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A une grosse semaine de Baselworld, les proies se font rares dans le collimateur…
 
Le 15-03-2009
de Business Montres & Joaillerie

Même s’il ne se passe plus rien dans une industrie horlogère qui retient sa respiration avant le grand rassemblement de Bâle, votre Quotidien des Montres vous offre tout de même quelques pièces de son tableau de chasse hebdomadaire.

CETTE SEMAINE, J’AI…

••• TROUVÉ CHEZ BELL & ROSS UN BON EXEMPLE DE LA NOUVELLE TENDANCE « HÉRITAGE » : la nouvelle BR Heritage pose le standard de la relégitimation des marques dans leurs racines. Il s’agit d’un BR 01 on ne peut « instrumentale » dans son inspiration (style décalé des compteurs de bord de l’aviation militaire du temps des hélices), mais au cadran retravaillé soigneusement et dépouillé de tout artifice graphique pour être épuré – au point de ne plus être que l’essence de lui-même. On pourrait presque dire que ce cadran a été « dé-designé » : il n’en a que plus de force expressive (on peut admirer le détail des chiffres, dont les empattements ont été redessinés ou le restylage des aiguilles).
Autre travail très intéressant : le cuir brut du bracelet. « Sauvage » par sa matière, par sa couleur « naturelle », par ses piqûres écru et par ses marquages à chaud très militaires. On reste dans le fantasme du « réglementaire brut de perception chez le fourrier », sans cosmétique civile : du grand art pour parler au cœur des garçons toujours friand d’une touche de sable du désert au coin des pommettes, pour faire plus aventurier -pour ceux qui ont de la mémoire, c’était le « maquillage » du maréchal Rommel quand il commandait l’Afrika Korps et qu’il était filmé par les actualités militaires !-.

• Image exclusive Business Montres, évidemment !

••• NE PAS CONFONDRE RELÉGITIMATION ET RECONCENTRATION SUR L’HÉRITAGE : Bell & Ross recrée une nouvelle pièce sur la base de son Instrument BR, icône qui entame sa quatrième année d’existence et qui n’a rien perdu de sa vigueur tout en s’affirmant presque comme un « standard » de la nouvelle génération horlogère. La démarche n’a rien de comparable, sinon dans la direction du regard, avec le Back to Classics opéré par les marques qui se contentent de gérer l’incertitude par un repli frileux sur leurs « valeurs sûres ». Lesquelles valeurs ne sont « sûres » que parce qu’elles ont fait la preuve de leur force dans le passé : ce n’est pas une assurance-vie pour le futur, mais juste la preuve qu’on a su ne pas manquer d’audace dans le passé !

D’un côté, on dépasse en maintenant son avance. De l’autre, on fait une pause en les acquis. C’est bien, mais l’accélération des uns va forcément laisser les autres sur le bord de la route…

••• REMARQUÉ LA GRAVITÉ DE FRANCESCO TRAPANI (BULGARI) POUR ANNONCER LES MAUVAIS RÉSULTATS DE SON GROUPE : l’annonce a été mise en ligne pour ceux qui n’étaient pas présents à la conférence de presse. On n’en est plus aux sourires satisfaits de ces dernières années, mais à une mine plus sévère pour annoncer des résultats qui seraient encore plus « dramatiques » s’ils tenaient compte du sell out réel et non du sell in dans les différents réseaux de la marque (boutiques et détaillants).

• Interview vidéo à retrouver sur http://ir.bulgari.com/bulgarigroup/video_library/fyresult08/ (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

••• L’EXERCICE VIDÉO EST DIFFICILE tant il concentre l’attention sur les éléments non verbaux du discours. On remarque mieux les mimiques qu’en one to one ou en conférence de presse : on apprécie mieux les nuances, par exemple quand Francesco Trapani annonce qu’il réduira sa propre rémunération globale de 75 % l’année prochaine ! Il est pour l’instant le seul CEO d’importance à avoir ainsi jeté son salaire dans la balance !

