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A J - 44 de Baselworld, la pression monte, alors que le marché envoie des signaux particulièrement contradictoires, tant à la Bourse que sur le terrain.
Même si le meilleur n'est pas probable, le pire n'est peut-être pas certain : le tout est de bien interpréter les signaux faibles repérés par votre Quotidien des Montres...

••• TOUJOURS DE MAUVAISES NOUVELLES DES WATCH VALLEYS, avec 13 personnes remerciées à Fleurier pour le site de la manufacture Chopard (soit 10 % d’un effectif de 130 postes de travail) ou 24 emplois supprimés au Locle (sur un total de 270 postes) chez Zenith. Rien de massif du côté de TAG Heuer, qui a très intelligemment procédé à des allègements au cours de ces derniers mois, au lieu de les concentrer sur ce début d’année. Pendant ce temps, on retient son souffle dans les manufactures du groupe Richemont, où se négocie un plan social global pour les différentes marques.

Pour ce qui est de PPR, nouveau co-actionnaire de Girard-Perregaux et JeanRichard, il semble bien que les 22 licenciements annoncés aient provoqué quelques remous internes et des échanges assez vifs lors du départ des personnels concernés…

••• POUR CE QUI EST DU GROUPE LVMH, BUSINESS MONTRES POSAIT LA QUESTION vendredi dernier : « Quelles sont les marques qui ont plombé les comptes horlogers du groupe ? » (« Le sniper du vendredi). Nous avons au moins un premier élément de réponse, mais ce n'est sans doute qu'un début, la direction de la branche horlogerie (2 000 employés) ayant parlé d'un plan plus global « en gestation ». Gare à l'accouchement !

Côté Richemont, l’objectif est d’habiller au maximum en pré-retraites, en fins de contrat et en mesures de chômage partiel le coup de frein brutal. Imaginons à titre d'exemple, chez Jaeger-LeCoultre, un simple « allègement » de 10 % – moyenne constatée du côté de La Chaux-de-Fonds – et ce sont 120 personnes qui sont remerciées au Sentier ! Des deux côtés de la frontière, on serre les fesses, d’autant que les inscriptions à l’ANPE française – généralement des frontaliers récemment embauchés en France – n’est pas négociée avec les syndicats suisses…

••• À L’APPROCHE DE BASELWORLD, CLASSIQUE PROLIFÉRATION DES « PREMIÈRES MONDIALES » : et c’est parfois vrai ! Les Helvéto-Californiens de la maison Icelink – personne n’a oublié leurs montres incurvées à six cadrans – présentent ainsi leur world premiere : une mouvement mécanique rectangulaire à cinq fuseaux horaires.
Ce n’est sans doute pas révolutionnaire aux yeux de l’histoire horlogère, mais très amusant : cinq fuseaux horaires différents, servis par un unique mouvement mécanique à remontage manuel. Logée à 3h, avec une lecture heures-minutes classique et une indication des secondes par disque à 9h, l’heure locale entraine l’aiguille des heures des quatre autres fuseaux horaires. En prime, pour chacun de ces fuseaux, une indication jour-nuit. L’ensemble – qui s’annonce plus ou moins serti selon les tendances bling-bling des marchés internationaux – est assez spectaculaire, ne serait-ce que par ses cinq couronnes, ses poussoirs ou son fond saphir à double ouverture (présentation à Baselworld, hall 4).

••• SI CETTE MONTRE À CINQ FUSEAUX HORAIRES S’APPELLE 6TIMEZONE MECHANICAL (CTZM), c’est parce qu’elle compte six « cadrans ». Précision utile pour ceux qui n’auraient pas compris : « Los Angeles Outside – Swiss Inside ». Ce qui fait dire aux poètes qui rédigent les dossiers de presse : «La folie créatrice de Los Angeles et l’univers de l’industrie horlogère suisse et son savoir-faire séculaire. Les designs de la marque découlent de 25 ans d’expérience dans la joaillerie et sa pensée en dehors des sentiers battus. Icelink est l’expression d’un luxe audacieux et se destine à tous ceux qui souhaitent vivre leur vie sans contraintes ni frontières ».

••• TOUJOURS DANS LA SÉRIE DES « PREMIÈRES MONDIALES » : la marque deLaCour – « Since Tomorrow » – propose cette saison un nouveau modèle qui pourrait être la première montre jamais réalisée en iridium. Il s’agit d’une Saqra Triplex « blindée » de plaques d’iridium, un métal de la famille du platine qui est le matériau connu le plus résistant à la corrosion et aux agressions chimiques.

