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Ce qu’il faut absolument savoir d’une actualité horlogère pas vraiment décidée à faire la « trêve des confiseurs »…
••• FRANÇOIS-PAUL JOURNE : c’est ce jeudi, 18 décembre, que François-Paul Journe ouvre à Paris sa nouvelle boutique, au 63 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à un jet de pierre de l’Elysée. Ce sera sa cinquième « boutique-salon » dans le monde et sans doute une des plus grandes, puisqu’elle prend la place de l’ancienne galerie Pétridès : on y trouvera un salon, un bar et une bibliothèque horlogère (ci-contre). A l’occasion de cette inauguration, François-Paul Journe présentera quelques-unes de ses plus belles montres, dont la fameuse collection Black Label, jamais vue à Paris puisque réservée aux « boutiques-salons » de la marque. Marseillais de naissance, François-Paul Journe s’était installé à Paris dès l’âge de 16 ans pour y confirmer sa passion pour les belles montres…
••• S’il ne tient pas officiellement salon pendant le SIHH, François-Paul Journe n’en organise pas moins une exposition de « Chefs-d’œuvre de l’horlogerie française » : 12 pendules uniques réalisées par les plus grands maîtres des XVIIIe et XIXe siècle (Lépine, Robin, Bouchet) pour les élites de l’époque (le roi Louis XVI ou l’impératrice Joséphine de Beauharnais). Un clin d’œil au temps où la haute horlogerie était… française !
••• SEQUENTIAL ONE : c’est aujourd’hui que Denis Giguet (Manufacture Contemporaine du Temps) doit livrer simultanément à Paris (Chronopassion) et à Los Angeles (Westime) les premiers exemplaires de sa Sequential One, montre dont l’affichage numérico-analogique a été une des grandes révélations de 2008. Livraison qui est aussi une des bonnes surprises de l’année : ce sera quasiment la seule « concept watch » d’une nouvelle marque de Baselworld 2008 mise en vitrine dans les délais prévus.
••• C’EST MON CHOIX : initiative intéressante et ultra-tendance de BRM, la petite marque française qui monte, qui monte… Dès le 1er janvier, il sera possible de trouver sur le site de la marque (www.brm-manufacture.com) un « compositeur de montres » : de quoi créer sa propre symphonie horlogère en choisissant les différentes notes de la partition. Grâce à un « configurateur » (je préfère nettement « compositeur »] spécialement développé pour BRM, il sera possible de créer son chronographe V12 personnel, en choisissant parmi trois finitions de boîtiers, 6 cadrans, 6 couleurs pour chacune des aiguilles et une vingtaine de bracelets pour habiller le tout. Une fois la personnalisation effectuée, on choisit sa boutique et on revient dans le cadre d’une vente classique. Livraison garantie entre deux et quatre semaines. D’autres modèles personnalisables seront ajoutés par la suite au « configurateur », avec de nouvelles plages d’options, comme la gravure individuelle.
••• C’est la première fois qu’une manufacture horlogère permet ainsi de créer, en ligne, sans pression commerciale, sa propre version personnalisée d’un modèle. Cette initiative est donc le coup d’envoi d’une nouvelle approche du luxe par les marques de montres : personnalisation poussée à l’extrême, service de proximité immédiate, création de valeur en ligne, implication des détaillants. Une expérience à suivre…
••• DÉTOURNEMENT : décidément, Omega est la salle d’attente de Nespresso. Après George Clooney, passé au café après un détour par la case Omega (« What else ? »), c’est au tour de Michael Phelps, le nageur octuple médaille d’or de Beijing et ambassadeur Omega, d’avoir été recruté pour porter l’image de Nespresso. Who else ?
••• MOVADO FAIT LE GROS DOS : en supprimant 20 % à 25 % des effectifs horlogers de son groupe en Suisse, Efraïm Grinberg (Movado) est le premier des grands patrons de groupes horlogers à avoir la franchise d’admettre que la crise est bien installée, « dans des conditions macroéconomiques sans précédent ». 50 à 60 personnes sur 260, en plus de dix remerciées cet été : c’est beaucoup, et c’est prendre le risque de casser une dynamique qui avait replacé Ebel et Concord sur le devant de la scène, mais pas assez longtemps pour générer un profitable retour sur investissement. On pourrait même dire que c’est injuste, les pertes du groupe Movado provenant essentiellement de la baisse d’activités aux Etats-Unis (60 % de l’activité du groupe en 2007), et non des licences de mode (ESQ, Coach, Hugo Boss, Juicy Couture, Tommy Hilfiger et Lacoste) ou des marques haut de gamme toujours en phase de consolidation.
