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Audemars Piguet - D’un règne à l’autre
 
Le 26-03-2009

Le 1er janvier 2009, Georges-Henri Meylan, qui a régné sur la manufacture Audemars Piguet de 1987 à 2008, a cédé son siège à Philippe Merk, ex-patron de Maurice Lacroix. Lors du dernier Salon international de la haute horlogerie (SIHH), qui s’est tenu à Genève en janvier, ils se sont prêtés au jeu de l’interview.

Même s’il ne porte pas le nom de la manufacture qu’il a dirigée, Georges-Henri Meylan, pour tous ceux qui le côtoient depuis deux décennies, c’est Monsieur Audemars Piguet. Cet homme, à la stature solide, au langage fleuri et à la franchise parfois désarmante, donne du relief au paysage horloger depuis plus de vingt ans.

Sa carrière est quasiment monothématique. Après un passage chez Jaeger-LeCoultre et chez Cartier, où il s’est aguerri, il est entré dans la maison du Brassus en 1985 comme directeur des opérations. Deux ans plus tard, il était nommé directeur général et administrateur délégué du groupe. Et il y est resté. Un règne remarquablement long qui aura duré jusqu’au 1er janvier 2009. Il conserve toutefois un poste d’administrateur. C’est Philippe Merk qui a relevé le défi de s’asseoir dans son fauteuil après avoir dirigé la maison Maurice Lacroix. Pour l’avoir rencontré à Bâle, on avait pu discerner un certain sens des défis et la volonté de les relever. Mais on peut difficilement imaginer deux personnalités plus dissemblables que celles de Philippe Merk et de Georges-Henri Meylan. Ce que le nouveau directeur général va faire chez Audemars Piguet? Il est trop tôt pour le dire. Mais il entend marquer la rupture dans la continuité. Débrouillez-vous avec cela.

Sa position lors du dernier Salon international de la haute horlogerie n’était pas des plus confortables: un demi-siège à peine. Parce que les montres présentées à Genève étaient le fait de Georges-Henri Meylan, avaient été conçues, voulues, pensées, fabriquées et testées sous son autorité, Philippe Merk a su se montrer discret, manifestant ce qu’il fallait d’admiration véritable pour l’histoire passée et ayant l’élégance de ne pas montrer d’impatience pour écrire l’histoire future.

Le Temps: C’est votre premier salon en tant que directeur général d’Audemars Piguet. Votre position n’est pas des plus aisées, car tout le monde est dans l’expectative. Pourriez-vous nous expliquer votre perception intime de cette marque?

Philippe Merk: J’analyse, j’observe cette marque depuis longtemps. Quand on travaille dans l’horlogerie, on émet des hypothèses: qu’est-ce qui sépare les bonnes entreprises des moyennes, des mauvaises? Audemars Piguet est une entreprise qui a développé une stratégie, une vision extrêmement claire, qui l’a exécutée fidèlement, et de marnière performante, en investissant en permanence beaucoup d’énergie pour se développer. A la fin, cela donne des résultats exceptionnels: le groupe a connu une croissance qui a nettement battu la moyenne de l’industrie. C’est la preuve que tout était très bien pensé. Aussi, avant de dire «on va tout changer parce qu’on a un nouveau directeur général», il faut d’abord comprendre ce qu’il faudra maintenir, soigner. Et ensuite, peut-être, si on le peut, développer et ajouter certaines choses. C’est comme un arbre qui a déjà plusieurs branches: si d’autres poussent, c’est tant mieux, mais il doit rester solide. Du tronc jusqu’à la racine, on doit en prendre soin. C’est pourquoi ma nomination est à la fois un changement radical et une continuité.

