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Du gros gibier horloger dans le tableau de chasse de cette semaine
 
Le 23-03-2009
de Business Montres & Joaillerie

Même si personne ne se fait d’illusions sur le moral des détaillants ou la confiance des amateurs, nous saurons la semaine prochaine quelle est la vraie température du marché de la montre.
Votre Quotidien des Montres reste cependant à l’affût des (vraies) bonnes nouvelles et des messages positifs.
L’actualité n’en manque pas…

CETTE SEMAINE, J’AI…

••• DÉNICHÉ (ENFIN ET NON SANS MAL) LES PREMIÈRES IMAGES DE LA CONCORD QUANTUM GRAVITY, ET J'AI MÊME ASSISTÉ, SUR L’ÉTABLI DES HORLOGERS, au montage des premières pièces, qui seront montrées à Baselworld la semaine prochaine.

Un seul mot : époustouflant ! Un cri du cœur : « Au secours, Batman revient ! ». Une bonne surprise : la légèreté du titane alliée à l’aluminium du mouvement, alors qu’on attendait une « patate » du fait de la taille apparente. Un souci : cette montre a de quoi désespérer les quatre-cinquièmes du Hall 1.0 où elle sera présentée – on peut redouter une épidémie de suicides chez les directeurs produits.

Une inquiétude : les heureux/malheureux propriétaires devront repasser chez leur chemisier pour refaire tous les poignets gauches de leurs chemises. Un dernier regret : que cette montre soit trop petite, tellement on aimerait l’apprécier en 3-D à une échelle 10:1 ou 20:1 tellement elle est architecturée de façon bluffante.

Revue rapide de détails pour expliquer l’image ci-contre. En bas à gauche, le tambour rotatif des secondes, visible par une fente sur le dessus du hublot. En bas à droite, dans son carter blindé, le loquet du remontoir [on appuie sur le poussoir supérieur – au-dessus du carter – pour éjecter, on tire et on tourne]. Au centre, protégées par les « créneaux » de la lunette identitaire Concord, les fonctions purement horlogères : l’heure décentrée et, au fond, visible par-dessus et à travers un hublot à 9 h, le tourbillon bi-axial, suspendu entre deux bras qui sont eux-mêmes « tendus » et soutenus, dans une logique architecturale à la Calatrava [l’architecte] par une résille de « haubans » (micro-fils de 0,1 mm) auto-tenseurs.

A droite, en vert, la réserve de marche tubulaire : un cylindre en verre plein d’un liquide phosphorescent dans lequel coulisse un « piston » – indicateur de niveau – qui situe la réserve d’énergie de la montre. Pour le reste, on ne peut qu’admirer chaque détail très étudié de l’architecture intérieure.

Ah, au fait, j’ai oublié : c’est une montre et elle donne l’heure ! En plus d’être un véritable de physique-chimie [tourbillon gravitationnel + suspension de nanoparticules luminescentes], c’est aussi une leçon de micro-mécanique horlogère : 511 pièces, éclatement insolite des fonctions (tourbillon déporté à 9 h, secondes déportées à 4 h, couronne repliable à 2 h, heure décentrée entre 3 h et 4 h, 42 rubis, 3 jours de réserve de marche, remontage manuel).

C’est aussi une démonstration de néo-usinage : 5 verres saphir, des angles à n’en plus finir, des inserts, un cocktail inattendu de matériaux et de surfaçages (l’aluminium noirci des ponts géométriques visibles par le fond saphir est magnifique), un fond « officier » (refermable par clapet).

C’est enfin un événement pour le design horloger, par une dialectique savante entre le vide et l’espace (nuance !), la logique industrielle et les citations horlogères traditionnelles, l’horizontal et le vertical, le fluide et le massif, mais aussi le liquide et le solide, le squelette et le transparent (autre nuance !), la structure et l’accessoire périphérique, bref la mise en perspective multi-D des différents éléments et la cohérence centralisatrice d’un objet qui raconte le temps par une gestion radicale de l’espace.

