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L’actualité s’est réveillée ces jours-ci, grâce aux exclusivités publiées par le Quotidien des Montres.
Pour la chasse aux informations, le sniper était à son poste.
CETTE SEMAINE, J’AI…
••• TROUVÉ UNE NOUVELLE IDÉE DE LEGEND-DNA POUR SUCCÉDER À LA TITANIC de Romain Jerome : toute la Norvège est aujourd’hui mobilisée pour partir à la recherche de l’avion de l’explorateur Roald Amundsen, disparu au-dessus de la banquise arctique en 1928. Il avait 55 ans et c’était un héros national.
Une zone d’une centaine de kilomètres carrés est ratissée depuis quelques jours par la Marine royale norvégienne, à l’aide d’un robot sous-marin télécommandé et rebaptisé Hugin, nom du mythique corbeau des légendes nordiques. Ce projet est soutenu par de nombreuses entreprises norvégiennes et bénéficie d’un impressionnant encadrement médiatique. Aucune maison de montres ne semble associée à cette opération, la marque Amundsen [créée par un authentique descendant du héros] ayant été emportée dans la débâcle Villemont.
••• LA MORT D’AMUNDSEN EST UN DES DERNIERS MYSTÈRES DE L’HISTOIRE DU XXe SIÈCLE : il était parti au secours d’un équipage d'Italiens, perdus à bord de leur dirigeable. La découverte du Latham 47.02 d’Amundsen aura un retentissement mondial, qui sera prolongé en 1911 par une expédition qui doit se lancer sur les traces d’Amundsen au pôle Sud. Il a été le premier homme à atteindre, et donc à vaincre les deux pôles terrestres. Expédition soutenue par différentes institutions, mais pas encore par une marque horlogère.
••• APPRÉCIÉ L’ÉVOLUTION RÉCENTE DES COLLECTIONS SAINT-HONORÉ, la marque française qui a réussi son repositionnement en proposant des montres bien stylées, façon haute horlogerie, à des prix décents. Des montres qui ont tout des grandes marques, sauf évidemment le marketing et les étiquettes. Détail utile : Saint-Honoré Paris est vraiment une marque parisienne, avec une boutique rue saint-Honoré, en face de Colette – le siège étant à Charquemont (Jura), à portée de carabine de la frontière suisse.
••• LA MAGNUM AUTOMATIC CI-DESSUS témoigne de cette intelligente perception de l’air du temps qu’on respire dans les hautes sphères des grandes manufactures : identité visuelle, détails bien pensés, ambiance mécatechnique, émotions viriles et… Swiss Made pour les plus exigeants !
Une construction de marque intelligente et bien menée commence à faire de Saint-Honoré la marque de référence pour le milieu de gamme français, avec une espèce de « force tranquille » qui manque à l’ancien leader, Péquignet, englué dans la fabrication d’un « calibre manufacture » dont on comprend mal la justification stratégique. Trop coûteux pour être amorti en interne [même s’il est cofinancé par des subventions bureaucratiques], ce mouvement devra être vendu à des marques tierces, mais qui voudra d’un mouvement mécanique « Made in France » ? D’autant qu’il en existe déjà, dans la tradition de la grande horlogerie créative, chez BRM ou chez Fabrication de montres normandes…
••• ADORÉ LA QUALITÉ DU TRAVAIL ET LA CRÉATIVITÉ des jeunes créateurs lauréats du 10e concours des créateurs de Hong Kong, dont les récompenses seront remises au prochain Salon de la Bijouterie (4-8 mars prochain). Un exemple : « Temptation », le masque-face à main précieux et très espiègle de Yau Ming Yuk, serti jusque sur son support manuel (catégorie Craftmanship et Technology Award).
••• QUE RESTE-T-IL AUX MARQUES EUROPÉENNES DE JOAILLERIE ? Une longue tradition et une belle image de marque, mais la créativité est désormais le lot commun d’autres continents…
••• NOTÉ LES 16 % DE BAISSE DES REVENUS PUBLICITAIRES D’ABC POUR LES OSCARS : un peu moins d’audience (40 millions de personnes tout de même pour le direct) et surtout des espaces publicitaires moins nombreux et moins profitables (1,4 million de dollars les 30 seconds au lieu de 1,8 million en 2008). Même les marques de luxe ont relâché la pression sur les stars – Chopard l’emporte largement, malgré tout – et raccourci le format des réceptions (Chopard et Elton John, Montblanc et Dior).
