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Les silences des uns et la passion des autres, les bons réflexes de certains et les mauvaises idées qui circulent, les informations qu'on voulait cacher et celles qu'on n'ose pas avouer : c'est l'actualité !
••• DERNIER HOMMAGE : la disparition de Gedalio « Gerry » Grinberg, fondateur et président du groupe Movado, est un coup dur pour une industrie horlogère à laquelle il avait voué sa vie et qu’il quitte à un des moments les plus périlleux de son histoire. Agé de 77 ans, Gerry Grinberg était né à Cuba, dont il avait été chassé par la dictature castriste. Installé aux Etats-Unis en 1960, il était devenu distributeur exclusif de Piaget et de Corum avant de fonder la North America Watch Co, dont il fera le Movado Group en l’enrichissant de nombreuses marques et licences (Movado, Concord, Ebel, ESQ, Coach, Tommy Hilfiger, Hugo Boss, Lacoste, etc.). Passionné d’art, il avait associé aux montres de nombreux artistes, parmi lesquels Andy Warhol, Arman, James Rosenquist ou Romero Britto. Après avoir passé le relais à son fils Efraim, Gerry Grinberg avait planifié son départ à la retraite en 2009. Il a été rattrapé par ce temps auquel il avait consacré sa vie.
••• Avec Gerry Grinberg, qui souriait toujours malicieusement sous sa couronne de cheveux blancs, disparaît un des plus enthousiastes représentants d’une génération horlogère qui avait survécu à la grande crise du quartz. Toutes nos pensées vont vers son fils, qui lui succède aux commandes du groupe, vers sa famille et vers ses équipes de collaborateurs. Sa perte s’ajoute à la récente disparition de Severin Wunderman (Corum) : les rangs des valeureux « grognards » de l’horlogerie s’éclaircissent !
Encore un instant, Messieurs les aînés, d'abord on vous aime bien et, ensuite, c'est maintenant qu'on a besoin de vous...
••• SILENCE RADIO : la vraie information forte de ce début de semaie, c’est précisément la faiblesse de l’activité médiatique du côté des marques. Encéphalogramme plat ! Service minimum pour les infos ! Alors que les mois de janvier précédents résonnaient du tambour des dossiers de presse tirés en rafales en pré-SIHH et en pré-Bâle, on n’assiste plus cette année qu’à quelques tirs sporadiques, qu’on pourrait qualifier de médiocres « activités de patrouille ». Même sur un robinet à communiqués officiels comme Worldtempus, le débit est assez maigre et plus que tiède. Nous sommes pourtant à dix jours du SIHH et à dix semaines de Baselworld…
••• Ce n’est évidemment pas ça qui va nous décourager. Il suffit seulement d’aller chercher l’information là où elle se trouve, sans attendre les annonces officielles…
••• TENDANCES 2009 : et, en plus, quelle prudence dans les pièces présentées en avant-première ! De la déclinaison, de l’animation, de l’extension, de la commémoration, mais pas vraiment de volonté de prendre le moindre risque. Sauf chez quelques maisons, dont nous reparlerons dans les jours qui viennent… On espère pour les marques que les collections vraiment dévoilées au SIHH et à Bâle seront autrement plus puissantes !
