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Des bonnes et des mauvaises nouvelles ...
 
Le 29-01-2009
de Business Montres & Joaillerie

Des bonnes et des mauvaises nouvelles, des amusantes et des moins drôles, des graves et des plus légères : on commence par lesquelles ?

••• UN GRAND SOUPIR DE SOULAGEMENT AVEC LES PREMIERS CHIFFRES 2008 COMMUNIQUÉS PAR LE SWATCH GROUP : comme prévu, c’est bien mieux qu’on ne pouvait le redouter, la pyramide de ses marques protégeant mieux l’ensemble de la forteresse qu’une assise centrée sur tel ou tel segment du marché.

Pour autant, même si le Swatch Group permettra sans doute à toute l’industrie de limiter la casse, il n’y a pas de quoi pavoiser. Sans s’étendre sur les pertes du groupe dans les composants électroniques, qui ne sont pas son cœur de métier, le secteur horloger progresse de façon contrastée entre les montres, dont le chiffre d’affaires est en panne (+ 1,8 %), et la production (+ 7,5 %). Certes, la croissance reste sensible, mais une analyse plus fine – sur la base de chiffres non publiés – démontrerait sans doute un recul des volumes (le nombre de montres vendues) et des effritements très nets sur des marchés stratégiques – où il reste difficile d’appréhender la part respective du sell-in – les livraisons « brutes » aux filiales, qui grossissent les stocks sans correspondre à des ventes effectives – et du sell-out.

On notera que le groupe admet : « Même les marques de luxe n’ont pas pu totalement échapper à cette tendance défavorable ». Une phrase à méditer, qui peut faire penser, au choix, que le luxe a particulièrement souffert ou que le chiffre d’affaires du luxe a permis de compenser des pertes plus substantielles dans les autres segments.

Toujours dans l’esprit de la glose talmudique à laquelle on est réduit faute d’informations plus détaillées, on peut apprécier le sel d’une « confirmation dans une croissance à long terme sur le marché du détail, corroborée par une stratégie visant à poursuivre son expansion dans ce champ d’activités ». Si la phrase était prononcée par un énarque français, il faudrait comprendre que, pour l’instant, la croissance en question n’est pas évidente, mais qu’elle le deviendra un jour, à terme, grâce aux investissements stratégiques consentis, bref qu’on est encore loin de gagner de l’argent sur ce terrain. L’évocation répétée du « long terme » dans des communiqués financiers habitués à souligner les profits réalisés ici et maintenant est toujours un peu inquiétante…

Confirmation par le Swatch Group d’un dévissage « sévère » aux Etats-Unis, « compensé par d’autres marchés de croissance » : on ne précise pas lesquels et c’est dommage ! Le « spectre de la récession commençant à peser sur le confiance des consommateurs », le groupe ne s’attend pas non plus à un développement des marchés européen et américain.

Côté production, c’est plus enthousiasmant : + 8,7 % des ventes aux marques du groupe [un bon indice de la dynamique interne des marques du groupe] et + 5,4 % aux marques tierces [moindre progression, qui trahit l’essoufflement de l’industrie], c’est encourageant, du moins en valeur et compte tenu des investissements industriels consentis. Reste à analyser les volumes pour pondérer cette performance par les augmentations de tarifs.

••• On remarquera au passage que le Swatch Group, qui misait – avec logique – sur l’ouverture stratégique de nouvelles perspectives dans l’automobile « verte » de nouvelle génération, a eu raison de ne pas trop s’exposer sur un terrain aujourd’hui sinistré. L’essentiel est aujourd’hui que le bastion biennois tient bon et affirme sa confiance dans un environnement perçu comme « difficile » : les remontées du terrain sont estimées « en amélioration constante » pour le premier trimestre, ce qui conforte le Swatch Group dans son analyse d’une reprise au second semestre 2009…

••• UNE JOLIE ARNAQUE POUR LES RICHES : le site jameslist.com affirme son identité haut de gamme et son positionnement de luxe. « Etant donné les récentes fluctuations des devises et des marchés, nous avons saisi l'opportunité de donner aux acheteurs sérieux les outils qu'ils nécessitent pour trouver des articles haut de gamme au meilleur prix possible, quel que soit le lieu où ils se trouvent », déclare ainsi son animateur, Noam Perski, qui a mis au point ce « comparateur de prix pour les riches qui veulent faire des affaires.