Très difficile à travailler, il a un avantage complémentaire : sa coloration délicatement dorée, qui peut le faire passer pour une variante d’or. Sur ce tourbillon à triple fuseau horaire et réserve de marche, la décoration de ce « blindage » d’iridium est mise en valeur par de multiples vis fonctionnelles et des arêtes noires qui donnent à la montre une allure de char d’assaut de luxe, sinon de Nautilus post-moderne…
Renseignements sur http://www.delacour.ch, mais il n’est pas certain que la montre ainsi dévoilée par une indiscrétion de Business Montres soit déjà en ligne…

••• TOUJOURS AUSSI DISCRÈTEMENT QU’OBSTINÉMENT, deLaCour poursuit son parcours horloger avec un souci d’excellence qui ne se démentit pas. Les innovations succèdent aux nouveautés et les lancements de nouvelles pièces s’enchaînent sans lasser, qu’il s’agisse de haute horlogerie – malgré tout, on attend toujours la Birépétition minutes développée avec Christophe Claret – ou de haute joaillerie.

••• GROGNE RUDISYLVAINE AUTOUR DE L’OPÉRATION « PORTES DU JURA » LANCÉE PAR LE GROUPE FRANCK MULLER : il était question, fin 2008, de créer 200 à 300 emplois aux Bois (Jura), dans un nouveau pôle industriel qui aurait regroupé certaines activités du groupe Franck Muller. Neuf mois plus tard, l’opération semble en panne, officiellement pour cause de « climat économique incertain ». Vartan Sirmakes, qui avait annoncé dans les médias le gel de ses investissements immobiliers, n’a pas vraiment rassuré les autorités en se disant « toujours prêt à être très réactif dès que la situation aura évolué positivement ». Il a de toute façon jusqu’à l’été 2010 pour donner le premier coup de pioche de la première parcelle du projet…

••• SI ON COMMENCE À FAIRE LE COMPTE DES PROJETS IMMOBILIERS ET DES MANUFACTURES EN PANNE, il va falloir y passer beaucoup de temps. Tous les groupes ont clairement annoncé qu’ils stoppaient, dans le domaine immobilier, tout ce qui n’était pas absolument indispensable : en vallée de Joux, les grues sont même reparties et les terrains déjà réservés ont été remis sur le marché.

••• LES AUTORITÉS CHINOISES ONT SENTI LE VENT DU BOULET ET ELLES SE PRÉPARENT AU PIRE : le gouvernement de la province de Guangdong viennent d’annoncer une série de mesures d’aides pour les entreprises de Hong Kong, Macao et Taïwan qui opèrent autour de Guangdong. Ces mesures comprennent des exemptions de taxes locales, une réduction de la pression fiscale et des charges sociales, des procédures commerciales simplifiées et des encouragements supplémentaires aux transferts de technologie et aux investissements productifs.

• Pour ceux qui lisent le chinois, quelques détails à propos de ces aides sur http://www.gd.gov.cn...

••• TOUTES PROPORTIONS GARDÉES, C’EST UN PEU COMME SI LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE AIDAIT les entreprises françaises de l’Arc jurassien, les horlogers italiens et les fabriquants de montres de la Forêt-Noire allemande à encaisser la crise. On peut toujours rêver…

••• FAUT-IL PARDONNER À UNE CHAMPION CE QU’ON NE PARDONNERAIT PAS À UN TOP-MODEL OU À UN COMÉDIEN ? La question reste posée après l’absolution immédiatement donnée à Michael Phelps par Omega, dont il est le meilleur champion olympique – huit fois en or à Beijing. Absolution donnée après la publication d’une photo sans équivoque sur une « fumette » dans une soirée privée. Et après les regrets exprimés par le champion, qui a pleinement reconnu ses torts et son immaturité d’ado attardé.

