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Finalement, ce n’est pas si terrifiant, cette crise !
 
Le 23-01-2009
de Business Montres & Joaillerie

Promenades dans une Genève occupée cette année avec une certaine discrétion par des horlogers… principalement européens.


••• UN SIHH ENTRE GRAND FRISSON ET ZEN ATTITUDE : au second jour du SIHH, certains poussent déjà un soupir de soulagement. Parce que « ça aurait pu être pire ! ». Il est vrai que la question posée par ceux qui n’y sont pas encore venus reste tendue : « Alors, c’est vraiment la cata ? ».

La vérité est beaucoup plus nuancée : ce SIHH n’est ni la Bérézina de la Haute horlogerie, ni l’Auzterlitz d’un luxe horloger qui échapperait par miracle aux convulsions économiques planétaires. C’est seulement le salon d’une profession qui retient sa respiration entre deux annonces conjoncturelles décisives : les résultats « dramatiques » - vocabulaire inhabituel dans la maison et volontairement dépouillé de tout « optimisme » - de Richemont et les résultats attendus du Swatch Group demain jeudi.

C’est aussi un SIHH impossible à décrypter rationnellement, entre la déprime excessive de détaillants volontiers enclins à jouer les pleureuses - même dans les années d’abondance, ils se plaignaient !- et le triomphalisme de commande de dirigeants horlogers qui ne veulent pas désespérer leurs troupes. Ici, on enregistre effectivement des commandes inattendues en période de crise : les pièces uniques Cartier, facturées à près d’un million de dollars au client final, sont déjà préemptées.

Ailleurs, on admet que « ce sera dur ». Pour telle marque, des détaillants signent allègrement les mêmes bons de commande que l’année dernière, à quelques détails près. Pour telle autre, ces mêmes détaillants refusent de « se mouiller » sur des collections qu’ils ne « sentent » pas au bon prix pour leurs clients. Si bilan il faut faire avec un peu d’avance, il n’a de sens que marque par marque, marché par marché, vitrine par vitrine. Décode qui peut !

Objectivement, il y a moins de monde au SIHH. Officiellemment, 15 % d’invités en moins - ce qui n’est pas vrai pour la presse non européenne -, avec un diminution très sensible du nombre des Américains et des Japonais : on parle beaucoup moins anglais dans les couloirs et dans les salles de présentation ! Officieusement, je parierais, de façon subjective, pour une baisse globale de 25 %, un peu masquée par la bousculade des premiers jours, mais qui sera encore plus sensible en fin de semaine, puisque les Asiatiques et les Russes repartent dès ce soir fêter leur Nouvel An.

Tout aussi objectivement, il y aura moins de commandes dans les carnets des manufactures à l’issue de ce salon, mais il est encore difficile de dire à quel niveau, tout en sachant que le niveau 2008 avait été exceptionnel et probablement non-significatif du fait des annulations ultérieures…

Aucune tendance ne se dessine vraiment dans les différents espaces des marques et dans les open bars où se retrouvent tous les vérérans des guerres du luxe. Seul sentiment généralement partagé : une sorte de satisfaction de se retrouver là, une fois de plus, en trouvant dans la chaleur « mammifère » de ce clan horloger, de bonnes résolutions morales pour tenir tête à la crise.

On pourrait même discerner un certain optimisme dans le constat de cette résilience, facilitée par un accès plus facile à tous les services du SIHH – moins d’attente aux buffets, moins de retard dans les agendas, moins de morgue et d’arrogance de la part des directions commerciales, moins de stress et plus de zen attitude dans les relations humaines…

••• La bulle SIHH prend par instants des allures de bouffée d’oxygène : les braises sont encore rouges et les charmes magiques de l’horlogerie de luxe fonctionnent encore. Après tout, ce grand corps malade a encore des ressources. Allez, on y croit ! Allez, on se reprend ! Allez, on les aura !

••• FIN DE PARCOURS POUR BÉDAT & CO : pas encore de commentaires sur une nouvelle tombée hier à Genève, la cessation d’activités de Bédat & Co, la marque de haute horlogerie fondée en 1996 par Christian et rachetée en 2000 par le Gucci Group (PPR). En 2007, la nomination de William Devine à la tête de l’entreprise n’avait convaincu personne – et surtout pas les clients, ni les détaillants – de la validité de la stratégie retenue. La marque n’en avait pas moins ouvert sa première boutique à Kuala Lumpur, dans la fameuse Star Hill Gallery, en décembre dernier. Il semble donc que PPR-Gucci ait préféré jeter l’éponge pour se recentrer sur ses autres marques horlogères.

••• Bédat & Co serait donc, après Villemont, la seconde marque officiellement et définitivement victime de la crise. Plutôt attendue depuis le forfait de la marque pour Baselworld 2009, cette nouvelle ne devrait pas bouleverser le paysage horloger. La nouvelle CEO de Bédat & Co, Viviane Fankhauser, vient donc prendre la onzième place sur la tristement célèbre « liste de Müller »…

••• TOUJOURS PAS DE NOUVELLES DES TRIBULATIONS DE RICHEMONT EN CHINE : même si l’état-major de Richemont semble actuellement polarisé par le SIHH, les négociations ne s’en poursuivent pas moins en coulisses sur le terrain asiatique pour préparer ce qui serait un « gros coup » dans le domaine de la distribution locale. On signale les « boys » de Richemont très actifs à Singapour et à Hong Kong, mais aussi du côté de la Chine continentale.

••• Mutisme officiel à l’état-major de Bellevue. Interrogations muettes des responsables de zones. Sourires énigmatiques des détaillants asiatiques qui seraient concernés. Deux hypothèses : un raid sur Xinyu Hengdeli, qui se veut le « premier réseau mondial pour la distribution de montres de luxe » - ce qui n’est sans doute pas vrai - ou carrément un raid sur le réseau Sincere. Voire les deux à la fois, ce qui donnerait de toute façon à Richemont un rôle de premier plan dans le contrôle de la distribution des montres suisses en Asie. Une annonce en fin de SIHH dissiperait beaucoup de malentendus médiatiques – mais l’Orient est compliqué !

••• LA VOITURE DES SALONS GENÈVE 2009 EST SIGNÉE DE BETHUNE : toutes les Maserati, les plus belles Ferrari et les plus insolentes Bentley griffées par les uns ou les autres n’y changeront rien ! La plus amusante des voitures de Genève 2009, c’est la voiture De Bethune ! Comme promis, découvrez-là dans une information mise en ligne aujourd’hui…

 



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