Si vous souhaitez comparer le prix d’un Mangusta, d’une Aston Martin ou d’un Ecureuil, pas de souci. Même démarche pour les montres, avec ce qu’il faut de Patek Philippe, de Rolex ou de Jaeger-LeCoultre pour appâter le chaland. Sauf que ça ce gâte dès qu’on entre dans les détails, par exemple avec cette Daytona Paul Newman à 85 000 euros, qu’on peut trouver [même photo, même référence, même année] à 65 000 euros sur un autre site spécialisé.
Du coup, on regarde plus attentivement et on constate que la Ferrari Superamerica vendue à Madrid n’est pas au bon prix et qu’elle n’est pas non plus disponible, ou que la Rolls-Royce Corniche soldée à 99 000 euros à Marbella vaut la moitié de ce qui est annoncé…

••• PAS FACILE DE FAIRE DES ÉCONOMIES QUAND ON EST RICHE ! Ce serait plus honnête de créer un site de soldes pour toutes les quincailleries de luxe dont les milliardaires cherchent aujourd’hui à se défaire au lieu de gérer…

••• LE MYSTÈRE S’ÉPAISSIT AUTOUR DE LA MONTRE MARIE-ANTOINETTE : pas celle que Nicolas Hayek a ressuscitée dans les ateliers Breguet, mais l’originale, qui avait été aussi mystérieusement volée que retrouvée, puis quasiment escamotée et séquestrée par la conservatrice du musée de Jérusalem. Il faut lire dans les récentes livraisons de Watch Time (Etats-Unis) l’excellente série d’articles que consacre à cette montre Joe Thomson, qui n’a évidemment pas pu tout dire, ni sur les circonstances réelles dans laquelle la montre a refait surface, ni sur les intentions de Rachel Hisson, la conservatrice du musée des Art islamiques (Hapalmach Street, Jérusalem), qui garde aujourd’hui la montre dans son coffre.

L’affaire est terriblement embrouillée. Pour mémoire, on se souvient que Nicolas Hayek avait refusé d’acheter cette montre volée – pour laquelle il avait cependant offert un million de dollars à qui permettrait de la retrouver – avant de transmettre la lettre de proposition à la police ! Ensuite, le musée a racheté la Marie-Antoinette au voleur – un célèbre monte-en-l’air israélien, décédé entretemps – pour 40 000 dollars, avant d’informer la police de la transaction. Aujourd’hui, la conservatrice du musée veut faire de cette montre – dont chacun vient de comprendre l’extraordinaire valeur historique – la « Mona Lisa de l’horlogerie » ! Elle lui consacrera bientôt une exposition spéciale, après l’avoir assurée pour 30 millions de dollars : de quoi doper la fréquentation de son musée et, selon elle, le tourisme international à Jérusalem.

••• BIEN TROUVÉE, CETTE « MONA LISA DE L’HORLOGERIE »… Mystères romanesques, rebondissements cinématographiques et valses des millions à tous les épisodes de la saga Marie-Antoinette : cette pièce compliquée – dont personne ne s’était jamais soucié avant ces dernières années – est bien un des piliers de la grande légende dorée des montres. On ne comprend quand même pas pourquoi il est impossible de voir, même sans la prendre en main, cette Marie-Antoinette : plusieurs journalistes qui ont tenté un rendez-vous au musée ont été poliment éconduits…