Bravo à Francesco Trapani pour sa franchise ! Je m’interroge quand même sur la lucidité de ses équipes quand il met tout sur le dos d’une crise aussi soudaine et imprévisible dans les derniers mois de 2008. Quand Business Montres a tiré la sonnette d’alarme, en septembre, la situation était déjà bien dégradée et c’est parce que personne ne semblait s’en apercevoir que j’ai pris le risque de poser publiquement des questions qui fâchent : « Arrêtons de nous raconter des craques ! » A l’époque, c’était apparemment scandaleux : certes, nous étions à quelques semaines du krach financier, mais il suffisait de se promener en boutique – ce que j’avais fait entre Paris, Monaco, Barcelone, Londres et Milan, avec des vérifications à Los Angeles, à New York, à Singapour et au Japon – pour comprendre que le marché avait gravement dévissé.

Où étaient les advisors du président de Balgari et qu’avaient-ils dans les yeux et dans la tête pour lui cacher une vérité qu’un journaliste dépourvu de moyens d’investigations pouvait découvrir ? Quand on débouclera le dossier de cette crise, il faudra se pencher sur l’absence de réaction et le retard à l’allumage des contre-mesures au sein de directions qu’on présentait aux actionnaires comme les plus performantes du monde…

••• JOUÉ AVEC LA MONTRE ULTRAMARINUM (HORUS), PIÈCE ET MARQUE QUI DEVRAIENT ÊTRE UNE DES RÉVÉLATIONS FORTES DE CE DÉBUT D’ANNÉE : sur une base de tourbillon et avec un style esthétique plein de réminiscences nautiques, cette Ultramarinum propose une « première horlogère » absolue, la possibilité de ralentir et d’accélérer l’heure sans perturber la précision de la montre. Quand je m’ennuie, j’accélère le passage des heures en multipliant la vitesse de la montre par deux. Dès que je prends du plaisir, je lance l’ordre de ralentir les heures pour qu’elles passent deux fois moins vite. Et tout se remet à l’heure quand je reviens dans la vraie vie !

C’est un des concepts horlogers les plus forts et les plus impactants de ce printemps (réalisation BNB) : nous y reviendrons en détail dans les jours qui viennent. En plus, l’écrin est lui-même un chef-d’œuvre de sculpture horlogère et d’ingéniérie cinétique.

••• MOUVEMENT RUPTURISTE DANS LE CONCEPT MÉCANIQUE, IMPACT PHILOSOPHIQUE DE CE TEMPS RALENTI et décoration ultra-soignée dans les moindres détails : ce caprice de milliardaire – 300 000 euros pour une marque qui vient de nulle part – est une réponse existentielle anti-crise pour le club désormais plus clairsemé de ceux qui ont tout, sauf la maîtrise du temps. Horus lui rend l’illusion de commander aux heures, ce qu’aucune marque n’avait encore jamais osé faire !

••• REPÉRÉ, CHEZ CHAUMET, L’ARRIVÉE DES PREMIERS CHRONOS-TOURBILLONS BY MARC ALFIERI : la pièce est impressionnante et les détaillants invités ces jours-ci place Vendôme pour un grand show de printemps en ont pris plein les yeux. Douze pièces pour le monde entier : de quoi exciter la concurrence entre les boutiques, qui tiennent là une talking piece capable d’attirer la foule des amateurs en vitrine et autour des tables de vente.

• Rappel : cette montre était une révélation Business Montres du 28 janvier dernier.

••• CETTE MONTRE EST UN BON EXEMPLE DE L’AUDACE QUE PEUT SE PERMETTRE UNE « VIEILLE DAME » DE LA PLACE VENDÔME : qui reprocherait à Chaumet d’oser monter sur ses propres épaules et d’assurer, par le haut, le renouvellement créatif de son héritage ? Maintenant, Chaumet devrait aller encore plus loin et assumer vraiment son risque créatif en mettant un des pièces de cette série limitée – dans une version revue et corrigée – aux enchères pour Only Watch 09. Chiche ?

