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Demain matin, il sera trop tard et vous aurez manqué un des grands moments de l’année horlogère 2009 : le premier rendez-vous générationnel du XXIe siècle horloger.
En attendant, l’actualité ne ralentit pas sa course et le Quotidien des Montres reste mobilisé pour dire et faire dire ce qu’il convient de retenir de l’air du temps…
Enfin, une bonne nouvelle dans une actualité morose dominée par la crise !
LA NOUVELLE GÉNÉRATION HORLOGÈRE PREND LA PAROLE CETTE SEMAINE À NEUCHÂTEL.
••• Les premiers Ateliers de la Refondation horlogère (mercredi 4 mars, La Case à Choc, Neuchâtel) rassembleront, en prélude à Baselworld et à l’année horlogère, de nombreux décideurs et influenceurs de la nouvelle génération horlogère.
••• La diversité des marques représentées et des créateurs présents prouve que ce concept de « nouvelle génération » n’est ni une question d’âge – les plus jeunes pourraient être les fils des plus anciens – ni une question de nationalité : Italie, Allemagne, France, Angleterre et Suisse : on reste dans le berceau de la culture horlogère européenne. C’est tout simplement une question de mentalité et de volonté de repenser la montre pour refonder les codes de l’horlogerie.
••• Première fois au cours de cette décennie 2000, mais sans doute aussi première dans toute l’histoire horlogère : les nouvelle valeurs de ces décideurs passent par un goût marqué pour la participation autant que pour la provocation ! Grâce à ce goût du collectif, la compétition n’est pas la concurrence : le ton est nouveau dans l’industrie horlogère. Cet événement sera fondateur autant que refondateur…
••• IL RESTE ENCORE QUELQUES PLACES LIBRES : RENSEIGNEMENTS CI-DESSOUS…
••• (EXCLUSIF) DOUZE VILLES POUR JAQUET DROZ : UN RÉGULATEUR POUR LES GLOBE-TROTTERS. Douze fuseaux horaires et douze villes de référence au bout du poussoir : à 12 h, l’heure « sautante » qui correspond à la ville dont le nom apparaît dans le guichet à 6 h. Les possibilités de réglages sont multiples : autant de fois d’heures que de villes. L’aiguille des minutes reste impavide autour du cadran.
C’est d’une simplicité totale et ce « régulateur » particulièrement lisible exprime par sa sobriété la philosophie Jaquet Droz, que souligne par ailleurs le cadran en émail grand feu noir, quasi-janséniste par son dépouillement. Boîtier 43 mm et mouvement automatique double barillet, pour une édition limitée à 88 exemplaires.
••• UN BEL EXERCICE DE STYLE, MAÎTRISÉ AVEC BEAUCOUP DE « MÉTIER » PAR MANUEL EMCH. Sa Douze villes donne le ton d’une des tendances lourdes de la future sortie de crise : un retour à l’essentialisme horloger – à ne pas confondre avec le Back to classics qui sert trop souvent d’excuse aux timorés.
Rien de moins « classique » que cette montre, qui est au contraire d’une insolente modernité tout en rendant un hommage appuyé aux refondateurs horlogers du passé. Posons-nous une seule question : Abraham-Louis Breguet a-t-il jamais pratiqué le Back to classics en pleine Révolution française, alors que ses clients prenaient la fuite ou perdaient la tête ? Pas vraiment, il a juste inventé le tourbillon et lancé des montres de souscription ou des complications qui laissent encore pantois.
Avantage annexe de cette Douze Heures : les possibilités de personnalisation ouvertes par le traitement du cadran [jaquet Droz nous a habitués à des matériaux ou des décorations hors du commun] ou le choix des villes de référence [dont il suffira de changer l’anneau]. Ce qui est tout aussi moderne…
Un regret : tant qu’à plaquer du latin sur le cadran [Numerus Clausus], autant mettre le nom des villes en… latin ! Ce serait plus drôle. Ou les donner en français, pour rester logique avec le « Manufacturé en Suisse » de ce même cadran…
••• UN NOUVEAU QUANTIÈME PERPÉTUEL « CONCENTRIQUE » EST ANNONCÉ CHEZ THOMAS PRESCHER : on pourra découvrir à Bâle que toutes les indications se trouvent regroupées sur un seul axe central, l’année bissextile étant donnée dans une petite fenêtre à 6 h. Cinq aiguilles, donc, pour les heures et les minutes (index), le jour (1-7), la date (1-31) et le mois (index). Le tout dans un boîtier de 39 ou de 43 mm, avec un immense choix de cadrans et d’aiguilles proposées aux amateurs, puisqu’on travaille à peu près sur commande.