••• Si tendances il y a, on peut déjà les estimer divergentes. D’un côté, les marques qui jouent la sécurité, en estimant que l’année 2009 sera par avance une année commercialement « blanche » – ou... noire, selon les perspectives – et qu’il est donc inutile d’y gaspiller de précieuses cartouches créatives, qui seront bien plus utiles dès que la reprise se fera sentir…
De l’autre, les marques qui considèrent, elles aussi, que l’année sera « perdue » et qu’on ne risque donc rien à tenter de sortir des sentiers battus en affichant un peu d’audace avec des concepts horlogers qu’on pourra toujours passer par pertes et profits en sortant de cette crise…
••• AVERTISSEMENT : en tout cas, les détaillants invités au SIHH ont prévenu qu’ils seraient ultra-sélectifs dans leurs commandes. Alors que leurs stocks sont au plus haut et leurs clients aux abonnés absents, plus question de se contenter d’un « kit SIHH » à prendre ou à laisser. Plusieurs dîners ont permis aux meilleurs détaillants français d’afficher une volonté plus ou moins commune de résister aux pressions des marques. En Suisse, une initiative parallèle – une sorte de dîner clandestin – tente de fédérer les plus belles vitrines horlogères pour inverser un rapport de forces outrageusement dominé ces dernières années par les groupes. On relève la même volonté de solidarité en Italie. Il semblerait que des connexions aient été établies – sur la base des réseaux de l’ancienne AIHH – pour susciter un front commun avec d’autres grands noms de la distribution internationale, aux Etats-Unis et en Asie du Sud-Est…
••• « C’est la lut-te fina-le, groupons-nous et demain… »
••• UN JOUR, UNE MONTRE, UN FILM : le site montres-de-luxe.com réalise actuellement un excellent ravail, jusqu’ici inédit en langue française. Il s’agit de collecter toutes les informations possibles sur les montres portées dans des films de ces dernières décennies, très connus ou moins célèbres. Idéal pour se souvenir de la Rolex Daytona portée par Belmondo dans Peur sur la ville (1975) ou de la Panerai d’Hugh Grant dans Le Journal de Bridget Jones (2001). A découvrir sur : http://www.montres-de-luxe.com/Un-jour,-une-montre,-un-film_r83.html…
••• Accessoirement, c’est aussi un excellent outil de référencement Internet – ressource essentielle pour un site commercial (c’est bien vu d’y avoir pensé). Dommage qu’un moteur de recherches ne soit pas annexé à cette rubrique !
••• VALSE DES PRIX : la crise n’a pas ralenti l’inflation des tarifs officiels pour certaines marques. Exemple : Rolex, qui augmente ses jours-ci le prix de ses modèles (300 euros de plus pour une Submariner et à peu près autant pour une GMT 2, sans modification particulière de ces modèles).
••• Ce comportement est d’autant plus curieux que nous sommes globalement entrés dans une ère de déflation, avec une demande de moins en moins élastique. Le problème des marques est désormais d’ajuster leurs prix non seulement à l’état réel des marchés – globalement « baissiers », tout comme les places financières – et de la demande réelle des consommateurs, mais aussi aux cours des grandes devises dans lesquelles sont facturées les montres. Pas facile quand l’euro et le franc suisse restent trop cher par rapport au dollar, au yen ou au yuan chinois…
••• RÉDUCTION DES COMMANDES : les premières circulaires d’annulations des plans de charge établis avant la crise sont arrivées chez les fournisseurs. Exemple : la principale manufacture de la vallée de Joux vient d’annoncer une réduction de sa production 2009 d’à peu près 35 % – on va ainsi passer de 60 000 pièces [on ne savait pas que les volumes avaient été poussés à ce point pour une marque aussi « exclusive »] à 38 000 pièces.
••• La bonne question est maintenant celle de l’emploi dans une telle manufacture : réduction d’un tiers ou alourdissement spectaculaire du ratio chiffre d’affaires/masse salariale et donc fonte spectaculaire des profits et de la capacité d’investissement ? Comme il n’est plus question d’augmenter le prix des montres de 35 %...
••• ARRÊT DES COMMANDES : en Chine, le groupe Xinyu Hengdeli, n° 1 local de la distribution depuis la dislocation du groupe Peace Mark, a carrément cessé de commander quelque montre suisse que ce soit depuis le début novembre et bloqué tous les achats ! Zhang Yuping, le chairman du groupe (46 ans, 72e fortune chinoise au dernier classement Forbes), a refusé de se laisser attendrir en dépit d’une rencontre organisée juste avant Noël avec le Swatch Group, qui avait délégué à Kong Kong son CEO et quelques-uns de ses plus hauts dirigeants…
••• Rappelons que Xinyu Hengedeli (170 boutiques, 670 millions de francs suisses de chiffre d’affaires, soit 443 millions d’euros) a un accord de partenariat privilégié avec le Swatch Group, qui détient un peu moins de 10 % de son capital. De son côté, le groupe LVMH détient 8 % de ce distributeur.
••• SINGAPOUR EN CHUTE LIBRE : la cité-Etat, longtemps considérée comme une Mecque de la montre de haute horlogerie, affiche une chute monumentale de 12,5 % de son PIB au quatrième trimestre 2008. Les économistes avaient planifié 3,4 % de baisse ! Ces 12,5 % s’ajoutent à un recul de 6,6 % et de 5,4 % au deuxième et troisième trimestre de l’année. Les perspectives pour 2009 ne sont guère plus optimistes.