Au final, une sculpture horlogère totalement disruptive, quelque part entre Blade Runner et Abraham-Louis Breguet [on n’est pas si loin de la Tradition lancée par la marque en hommage à son héritage]. Il n’y aura que dix exemplaires de cette intrusion dans le champ horloger d’une perturbation spatio-temporelle issue d’univers parallèles…

••• AU POIGNET, MAMA MIA, QUELLE BOMBE ! C’est plus épais qu’on l’attendait, mais aussi plus portable en dépit d’une géométrie assez spectaculaire (48,5 mm de diamètre pour 22 mm d’épaisseur, avec une largeur qui peut atteindre les 57,5 mm), mais le bracelet vissé sans cornes fait beaucoup pour l’ergonomie au poignet.

J’ai eu la chance de porter la « bête » non encore fignolée dans tous ses éléments, sur l’établi même de l’horloger qui la mettait au point, chez BNB : ce serait un cauchemar pour mon chemisier, mais c’est la rançon d’un bonheur intégral dès qu’on se met à examiner chaque détail. L’étonnement fuse dès qu’on essaie de décoder cette proposition horlogère hors du commun. On se sent face à une création à des années-lumière de l’idée qu’on peut se faire d’une « montre », mais la fascination opère et finit même par hypnotiser devant autant de perspectives ouvertes sur des horizons inexplorés.

Vivement Bâle qu’on se fasse une idée définitive de cette C1 Quantum Gravity, qui ne peut devenir qu’une des vedettes absolue du salon. C’est sûr qu’on va se demander de quels champignons hallucinogènes Vincent Perriard assaisonne ses omelettes…

• Détails supplémentaires sur le making of de la montre à suivre sur le mini-site dédié : http://www.c1-quantum.ch (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

••• CROISÉ LE FOOTBALLEUR CAMEROUNAIS SAMUEL ETO’O (FC BARCELONE) et pris rendez-vous avec lui à Baselworld, le 29 mars (Hall 4) : le meilleur attaquant africain viendra en personne y présenter sa propre marque de montres et de bijoux, Eto’o World. Des gros tourbillons aux boîtiers légèrement asymétriques, carrés, massifs et musclés (or rose ou acier), avec cadrans alvéolés et index cerclés, en plus de sertissages qui en mettent plein la vue : à découvrir sur http://www.etooworld.com/ (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur)

••• DÉPISTÉ À ZÜRICH LES PREMIERS CADRANS DE LA FUTURE MONTRE JEFF KOONS, qui sera présentée à Baselworld à quelques initiés : le résultat est étonnant, plein de charme [un adjectif qu’on n’accole généralement pas à Jeff Koons] et de retenue horlogère. C’est aussi important sur le plan artistique, avec une expression originale de sa veine CannonBall et de son actuelle passion punctiforme. Pas encore d’images officielles, mais on fera sans dans les jours qui viennent…

••• VU PASSER CHEZ LINDE WERDELIN LES PREMIÈRES MONTRES DE PLONGÉE OKTOPUS 1111M, étanches, ocomme leur nom l’indique à 1 111 m, ce qui fait exactement 3 333 pieds. Très beau boîtier tout en angles et en muscles (46 mm), avec un superbe traitement DLC noir (boîtier-cadran-couronne, sur catouchouc noir) qui fait ressortir le Superluminova des index et des aiguilles. Ultra-lisibilité et hyper-virilité de l’ensemble, à découvrir dans le Hall 4 de Baselworld [la montre est évidemmen prévu pour recevoir le module électronique de plongée mis au point par la marque].

••• VÉRIFIÉ À ANVERS QUE L’UNIVERS DIAMANTAIRE ÉTAIT EN PLEIN DÉSASTRE : l’effondrement de la demande mondiale (notamment américaine) a fait reculer importations et exportations de moitié, dans une place qui traite à peu près 80 % de l’activité mondiale (taille, négoce et expertise). Les mines sont fermées en attendant des jours meilleurs et, dans les bourses d’Anvers, les barbes s’allongent et les turbans s’ennuient. Drôle d’époque…

••• LU DANS L’AGÉFI (SUISSE) DE CE MATIN UN INTÉRESSANT TOUR D’HORIZON SUR LA CONJONCTURE HORLOGÈRE : les grands détaillants horlogers du monde entier (Paris, Kuala Lumpur, Singapour, Japon, Los Angeles) laissent que « le pire est sans doute à venir ». Les propos de Mike Tay (The Hour Glass) sont particulièrement éclairants : « Nous sommes peut-être confrontés à un changement majeur des habitudes de consommation de la part des clients du luxe. Les personnes fortunées parlent désormais de paix intérieure, de spiritualité, de mener une existence plus simple, sans la décadence et l’extravagance de ces dernières années. C’est un pas très important pour l’être humain, mais, en tant que détaillant horloger, ce discours est totalement blasphématoire ! ».

