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Les effets d’annonce se ralentissent et on se pose même la question de la « dictature des nouveautés »
qui pèse sur les salons horlogers de chaque printemps.
Votre Quotidien des Montres lance le débat, dans une actualité assez clairsemée, quoique plombée par les mauvaises chiffres qui tombent en cascade…
••• LE BUZZ AUTOUR DU CONCEPT THE WATCH FACTORY COMMENCE À FAIRE SON CHEMIN : premières informations sur le portail Horomundi.com et sur quelques sites Internet [merci à tous], messages de félicitations venues de marques installées dans les autres halles de Baselworld [le concept de nouvelle génération est à la fois fédérateur et intégrateur], demandes de renseignements venues du monde entier et questions des journalistes…
• Ci-contre : le nouveau logo, beaucoup mieux en jaune !
••• MARC ALFIERI, QU’ON VERRA SOUVENT DANS L’ESPACE THE WATCH FACTORY, même s’il n’y expose pas officiellement, présentera à Baselworld une nouvelle édition de sa Time Machine Experience : il s’agit maintenant d’une Time Transporter, variante de son premier modèle dont il a rendu le mouvement apparent, taillé le boitier dans la fibre de carbone et adouci les codes couleurs en les rendant plus précieux (série limitée à 10 pièces).
••• COMME BEAUCOUP DE JEUNES CRÉATEURS QUI N’ONT PAS PU OFFICIELLEMENT PARTICIPER À L’AVENTURE THE WATCH FACTORY, faute de place, Marc Alfieri fera de ce micro-salon sa base pour rencontrer détaillants et journalistes dans une vraie ambiance « nouvelle génération »…
••• CETTE NOUVELLE GÉNÉRATION EST PAR NATURE COOPÉRATIVE : IL N’Y A PAS DE RAISON de ne pas signaler qu’il y aura à Baselworld une autre concentration de marques de nouvelle horlogerie : Vianney Halter a rassemblé sur son stand (Hall 5) six grands indépendants (John C. Ermel, Stepan Sarpaneva, Kari Voutilainen, HTO Watches, Gronefeld, Shellman).
••• SI ON ADDITIONNE THE WATCH FACTORY aux différentes autres initiaitives (Vianney Halter, Académie, etc.) et aux jeunes marques qui ont misé sur des stands individuels, on dépasse la cinquantaine de références fortes pour cette jeune génération horlogère – « jeune » étant une disposition d’esprit et non un critère d’état-civil. Cinquante énergies créatives qui mériteraient un espace bien à elles et clairement identifiées comme hot spot à forte valeur ajoutée !
••• UNE VALEUR AJOUTÉE QUI NE SE RÉSUME PAS À LA « NOUVEAUTÉ » : comme l’explique très bien Vianney Halter, qui ne présente pas de nouveauté cette année, « pourquoi devrait-il y avoir une nouvelle pièce Vianney Halter tous les ans ? »
Il va plus loin : « Dans la courte histoire de la manufacture Janvier (15 ans cette année en mai), j’ai travaillé sur des dizaines de projets, au début pour d’autres maisons horlogères et, depuis quelques années, principalement pour ma propre marque. La plupart de ces projets étaient des pièces uniques ou en série très limitées très assimilables à des prototypes. (…)
« Nous sommes occupés à produire les montres qui nous ont été commandées et nous faisons tous nos efforts pour que chaque pièce soit proche de la perfection, que les délais soient raisonnables et que les retards qui prolongent ces délais soit supportables. Ceci mobilise l’essentiel de notre temps et de nos ressources et comme je suis personnellement très impliqué dans la fabrication de chaque pièce, je n’ai pas assez de disponibilité pour donner suite à toutes les idées que je peux avoir.
« Il y a un monde entre la définition d’un concept et une pièce prête à livrer. Souvenez-vous que notre Trio fut présentée comme prototype en 2001 et qu’elle revint profondément modifiée (à notre avis, améliorée) en 2006 tandis que les premières pièces ne furent livrées qu’à partir de la fin 2007. La frustration induite par ce très long cheminement est difficile à gérer à la fois pour nous et pour nos clients. Mais c’est le prix à payer pour atteindre les critères d’excellence que nous nous sommes fixés.