– Vous évoquez là une perception plus professionnelle qu’intime. Or on développe souvent des sentiments vis-à-vis d’une marque, et particulièrement une marque horlogère, parce qu’une montre n’est pas un objet comme un autre: c’est comme un cœur qui bat sur le poignet, que l’on a toujours contre soi, toute la journée…

P. M.: Quand je regarde la première Royal Oak, je me dis: est-ce que l’on peut trouver de meilleures proportions? Est-ce que l’on peut trouver une esthétique plus intéressante? Est-ce que l’on peut trouver un bracelet métal qui, à mon avis, est la perfection? C’est tout cela qui m’a impressionné. On sent dans cette pièce à la fois la force du design et, en parallèle, la force horlogère. Il n’y a pas beaucoup de marques qui savent faire cela.

– (Georges-Henri Meylan arrive en retard.) Vous avez manqué les compliments…

Georges-Henri Meylan: Oui, il y a beaucoup de compliments, mais j’essaye d’expliquer à chaque fois que je ne les prends pas personnellement: ce sont des compliments destinés à une équipe. Je l’expliquais à l’un de vos confrères il y a vingt minutes: on est plus intelligent en groupe que tout seul. Je ne sais pas fabriquer ni assembler une montre; il y a plein de choses que je ne sais pas faire. Par contre, il y a suffisamment de gens qui en sont capables et si on met les bonnes personnes ensemble, ça mène au succès, je crois. J’essaye souvent de comparer cette entreprise à un orchestre: si tout le monde n’a pas la même partition et ne démarre pas en même temps, ça donne une sacrée «cacaphonie» (rires). Par contre, si on arrive à faire en sorte que le morceau soit bien répété et que tout le monde le joue bien, cela donne un beau moment de musique. Il faut le jouer de manière assez cohérente, avec constance, et ne pas changer tout le temps de partition. Si l’on reste dans la même ligne suffisamment longtemps pour en voir les effets, si, lorsque l’on a une vision, que l’on choisit une direction, on se dit «restons-y, croyons-y», les choses avancent…

– Monsieur Merk, vous disiez tout à l’heure que vous vouliez garder le tronc et les racines de l’entreprise solides, tout en faisant éventuellement pousser de nouvelles branches. Pouvez-vous déjà évoquer la direction dans laquelle vous souhaitez faire pousser ces branches et quels fruits elles devront porter?

P. M.: Je dirais que c’est un peu trop tôt pour donner des réponses et ce ne serait pas non plus intelligent. Je pense que le potentiel est énorme, que ce soit au niveau des collections existantes que des marchés. Je pense aussi que les collections classiques ont peut-être un peu plus de potentiel de développement qu’on ne le croit aujourd’hui. C’est surtout la Royal Oak qui a pris une grande importance! En revanche, je peux vous dire qu’on ne va pas tout de suite se diversifier dans d’autres secteurs et faire des lunettes Audemars Piguet… (rires).

– Ce que l’on observe, lors de ce salon, c’est un puissant recentrage, à la fois sur les métiers de base de l’horlogerie et sur les racines de chaque maison.

P. M.: C’est vrai. Chez Audemars Piguet, on remarque cela pour toutes les pièces présentées. La maison a décidé de travailler toutes les collections principales – il y a des innovations, en particulier dans la collection Jules Audemars, ainsi que dans les Royal Oak Offshore, les Royal Oak ou encore les pièces de musée, comme celle que porte Georges-Henri par exemple (voir pp. 39 et 40) . C’est certainement une tonalité très intéressante, et qui pourrait le devenir plus encore.

– En effet, quand on regarde la montre que vous portez, Monsieur Meylan, rien ne permet de dire qu’il s’agit d’une Audemars Piguet.

G.-H. M.: Le boîtier est inspiré d’une montre-bracelet de 1908 et d’une montre de poche de 1923. C’est quelque chose que l’on n’a pas beaucoup exploité jusqu’à maintenant. Plus classique, ce n’est pas possible: un mouvement extraplat, deux aiguilles, il n’y a pas de date, il n’y a rien.

