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Le groupe a finalement vu ses ventes progresser très légèrement l’an dernier.
Indicatifs. Les chiffres de Swatch donnent une certaine heure de l’horlogerie suisse. Et le groupe biennois a vu ses ventes légèrement progresser l’an dernier. Après un magnifique début d’exercice sur la lancée d’une année 2007 record, il voyait la crise financière, puis économique, le rattraper. Le freinant même passablement fin 2008. Au final, le chiffre d’affaires brut du groupe s’est arrêté à 5,966 milliards de francs. Soit une hausse de 0,4% en francs suisse ou 4,3% sans effet de change. Ce qui constitue tout de même un record.
Pour le seul segment des montres et bijoux, les ventes ont accéléré de 1,8% à 4,796 milliards de francs. Le secteur Systèmes électroniques a en revanche chuté de 15,9%, notamment en raison du désinvestissement du groupe. Des activités secondaires qui devraient s’avérer déficitaires, relèvent les analystes d’Helvea qui s’attendent à d’éventuelles mesures de restructuration. D’ailleurs Swatch confirmait hier le recours au chômage partiel sur deux sites du secteur (Micro Crystal à Granges et Lasag à Thoune). Rien de tel en revanche dans les montres. «Ni licenciements ni chômage partiel ne sont envisagés», a déclaré dans la presse dominicale le patron Nick Hayek.
D’ailleurs, Swatch se refuse à trop ralentir. Même si le groupe a noté «une diminution perceptible de la demande de montres» en novembre et décembre, il affiche des prévisions «prudentes mais non pessimistes pour les mois à venir». Contrairement à son concurrent Richemont qui, après avoir enregistré une baisse de ses ventes de 12% en décembre, affirmait la semaine dernière ne voir «aucun motif d’optimisme pour l’heure». Et preuve de la conviction de Swatch: le groupe parle encore de croissance pour 2009. Certes «modeste», mais croissance tout de même. Grâce à «une reprise de la confiance au niveau international au deuxième semestre».
L’expérience du terrain
Ses sources? Son expérience du terrain. «Le chiffre d’affaires généré en janvier 2009 et les commandes pour les mois de février et mars confirment une amélioration constante de mois en mois», soit en comparaison avec novembre et décembre. Et de préciser que ce début d’année est à mettre en parallèle avec celui «extrêmement vigoureux» de 2008. Mais l’optimisme de Swatch ne convainc pas tout le monde. A commencer par les analystes de Vontobel qui confirment: «Pour l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires devrait reculer de 10%.»
Il s’agit d’abord de passer sans trop de dégâts ce premier semestre. Les analystes d’Helvea craignent que «les détaillants ne soient sévèrement touchés par la crise dans certains pays et que le marché chinois – très important pour le groupe notamment pour Omega – n’enregistre encore un déclin de ses ventes». Pour l’ensemble des exportations horlogères, Vontobel parle d’une chute de 15 à 20% entre janvier et juin. Pour l’ensemble du marché du luxe, le cabinet Bain & Company, cité par l’AFP, table durant la même période sur un recul de 5 à 10% à taux de change constant.
Anne Gaudard
Tribune de Genève |