••• AUTANT IL EST LOGIQUE POUR UNE MARQUE DE COUTURE de se battre pour habiller les stars [une robe se remarque et s’impose à l’œil], autant j’ai du mal à comprendre l’acharnement des horlogers et des joailliers pour couvrir les stars de montres – à peu près invisibles à l’œil nu sur les images – et de bijoux – éventuellement repérables sur les gros plans – qui ne peuvent ensuite étoffer la communication des marques qu’au prix de piqûres de rappel répétées des attachées de presse…
L’esprit de cette communication par le tapis rouge est aujourd’hui doublement faussé : tout le monde sait que les stars sont payées ou parrainées par les marques (ce qui décrédibilise leur statut de prescripteur) et tout le monde sait qu’il y a désormais des agences spécialisées dans le gestion de ces événements [Rachel Zoe à Hollywood] et qui sont chargées de « gérer » les non-concurrences entre les marques – évitant ainsi deux robes identiques sur deux stars. Autant dire que le système est truqué…
••• CONSTATÉ QU’UNE NOUVELLE ÈRE AVAIT COMMENCÉ CHEZ ROLEX, avec le départ de Dominique Tadion, qui était l’âme des relations presse de la marque depuis près de quinze ans. Elle connaissait son Gotha horloger comme peu de professionnelles et elle avait su mener à la baguette la communication d’une marque dominée par la culture du secret.
••• UNE PAGE SE TOURNE, GRIGNOTANT petit à petit le réseau structuré autour de Patrick Heiniger, l’ancien directeur général de Rolex. Une page se tourne aussi dans l’univers de la communication horlogère : autres paysages, autres méthodes, autres personnes…
••• COMPRIS QUE TOUT N’ÉTAIT PAS FORCÉMENT DÉSESPÉRÉ CHEZ ROLEX : si la marque annule des quantités phénoménales de commandes chez ses fournisseurs [récemment, plusieurs centaines de milliers de cadrans, ce qui déstabilise un peu plus la profession], elle sait aussi continuer à parrainer de sympathiques épreuves sportives : Rolex USA – qui a pourtant fortement contribué au plongeon actuel de Rolex – n’en vient pas moins de signer un accord de partenariat de quatre ans avec US Sailing, qui organise de multiples épreuves nautiques (notamment celles de l’ISAF Sailing World Cup auxEtats-Unis, comme la Rolex Miami OCR).
••• LA LISTE DES COMPÉTITIONS ET CONCOURS NAUTIQUES SOUTENUES PAR ROLEX aux Etats-Unis est assez longue : Rolex Big Boat Series, Rolex Women’s Match and Osprey Cup, Rolex US-IRC National Championship, New York Yacht Club Annual Regatta, Block Island Race Week, ISAF Rolex World Sailor of the Year Awards, Maxi Yacht Rolex Cup, Rolex Farr 40 World Championship, Rolex Fastnet Race, Rolex Sydney Hobart Yacht Race, Rolex International Women’s Keelboat Championship, US Sailing’s Rolex Yachtsman and Yachtswoman of the Year Awards, US Sailing’s 11 U.S. Adult Championships, US Sailing Team AlphaGraphics (gold Partner), etc.
Que d’eau, que d’eau ! Il faut bien ça pour porter le vaisseau amiral de la flotte horlogère, qui a entamé sa carrière médiatique avec une montre plongée dans un aquarium…
••• SURSAUTÉ EN DÉCOUVRANT LE COURS DE L’ACTION HARRY WINSTON AU NYSE : 2,5 dollars, contre un peu plus de 31 dollars il y a un an et 40 dollars il y a trois ans. Un plongeon aussi radical (– 90 %) avait mis le groupe Peace Mark (Hong Kong) à genoux, avant de le conduire à l’abattoir. Ce n’était finalement pas une si bonne idée d’associer le nom d’Harry Winston – montres et bijoux – à une activité industrielle comme celle d’Aber, ancien nom de l’actionnaire du joaillier. Aujourd’hui, les mines tirent la haute horlogerie vers le bas…
••• ON COMPREND QUE LES ACTIONNAIRES AMÉRICAINS DE LA MANUFACTURE HORLOGÈRE soient une peu nerveux ces derniers temps et légèrement anxieux avant Baselworld…
••• APPRÉCIÉ QUE L’ÉTAT FRANÇAIS SE PRÉOCCUPE ENFIN DE CERTAINES DE SES ENTREPRISES DE LUXE : pour sauver bon nombre de PME du désastre, Etat, syndicats et patronaux négocient par exemple en Franche-Comté – deuxième région industrielle françise après l'Ile-de –France – pour mettre en place des « amortisseurs de crise ».