– On ne peut rien enlever, sinon on ne voit plus le temps…

G.-H. M.: Si. On pourrait ne laisser qu’une aiguille… On avait d’ailleurs réalisé une montre qui s’appelait Philosophique: elle n’avait que l’aiguille des heures. On s’était dit que, finalement, on n’était pas à un quart d’heure près…

– Comme les montres antérieures au XVIIIe, qui n’avaient qu’une seule aiguille, au fond… Vous revenez à un classicisme dépouillé qui tombe à pic à l’époque actuelle. Est-ce que vous aviez anticipé l’effondrement des marchés, un phénomène qui pousse généralement les gens à se replier vers des objets plus rassurants?

G.-H. M.: Non, on ne peut pas dire cela, parce que ce serait vraiment très présomptueux. On est juste partis de cette montre qui a une centaine d’années et qui nous semblait intéressante.

– Elle était moderne pour l’époque…

G.-H. M.: Oui, elle ne date pas du tout. On avait des mouvements anciens qui nous ont permis de faire une ou deux répétitions minutes, quantième perpétuel pour des collectionneurs. On a aussi fait l’an passé un quantième perpétuel à remontage manuel, que l’on commence à livrer à la clientèle. Et puis on s’est dit: et pourquoi pas une montre toute simple? On y pensait déjà il y a 18-24 mois. Parce que l’extraplat, c’est quelque chose de très chouette et l’on avait un peu abandonné cette piste. Et puis, il y en avait quelquefois marre de ces très grosses montres assez show-off. Bon, celle-ci reste quand même trendy par sa taille: on ne l’a pas faite toute petite…

– Une des questions qui se posent, avec ces nouvelles montres au design extraordinaire qui ressemblent à des vaisseaux spatiaux, c’est «comment vont-elles passer sous la chemise?» (voir pp. 39 et 40).

G.-H. M.: A mon avis, elles ne passent pas…

– Mais les vôtres non plus…

G.-H. M.: Non, les nôtres non plus. Je porte des boutons de manchette assez régulièrement et, avec une Royal Oak Offshore, on a du mal…

– Et vous, Monsieur Merk, vous ne pouvez apparemment pas non plus fermer vos boutons de chemise?

P. M.: Non. Mais comme ça, tout le monde peut voir ma montre. Pourquoi la porter si personne ne la voit?

G.-H. M.: Je fais faire mes chemises peut-être trop petites, mais, avec des boutons de manchette, l’Offshore ne rentre pas… Et puis en plus, ça a un peu tendance à esquinter la chemise. Je pense que, si on porte un costume, on devrait mettre une montre plus classique. Par contre, si on est habillé un peu plus sport, on porte une Offshore. Maintenant, il est vrai que, comme on met une veste de costume avec un jean, on portera une très belle chemise avec une montre de sport. On mélange les styles vestimentaires. Les codes ont beaucoup changé…

– Donc, si on comprend bien, cette montre-là, très classique, est une des directions qui vont être poursuivies?

P. M.: C’est une direction intéressante. Mais il faut voir ce que cela donne. Bien que je sois convaincu que ceux que l’on appelle «les nouveaux riches» vont préférer des montres show-off au début et qu’ils ne vont pas tout de suite se tourner vers ce genre de produit un peu vintage…

G.-H. M.: Regardez cette complication, ce tourbillon (voir couverture du hors-série).

P. M.: La platine est taillée dans une pierre qui s’appellela calcédoine.

G.-H. M.: C’est une pierre
naturelle.

– Quand on voit une Royal Oak, on sait que l’on est dans un univers un peu brutal, de solidité, de masculinité. Or là, on est aux antipodes, dans un monde de délicatesse, d’apparence presque fragile. En réalisant cette pièce, vous avez fait un grand écart entre deux mondes.