••• CE QP1 ANNONCE UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DE COMPLICATIONS, qui ne sont pas nouvelles en soi, mais qui renouvellent une spécialité qui remonte au XVIIIe siècle. De quoi démoder d’un coup les quantièmes perpétuels classiques, toujours assez difficilement lisibles…
••• TOUJOURS PLUS LOIN DANS LE DÉTOURNEMENT ET DANS LA PERSONNALISATION il ne s’agit plus seulement de remettre une couche de DLC noir sur les Submariner, mais bel et bien de les transformer en simples bases d’exercices pour la créativité des amateurs. Au choix : des fonds saphir pour à peu près toutes les références best-sellers de Rolex, des suppressions de protège-couronnes, des personnalisations de cadrans ou de rotors, des couronnes plus épaisses toujours avec le lolo Rolex), des verres cyclope effacés, des « pompes » fixes pour faire plus professional, des lunettes avec des chiffres en couleur, avec des cadrans et des aiguilles assorties, des surfaçages différents…
La mode est prête à déferler : bientôt, plus personne n’aura la même Submariner. Onannonce également une nouvelle génération de Submariner custom pour… gauchers (couronne à gauche, comme pour certaines Panerai). Aucune précision concernant le SAV de ces montres personnalisées !
••• BREF, TOUT CE QUE LE AMATEURS RÉCLAMENT DEPUIS DES ANNÉES À ROLEX, sans jamais être entendus de la marque ! Certains en avaient rêvé. Bespoke Designs l’a fait, et c’est réversible, pour permettre la revente ultérieure de la montre. La maison se paye même le luxe d’émettre ses propres « séries limitées ».
Ne pas oublier cet axiome du marketing post-crise : une marque n’est plus propriétaire de son identité, qui est passée entre les mains de ses clients. Ces derniers ont repris le pouvoir aux marques. Ils ne sont pas prêts de le lâcher…
Pour en savoir plus sur les Rolex personnalisées : http://www.projectxdesigns.com/ (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).
••• OMEGA FÊTERA CETTE ANNÉE LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE SON ÉCHAPPEMENT CO-AXIAL, désormais logé dans toutes les lignes de la maison, selon un plan de développement à peu près parallèle à l’explosion du marché de la montre mécanique. Un hasard ? Pas pour George Daniels, l’inventeur de l’échappement co-axial, qui pensait que cet échappement avait été développé pour perpétuer l’affection du public du XXIe siècle pour les montres mécaniques ». Plutôt bien vu…
••• L(OBJECTIF D’OMEGA EST D’ÉQUIPER D’UN CO-AXIAL TOUTES LES MONTRES MÉCANIQUES DE TOUTES LES COLLECTIONS ! Un beau défi technique, même si cet échappement « révolutionnaire » –enfin industrialisé et fiabilité – a prouvé son efficacité sur de nombreux calibres de toute taille.
••• EN VRAC, SANS (TROP) ENTRER DANS LES DÉTAILS ET SANS (TROP) DE COMMENTAIRES :
• Le designer français Ora Ito, rising star des nouvelles tendances graphiques, travaille actuellement sur un projet de montre pour Only Watch, avec tourbillon et cadran éclaté. Un autre artiste, américain celui-là, s’est attelé à un concept tout aussi décapant pour cette même vente Only Watch, qui s’annonce décidément d’un très haut niveau créatif.
• Graves interrogations au sein des groupes horlogers sur leurs stratégies immobilières : en avoir ou pas ? Il s’agit évidemment des boutiques de marques, voire même des boutiques multimarques (Tourbillon). Sachant qu’une petite poignée de ces boutiques est rentable chez Richemont – pour le monde entier ! – et que la situation est comparable au Swatch Group, comment alléger le dispositif sans faire perdre la face aux marques qui en avaient fait un composant de leur marketing ? Comment recréer des profits avec ces réseaux, sachant que la solution de facilité – un partenariat avec le détaillant local – est exclue du fait de la crise ? Il y a du « redimensionnement » dans l’air, voire même des échanges entre groupes et, dans certains cas, des investissements patrimoniaux extérieurs aux seules préoccupations horlogères…
• Nouvel exemple de ce « redimensionnement » : Tiffany & Co annonce la fermeture des 16 boutiques Iridesse, ouvertes par la marque sur la niche exclusive des perles. « Un business décevant, même s’il a du potentiel, et que nous ne pouvons plus porter à bout de bras ». Tiffany & Co comme précurseur d’un downsizing général ?