••• CROISÉ LUC PETTAVINO, JUSTEMENT, POUR FAIRE LE POINT SUR LA PROCHAINE VENTE ONLY WATCH DE MONACO : ce sera le premier test homogène et grandeur nature pour la haute horlogerie vraiment créative. Devenue « championnat du monde des prototypes horlogers », cette vente aux enchères charitable, animée par Luc Pettavino qui en a rendu le marteau à Osvaldo Patrizzi, se déroulera dans une ambiance particulière : où sont aujourd’hui les néo-milliardaires qui achetaient hier ces « pièces uniques » à des prix incroyables, parfois même sur la foi d’un simple dessin (WX1 DeWitt, 2007) ? Personne ne le sait plus et plusieurs maisons ont déclaré forfait, faute de visibilité et par souci de ne pas s’exposer (IWC, notamment). La jeune génération en a profité pour occuper le terrain. Quelques habitués ont changé de stratégie : il n’y aura ainsi pas de montre Richard Mille dessinée par Philippe Starck -mais un concept très pointu-, alors que d’autres designers de renom et même des artistes feront leur apparition à la demande de plusieurs marques.

••• ONLY WATCH EST PLUS QUE JAMAIS LE BAROMÈTRE CRÉATIF DES MARQUES QUI ACCEPTENT DE SE CONFRONTER, sur un terrain moins exposé pour leur image, à la créativité des équipes concurrentes. En septembre prochain, à Monaco, après un an de crise, ce sera l’épreuve du feu pour les « concept watchs » des années dix.

••• DÉCOUVERT LES BRACELETS DE LA MANUFACTURE LUCRIN ( GENÈVE), QUI SE LANCE SUR LE MARCHÉ DE L’HORLOGERIE : la maison était jusqu’ici spécialisée dans la maroquinerie, mais elle aborde les bracelets-montres au meilleur comme au pire moment. Meilleur parce que les marques ont besoin de nouveaux fournisseurs, plus réactifs sur des séries plus courtes : c’est justement là que Lucrin a porté ses efforts, avec un intéressant catalogue de peaux, de finitions et de prises en compte des détails qui font la différence. Le pire est, bien sûr, la raréfaction des commandes et des budgets…
Séries limitées ou productions plus importantes, mais toujours du clé en mains et au besoin du sur-mesures intégral : on peut tout faire en temps réel et en ligne !

• Lucrin : Chemin des Clochettes 4, Genève. Tél : +41 22 347 72 71. www.bracelet-montres.com.

••• LE BRACELET EST UN DES SECTEURS SUR LESQUELS LES MARQUES PEUVENT FAIRE LA DIFFÉRENCE : le bracelet Bell & Ross ci-dessus témoigne à quel point il est possible d’innover sans bouleverser. C’est juste une simple question d’idée créative ! Ne jamais oublier que, sur la table de vente, la surface visuelle perçue par le consommateur est composée aux trios-quarts d’un bracelet pour un quart de tête de montre…

••• FÊTÉ LA MILLIONIÈME MONTRE DE TOKYOFLASH, LE SPÉCIALISTE MONDIAL DES « MONTRES CRYPTIQUES » : ce sont ces montres – pas vraiment de la haute horlogerie, mais un million de pièces tout de même ! – qui réclament un minimum de réflexion avant de lire l’heure, soit parce qu’il faut additionner des LED (logique binaire : Alzheimer s’abstenir), soit parce qu’il faut repérer la position des LED et leur couleur par rapport aux angles horaires habituels. Peu importe, l’essentiel est de se faire plaisir avec des « sapins de Noël » au poignet…
• A découvrir sur http://www.tokyoflash.com (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