• L’article de Bastien Buss est à lire en intégralité sur le site de L’Agéfi :

http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/Enjeux/articleDetail.php?articleID=324900 (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

••• CORRIGÉ LE TIR À PROPOS DE L’HONORABLE JERRY EE, L’EX-VENDEUR DE CORTINA QUI A RESTITUÉ 386 MONTRES VOLÉES : en fait, contrairement à ce qu’affirmait Business Montres hier matin, Cortina se félicite de son retour ! La maison n’était pas assurée contre le vol d’un employé félon : Jeremy Lim avait ainsi un « trou » de 6 à 7 millions de dollars dans ses comptes, et ce n’est pas trop le moment de badiner avec la trésorerie…

••• ADMIRÉ LES CONNAISSANCES GÉOGRAPHIQUES DE STÉPHANE GUILLON, L’HUMORISTE FRANÇAIS : il se déclare collectionneur de montres de luxe [on ne lui en voudra pas]. Il affirme ainsi qu’il serait « prêt à traverser le lac de Genève à la nage pour aller chercher une IWC sur l'autre rive ». Là, on s’interroge : pense-t-il faire Evian-Lausanne à la nage [on trouve pourtant des points de vente IWC à Evian], a-t-il confondu Genève et Schaffhouse, et le Jet d’eau avec les chutes du Rhin, ou espère-t-il tout simplement ne pas payer la TVA ?

••• CONSTATÉ QUE LES SPAMS HORLOGERS ÉTAIENT LES PLUS FRÉQUENTS SUR LE NET : les propositions non sollicitées de « répliques » de montres étaient les plus récurrents ces derniers mois (rapport mensuel de McAfee, société qui opère dans les anti-virus). Prévision de McAfee : ce sera pire (+ 20 %) en mars !

••• LE PROBLÈME LE PLUS TRAGIQUE DE LA LUTTE ANTI-CONTREFAÇON EST PUREMENT SÉMANTIQUE : le mot « réplique » – qui est le plus utilisé dans l’univers anglo-saxon pour désigner les fausses montres – est infiniment moins culpabilisant que le mot « contrefaçon » ou « copie ». Replica banalise et tranquillise, quand fake démoralise et culpabilise. C’est une question de culture et de sémantique : tant que ce problème de vocabulaire n’aura pas été réglé, les campagnes officielles anti-faussaires passeront largement au-dessus de la tête de publics américains, slaves ou asiatiques qui n’ont pas la même « culture de la marque » que les Européens. Ttout simplement parce qu’elles ne comprennent pas où est le problème…

••• REMARQUÉ SUR FACEBOOK QUE JEAN-FRANÇOIS RUCHONNET (CABESTAN) ANNONÇAIT une « surprise avec la marque Gumpert Apollo ». Honte à moi, je ne connaissais pas ce constructeur de supercars, qui permet à une poignée d’allumés de rouler en ville avec des voitures qui prennent le départ des Ving-quatre Heures du Mans (360 km/h, avec un V8 bi-turbo d’Audi RS6 surmusclé). Connaissant la passion automobile du créateur de Cabestan, je veux bien parier qu’il y a de la Cabestan Gumpert Apollo dans l’air : la voiture ferait un bel écrin pour la montre !

••• RELEVÉ, À PROPOS DU MÊME RUCHONNET, ET TOUJOURS SUR FACEBOOK, qu’il avait créé un groupe des « amis de Snyper », la nouvelle marque qu’il anime parallèlement à Cabestan : déjà 180 membres, alors qu’on n’a encore jamais vu d’image. Pour ceux qui n’en pourraient plus d’impatience, Business Montres a déjà raconté l’essentiel de ce qu’il faut savoir de cette marque (http://www.businessmontres.com/breve_524.htm (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur). En revanche, grave déception pour ceux qui se précipitent sur le site de la marque, qui ne montre rien : http://www.snyperwatches.com (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