« Présenter une image de synthèse très réaliste en trois dimensions n’est pas très difficile tandis que mettre au point un prototype opérationnel est une autre paire de manches. Transposer ce prototype opérationnel en un modèle de production susceptible d’être fabriqué, même en petite série, est un travail considérable.
« Enfin, nous, horlogers indépendants, sommes regardés ou décrits comme les “gardiens du temple“. C’est un grand honneur (probablement très exagéré) mais également une grande responsabilité. Par conséquent, nous ne pouvons pas nous contenter de présenter comme une nouveauté époustouflante la même pièce que les années précédentes en l’affublant d’un boîtier recouvert de PVD, ou d’un cadran rouge ou n’importe quelle innovation-poudre-aux-yeux : nos clients ne seraient pas dupes.
Quant nous présentons une nouvelle pièce, notre but n’est pas d’avoir une “talking piece“, c’est à dire une montre destinée uniquement à obtenir des articles de presse ou du buzz sur internet : chacune de nos montres a vocation à être livrée à un client connaisseur et exigeant.
« De même, il n’y a pas, dans nos collections, de “Dreamwatch“ dont le rôle est de flatter l’imagination et de stimuler les ventes de produits plus standard : chacune des presque 500 montres qui ont été produites sous la marque Vianney Halter depuis 1998 et toute celles qui le seront à l’avenir doivent faire réver leur propriétaire pendant des années ».
La citation est longue parce qu’elle mérite qu’on s’y arrête et qu’elle pose des vraies questions à l’ensemble de la communauté horlogère.
••• DES PROPOS AUXQUELS POURRAIENT SOUSCRIRE TOUS LES JEUNES CRÉATEURS : « Lancer une nouvelle montre à chaque Baselworld est une course aux armements dont nous, horlogers indépendants, n’avons pas les moyens. De plus, le temps de Baselworld n’est peut être pas le meilleur moment pour présenter une nouvelle pièce car celle-ci peut être noyée dans le flot des nouveautés. J’ai le sentiment que, depuis plusieurs années, seules une ou deux “innovations“ marquent durablement les esprits et que le reste est rapidement oublié ou, pire, démodé ».
La fin du message est très sympathique et très « nouvelle génération » : « La seule nouveautés qu’on pourra voir et apprécier sur le stand Vianney Halter sera la nouvelle bière créée par mon ami et concitoyen de Sainte-Croix, Raphael Mettler. Mais, croyez-moi, elle vaut le détour »…
••• EN VRAC, SANS (TROP) ENTRER DANS LES DÉTAILS ET SANS (TROP) DE COMMENTAIRES : quelques informations qui méritent d’être relevées dans les dernier jours de la préparation de Baselworld :
• FIN DE LA PASSE DIFFICILE POUR DE GRISOGONO : Fawaz Gruosi semble avoir trouvé dans son entourage très proche les ressources financières qui lui permettront de retrouver à Baselworld une dynamique essoufflée par la crise. Il n’a rien perdu de son mordant créatif et il présentera notamment sur son stand le premier mouvement fonctionnant de sa Meccanico à double affichage digital-analogique.
• ENTRE LES COMPRESSIONS DE PERSONNEL ET LES BÉNÉFICES EN CHUTE, l’actualité quotidienne bégaye désagréablement : Richemont annonce 80 emplois sacrifiés dans sa manufacture d’habillage HGT des Brenêts, ce qui en entraînera au moins autant chez les sous-traitants d’une région particulière éprouvée par le chômage. De son côté, tant le groupe Bulgari que le groupe Swatch ont annoncé des baisses de chiffre d’affaires et de profits : Bulgari avoue ainsi 10,9 % de ventes de montres en moins pour 2008, régression qui traduit la sévérité du coup de frein sur la fin de l’année. Le Swatch Group voit son chiffre d’affaires stagner pour la première fois depuis le siècle dernier. Sans parler des multiples annonces de fermetures de chaînes d’horlogerie-joaillerie aux Etats-Unis.
