauvaise idée de créer des textes d’autant moins originaux qu’ils émanent directement des marques partenaires…

••• ECOUTÉ avec une certaine inquiétude une chronique récente d’Andy Rooney (Sixty minutes) sur CBS, sur le thème « Mais de combien de montres avons-nous vraiment besoin ? ». Bonne question, que trop peu d’horlogers se posent, mais mauvaise réponse d’Andy Rooney, qui n’a pas encore compris que les montres se servaient pas qu’à donner l’heure : si c’était le cas, nous n’en n’aurions pas un minimum d’une dizaine, belles ou moins belles, dans nos tiroirs. Et chacun sait que le prix est sans rapport avec la précision : la moindre des montres chinoises à quartz à 2 euros est plus précise que la plus précieuse des mécaniques « manufacture » à 200 000 euros. S’il y a tant de marques et de modèles, c’est pour tout-à-fait autre chose. Quoi ? On se saura mieux après la « révolution sociétale » en cours, celle qui va redessiner tout le paysage horloger des années 2010…

••• SALUÉ, avec le respect dû aux naufragés, la fin de la partie pour les montres Villemont, dont la manufacture genevoise est désormais fermée. Les juges genevois de l’Office des faillites seront saisis la semaine prochaine d’un dossier dont les actifs sont assez maigres : les droits de propriété intellectuelle sur l’héritage Amundsen n’appartiennent pas à Villemont, mais à la holding qui gérait la société, et le calibre « Heures du monde » (nom déposé par Villemont) appartient moralement à son constructeur…

••• DOUTÉ du réalisme des analystes économiques genevois (BCGE) qui persistent à penser que les effets de la crise mondiale [un mot qui sonne maintenant comme guerre mondiale] seront atténués pour les grandes branches de l’économie suisse : tout juste un semestre de récession en 2009, mais pas de dépression. C’est à se demander s’ils croient que l’horlogerie est indépendante des marchés internationaux, alors que la Suisse ne représente plus guère que 2 à 4 % de l’activité des marques suisses. Comment l’économie genevoise serait-elle intacte si ses deux principaux moteurs – les banques et l’horlogerie – sont directement affectés par les désordres planétaires ?

••• CONSULTÉ quelques gourous du marketing sur la crise automobile qui se profile aux Etats-Unis et tenter de comprendre comment les « Big Three » avaient pu en arriver là, c’est-à-dire à un quasi-dépôt de bilan tout juste retardé par une injection massive de fonds publics. L’idée était de comprendre comment des « piliers » d’une industrie peuvent devenir le problème alors qu’on les voyait comme une solution. Une réflexion qui mène à des interrogations sur les propres piliers de l’horlogerie actuelle, dans le cas où ils se trouveraient fragilisés par une crise dont ils pensent pouvoir se tirer indemnes…

••• LU très attentivement une étude des chercheurs de l’université d’Ulm (Allemagne) sur la « perception sensorielle ». L’équipe du professeur Markus Kiefer a pu établir que le cerveau recréait la perception sensorielle associée à un mot : pour résumer, le mot téléphone fait retentir une sonnerie dans le cerveau. Lequel ne comprend qu’imparfaitement une notion si elle n’est pas associée à une perception. Cette étude de psychologie expérimentale, récemment publiée dans le Journal of Neuroscience et validée par IRM fonctionnelle, n’aurait qu’un intérêt documentaire si ses implications ne nous concernaient pas directement. Si les mots ont un impact mental qui leur est propre, il devient déterminant de leur associer un contenu sensoriel concret et non plus strictement intellectuel.

Exemple : un environnement mental riche autour du mot « montre » exciterait beaucoup de zones cérébrales qu’un mot « montre » dépourvu de tout contexte sensoriel. D’où l’importance de l’éducation horlogère des plus jeunes et de l’apprentissage des émotions horlogères chez les adolescents et les jeunes adultes. Pour Markus Kiefer, « ce qui est en mesure d’être vu, entendu, senti, goûté, laisse des traces durables dans la mémoire, traces qui donnent la signification d’un mot, d’une notion ». Il précise : « Lorsqu’au cours de l’apprentissage, il n’y a pas eu, pour l’enfant, la possibilité de voir, de toucher, de sentir un objet, la compréhension du mot qui s’y rapporte s’en trouve alors forcément appauvrie. Le savoir de l’enfant sur l’environnement qui l’entoure est alors dénué de sens ». Une déficience d’ordre sensoriel empêche les enfants de développer une connaissance approfondie d’une notion…

Raison de plus pour lancer des actions de « réapprentissage horloger » auprès des jeunes générations. Que fait la FH et qu’attendent les instances supérieures de l’industrie horlogère pour développer une campagne collective de sensibilisation aux montres, dans une société dont les moins de 25 ans ont majoritairement rompu avec la tradition de porter une montre et de regarder l’heure sur un cadran ?

 



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