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Derniers réglages avant l’ouverture, lundi, du Salon international de la haute horlogerie.
Cette semaine, Fabienne Lupo s’astreint à un vrai contre-la-montre. En tailleur et talons, l’œil à tout, elle s’active à Palexpo, au beau milieu d’un chantier. Après-demain, il brillera de mille feux pour l’ouverture du Salon international de la haute horlogerie (SIHH). Cette Toulousaine de 41 ans en est l’organisatrice depuis 1999.
Rien ne prédestinait la petite fille du Sud-Ouest à prendre la tête, un jour, de l’un des deux plus grands salons horlogers du monde. «Je voulais être artiste ou comédienne au théâtre, glisse-t-elle. Mais mes parents estimaient que ce n’était pas un métier. «Fais des études», m’ont-ils dit. C’était une grande frustration.»
Toujours amoureuse de danse et de théâtre, elle a donc rangé sa passion au rang des hobbies. Encore que, ces jours, Palexpo ressemble aux coulisses d’une scène prestigieuse. Accaparée par les derniers réglages, Fabienne Lupo ne se laisse pas gagner par le stress de l’actrice avant la représentation.
Pas facile pourtant, car la dynamique directrice de la Fondation de la haute horlogerie ne perd jamais une minute. «Je me projette toujours dans l’endroit ou l’instant suivant, avoue-t-elle. J’ai plein d’idées, de projets. Mais seule, je n’arriverais à rien. Mon équipe, une vingtaine de personnes, est formidable. Elle m’aide à les porter, à les pousser en avant jusqu’à leur réalisation.»
A la maison, c’est aussi la course
Fabienne Lupo vit à cent à l’heure. Ne se repose-t-elle donc jamais? «Parfois, je me fatigue un peu moi-même, rigole-t-elle. Mais je suis dans la fleur de l’âge. Je me fanerais si j’arrêtais!» A la maison, la course reprend. «Même si j’ai la grande chance d’avoir une nounou pour Nicolas.» Son petit dernier a 15 mois. «Un petit monstre», sourit-elle. Sa fille, Julie, issue d’un premier mariage, a 11 ans. «Je vis avec le père de mon fils et ses deux garçons de 14 et 16 ans. Les trois grands nous aident beaucoup.»
Bien du monde gravite donc autour de Fabienne Lupo, et pour sa plus grande joie. «J’ai un grand besoin de me sentir indépendante, mais j’ai du mal à être seule», admet cette fille unique, qui est pourtant habituée à composer avec les «autres»: «Je suis Gémeaux ascendant Gémeaux, là aussi ça fait du monde à concilier. Mais j’ai une grande capacité d’adaptation.»
Il lui en a fallu lorsqu’elle a débarqué au SIHH. Certes, après des débuts à Paris, notamment dans le marketing des cosmétiques (L’Oréal) et des parfums (Givenchy), elle a goûté à l’organisation de salons à Marseille. La Foire internationale, le Salon nautique… Des manifestations grand public cependant, à mille lieues du cercle très fermé et professionnel du SIHH.
Mais Fabienne Lupo apprécie le monde du luxe et ne s’en cache pas. Avec la haute horlogerie, elle a aussi abordé un univers très particulier qu’elle a tout de suite adoré: «J’ai découvert le savoir-faire, la technicité, la finesse d’un métier où, à la base, on parle de mécanique! Pour moi, c’est magique de donner vie à quelques grammes d’or et de métal…»
Aujourd’hui, elle ne changerait de profession pour rien au monde. D’autant que sa maison, à Landecy, lui offre le contraste nécessaire à son équilibre. «Je suis une fille de la campagne, glisse-t-elle. Mon grand-père était charpentier, ma grand-mère institutrice dans un village. Entre Landecy et le SIHH, j’ai les pieds sur terre et la tête dans les étoiles…»
Mes bonnes résolutions pour 2009
Ce qu’elle aimerait s’imposer pour bien commencer l’année
- «Il y a bien sûr les éternelles bonnes résolutions: perdre dix kilos, prendre dix centimètres, trier, classer, s’alléger de dix ans de vie, de photos, de papiers et de stocks en tous genres.»
- «Il faudrait aussi rendre les dizaines d’invitations en retard et tenter de tenir les bonnes résolutions de l’an dernier. Bref, courir après le temps, qui passe trop vite.»
- «J’aimerais surtout prendre du temps, justement. Pour voir grandir mes enfants, profiter des moments en famille et entre amis, et m’occuper enfin de moi! Mais, comme le dit Oscar Wilde, «la fatalité veut qu’on prenne toujours les bonnes résolutions trop tard». Alors afin d’éviter toute frustration en arrivant à fin 2009, j’ai finalement décidé de ne pas prendre de bonnes résolutions pour cette année.»
Xavier Lafargue
Tribune de Genève |