Témoignage de Jacques Nodin,chargé de mission au Conseil régional : « Les baisses d'activité vont de 40 % à 60 %. Petit à petit, l'horlogerie, la lunetterie, le luxe sont touchés. Au dernier Conseil économique et social régional (CESR), j'ai vu, pour la première fois de ma vie, des chefs d'entreprise pleurer. Il y avait là une jeune femme travaillant pour Cartier. Sa PME n'a plus de commande depuis juillet. Le chômage partiel explose dans les groupes comme dans les très petites entreprises, qui ont de gros problèmes de trésorerie ».
••• 25 ENTREPRISES DEVRAIENT BÉNÉFICIER DE NOUVELLES FACILITÉS, comme le financement de formation des salariés au chômage partiel – cela évite la dispersion d’équipes qui concentraient des compétences indispensables. Comme quoi le licenciement n’est que l’arme de la dernière chance…
••• REVU, À LONDRES, OSWALD BOATENG, UN DE MES TAILLEURS PRÉFÉRÉS : au poignet de cet arbitre international des élégances, une British Master Chronofighter, qui est aussi la montre préférée des rugbymen du Tournoi des Six Nations
••• UN BON POINT POUR LA MARQUE, dont le silence radio de ces derniers mois étonne. Et inquiète un peu…
••• PROLONGÉ MES INVESTIGATIONS SUR LE RACHAT DE BÉDAT & CO PAR LES MALAISIENS DU GROUPE YTL. D’abord, ces Malaisiens ont horreur qu’on leur parle d’YTL, leur actionnaire : il ne faut parler que de Luxury Concepts, la société filiale d’YTL qui gère bon nombre des activités horlogères, comme les boutiques Khronos (haute horlogerie) ou les boutiques de marque (Blu, Oris, DeWitt, etc.). De même, éviter de parler de Starhill, le concept de mall commercial de luxe que le groupe YTL implante à Dubai avant Singapour et Londres. Et ne jamais mentionner le fait que le propriétaire d’YTL, Francis Yeoh Tan Sri Dato' Francis Yeoh Sock Ping, 54 ans, est un des principaux tycoons malaisiens, commandeur de l’ordre du British Empire et grand ami de Nicolas Hayek.
Enfin, pas question de parler de l’actuelle CEO, Viviane Fankhauser, passée avec armes et bagages aux Malaisiens, maintenue en place par eux et désormais coachée par Frank Low, le CEO de Luxury Concepts, qui est en passe de se positionner comme un des « gourous » de la nouvelle haute horlogerie sud-asiatique.
••• BEAUCOUP DE MYSTÈRES POUR MASQUER UN CERTAIN EMBARRAS : que faire d’une marque qui tire l’essentiel de ses revenus du marché américain – en chute libre – et l’essentiel de ses ventes d’un modèle largement inspiré par l’esprit Cartier, à tel point qu’Alain-Dominique Perrin aurait fait passer un message très clair de mise en garde ?
On connaît bien le pragmatisme de Luxury Concepts, qui émerge comme un des leaders régionaux potentiels du fait de l’effacement de Sincere, de la santé délicate de The Hour Glass et de l’incertitude concernant Iafriro : à Singapour comme à Hong Kong ou Kuala Lumpur, Luxury Concepts avance prudemment, en tissant des alliances locales avec des groupes comme celui de Dickson Poon (échange de marques et de boutiques).