P. M.: Ce sont deux mondes qui existent chez Audemars Piguet…

G.-H. M.: Cette année, on a décidé de montrer tout notre savoir-faire en pièces compliquées, mais, pour le mettre encore mieux en évidence, on l’a traité en squelette. Cette décision a été prise déjà en 2007. Le rendu sur cette montre est un peu plus féminin, parce que cette forme ovale s’y prête. Dans les vitrines, sur le stand, vous pouvez découvrir toute notre panoplie de pièces compliquées: tout ce que l’on est à même de faire depuis 130 ans.

– On a souvent évoqué la difficulté, pour un horloger comme Audemars Piguet, qui fait des mouvements extraordinaires, de créer des montres qui parlent aux femmes.

G.-H. M.: On pèche toujours à ce niveau-là… On est bon quand on fait une pièce comme celle-ci, en très petite quantité. Mais lorsqu’on se lance dans des choses plus simples, on a un peu du mal, il faut l’avouer. Ça manque aussi de femmes dans les équipes pour le choix des produits, le design…

P. M.: Regardez ce pont-là… Il a la forme d’une fleur. Ce travail de détail, si ce n’est pas fait pour une femme!… Et il s’agit également d’un vrai travail horloger, ce n’est pas seulement de la joaillerie!

– On suppose qu’une montre comme celle-ci s’adresse surtout au marché asiatique?

G.-H. M.: Oui, il est vrai qu’il y a plus de demandes en Asie que dans le reste du monde pour ce genre de pièces et on a déjà eu des commandes de clients asiatiques. Dans ces pays, il y a encore un vrai marché pour des montres de joaillerie que l’on porte le soir. On a parfois tendance à un peu l’oublier.

– Qu’est-ce qui vous a poussés à approfondir ce créneau féminin? Votre collaboration avec la marque Chanel l’an passé est-elle pour quelque chose dans ces réflexions?

G.-H. M.: On y réfléchit depuis longtemps: on essaye de faire des bijoux, on essaye de faire des pièces un peu plus féminines. Je ne pense pas que l’épisode Chanel ait changé grand-chose. On a surtout essayé de confier un certain type de dessin à des femmes, plutôt que ce soit des hommes qui prennent une montre d’homme, et qui la fassent plus petite en croyant qu’ils ont fait une montre féminine. Je me souviens d’une réflexion que plusieurs amies m’ont faite au sujet d’un modèle: «Mais pourquoi tu mets des diamants?» On a le réflexe de penser que parce que l’on fait une montre femme,
on doit y mettre des diamants…
C’est un truc d’homme…

P. M.: Parce qu’on veut notre propre monde, nous! On se défend! Si en plus elles commencent à prendre nos montres!…

G.-H. M.: (Rires.) Oui, elles empiètent sur notre domaine.

– Des patrons de marques horlogères nous ont confié avoir eu quelques inquiétudes avant l’ouverture du SIHH. Après quelques jours, certains étaient rassurés, d’autres pas. Et vous? On sait très bien que ce qui se signe dans les salons de vente sont des promesses de vente et qu’il n’y a rien de définitif, mais comment percevez-vous les échanges cette année?

P. M.: Première impression, les contacts sont positifs. Il y a un grand intérêt pour toutes ces nouveautés et aussi pour la direction qui a été choisie. Les clients apprécient que la marque ait fait du travail partout, et sur toutes les collections. Les premiers signes que l’on perçoit pour les commandes, même si c’est beaucoup trop tôt pour le confirmer, semblent être positifs, assez positifs.

– Dans une période comme celle que nous traversons, on se demande s’il est bien nécessaire de lancer des nouveautés horlogères tous les ans et si les maisons ne feraient pas mieux de consolider leurs collections plutôt que de se rapprocher du rythme de création de la mode?

