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Baselworld - 48 : trop tard pour corriger le tir !
Commencez le bombardement pour les dossiers de presse et débrouillez-vous pour qu'on ne pose pas
trop de questions oiseuses sur les pannes créatives qu'on remarque de plus en plus...
Heureusement qu'il y a les copieurs pour nous amuser un peu !
••• ON TROUVE TOUT SUR INTERNET, MÊME DES SOLDES DE MONTRES QUI N’EXISTENT PAS ENCORE : Business Montres signalait récemment l’existence d’un site assez douteux, présenté comme un « comparateur de prix » focalisé sur le luxe, mais apparemment plus tenté par le déstockage déguisé. Cette fois, jameslist.com va plus loin et vend même des pièces qui sont toujours sur les établis des manufactures, par exemple une Zenith Zero-G Tourbillon en titane, facturée 290 000 euros TVA suisse comprise - prix public annoncé : 421 000 euros - et localisée à Baar, en Suisse. Précision du vendeur : la montre est en stock…
Images et descriptif (celui du dossier de presse) sur http://www.jameslist.com
••• APRÈS LES ROLLS-ROYCE DOUTEUSES, LES MONTRES VIRTUELLES : l’explosion de la bulle du luxe commence à libérer beaucoup de pratiques nauséabondes…
••• ON HÉSITE QUAND MÊME À CROIRE LE COMMUNIQUÉ TRIOMPHANT DE BASELWORLD, qui nous assure que « les principaux acheteurs se déplaceront du monde entier pour visiter l’événement annuel majeur de la branche ». 2 000 exposants sont attendus de 45 pays et 3 000 journalistes s’affirment prêts à boucler leur valise pour un salon pas comme les autres : « Dans un contexte de conjoncture économique incertaine, 2009 s’annonce comme une année quelque peu nébuleuse pour la branche des produits de luxe ».
Citation de Mehul Choksi (groupe Gitanjali, Inde) : « Lorsque l’on opère sur le marché des produits de luxe, on peut renoncer à tous les salons, mais certainement pas à Baselworld ! Tout simplement parce que personne ne peut se permettre de ne pas y être, alors que les principaux décideurs de l’industrie de l’horlogerie et de la bijouterie s’y rencontrent ». Autre citation, cette fois de Ranesh Gandhi (Choron Diamond, Russie) : « Si ce n’est pas à Bâle, alors où puis-je me forger une image aussi concentrée des tendances et des nouveautés » ?
••• PRÉCISÉMENT, TOUT LE PROBLÈME SERA CETTE ANNÉE DE FAIRE PASSER UN MESSAGE POSITIF, qui tranche sur les commentaires post-SIHH, centrés sur la seule baisse de la fréquentation, la réduction des commandes et la créativité moins poussée, à l’exception d’une poignée des 64 marques présentes à Genève 2009…
••• A MON AVIS, FELIX BAUMGARTNER (URWERK) NE VA PAS DU TOUT AIMER… la nouvelle montre proposée par Azimuth, la marque biennoise qui a décidé de transposer les codes de la haute horlogerie dans le segment des montres accessibles. Inutile d’expliquer en quoi cette Azimuth, qui sera présentée à Baselworld (ci-dessus), présente quelques analogies troublantes avec le pilier de la collection Urwerk…
••• ET SI AZIMUTH AVAIT TOUT COMPRIS ? Sauf peut-être le respect de la propriété intellectuelle, mais ce sera à mon avis difficile d’établir juridiquement que le concept de « méca-complications » lancé par la marque – devenu « avant-garde complication » avec cette… Azurwerk – est franchement « pompé » sur le design de Martin Frei et le mouvement de Felix Baumgartner. Azimuth a en revanche bien compris que les montres à l’avant-garde de la nouvelle génération faisaient rêver, mais qu’elles n’avaient pas de public en Europe faute de prix adaptés. L’enjeu est donc désormais d’assurer la migration du style « concept watch » vers des montres certes moins qualitatives, quoique Swiss Made, mais tout aussi originales et en tout cas moins sévèrement tarifées….