••• TOUT SE JOUE SANS DOUTE SUR CES REGRETS PUBLICS ET SUR LE STATUT DU CHAMPION : un octuple médaillé olympique a sans doute plus le droit à l’erreur qu’un mannequin qui arpente les catwalks ou qu’un comédien qui récite son texte. On avait eu un précédent avec Kate Moss en flagrant délit de franchissement d'une « ligne blanche » : ses sponsors n'avaient pas hésité une seconde à dénoncer ses contrats ! A l’évidence, un champion qui « mouille sa chemise » et qui « défend son maillot » – deux images qui s’adaptent particulièrement bien au nageur Michael Phelps – n’entache pas son image quand il se conduit comme un ado quasi-banal, pourvu qu’il confesse ses fautes et que ses écarts concernent sa vie privée. Vie privée qui n’a pas les mêmes frontières que celles d’un top model ou d’un comédien, personnalités « publiques » par excellence.

C’est certainement dans cette perception subliminale des limites à ne pas dépasser que s’est jouée l’indulgence d’Omega et des sponsors du champion, ainsi que celle du public. Exceptionnel en piscine, humain, trop humain dans la vie : il est donc pardonné. Il faut voir dans le cas Phelps – une étonnante élasticité morale ! – l’explication de la popularité inaltérable des champions cyclistes pris en flagrant délit de dopage : les sportifs hors du commun, ceux qui bâtissent leur succès sur des capacités physiques inhabituelles et sur des efforts surhumains, ne peuvent pas relever des mêmes critères éthiques que ceux qui s’appliquent à celles et à ceux qui n’ont que leur beauté ou leur célébrité à nous « vendre ». Vieux débat de la forme et du fond ou de la lettre et de l'esprit !

••• MÊME SI LES MONTRES DE SAINT-VALENTIN FINISSENT PAR ÊTRE « GONFLANTES », UNE EXCEPTION : pas de boîtier cardioïde, pas de cœur serti, pas de cailloux roses pour la montre « Loves Me » proposée par Mr Jones Watches (MJW), qui s’offre le luxe d’une… édition limitée à 100 pièces -il reste encore des numéros libres pour cette édition limitée et on peut les choisir-, toutes numérotées et dotées d’un écrin grand style . Pas mal pour une montre à 130 euros !

L’intérêt de cette « Loves Me » est dans son cadran animé, qui fonctionne un peu comme les pétales d’une marguerite qu’on effeuille – « Il m’aime, il ne m’aime pas, il m’aime », etc. En anglais, « Loves me, loves me not » apparaissent par séquences successives sur le cadran dessiné en marguerite, au rythme des secondes. Une animation est à découvrir sur http://mrjoneswatches.com/....

••• MR JONES INVENTE DONC LA SECONDE AMOUREUSE qui manquait aux dictionnaires d’horlogerie. Pour cette année, rien que pour Mr Jones, le « Sniper du vendredi » retire ce qu’il a pu dire du manque d’imagination des montres de Saint-Valentin…

••• APRÈS LE CRASH AU DÉCOLLAGE DE RALPH LAUREN, ON RETIENT SON SOUFFLE POUR TIFFANY & CO qui sera la marque vedette du Swatch Group au cœur de Baselworld 2009. L’emplacement a été choisi avec une vigilance tactique pointilleuse : au coin gauche de l’empire biennois, ce qui a obligé Longines à rentrer dans le rang. Les collections ont été taillées au cordeau – design et prix – pour ne pas tomber dans les erreurs accumulées par Ralph Lauren-Richemont. Les objectifs commerciaux, eux, sont au moins aussi ambitieux que ceux de Ralph Lauren. Bref, c’est une marque réellement stratégique, déjà dotée de sa propre autonomie géographique, avec un grand bâtiment en cours d’achèvement à Bienne.

••• SOYONS JUSTES : SI RALPH LAUREN N’AVAIT PAS SIGNÉ UN SEUL CONTRAT DE DISTRIBUTION À L’ISSUE DU SIHH, il est possible qu’un grand détaillant du Proche-Orient ait fini par craquer. Peut-être à cause de sa relative dépendance des autres marques de Richemont, mais peut-être aussi par simple souci de marketing défensif à une probable offensive locale de Tiffany & Co, soutenue par un Swatch Group avec lequel cette grande référence de l’horlogerie proche-orientale est en plus qu’en froid…

••• POLÉMIQUE CHEZ LES NAGEURS DE COMBAT DE LA MARINE NATIONALE (FRANCE) : les Casio G-Shock DW 6600 – la montre-fétiche des forces spéciales françaises – jusque-là en dotation chez les plongeurs du commando Jaubert ou les démineurs sont remplacées par des Timex Ironman tout aussi électroniques et fonctionnelles, mais semble-t-il un peu moins « tendance », du moins aux yeux des bérets verts ! D’autant que plusieurs Timex sont restées au fond de l’eau pour cause de bracelets velcro pas très adaptés…