••• JE VEUX BIEN QU’ON SE MOQUE DE CES « JOUETS » JAPONAIS, MAIS LE MILLION DE PIÈCES VENDUES devrait tout de même interpeller les contempteurs de cette « quincaillerie » électro-horlogère, qui est à présent diffusée dans le monde entier. S’il y a bien des concepts capables de ramener à la lecture de l’heure au poignet les nouvelles générations, c’est plutôt du côté de Tokyoflash qu’on trouvera les idées…

••• CONTEMPLÉ LA NOUVELLE VITRINE MONTBLANC, À CÔTÉ DE LA PLACE MASSÉNA, À NICE, et ressenti une certaine nostalgie de ces « années zéro » – maintenant derrière nous – qui voyaient des boutiques de marque éclore dans les villes les plus improbables et quadriller toujours plus étroitement le territoire. Décidée de longue date et bien avant la crise, cette ouverture ne pouvait plus être annulée sans pertes considérables : il ne s’agissait donc plus de trop flamber en l’aménageant, mais d’aller au plus juste – et c’est probablement ce qui la rend plus sympathique que d’autres flagships Montblanc à travers le monde…

••• LA BOUTIQUE EST COSY ET LA DÉCORATION SOIGNÉE (couleurs plus chaleureuses que les codes Montblanc habituels, ambiance plus feutrée). La question se pose tout de même : 200 mètres carrés sur trois étages à l’entrée de l’avenue Verdun, est-ce bien raisonnable alors que le luxe redéfinit tous ses fondamentaux ? Et sera-ce jamais rentable ?

••• CONSTATÉ QUE GIRARD-PERREGAUX N’AVAIT RIEN PERDU DE SA CAPACITÉ DE SÉDUCTION : 1 000 contrefaçons saisies au Brésil, ça prouve deux choses. Un, que les faussaires ont plutôt bon goût et que la marque reste recherchée. Deux, que les faussaires n’épargnent plus aucune marque et ne se concentrent plus sur les grandes références : on en est aujourd’hui aux marques de niche !

••• ON EST EN PLEINE FOLIE SUR LE MARCHÉ DES FAUSSES MONTRES : des contrefaçons de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux réussies, face à des vraies montres de moins en moins produites et de moins en moins vendues ! Pour certaines marques de niche, c’est encore plus dramatique : il y a sans doute quatre à cinq fois plus de fausses montres Alain Silberstein en circulation que de vraies pièces en boutique. En revanche, pas encore une seule Cabestan sur le marché de la contrefaçon, ni une seule HM3 de Max Busser : l’hyper-design comme arme anti-faussaires ?

••• VISIONNÉ UN FILM HORLOGER INÉDIT QU’ON PEUT DATER DES ANNÉES VINGT : une leçon d’horlogerie sur fond de Callas (post-production). 04:52 de plaisir pour découvrir, « à l’ancienne », toutes les étapes de la fabrication d’une montre.

•Film découvert grâce à Forumamontres, qu’on peut retrouver sur http://forumamontres.forumactif.com/forum-de-discussions-sur-les-montres-vintages-et-sujets-techniques-f7/pour-votre-plaisir-un-document-introuvable-t53102.htm (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur)
Film

••• CE GENRE DE FILM D’ARCHIVES TOTALEMENT INÉDIT me fait songer qu’il n’existe aucune cinémathèque horlogère -hormis un embryon, très pauvre en documents anciens, à La Chaux-de-Fonds- et je m’inquiète de savoir ce que deviendront toutes les animations en images de synthèse de ces dix dernières années. Il n’existe pas non plus de fonds où les marques pourraient verser leurs archives audiovisuelles, qu’il s’agisse de productions purement corporate ou de films publicitaires.
Il serait sans doute temps de commencer la recollection de tout ce patrimoine, aujourd’hui dispersé et à la merci des caprices d’un administrateur qui voudra économiser trois francs six sous en gagnant de la place sur quelques étagères. Rien n’est plus fragile et volatif que des archives sonores et animées…

 



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