Prenant acte de la faillite du scénario souvent rabâché du « découplage entre les pays émergents et les économies avancées » (on sait que le commerce extérieur pese près de 32% du PIB asiatique et que les pays de la région subissent de plein fouet l’actuel revirement de tendance), le premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, admet : « Comparée à la crise financière asiatique de 1997, celle-ci est plus difficile à surmonter pour nous, car elle est globale »…
••• Pour remonter le moral de l'honorable Lee Hsien Loong, peut-être faudrait-il lui conseiller de s'adresser aux statisticiens de la Fédération horlogère suisse : ils sont champions du monde de l’optimisme arithmétique !
••• VERRE TITANISÉ : on suivra avec intérêt les récentes découvertes d’une équipe du Caltech (California Institute of Technology) sur les « verres métalliques » (alliages composites à base de titane) qui se révèlent plus légers et moins coûteux à produire que prévu, tout en restant plus résistants et plus « souples » en cas de déformation. Ces nouveaux matériaux sont prometteurs pour l’industrie aéronautique, mais aussi pour l’industrie horlogère, dont la légèreté reste un des champs de recherche les plus féconds : le mariage réussi du titane et du zirconium fait ici des miracles. A lire : « Development of tough, low-density titanium-based bulk metallic glass matrix composites with tensile ductility », Proceedings of the National Academy of Sciences, 19 décembre 2008.
••• BONS RÉFLEXES : que font-ils quand ils ont un problème ? Ils pensent d’abord aux montres ! Bernard Madoff, l’homme qui flambé 50 milliards de dollars [et, rappelons-le, quelques jolis magots horlogers : attendons que les banques suisses débouclent leurs positions !] se voit reprocher par le parquet de New York d’avoir « sauvé » quelques montres de luxe en les offrant à ses fils et à des amis. C’était « en toute innocence », affirme le Wall Street Journal. C’était en tout cas bien pensé…
Et que fait l’ancien factotum et chauffeur de Saddam Hussein, Haitam Wahaïb, quand il a besoin de 450 000 dollars pour les écoles iraquiennes ? Il met aux enchères, à 150 000 dollars, la Rolex en or sertie de diamants qu’il avait un jour trouvé sur la banquette de la Mercedes du dictateur de Bagdad et qu’il avait pieusement – raconte-t-il – rendu au raïs, lequel lui aurait offert en témoignage de reconnaissance pour ce geste de loyale honnêteté. Un cadeau « brûlant », environné d’une légende très orientale [n’est-ce pas la quatrième ou cinquième Rolex de Saddam Hussein à apparaître sur le marché ?], qui n’en prouve pas moins que les montres restent historiquement fascinantes…
••• A quoi pense paris Hilton quand elle fait son shopping d’après-Christmas dans les boutiques de montres, pour remplacer toutes celles qui lui ont été volées dans sa villa de Los Angeles ? A soutenir l’économie du luxe, en donnant de sa personne pour la sauver de la crise ! Puisque c’est elle qui le dit…
••• HORLOGE VIRALE : vous ne le saviez pas (moi non plus), mais les virus (par exemple, celui de l’herpès) sont « motorisés » par des mécanismes qui ressemblent à une… « horloge » interne. Selon une étude publiée par la National Science Foundation (Etats-Unis), l’étude de ce nano-moteur et des nano-mécanismes de cette « horloge virale » interne permettrait évidemment de lutter contre les virus et les bactéries infectieuses…
••• Une spécialité inédite pour recycler les surcapacités des manufactures : recherche nano-horlogers viraux, désespérément…
••• UN CERCLE DANS UN CARRÉ NOIR : une belle histoire de montres et de design, ou comment est née l’idée des premières montres Bell & Ross. Elle est racontée par Florence Caron sur Admirable design (http://www.admirabledesign.com/Bell-Ross-et-le-design) : tout s’explique par le lecture du livre de Gérard Caron, Un carré noir dans le design (1992), quand Carlos Rosillo, le fondateur et actuel président de la marque a mis un cercle dans ce carré noir en s’inspirant d’un dessin de montre et de bracelet posés à plat (ci-dessus) !
••• L’histoire d’un des plus beaux logos des marques contemporaines expliquée aux jeunes générations : ça, c’est de l’information !
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