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Rares sont les hommes d’Etat ou les dirigeants politiques qui n’ont pas leur anecdote horlogère. Nicolas Sarkozy et sa montre Rolex Daytona, Julien Dray et ses Patek Philippe, Barack Obama et sa montre Vulcain Cricket, Ernesto “Che”Guevara et sa Rolex, De Gaulle et sa Lip, Bonaparte et sa Breguet… Et que dire de Borloo et de son livre “L’architecte et l’horloger”, publié au début de l’année 2007? Ou encore de François Mitterrand et sa célèbre formule: “laissons du temps au temps”?
Les homme politiques à la recherche du temps perdu
La semaine dernière, lors de mes examens à Sciences Po Toulouse, j’ai du disserter sur un sujet passionnant: “les limites principales à la volonté des gouvernants dans les sociétés contemporaines”. Au fil de ma dizaine de pages, j’ai expliqué que la rationnalité fait souvent défaut aux gouvernants, partie qui ne nous concerne pas ici. La deuxième partie concernait les limites temporelles à la volonté. Le temps est une obsession pour les dirigeants politiques: qu’il soit trop long ou trop court, il est un obstacle majeur à l’action publique et au changement politique. Je ne vais pas m’attarder non plus sur ce point, ne pensant pas que les politiques publiques ont leur place sur LeBlogDesMontres.fr et surtout, j’ai la flemme de répéter ici mes 10 pages manuscrites.
Toutefois, force est de constater que si le temps est un obstacle à l’action publique, l’attirance des hommes politiques pour l’horlogerie peut aisément s’expliquer. Posséder une belle montre, qui saisitle temps dans toute sa complication, avec ses variations (équation du temps), ses accélérations (chronographe), ses cycles (phases de lune), sa sonorité (répétition minute), c’est peut être une tentative d’emprisonner le temps, ou du moins de le maîtriser et d’en faire un atout, car comme le dit si souvent mon professeur de sciences politiques, Jean-Michel Eymeri, “les contraintes doivent aussi être des ressources”.
Une montre, et le temps retrouvé?
Alors, chers lecteurs, ne blâmez par Nicolas Sarkozy ou Julien Dray (qui est d’ailleurs un petit-fils d’horloger), leurs montres ne sont pas des objets ostentatoires, mais des instruments de politiques publiques, car si le temps leur est souvent compté (on est déjà a mi-mandat parlementaire et présidentiel), “compter” le temps (au sens de mesurer et de raconter, voyez le jeu de mots) est sans aucun doute le meilleur moyen de mener dans le meilleur sens qui soit l’action publique. Barack Obama l’a bien compris, et a sans doute impatience de recevoir sa Vulcain, qui, au son de son calibre Cricket, sonnera, je l’espère, le réveil de l’économie… Agir dans l’urgence semble être la caractéristique prédominante des politiques publiques, et pourtant, à l’instar du Général de Gaulle qui à la bougie s’essayait à une réussite, à Colombey, loin des tourments parisiens, ou de François Mitterrand qui recherchait des livres anciens, traces du temps passé, les gouvernants actuels doivent prendre leur temps pour réfléchir davantage au long terme. Si je devais faire une critique aux collections de Julien Dray et de Nicolas Sarkozy, c’est que celles-ci donnent trop d’importance aux chronographes. Osez donc l’audace! Osez la complication!
Martin Péneau
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