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L’horloger jurassien revoit à la baisse sa montée en gamme
Après une première restructuration en novembre dernier – qui s’est traduite par huit suppressions d’emplois – l’horloger Maurice Lacroix, à Saignelégier (JU), adapte sa stratégie. Et met la pédale douce sur sa montée en gamme. Il y a quatre ans, la société s’était donné pour objectif de ne plus vendre aucune montre à moins de 2000 francs d’ici à 2012 ainsi que d’abandonner le quartz. Elle ambitionnait également de se focaliser sur le segment de prix allant de 5000 à 15 000 francs (prix final au client).
Ce cap n’est plus que partiellement maintenu. «Nous allons continuer à produire des pièces à quartz, peu chères, et nous avons rectifié les prix cibles de notre secteur principal à 3000-10 000 francs», a expliqué mercredi Martin Bachmann, directeur de la société horlogère, lors d’une rencontre avec la presse. Une conséquence de la crise? «Bien sûr, mais en partie seulement, répond celui qui a succédé en novembre dernier à Philippe Merck, parti diriger Audemars Piguet. Nous devons revenir à un tempo plus soutenable pour la clientèle.»
Cela ne signifie pas pour autant que Maurice Lacroix abandonne l’idée de monter en puissance et en prix. «Nous ne nous fixons simplement plus de calendrier précis», affirme Martin Bachmann. Il ajoute aussitôt que sa société a déjà subi une transformation fulgurante depuis 2000. A cette époque, 80% des montres produites fonctionnaient au quartz, contre 20% seulement de pièces mécaniques. «Cette proportion est aujourd’hui renversée. Et nous mettons toujours plus en avant les produits issus de notre propre manufacture», explique Martin Bachmann.
L’an dernier, Maurice Lacroix a produit quelque 100 000 montres, pour un chiffre d’affaires – non divulgué – en hausse de 8%. Mais les perspectives 2009 sont bien plus sombres. «Il y aura une baisse, c’est clair. Les commandes sont actuellement moins nombreuses et nous n’avons plus la garantie qu’elles seront honorées par les détaillants: elles peuvent être annulées», explique Martin Bachmann. Tout est désormais suspendu à Baselworld, la foire horlogère de Bâle qui se tient à la fin du mois.
La situation est indéniablement tendue. L’entreprise ne cache pas qu’elle «monitore» ses activités mensuellement et que de nouvelles mesures d’économies ne sont pas exclues.
Malgré une première restructuration, Maurice Lacroix, qui emploie en tout quelque 220 personnes dans le monde, dont 150 dans les Franches-Montagnes, pourrait ainsi devoir recourir au chômage partiel dans les prochains mois.
Philippe Gumy
Le Temps |