• Donné pour mort, le bling-bling bouge encore : témoin, ce iPhone « le plus cher du monde » signé par le joaillier autrichien Peter Aloisson, qui a réussi à produire un téléphone en or (blanc, rose, jaune) serti d’un diamant de 6,6 carats (la molette qui déclenche les fonctions) et d’un sertissage festonné de 138 brillants. Prix de vente de ce Kings Button : 2,5 millions de dollars (1,8 million d’euros). Pour se faire un opinion : http://www.aloisson.com (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).
• Business Montres s’est fait rattraper par l’actualité : alors que « L’analyse du week-end » tirait les leçons de la « vente du siècle Bergé-Saint-Laurent », on découvre que l’adjudication a été faussée par un enchérisseur chinois, qui refuse maintenant de payer pour des bronzes qu’il estime volés à sa patrie.
Il manquait sans doute un volet à cette analyse : l’impact de la géopolitique internationale sur un échiquier économique globalisé. Les marques de luxe ne peuvent plus s’abstraire, dans leur stratégie, de ces considérations culturelles et sociétales…
• Analyse à retrouver sur http://www.businessmontres.com/breve_677.htm (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).
• Vent mauvais sur la presse japonaise, en particulier sur le segment life style si prisé des marques de luxe : Seven Seas vient d’arrêter sa publication, faute d’annonceur, Oceans, Harper’s Bazaar et Esquire ayant marqué la même intention, pour les mêmes raisons…
• La revente de Bédat & Co au groupe malaisien Luxury Concepts semble de plus en plus problématique : Frank Low, le nouveau président, vient de s’envoler pour Kuala Lumpur après avoir fait le tour des leaders du marché horloger pour leur demander… de l’aide ! Si on ne sait pas encore très bien pour quel prix PPR-Gucci s’est défait de cette marque [dont les stocks, survalorisés dans le bilan, seront encore plus difficiles à revendre en temps de crise], on commence en revanche à avoir une idée plus précise de l’activité de la marque, dont le chiffre d’affaires ne devait plus atteindre le million d’euros. Plus grave : la trop visible absence de… vision de l’actuelle CEO, Viviane Fankhauser, dont la tout aussi visible bonne volonté n’est sans doute plus à même de parer à un naufrage annoncé…
• L’accord signé en Suisse entre le groupe Edipresse et le groupe Tamedia ne concerne pas les les titres d'Edipresse liés à l'horlogerie et au monde du luxe : on respire pour le groupe zurichois Tamedia, qui fait là preuve d’une étonnante clairvoyance stratégique…
• Christian Odin, le responsable de la boutique lyonnaise Crésus (montres de marque d’occasion), étudie l’ouverture d’une boutique à Paris. De quoi secouer le cocotier du marché parisien de l’occasion de luxe – actuellement dopé par la crise. Avec plus de 1 000 montres en stock et des ventes en progression de 38 % par rapport à 2007, il a vendu l’année dernière près de 3 000 pièces, notamment grâce à son site web [information La Revue des Montres]. A découvrir sur http://www.cresus.fr (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).