••• On peut même dire que l’idéal serait de relooker Movado – une marque qui n’a plus grand-chose à dire – sur les standards de Concord et d’Ebel, en y consacrant le temps et les ressources nécessaires. C’est presque une question de survie pour l’ensemble du groupe !
••• INFO OU INTOX ? Les rumeurs enflent et s’impriment même pour ce qui concerne le plus latin lover de tous les présidents horlogers, qu’on dit appelé à rock n’rolliser un grand maroquinier madrilène. Démenti rigolard de sa part, mais c’est la règle du jeu ! Vérification faite, son éventuel prédécesseur n’est plus dans la place et on s'attend à l'arrivée d'un nouveau capitaine. N’empêche que, même si cétait une rumeur de plus, ce serait rigolo : la marque en question – à peine plus vieille que la manufacture abandonnée – attend depuis de longues années le prince charmant capable de la réveiller... Notre latin lover serait même capable d’y faire une licence de montres !
••• MATERIOLOGY : vous confondez encore latté et lamellé-collé, polystyrène et polyéthylène, plastique et polymère, amorphe et cristallin, cuivre et laiton, incandescence et fluorescence, ciment et mortier, grès et calcaire, fibre artificielle et fibre synthétique, matrice et renfort, faïence et porcelaine, injection et extrusion, fonte et forge [rayez les confusions inutiles] ? Un ouvrage rassemble à peu près tout ce qu’il faut savoir sur les matériaux et tout ce que vous n’avez jamais osé demandé : véritable bible des matériaux contemporains, Materiology est disponible en quatre langues (français, anglais, allemand et néerlandais), avec des présentations intelligentes de 110 matériaux, des mises en perspective et toujours beaucoup d’humour. Les auteurs : Élodie Ternaux et Quentin Hirsinger (matériO, Paris) et Daniel Kula, professeur de design, spécialiste des matériaux et des technologies (coproduction Materio/Frame Publishers, Amsterdam : www.materio.com)…
••• SUREXPOSITION : menée par Mark Changizi, directeur de recherches du Rensselaer Polytechnic Institute (Troy, Etat de New York), une intéressante étude révèle les effets positifs – pour les marques – d’une surexposition systématique aux publicités, d’autant plus efficaces que cette surexposition n’est pas perçue consciemment. Dans la revue Perception, sous le titre « Madison Avenue Magic : Study Reveals Positive Effects of Unconscious Exposure to Advertisements », il explique : « Le cerveau enregistre inconsciemment les signaux visuels qu’il perçoit et cela influe sur le choix final d’un produit et la préférence que le consommateur lui accorde ». Avec un bémol, un excès de surexposition laisse croire au cerveau qui en est conscient que l’offre est surabondante et donc l’objet sans valeur ! C’est pourquoi la surexposition inconsciente est encore plus efficace, ce qui peut expliquer l’efficacité de la prolifération des logos. Complexe, le cerveau humain (lien ci-dessous)…
••• SYMPATHIQUE : les principaux motifs de fierté des Suisses sont, par ordre de priorité, leur industrie horlogère (97 %, deux points de plus qu’en 2007), la réputation internationale de qualité (96 %) et la force des marques suisses (96 %). Trois facteurs qu’il faut conjuguer pour attester de la force du sentiment de fierté concernant les montres. Premier motif d’inquiétude : le chômage (53 %). On peut statistiquement en déduire que le chômage concernant l’horlogerie est actuellement ce qu’il y a de plus sensible pour les Suisses…
••• De quoi faire comprendre aux responsables politiques confédéraux où sont les priorités les plus populaires en matière de sauvetage économique, mais on n’a pas vraiment l’impression que les difficultés de l’horlogerie préoccupent beaucoup les autorités en question. Ah, si les manufactures de montres recevaient les mêmes aides que les banques !
••• SOYONS PRÉCIS : il manquait un petit S à une information publiée hier à propos du départ de Patrick Heiniger. Il s'agissait bien de Falcon privés : non pas un, mais deux ! Le premier était réservé à la direction de Rolex. L'autre était utilisé par la famille du directeur. Sinon, à quoi servirait d'avoir un appartement à 15-20 millions de dollars dans Manhattan ?
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