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ULYSSE NARDIN: la marque se lance dans la téléphonie mobile
 
Le 01-04-2009

La manufacture veut produire 40 000 montres par an. Une fois la reprise venue. «L’optimisme de Swatch Group est impossible à partager.»

Rolf Schnyder, propriétaire de la manufacture locloise Ulysse Nardin, a compris bien plus vite que nombre de ses confrères que la mécanique horlogère se grippait. Son premier avertissement remonte déjà à fin août de l’année passée. Depuis, force est de constater que la réalité lui a donnée raison. «Mais la gravité de la récession a surpris tout le monde. Elle est arrivée avec une promptitude et une acuité jamais observée», a-t-il indiqué à «L’Agefi», lors de Baselworld. Pour lui, l’optimisme de Swatch Group est impossible à partager. «Il faut s’attendre à un recul généralisé de 25 à 30% pour l’exercice en cours. Les personnes évoquant une quelconque croissance pour cette année m’interloquent énormément ». Selon lui, la régression touche toute la pyramide des produits, de l’entrée de gamme jusqu’au luxe. Une érosion qui ne lui fait pas peur outre mesure. Des difficultés, il en a connu et en a surmonté d’autres.

En faisant l’acquisition en 1983, Rolf Schnyder reprend en effet une société moribonde, comptant… deux collaborateurs. Aujourd’hui, les effectifs s’élèvent à 270 personnes. Au tournant du millénaire, ils n’étaient encore qu’une soixantaine. Jusqu’au mois de juillet 2008, la société n’avait aucun doute de pouvoir dépasser les 200 millions de francs de chiffre d’affaires. Une barrière symbolique qu’elle a in fine à peine manqué, en raison de l’effondrement du marché. La société a écoulé 23.000 montres, contre les 25.000 prévus dans les budgets. L’objectif de 40.000 pièces – la manufacture en a les capacités – est maintenu mais a été repoussé à des temps plus souriants. Les Etats-Unis (30%), la Russie et les ex-pays de l’Est (22%) et l’Europe (18%) représentent ces principaux marchés. «Nous venons de livrer une importante commande au Kazakhstan. Ce pays se porte étonnamment bien».

La Suisse, ces dernières années, est également devenue un débouché d’importance. La Turquie, lieu de villégiature privilégiée des touristes russes, tire aussi son épingle du jeu. Le prix public des montres s’échelonne de 6000 à un million de francs. Malgré son positionnement de niche sur des pièces de très haute complication, l’entreprise ne peut passer indemne à travers la tempête. En raison de commandes en régression, des mesures de chômage partiel pour trois mois ont été mises en place. «Mais nous n’avons procédé à aucun licenciement», précise Rolf Schnyder, qui vient de lancer un téléphone portable baptisé «Chairman». Produit en édition limitée, il a été développé en partenariat avec l’entreprise SCI Innovations.

La société n’est pas à vendre

Ulysse Nardin n’a en outre pas interrompu l’extension de ses bâtiments. La société en possède au Locle (produits terminés) et la Chaux-de-Fonds (mouvements). Les investissements, notamment dans la recherche et le développement, vont par ailleurs se poursuivre. «Nous ne versons pas de dividende. Tous nos bénéfices sont réinvestis pour le futur de l’entreprise ». En moyenne, Ulysse Nardin débourse environ 8 millions de francs par année pour ses infrastructures et la recherche. Un travail de fond qui paie. Ces dernières années, l’entreprise s’est distinguée par son innovation, en présentant notamment son modèle concept InnoVision, fonctionnant sans lubrifiant. Pour ce faire, l’entreprise a créé, en jointventure avec Mimotec, une nouvelle société, soit Sigatec. Autre exemple: l’échappement Dual au noyau de silicium, sur lequel les ingénieurs sont parvenus à faire croître une couche de diamant synthétique monocristallin. Cette avancée technologique a été développée en partenariat avec les sociétés Sigatec et GFD d’Ulm. L’innovation a permis de rendre pratiquement inusable l’échappement.

Ulysse Nardin fait partie du club restreint des dernières manufactures horlogères indépendantes du pays. Et elle tient farouchement à cette liberté. Néanmoins, auprès des investisseurs, la récession n’a en rien réduit son attractivité : «Nous recevons chaque mois des propositions de rachat». Inébranlable, Rolf Schnyder les décline. En dépit de nombreux démentis, rien n’empêche les rumeurs de reprise de circuler régulièrement dans les couloirs de l’horlogère helvétique. Elles s’étaient encore amplifiées l’an passé lors de l’alliance conclue entre PPR et Girard-Perregaux. «Pour asseoir notre indépendance, nous avons créé des partenariats, avec ou sans prise de participation, avec plusieurs entreprises régionales produisant des composants horlogers », explique une énième fois le propriétaire. Lassé par la fréquence et la récurrences de ces spéculations, il veut une fois pour toute remettre les pendules à l’heure: «Ulysse Nardin, c’est toute ma vie». Dont acte.

L'Agefi
Bastien Buss

 



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