••• INSTALLERA, INSTALLERA PAS ? On ne sait toujours pas si on pourra découvrir à Baselworld l’Ikedome, cette structure octogonale conçue par Marc Newson pour servir de « boutique éphémère » et d’écrin artistique aux nouvelles collections Ikepod. Pas question de mettre ce dodecaèdre à l’intérieur d’une des halles : dix mètres sur dix en bois brut, c’est l’ovni au milieu des stands de luxe bien léchés ! A l’extérieur, oui mais où ? Pas le moindre mètre carré disponible à portée de semelle du salon, si ce n’est à des prix astronomiques.
••• DOMMAGE : CE SERAIT UN HAPPENING ARTISTIQUE TRÈS BASEL ART, à défaut d’être très Baselworld. Et c’est un magnifique objet de décoration, peut-être un peu grand pour présenter de si petites Solaris - une montre dévoilée le 18 novembre dernier par Business Montres : un essai au porter a confirmé l’étrangeté absolue de cette montre hors normes, néanmoins « reposante » quand on en a soupé des « grosses patates » ! -…
••• PREMIÈRES RAFALES DES DOSSIERS DE PRESSE PRÉ-BÂLE, AVEC UNE NETTE ABSENCE DE SURPRISES : les envolées lyriques prolifèrent et les auto-congratulations pleuvent en giboulées de plus en plus insupportables, compte tenu du manque d’audace des marques qui jouent la sécurité. Dire qu’il aura fallu un an pour en arriver là…
• Dior ose – quel courage – une nouvelle édition de sa Chiffre rouge, avec une lunette de plongée, une aiguille rouge et un quart d’heure de minuterie rouge. On frémit devant autant de courage créatif !
• De Grisogono – dont on attend toujours la Meccanico de 2008 – abuse de son autorité pour nous refiler, son Instrumento Grande Date Open de 2006, avec des index plus discrets et un logo décentré, plus une poignée de diamants baguette. On applaudit : « Au jeu de la créativité, Fawaz Gruosi abat toujours ses cartes avec un temps d’avance »…
• Frédérique Constant rhabille d’or gros son tourbillon « manufacture » lancé l’année dernière, en l’augmentant d’une indication jour/nuit rebaptisée « complication ». On salue cette initiative : « Seuls quelques rares horlogers possèdent les compétences nécessaires pour pouvoir fabriquer un Tourbillon. Frédérique Constant en fait désormais partie ». - aux derniers pointages, 129 marques proposent un tourbillon, une petite cinquantaine d’entre elles prétendant au statut de « manufacture » -
• Bulgari prend le risque énorme de proposer un nouveau modèle de « Bulgari Bulgari » augmentée d’une phase de lunes. Ce qu’on est prié de prendre pour une vraie révolution ! Commentaire : « le boîtier 38 mm de cette version de prestige se distingue par la pureté caractéristique de ses lignes et par une élégance contemporaine qui le rendent reconnaissable entre mille »…
• Wyler propose une édition en titane de son chronographe Code-R, avec des index oranges et un cadran à décor en applique monobloc. Fantastique imagination : pour la saint Valentin, c’était le même chrono avec un cadran rouge ; pour les fêtes, il était bleu avec des diamants ; pour le Dakar, on avait la version sable ! Mais où vont-ils chercher tout ca ?
• Breitling fête cette année ses 125 ans avec une inusable nouveauté :a 97e nouvelle version de la « mythique Navitimer », qui aura cette année – on tremble devant un tel suspense ! – un… bracelet rigide à trous. Puisqu’on vous dit que c’est marqué : « Plus que jamais, Breitling se montre fidèle à son histoire. Sa passion des chronographes d’une part, son destin intimement lié à celui de l’aviation de l’autre. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le « ”fournisseur attitré de l’aviation mondiale” a choisi de célébrer le plus emblématique des instruments pour professionnels en cette année anniversaire ». L’idée du siècle : « Edition limitée à 2009 exemplaires »…
Dossiers à suivre dans les jours qui viennent, avec une revue des maisons qui tentent de se rassurer en misant sur la seule force de leur marque et un coup d’œil sur les marques qui tentent de s’en sortir en misant sur la force de leurs nouveautés.