• Un roman étrange, Zenith, de Jean Gregor (Mercure de France) : l’auteur, habité des sites de montres, tombe en arrêt devant une gravure au dos d’une Zenith de poche. « Témoignage de reconnaissance à Mr Louis Cabolet Juin 1949 ». L’auteur pense tout de suite que Louis Cabolet « avait probablement travaillé pour un établissement appelé Grande Bacnure. On lui avait offert une montre, il avait pris sa retraite, il était mort, mais l'objet avait survécu, avait traversé des décennies pour arriver jusqu'à moi ». Son livre est aussi un hommage inattendu à à la montre : « J'ai donc mis la Zenith au service de ce roman, partant moi-même, comme le héros, sur les traces de Louis Cabolet. Mon enquête m'a mené jusqu'en Belgique, sur les terres de la Grande Bacnure, une ancienne mine. J'ai pu parler à des gens qui avaient connu Louis Cabolet, et me faire une idée de sa vie. C'était fascinant. Tout autant d'ailleurs que la manière dont la montre a finalement guidé mon histoire, et écrit cette fiction empreinte de réalité. Zenith, ce serait l'histoire d'une montre retrouvée, mais aussi l'histoire d'un homme qui se redécouvre à un moment de sa vie qu'on pourrait appeler son zénith. Comme le héros, j'ai passé de longues heures à regarder les fines aiguilles de la Zenith, son cadran. Je trouvais l'ensemble mystérieux, à la fois muet et capable de me faire rêver, de me rapporter des souvenirs jamais racontés, des bouts de vie ordinaire qui n'auraient jamais dû survivre »…
• Inquiétant, le procès perdu par Rolex contre eBay à propos de la mise en vente de contrefaçons : eBay a pu établir que des mesures de filtrage anti-contrefaçons avaient été mises en place et que des dispositions avaient été prises dès que Rolex avait signalé ces fausses montres. C’est inquiétant dans la mesure où les trafics continuent de plus belle sur eBay et que la stratégie juridique des marques (Tiffany & Co, Rolex) est sans doute dans une impasse. A ce jour, LVMH est le seul acteur du luxe à avoir gagné un procès contre eBay…
• Le vrai souci reste la tentation d’eBay de préempter le marché du luxe sur Internet : la bataille est en cours à Bruxelles et le bras de fer dépasse largement le simple cadre de la lutte anti-contrefaçons. C’est tout le concept de « distribution sélective » qui est en question – avec, en filigrane, le maintien de marges très élevées pour les marques de luxe et leurs détaillants !
• Quelques chiffres dédiés aux copains éditeurs de presse qui me jurent que tout ne devrait pas aller si mal en 2009 : prévision de - 7,4 % de budgets pour les « vieux » médias (presse, radio, télé) aux Etats-Unis en 2009. Ce sera la seconde fois en 75 ans que ces dépenses vont baisser deux années de suite. Le détail fait peur : - 16,2 % annoncés pour les journaux (après – 13,5 % en 2008). Les dépenses globales vont baisser de 0,4 %, soit le pire chiffre depuis trente ans, et ça continuera à augmenter sur le web, mais moins vite + 9,1 % (on avait annoncé du + 15 %). L’année commence mal…
••• ON NE VOIT PAS TROP COMMENT L’EUROPE DEVRAIT ÉCHAPPER À CETTE DOUCHE FROIDE : en particulier la presse spécialisée, qui semble décidée – à des rares exceptions près – à ne rien changer à son modèle économique, totalement centré sur la pub alors que s’annonce une nouvelle révolution des contenus. Beaucoup de titres semblent aspirés par une spirale de non-qualité – moins de pages, moins de contenus originaux, moins de lecteurs, et la vrille commence – alors qu’il leur faudrait repartir à l’offensive avec des nouveaux angles et des nouveaux concepts éditoriaux.
• Quelques autres chiffres dédiés à ceux qui pensent que la crise est différente aux Etats-Unis et en Europe. Quand on annonce une contraction de 6,2 % de la production américaine au dernier trimestre 2008, c’est une présentation en « rythme annuel » (extrapolation sur un an de la baisse du trimestre en cours). Les Européens pratiquent autrement et ne présentent d’évolution de la production que d’un trimestre à l’autre, ce qui donne une baisse de 1,2 % pour la France (troisième à quatrième trimestre 2008), de - 1,8 % en Italie et de - 2,1 % en Allemagne. Si on adoptait la présentation américaine en « rythme annuel », on obtiendrait – 4,8 % pour la France, - 7,4 % pour l’Italie et – 8,5 % pour l’Allemagne. Soit une situation pire en Europe qu’aux Etats-Unis…
• Bonnet d’âne aux rédacteurs chargés de suivre l’horlogerie pour l’ATS suisse ! A propos des licenciements chez Roger Dubuis, dépêche en date du 2 mars, 17 h 20 : « Cette mesure va toucher tous les départements, a indiqué la directrice de la communication et du marketing, confirmant une information parue dans L'Agefi.
Précision qui aurait été utile : information parue dans L’Agéfi du 2 mars au matin, qui confirmait une exclusivité de Business Montres du 26 février. Cinq jours pour réagir : « Y a pas le feu au lac », pour l’agence d'actualités suisse ATS… |