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Le directeur, Olivier Bernheim, réfute tout risque de faillite.
Lundi soir, une rumeur relayée par la Télévision suisse romande prétendait que la marque horlogère genevoise Raymond Weil était au bord de la faillite. Un démenti cinglant de l’entreprise l’a aussitôt suivi. Son directeur général, Olivier Bernheim, gendre du fondateur, s’explique ici sur la santé réelle de Raymond Weil.
Que répondez-vous à la rumeur de faillite de Raymond Weil?
Elle est complètement infondée. J’ignore quelle personne malveillante a décidé de la répandre, mais elle ne correspond en rien à la réalité. En vérité, je souhaite à toutes les entreprises suisses d’avoir notre solidité financière à court, moyen et long terme. Notre marque horlogère est une affaire de famille, gérée de la plus rigoureuse des façons depuis 32 ans. Je crois que peu d’entreprises du secteur peuvent s’enorgueillir d’avoir réussi à garder comme nous leur indépendance et d’avoir prospéré.
Qu’en est-il de votre situation dans la crise actuelle?
Les chiffres des exportations horlogères suisses sont connus. Les dernières statistiques donnent un recul de 20 à 30% de celles-ci. Cela vaut pour nous également. Il nous faut donc prendre des mesures pour traverser cette crise sans prétériter la pérennité de notre entreprise. En concertation avec nos collaborateurs, nous allons probablement réduire la voilure. Nous communiquerons notre décision d’ici une dizaine de jours.
Envisagez-vous le chômage partiel?
Il n’est pas possible pour une petite entreprise comme la nôtre. Ces mesures doivent s’appliquer à l’ensemble du personnel ou à l’ensemble d’un service. Avec 90 employés, nous ne pouvons diminuer certaines de nos activités stratégiques.
Vous êtes très présent dans le haut du moyen de gamme. Cela vous rend-il plus fragile?
L’essentiel de nos modèles se situe dans une fourchette de prix entre 800 et 1800 francs. Mais je réfute l’idée selon laquelle ce segment souffre plus que les autres. Comme nous n’avons pas les longs délais de livraison du haut ou du très haut de gamme, nos ventes sont plus en prise avec la réalité actuelle du marché et réagissent beaucoup plus vite à la conjoncture. En revanche, elles se reprennent également beaucoup plus vite. Grâce à notre réactivité, aux 46 nouveaux modèles de 2009, à leur positionnement et à leur prix, nous devrions atténuer le choc. D’ailleurs, la quantité de rendez-vous que nous avons déjà pour la Foire du Bâle nous conforte dans cette idée.
Quel est votre plus important marché?
Les Etats-Unis qui traversent l’une des pires crises, des plus longues aussi, de leur histoire. Les mesures de réduction des coûts que nous allons prendre répondent principalement à la déficience de ce marché.
Seriez-vous moins exposé à la crise si vous étiez adossé à un grand groupe?
Pas une seule seconde. On a vu des marques intégrées à de grands groupes disparaître corps et biens. Nous tenons beaucoup à notre indépendance. Et nous avons fait la preuve jusqu’ici que ce choix est le bon pour nous.
Tribune de Genève
Pierre-Yves Frei
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