••• MÊME QUAND ÇA SEMBLE NEUF, L’EST-CE VRAIMENT ? Les langues se délient chaque jour un peu plus à propos de la Monaco V4 klaxonnée – « en grand secret et en toute confidentialité » – par TAG Heuer : il n’y aurait finalement que… trois courroies sur les 13 du mouvement initial et elles ne seraient pas posées à des endroits critiques pour la marche du mouvement… C’est fou ce que ce mouvement peut déchainer de passions ! On ne parle évidemment pas de la boîte Monaco spécialement conçue pour cette V4 : c’est une vraie réussite en termes de design contemporain…
••• VAN CLEEF & ARPELS MISE SUR LA HAUTE JOAILLERIE SUR MESURES : priorité à la « customisation » et à la création de pièces réellement personnalisée ! Au programme : deux designers de bijoux sur le terrain, avec une mallette pleine de pierres - pas n’importe lesquelles : du lourd et du rare ! -, face à des client(e)s américain(e)s qui en redemandent pour ce qui est des conseils et des suggestions. Les pièces seront réalisées soit à Paris, soit à New York et livrées dans les six mois.
••• CE PROGRAMME « DESIGN OF YOUR DREAMS » VIENT D’ÊTRE TESTÉ À PALM BEACH : il témoigne d’une évolution dans l’univers du luxe et dans l’esprit Vendôme. Les marques entrent désormais en résonance créative avec leurs clients et adoptent une posture collaborative au lieu de se draper dans la morgue d’une supériorité auto-proclamée.
••• UN PEU DE TOUT SANS TOUTEFOIS TROP ENTRER DANS LES DÉTAILS : EST-CE QU’ON POURRAIT PARLER DE…
••• Ce que devient Jacob Arabov ? On ne sait plus s’il purge sa peine de prison pour blanchiment d’argent ou s’il prépare activement le salon de Bâle. Ou les deux – il a tout de même obtenu de pouvoir gérer ses affaires derrière les barreaux ! En tout cas, la marque aura son stand à Baselworld, et en majesté dans la halle des grands (Hall 1)…
••• Ce qui énerve le plus Omega dans l’affaire de son champion, Michael Phelps, prise en flagrant délit de « fumette » ? Dans les photos publiées par News of the World, on voit clairement qu’il a une montre sertie de diamants au poignet, mais ce n’est sans doute pas l’Omega réglementaire dont la marque lui avait fait cadeau…
••• Ce qui inquiète les marques de montres dans le concept de la « boutique éphémère » ? On a du mal à comprendre ce qui les retient, alors que c’est une solution idéale pour lancer un concept, créer un événement et bénéficier de gains d’image maximum avec un minimum de dépenses. La boutique Azzaro installée à Londres pendant la Fashion Week est un bon exemple de réussite dans ce domaine : lignes chic, vitrines choc et collections capsules, avec tout le glamour dont Azzaro peut se révéler capable. Carton plein !
••• Ce qui se discute et se dispute dans les bars à vin du quartier des banques à Genève ? L’escroquerie Madoff est-elle ou non la fraude du siècle, du millénaire ou de l’ère chrétienne ? Ce serait un peu vite oublier les emprunts russes pour les épargnants français, les banqueroutes sous l’Empire romain ou les convulsions du système de Law sous l’Ancien régime. Un constat : si on a pu, ici ou là, arnaquer les spéculateurs, jamais on n’a réussi à escroquer trois millions de personnes dans 25 pays différents. Dont, dit-on, au moins la moitié des banques de la place genevoise en particulier, et suisse en général - à l’exception, on s’en souvient, de Rolex, seule institution suisse à n’avoir pas perdu « un seul franc, ni un seul centime » dans aucun des fonds de cette escroquerie pyramidale -…
••• Ce qui a poussé Jean-Claude Biver à ne demander que maintenant la nationalité suisse - son interview à la télévision suisse romande de l’autre jour - ? Les réponses varient selon les interlocuteurs, mais on peut se faire sa propre idée sur http://www.tsr.ch…
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