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Vers la montre sans lubrificationLe monde de l’horlogerie avait convergé le 26 novembre vers Bienne pour évoquer la montre sans lubrification.
Un mythe ou une réalité? Lors du deuxième petit déjeuner horloger de la Société suisse de chronométrie, on a tenté de répondre à cette question.
Même les mécanismes horlogers les plus modernes ont encore besoin de lubrifiant pour fonctionner. Le mouvement sans lubrification, qui ne demande plus aucun entretien, est une forme de Graal des horlogers depuis des lustres. Mythe ou réalité?
La Société suisse de chronométrie a cherché hier matin à apporter une réponse à cette question à l’occasion de son deuxième petit déjeuner horloger. A cette occasion, le Palais des congrès de Bienne avait fait le plein. Horlogers, cadres de manufactures mais aussi plus d’une centaine d’étudiants en horlogerie avaient fait le déplacement à cette nouvelle édition, la deuxième depuis la création de la formule cette année. De quoi réjouir le président de la SSC, Zian Kighelmann, qui termine son mandat à la fin 2008.
Entre cafés et croissants, les participants ont écouté divers intervenants leur parler de tribologie, soit la science qui étudie les frottements en mécanique. «Il n’y a pas et il n’y aura jamais de montre sans lubrification», a tonné péremptoirement Michel Maillat, du Laboratoire Dubois de La Chaux-de-Fonds. Certes, on peut désormais se passer, et dans certains cas seulement, d’huile pour lubrifier un mouvement. Car elle n’est pas exempte de défauts: elle s’étale, coule, se contamine, rougit, gomme et bloque le mécanisme si elle est trop ancienne. Depuis quarante ans, la recherche horlogère n’a eu de cesse de trouver la solution miracle pour remplacer l’huile. Les études se sont portées vers des lubrifiants à sec ou carrément des surfaces ou dispositifs mécaniques autolubrifiants. Des recherches, confidentielles, tournent aujourd’hui autour des qualités du diamant ou du silicium.
«En horlogerie, la lubrification fluide reste à l’heure actuelle la meilleure solution en terme de bas coefficients de frottement et faibles taux d’usure», a relevé Yves Berthier, directeur de recherche au CNRS, qui a présenté dans le détail le fonctionnement de la lubrification. Certains proposent des solutions encore différentes pour certaines applications bien précises. Comme l’entreprise Micro Precision Systems AG de Bienne. Elle a inventé en 2003 le premier roulement à billes d’horlogerie sans lubrification. Cette pièce comporte des billes faites d’un alliage spécial. Comme l’a conclu Michel Maillat, «la lubrification reste un souci majeur pour l’horlogerie mécanique».
Patrick di Lenardo |