••• PRIS RENDEZ-VOUS AVEC L’ÉQUIPE DE VOILÀ, QUI SERA À BASELWORLD POUR PRÉSENTER SA DERNIÈRE MONTRE : un incroyable design de montre en forme d’éventail, baptisé Oriental Breeze. Beaucoup de délicatesse dans la forme de l’éventail, dans l’intégration du cadran et dans la décoration de cette montre entre triangle et demi-cerle. Une originale création féminine à découvrir dans le Hall 2 : on se souvient que Voilà [une des plus dynamiques marques de Hong Kong] avait inventé, voici quelques années les montres en croix ou en huit, recopiées ultérieurement par les manufactures suisses…

••• PROMIS D’ALLER VOIR CHEZ OTIUM, UNE NOUVELLE MARQUE ALLEMANDE PLEINE D’IDÉES, le nouveau concept Trigulateur, qui associe sur le cadran trois compteurs alignés pour les heures, les minutes et les secondes (base ETA). L’année dernière, Otium nous avait révélé un concept original d’affichage des heures par des « billes » et non plus par des aiguilles. Dirk Hillgruber, le designer, est à retrouver dans le Hall 5.

••• REPÉRÉ L’APPARITION DES PREMIÈRES MONTRS BORGEAUD SUR LE MARCHÉ INDIEN, À BANGALORE, qui est la capitale horlogère de l’Inde. Borgeaud est une marque Swiss Made (Neuchâtel) qui propose – première mondiale – un affichage du temps accordé aux rythmes du Panchang, le calendrier indien. La collection Gravitas affiche ainsi sur le cadran un compteur quotidien de 90 minutes au cours desquelles, grâce à une aiguille, le porteur de la montre est invité à réfléchir, agir, prendre un rendez-vous et toutes sortes d’autres impératifs de comportement, en fonction des recommandations cosmo-mythologiques de la spiritualité indienne. Dans une seconde fenêtre, on voit apparaître le Rahu Kaal, plage horaire pendant laquelle se conjuguent les plus funestes influences. C’est assez complexe à expliquer, mais tous ceux qui fréquentent les Indiens savent qu’il y a des heures pour faire certaines choses et d’autres où il ne faut pas absolument pas entreprendre quoi que ce soit.

••• QUAND VOUS PORTEZ UNE GRAVITAS, LE TEMPS N’A PLUS LA MÊME VALEUR : cette montre est donc une aide à la décision, absolument unique sur le marché, mais c’est aussi un moyen de se réapproprier le temps – concept absolument contemporain – et une approche de la conception indienne du monde, entre risque, action et réflexion. Etonnant…

••• FAIT UN SAUT AU MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS DE PARIS POUR L’EXPOSITION SUR LES BIJOUX DES ANNÉES TRENTE : les grandes maisons de joaillerie (Cartier, Van Cleef & Arpels, notamment) sont largement représentées, mais les créations oubliées de Jean Dunand ou de Jean Després font bonne figure face aux stars de la place Vendôme. A noter : quelques pièces de la collection personnelle d’Andy Warhol…

••• PRIS UN THÉ DANS UN DES NOMBREUX GUCCI CAFÉS lancés par la marque dans ses flagships, notamment la galerie du Duomo à Milan : la pause est sympathique et l’« expérience de la marque » des plus agréables après un tiramisu et un macchiato. C’est peut-être l’absence de cette dimension gusto-sensorielle qui affadit tant de flagships horlogers : un café sur la table de vente ne vaut pas un cappuccino en terrasse…

••• SENTI MONTER LA PRESSION AUTOUR DE LA VENTE – TOUJOURS À MILAN – DE LA COLLECTION BLEI, qui sera dispersée ce week-end par Osvaldo Patrizzi. C’est la vraie épreuve du feu pour Patrizzi & Co, qui n’a plus le droit à l’erreur après les cafouillages techniques de sa vente genevoise, en novembre dernier : c’est de toute façon une vente classique, hormis pour le système « zéro commission ». C’est aussi la première grande vente thématique depuis la crise de la fin 2008 : même sans commissions [il n’est pas certain que le concept, aussi fort soit-il, ait été compris par les marchands et par les amateurs], personne ne sait aujourd’hui où en est le marché et comment il répondra à la dispersion d’une des plus belles collections mondiales de Rolex.
• Une collection exceptionnelle à découvrir sur http://www.patrizziauction.com/ (si vous ne parvenez pas à accéder à cette page, veuillez copier l'URL précédente et la coller dans votre navigateur).

 



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