••• IL FUT UN TEMPS Où MA MARINE NATIONALE CONFIAIT DES ROLEX À SES COMMANDOS DE MARINE… Nouveaux formats budgétaires obligent, on est passé à la G-Shock, amusante à porter en ville, puis à la Timex, strictement fonctionnelle mais, rappelons-le, certifiée par la Nasa pour les missions orbitales américaines, ce qui n'est pas rien. Un des problèmes majeurs de ces montres très éprouvées par les missions qu’elles endurent reste l’étanchéité et les problèmes de changement de pile. Le choix d’une Casio en titane à batterie solaire aurait été plus judicieux, sans mettre en péril les finances de la République.

••• JOSEPH FLORES, LE DÉTROUSSEUR DE LÉGENDES HORLOGÈRES, A ENCORE FRAPPÉ FORT : ce week-end, pour les amateurs de Forumamontres, il a exhumé un brevet déposé en 1893 par un certain Charles Coviot. Brevet d’une montre « perpétuelle » – merci, Breguet –qu’il commente ainsi : « Ce texte et les croquis, démontrent, sans le moindre doute, que cette réalisation de Coviot, est une copie conforme de celle décrite dans le rapport de 1778, pièce déposée par Sarton et dont le dispositif se retrouve actuellement sur 5 pièces sauf... que ces 5 pièces sont à fusée et que celle de Coviot n'en a pas, puisqu'à cylindre.

« (…) Coviot à copié, à la goupille près, ce que Sarton avait fait 115 ans avant lui. (...) Cela indique également que cette pièce de Coviot était exactement construite comme toutes les automatiques construites de nos jours par toute l’industrie. (...) Ceux qui ont remis au goût du jour ce dispositif avaient-ils connaissance de ces réalisations anciennes, soit le document de l’Académie daté de 1778, et la pièce de Sarton, soit du brevet de Coviot de 1993 ? »

• Information et reproduction du brevet de Coviot sur http://forumamontres.forumactif.com/....
• On peut également remarquer que le mur du silence édifié autour d’Hubert Sarton -l’horloger liégeois sorti de l’oubli par Joseph Flores-, se lézarde chaque mois un peu plus : un « fil » sur les créations de Sarton a été ouvert sur le portail horlogerie-suisse et on y découvre des pièces bien différentes de celles d’un « vague horloger de cour, qui signait des pièces réalisées par d’autres » – propos d’un historien spécialiste bien connu de l’horlogerie au XVIIIe siècle. A découvrir sur http://www.horlogerie-suisse.com/....

••• UNE (RE)DÉCOUVERTE QUI DEVRAIT PIQUER AU VIF LA CURIOSITÉ DES HISTORIENS DE L’HORLOGERIE. Rappel pour les non-initiés : Joseph Flores est un historien qui conteste, preuves convaincantes à l’appui, l’attribution du premier mouvement automatique à rotor à un certain Abraham-Louis Perrelet. Avec la republication de ce brevet exhumé d’archives oubliées, il va plus loin en démontrant où un certain Hans Wilsdorf aurait pu trouver l’idée de son rotor pour les Oyster Perpetual qui ont assuré le triomphe mondial de Rolex ! En y regardant de plus près, on se pose des questions, aujourd’hui sans réponses puisque l’histoire officielle exige que Hans Wilsdorf – qui n’était pas horloger – ait lui-même conçu son génial mouvement automatique à rotor ! Même pour ne réécrire qu’une ligne dans les manuels d’histoire, une comparaison plus poussée entre ce pompeur de Coviot et le brevet déposé par Rolex s’impose…

••• ET MAINTENANT UNE PAGE PIPOLE + RAGOTS : qui a offert à la ministre française Rachida Dati quelques bagues Cartier ou Chaumet, en plus d’une petite Zohra ? Mickaël Darmon (France 2) et Yves Derai (L’Optimum)) proposent une réponse dans Belle Amie, une biographie non autorisée de la ministre : il s’agirait d’Ali al-Marri, procureur général du Qatar, un émirat décidément très francophile…

••• CEUX QUI CONNAISSENT LES MARCHÉS HORLOGERS y trouveront la confirmation d’une tendance : les Emirats restent – à l’exception de Dubai – le dernier moteur international du luxe. On devrait envoyer plus de ministres célibataires en mission sur place !