Le nouveau stand de Bédat & Co à Baselworld devrait coûter près de 500 000 euros aux repreneurs. La nouvelle collection, préparée de longue date, ne devrait cependant pas bouleverser la distribution, ce qui réclamera de lourds investissements en communication. Une habitude dans cette maison qui, du temps de sa splendeur chez PPR, pouvait se permettre des plans marketing-médias annuels de 8,5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 7,7 millions d’euros ! Perfusion vitale, dont il n’est plus évident que le rusé M. Low – une haute intelligence en dépit de son nom – comprenne la nécessité…
••• RÉALISÉ QUE J’AVAIS MANQUÉ UNE TRÈS BELLE PIÈCE EN ZAPPANT LE STAND A. DUNHILL au dernier SIHH : on y voyait une superbe pendule Atmos (Jaeger-LeCoultre), réalisée dans la tradition des Atmos que A. Dunhill commandait à la manufacture dans les années trente : caisse métallique en PVD noir et galuchat, cabinet et portes en cristal, verres gravés Art déco, etc. On trouve encore aux enchères de ces Atmos britto-helvétiques, ainsi que des briquets ou des montres fabriquées à l’époque par Jaegr-LeCoultre.
••• UNE NOUVELLE COLLECTION DE MONTRES A. DUNHILL est annoncée pour septembre, avec Jaeger-LeCoultre en « mère porteuse » : après l’épisode Ralph Lauren, on redoute le pire…
••• LU UN OUVRAGE FONDAMENTAL POUR COMPRENDRE LES NOUVELLES RÉALITÉS DE L’ÉCONOMIE CHINOISE : dans Capitalism with Chinese Characteristics (Cambridge University Press), le professeur d’économie au MIT Yasheng Huang raconte la construction du capitalisme d’Etat en Chine et la révolution économique engagée grâce aux capitaux étrangers.
On comprend mieux les enjeux de l’actuel reflux quand on découvre que 130 à 150 millions de travailleurs ont quitté les campagnes pour travailler dans les conglomérats industriels : en cas de retour, leur survie n’est plus assurée dans des campagnes que leur salaire urbain aidait à vivre !
••• PROBLÈME POUR LA CHINE : le plan de soutien gouvernemental est orienté vers les investissements dans les infrastructures, mais ces chantiers pharaoniques ne créent que peu d’emplois et ces derniers n’ont pas d’effet d’entraînement sur une économie grangrénée par la corruption.
••• ESSAYÉ DE DEVINER QUELS ÉTAIENT LES DEUX PATRONS DE RICHEMONT QUI AVAIENT FAILLI en venir aux mains, dans leur cabine de première, lors d’un récent voyage qui les faisait voler vers un board de direction du groupe. Les échos s’entendaient jusque dans la cabine business et le langage n’était pas châtié. Apparemment, c’était pour un trivial problème de cru classé : bouchonné ?
••• TIENS DONC, DES PREMIÈRES ? Moi qui croyais naïvement que le groupe avait décidé de « réduire la voilure » et de se « redimensionner » sous tous les angles, notes de frais comprises… Un petit indice ? Non, j’en ai déjà trop dit, ce serait cruel…
••• TROUVÉ UNE NOUVELLE FAÇON DE PORTER SA MONTRE. Fait-divers raconté dans la Tribune de Genève : « Après avoir dans la même journée cambriolé une habitation à Collonges-sous-Salève (France), une autre à Genève et avoir tenté de s'introduire à Bernex, trois jeunes hommes immatriculés à Lyon ont été interpellés par une patrouille de gendarmerie.
« Lors de la fouille et de la palpation de sécurité, trois montres en or blanc et une clé de voiture ont été trouvées dans le slip d'un des individus. Continuant sur leur lancée, les gendarmes ont trouvé dans ses chaussures plus de 1 000 euros. Dans la voiture, un attirail complet permettant de s'introduire dans les habitations a été découvert : pied de biche, grosse pince coupante, veste noire et gants de jardinage.
« Dans sa déclaration, l'un d'eux explique être venu en Suisse pour faire une balade et n'arrive donc pas à expliquer comment les trois montres sont arrivées dans son slip ».
••• PUISQU’ON VOUS DIT QUE LA MODE EST DE PORTER SES MONTRES ailleurs qu’au poignet ! Dans le slip, personne n’y avait pensé. Heureusement que les pandores genevois ont la main baladeuse. On vérifiera à Baselworld si cette « tendance 2009 » se confirme…
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