••• COÏNCIDENCE AUTOUR D’UN CONCEPT CHIC : LA THÉORIE DE L’EFFET BULLWHIP, repérée hier par Business Montres, refait son apparition ce matin dans L’Agéfi (Suisse), dans un article de Bastien Buss « en collaboration avec Olivier Müller » – ce dernier, ancien de Chopard et du Swatch Group (Omega) étant aujourd’hui consultant en supply chain management pour l’industrie.
Constat : « Le modèle Bullwhip met en exergue un phénomène de levier, engendrant une réaction démultipliée à court terme. Cette situation va aboutir à des répercussions massives sur l’emploi, principalement chez les fournisseurs ».

Exemple : « Le fabricant de cadrans, un fournisseur horloger parmi d’autres, a pour unique information les commandes fermes de ses clients et éventuellement les statistiques des exportations de montres fournies par la Fédération horlogère suisse. Ces deux sources d’information ont néanmoins chacune leurs lacunes. En effet, ces données ne reflètent pas la fluctuation réelle de la demande. Sans parler d’un très large décalage temporel. De plus, elles déforment l’information remontant aux fournisseurs, perdant encore davantage de sa pertinence à mesure qu’on grimpe, en amont, sur les échelons d’approvisionnement. La réaction logique de chaque intervenant, dans cette chaîne de valeur, sera de créer des stocks de sécurité durant la phase haussière, lui donnant l’illusion de la réactivité face aux fluctuations de la demande. Maintenant que la demande s’effondre, ces stocks leur restent sur les bras »…

••• QUELQUES RÉVÉLATIONS DANS CETTE MISE EN PERSPECTIVE DU MARCHÉ DE L’EMPLOI HORLOGER : pour L’Agéfi, sous le titre « Déboussolée, l’horlogerie sabre massivement dans ses effectifs », il se pourrait que Richemont prépare un plan social dont l’ampleur n’est pas encore connue ». Une rencontre serait planifiée entre Richemont et les syndicats pour un plan social cadre, avec une hésitation sur la stratégie à suivre : grande vague collective ou vaguelettes ponctuelles ? L’Agéfi évoque ainsi des nouveaux licenciements chez Cartier, ainsi que des allègements à Meyrin, chez Roger Dubuis.

Révélation particulière de Business Montres à ce sujet : Richemont Asie (Hong Kong) a déjà planifié 60 licenciements – c’est plus facile là-bas qu’ici, mais ça donne une idée du malaise…
Conclusion de Bastien Buss : « De facto, sur un effectif total de 48 835 personnes (fin 2007), 9 700 places de travail pourraient être annihilées dans l’industrie. D’après les estimations de L’Agéfi, avalisées par les syndicats, quelque 1 000 emplois ont déjà été biffés à ce jour. Avec les sous-traitants, ce chiffre monte à 3 000. Durant les prochains mois, le secteur paiera encore un lourd tribut, avec quelque 6 700 suppressions de postes »…

••• LA CRISE NE DÉCOURAGE PAS LES ÉDITEURS : alors que les suppléments horlogers commencent à « ramer », sous le coup des annulations de pages et des restrictions de budget 2009, des éditeurs courageux préparent de nouveaux concepts. Fort du succès du Stylographe (magazine centré sur la « haute écriture »), Jean-Claude Arrata (éditions Arcadius) prépare le lancement de Bô, un concept magazine haut de gamme en format XXL (260 x 360 mm), centré les beaux objets, c’est-à-dire les montres, les instruments d’écriture et l’univers du voyage. Diffusion qualifiée en quatre langues (français, anglais, italien, russe) dans les pays correspondants (kiosques et hôtels).

••• THE MAGAZINE OF HIGH MANUFACTURE : un sous-titre ambitieux sur un segment « art de vivre » aujourd’hui déstabilisé par la crise. La bonne nouvelle, c’est la volonté de consacrer la moitié de la pagination aux montres de « haute manufacture ». Il y en a des… basses ?

 



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