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Qui veut la peau d’un sceau qui sonne un peu faux ?
 
Le 17-02-2009
de Business Montres & Joaillerie

Un départ annoncé, des arrivées proclamées et beaucoup de questions à se poser sur le devenir du Poinçon de Genève, qui affiche la fatigue de ceux qui ont déjà connu trois siècles…

••• BASELWORLD 2009 SERA UNE ANNÉE DE RÉVOLUTION POUR PATEK PHILIPPE, qui devrait présenter cette année ses premières collections de mouvements sans Poinçon de Genève, un sceau officiel dont la marque était très fière et dont elle représentait à peu près 90 % des pièces soumises au contrôle officiel.

Cette décision d’abandonner progressivement le Poinçon de Genève a été officiellement décidée parce que Patek Philippe estime que ses propres standards de qualité horlogère sont désormais bien supérieurs aux spécifications du Poinçon de Genève.

Ce retrait de Patek Philippe équivaudrait à faire du Poinçon de Genève un « Poinçon Richemont », pratiquement réservé à la haute horlogerie Richemont, dont les marques ont choisi ce thème comme axe de communication stratégique (Roger Dubuis, Vacheron Constantin, Cartier notamment).


••• LA DÉCISION DE PATEK PHILIPPE SOULIGNE À QUEL POINT LA HAUTE HORLOGERIE DOIT AUJOURD’HUI CHANGER SES RÈGLES. Parfaitement légitime lors de sa création et longtemps considéré comme un symbole de vraie différence et de bienfacture dans les finitions, le Poinçon de Genève affiche cette année 123 ans d’existence. Ce n’est pas son âge qui est en cause, mais ses procédures d’attribution qui posent problème. Le symbole irréprochable de la perfection horlogère n’est plus parfait, ni même sans reproche…

• Est-il normal que le contrôle soit opéré sur la seule pièce soumise à la commission probatoire (nouveau modèle, nouveau calibre) et non sur l’ensemble de la production considérée ? La réponse est évidente. A l’origine, il était facile de vérifier des pièces produites sur place en faibles quantités. Aujourd’hui, qui peut prétendre contrôler des dizaines de milliers de montres sorties des ateliers en flux tendu et expédiées aussitôt dans le monde entier ?

• Le critère géographique genevois a-t-il encore un sens ? Le Poinçon de Genève n’est octroyé qu’à des mouvements assemblés et réglés sur le territoire du canton de Genève par des manufactures horlogères ayant leur siège social dans le canton. L’idée d’un club aussi exclusif était séduisante, mais elle se révèle pénalisante – en plus d’être confusante : la bienfacture horlogère concerne aujourd’hui l’ensemble du territoire suisse. Enfermer une entreprise dans ses frontières cantonales, c’est la condamner à ne pas évoluer, ni croître – ne serait-ce qu’en fonction du prix du mètre carré à Plan-les-Ouates ou à Meyrin, ou tout simplement au vu des ressources humaines de l’horlogerie genevoise.
A l’inverse, s’il suffit d’acheter un atelier à Genève et d’y loger son siège social pour prétendre entrer dans ce club, quelque chose sonne faux. Que peut prétendre aujourd’hui que les finitions de la vallée de Joux et de la vallée de Fleurier sont indignes du Poinçon genevois, alors qu’elles sont souvent conçues avec des exigences supérieures ?

• Les douze « critères inamovibles » du Poinçon de Genève répondent-ils vraiment à l’évolution du métier ? Si personne ne remet en cause les dispositions qui concernent la terminaison artisanale et manuelle des composants (anglage, perlage, etc.), on est plus dubitatif sur les considérations techniques qui permettent ou non d’homologuer un mouvement : les calibres de nouvelle génération ont souvent une ou plusieurs particularités non spécifiées par ces critères, quand ils ne font pas l’impasse sur tel ou tel de ces critères.

Les nouvelles technologies et les nouveaux matériaux jouent dans un autre registre que le vénérable Poinçon pré-industriel de Genève ! Il s’agissait à l’époque de se différencier des calibres grossièrement usinés : est-ce vraiment encore un problème ? A quoi servent des critères « inamovibles » dans un environnement technico-scientifique en perpétuel changement ?

On peut si manifestement tricher avec la lettre du Poinçon de Genève qu’on devrait en modifier l’esprit avant que cette qualification ne perde toute pertinence. A défaut de quoi, il est facile de comprendre la réaction agacée de Patek Philippe, maison dont personne ne peut soupçonner la rectitude en matière de bienfacture. Chacun sa voie, chacun ses références, les amateurs arbitreront ! Il ne reste plus à Patek Philippe qu’à édicter son propre label de qualité, pour les finitions comme pour la précision – qui est peut-être le seul critère vraiment « inamovible » de l’art horloger, mais, comme par hasard, il est totalement évacué des règlements du Poinçon de Genève !

••• Je serais tenté d’ajouter un point dont je ne sais pas s’il est très pertinent d’un point de vue traditionnel, mais je crois qu’il l’est du point de vue des consommateurs. Les règles d’attribution du Poinçon de Genève sont très contraignantes pour ce qui concerne la fabrication des composants sur des machines modernes : avec l’obligation de produire dans le respect du Poinçon de Genève, les procédures sont plus lentes et plus coûteuses, ce qui pénalise la production en série des pièces que le marché attend.

Il n’est plus évident que la querelle des angles « mous » et des angles « rentrants » ait beaucoup de sens aux yeux des amateurs, qui veulent simplement que leur montre soit bien faite dans le respect des règles classiques – certains points de détail leur passent par dessus la tête.

Donc, à quoi bon s’obstiner si, d’une part, le Poinçon de Genève devient un simple argument marketing et si, d’autre part, le consommateur est globalement indifférent à des points de qualité non visibles et non perçue ?

Je ne fais que poser la question, mais elle mériterait un débat ou une table ronde au plus haut sommet, entre les marques concernées et les autorités de Genève…

 



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