G.-H. M.: J’aurais tendance à penser le contraire: qu’il faut être encore plus créatif dans les périodes difficiles, alors que l’on pourrait se permettre de l’être un peu moins quand tout va bien… J’aurais plutôt tendance à me dire «ne baissons pas la garde». C’est d’ailleurs ce que j’ai demandé à nos équipes avant d’arrêter mon travail; je leur ai dit: «On ne change rien à notre programme de janvier 2009.» Et malgré cet automne dramatique, on a continué à travailler sur tous les projets que l’on avait mis en route. Et ils sont tous là pratiquement. Et on en a beaucoup!… C’était un challenge, car on n’avait que neuf mois pour y parvenir (ndlr: la date du SIHH 2009 ayant été avancée au mois de janvier au lieu du mois d’avril habituel)… On s’est demandé si on allait relever ce défi et on l’a fait. On en a peut-être même fait un peu trop…

– Je ne parlais pas en termes de créativité mais en termes de rythme. Cette frénésie de lancer sur le marché des nouveautés tout le temps est-elle vraiment nécessaire? Le marché est-il capable de les absorber?

P. M.: Si vous prenez une collection, il faut compter qu’une partie du chiffre d’affaires va disparaître chaque année: il y a par exemple certains cadrans qui ne se vendent plus très bien, des ajustements qu’il faut faire. Pour maintenir le dynamisme d’une collection, il faut travailler dessus en permanence, et remplacer ce que l’on a perdu. Si on ne fait pas ce travail-là, je pense que les choses se dégradent assez rapidement. Et même dans le secteur de la haute horlogerie.

G.-H. M.: Prenez nos Offshore: certains cadrans datent d’une dizaine d’années. Or on a été contraints de les modifier, parce qu’à un moment donné on les avait assez vus. Il faut faire du festif de temps à autre.

– Donc vous, finalement, vous êtes un peu rassurés par ce salon?

G.-H. M.: Bon, les commandes, ça reste du papier… Si la situation continue de se casser la figure et que ça ne marche plus du tout, on aura beau avoir un gros carnet de commandes, si personne ne peut payer derrière!… Il faut avoir les pieds sur terre.

P. M.: Sans compter que le reste de la collection, il faut aussi le vendre.

G.-H. M.: Et sans compter que les nouveautés, on ne va pas toutes les livrer demain…

– En tout cas, ce que l’on observe dans toutes ces pièces, c’est avant tout l’expression de l’amour de l’art horloger.

G.-H. M.: Oui, c’est ce que l’on a voulu montrer: du savoir-faire, de la passion, de la tradition, de l’amour de l’art comme vous dites.

– Vous n’aviez peut-être pas anticipé la crise, mais les modèles que vous présentez correspondent à ce dont l’époque a besoin: des pièces qui rassurent sur la pérennité d’une marque, sur son savoir-faire…

G.-H. M.: Ces pièces-là existent et elles fonctionnent!… A part une, qu’on a réussi à nous casser en remontant la sonnerie! Or ces deux ou trois dernières années, on a un peu trop vu de montres virtuelles. Les clients commençaient à en avoir assez de ces projets qui ne sortent jamais. Et je crois que la pérennité d’une marque passe par ceci: si on n’est pas prêt, il ne faut pas montrer le produit. C’est parfois difficile, parce que vous subissez les pressions des propres forces de vente de la société, parce qu’elles vous disent: «C’est super ce machin, on va le montrer!» Mais ça sert à quoi de prendre des commandes si on ne sait pas si dans 12 mois on va avoir terminé la pièce. C’est vite arrivé un pépin! On a eu un exemple avec notre échappement; on s’était dit: «C’est bon, tout va bien, on a trois pièces qui marchent, elles ont été testées.» On a fait 20 pièces et, sur 20 pièces, il y en avait 19 qui n’allaient pas. On en avait même vendu deux ou trois qu’on a dû rappeler, comme font les fabricants d’automobiles! C’est très embêtant. Il vaut mieux attendre, être prêt, et que tout soit en ordre…

Isabelle Cerboneschi
Le Temps

 



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