• C’EST LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL QUI LE DIT : « La crise actuelle est sans précédent depuis soixante ans ». Apparemment, on recule le curseur de la référence de dix ans tous les mois. Quand l’économie financière a décroché, en octobre, on parlait d’un retour à la fin de la bulle Internet des années quatre-vingt-dix. On est progressivement repassé aux années quatre-vingt, puis au choc pétrolier, et on en est maintenant à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avant l’été, ce sera l’évocation fatale de la crise de 1929…
• QU’ON SE RASSURE : LA CRISE N’A PAS RUINÉ LES HORLOGERS ! Trois des cinq premiers Français qui figurent dans la liste des milliardaires de la planète récemment publiée par Forbes ont une visibilité horlogère particulière : premier, Bernard Arnault (LVMH), apparaît à la quinzième place ; il est suivi de Gérard et Alain Wertheimer (Chanel), cinquante-cinquième du classement Forbes, et de François Pinault (PPR), soixantième.
• LES RÉSULTATS DE CE CLASSEMENT FORBES SONT À MÉDITER : on y comprend l’effondrement des fortunes attribuées aux néo-milliardaires russes, chinois ou indiens et le relativement bon maintien des fortunes assises, des deux côtés de l’Atlantique, sur des entreprises réputées et des empires industriels. Fin des années bling-bling pour les nouveaux riches des « marchés émergents » !
••• SI LES PARVENUS DE L’ANCIEN TIERS-MONDE ONT PERDU L’ESSENTIEL DE LEUR FORTUNE, il va falloir réviser bien des stratégies de marque qui consistaient, précisément, à la cibler et à les séduire : il reste toujours des nababs dans ces marchés exotiques, mais leur goût n’est plus forcément dominant dans la création des nouveaux courants esthétiques.
• APPROCHE STRATÉGIQUE FINE DE TAG HEUER DANS LE DOMAINE DU LUXURY DIGITAL MARKETING : la marque a demandé aux Genevois de l’agence IC-Agency d’étudier un référencement stratégique plus fin sur Internet, en ne se contentant pas des classiques Yahoo, Google et MSN. « Nous visons également un positionnement stratégique en Chine et en Russie, via Baidu et Yandex, deux moteurs de recherche qui génèrent plus de trafic que Google dans ces deux marchés horlogers en très forte croissance et de plus en plus connectés ». On pourra ainsi analyser avec pertinence l’impact réel des « ambassadeurs » de la marque sur ces marchés, notamment auprès de high-net-worth individuals.
• DAVID COULHARD – EX-AMBASSADEUR TAG HEUER, JUSTEMENT – DÉVELOPPE MAINTENANT POUR CASIO différentes montres sportives sur le thème de la vitesse. Pilote emblématique de l’écurie Red Bull et riche de 13 victoires en grand prix, David Coulthard est le parrain de la collection Casio Edifice (chronographes quartz acier), dont les lunettes reprennent la couleur bleue de son casque.
• A SUIVRE AVEC DÉLECTATION POUR CAUSE DE « PINK PANTHERS » : les émissaires de seize polices du monde enière sont aujourd’hui en conclave à Monaco pour échanger des informations sur le gang des Pink Panthers, auquel Interpol attribue une grosse centaine de vols à main armée et plus de 110 millions d’euros de butin. Ces Pink Panthers seraient environ 200 : d’origine est-européenne, ils se sont spécialisés dans les boutiques de montres et de joaillerie, avec un goût certain pour nos marques préférées. Ils écouleraient ensuite leur butin à bas prix dans les pays de l’Est. Audacieux et violents, mais apparemment très rusés, ils ne s’interdisent apparemment rien. A vrai dire, Ies policiers les connaissent mal et doutent même parfois de leur affiliation commune à une quelconque organisation criminelle…
• LES AMATEURS D’AVENTURES POLICIÈRES reliront avec intérêt dans Wired Magazine l’histoire du « casse du siècle » opéré chez les diamantaires d’Anvers en 2003 : 100 millions de dollars de diamants dans les valises des braqueurs. A découvrir sur http://www.wired.com/print/politics/law/magazine/17-04/ff_diamonds (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).
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