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LE SNIPER DU VENDREDI : suite de Bâle et balles de tennis...
 
Le 20-04-2009
de Business Montres & Joaillerie

Après quelques jours d’une salutaire détente printanière post-bâloise, le Quotidien des Montres reprend en fin de semaine son survol de l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font.
Géographie oblige, le théâtre des opérations horlogères était plutôt azuréen...

…CETTE SEMAINE, LOIN DE GENÈVE, LE SNIPER A…

••• VISITÉ LES FONDATIONS DU FUTUR MUSÉE JEAN COCTEAU, offert à la ville de Menton par Severin Wunderman, le regretté président de Corum, qu avait créé une fondation à cet effet : offertes à la ville, ses collections seront en bonne place au cœur de la ville, non, comme on l’avait pensé, dans l’ancien « fort » de Menton, mais dans un élégant bâtiment construit à cet effet, en bord de mer. Ouverture prévue en 2010.
••• COÏNCIDENCE : LES HÉRITIERS DE SEVERIN WUNDERMAN viennent de mettre en vente son château de La Colle-sur-Loup, qui abritait justement une partie des collections de l’ancien créateur des montres Gucci, devenu président de Corum. Les négociations commencent à 18 millions d’euros, avec le mobilier, mais sans les collections…

••• FAIT UN TOUR AU « ONLY LIVE SUPERCARS SHOW IN THE WORD » DE MONACO (comprenez le Top Marques Monaco) pour y retrouver une atmosphère assez particulière – celle des années zéro zéro et de l’argent trop abondant – qui semble encore exciter les marques d’horlogerie présentes. Evénement purement automobile à l’origine, le Top Marques Monaco s’est mué en salon monégasque du luxe tous azimuts.
••• BEAUCOUP DE BELLES VOITURES ET DE BELLES MONTRES, pour une atmosphère un peu surréaliste en temps de crise. Business Montres consacrera ce week-end une chronique à cette manifestation légèrement décalée.

••• PROFITÉ DE CE TOP MARQUES POUR DÉCOUVRIR UNE NOUVELLE RÉFÉRENCE HORLOGÈRE : Ateliers de Monaco, qui signe ses montres « De Monaco » et qui n’entend travailler que dans la très haute horlogerie – comprenez en ne vendant que des tourbillons…
••• COMPTE-RENDU PLUS DÉTAILLÉ CES JOURS-CI À PROPOS DE CETTE MARQUE, qui semble directement liée au groupe Frédérique Constant, devenu tripolaire (en haut, DeMonaco ; au milieu, Frédérique Constant ; en bas, Alpina). C'est donc officiellement, après Horus et Zegg & Cerlati, la troisième marque d'horlogerie monégasque – rocher qui est déjà le refuge de nombreuses stars de la montre, de Gérald Genta à Franck Muller…

••• REÇU (ENFIN !) LES PREMIÈRES IMAGES DE L’INNOVATION HORLOGÈRE LA PLUS AVANCÉE DE BASELWORD : le double balancier denté – officiellement « oscillateur harmonieux » – proposé par Rudis Sylva, marque présente dans l’espace The Watch Factory.
Innovation qui a mobilisé, autour des premières pré-séries de la marque, la curiosité passionnée du gratin des maîtres-horlogers du moment, notamment Philippe Dufour, les équipes d’Ulysse Nardin ou celles de Chopard (et beaucoup d’autres).
Il faut dire que Rudis Sylva et l’équipe de Jacky Epitaux ont choisi de prendre à rebrousse-poil tous les crédos de l’horlogerie classique, qui exigeaient que les balanciers oscillent aussi librement que possible. Cet « oscillateur harmonieux » est un système à double balancier – un seul échappement ! – qui engrènent l’un sur l’autre. L’idée est de Mika Rissanen, un jeune maître-horloger formé dans les grandes maisons, mais passé au service de Rudis Sylva pour y développer sa vision non conformiste de l’horlogerie nouvelle génération.
Deux balanciers à denture : du jamais vu dans la micro-mécanique horlogère, surtout quand les spiraux se déploient asymétriquement dans toutes les positions et qu’il se produit une sorte d’entrée en résonance dès les premiers oscillations. Apparemment, ce dispositif est plus précis que le tourbillon ou le carrousel classique, avec un réglage optimal dans toutes les positions et une différence minimale des écarts d’amplitude dans ces mêmes positions.

Détails techniques supplémentaires pour les experts :
• Deux balanciers complets, dentés sont reliés l’un à l’autre. Cette alliance garantit une même amplitude. La symétrie et l’énergie des spiraux sont opposées en permanence, permettant une correction moyenne instantanée en position verticale qui supprime l’effet de gravité.
• Fréquence : 21'600 alternances heure (3Hz).
• La cage (17,4 mm) tourne de 360 degrés en 60 secondes.
• 2 spiraux plats au déploiement asymétriques.
• 2 balanciers dentés de forme et de matière spécifiques.
• 1 seul échappement avec 1 ancre positionnée à 90 degrés.
• Mécanisme à remontage manuel, avec un réserve de marche d’environ 50 heures.
Image ci-dessus : le double balancier denté. D'autres images dans les jours à venir, mais la première série de ces montres est déjà quasiment livrable sur les marchés asiatiques, qui seront les premiers servis...
••• POUR CERTAINS DES MAÎTRES-HORLOGERS CONSULTÉS À BÂLE, C’EST AUSSI FORT QUE L’INVENTION DU TOURBILLON PAR BREGUET ! Quand un tourbillon a besoin d’au moins une minute pour compenser les éventuels effets de la gravité, l’ « oscillateur harmonieux » permet une correction quasi-instantanée du fait de la connexion des balanciers entre eux et du déploiement asymétrique des spiraux. Cette construction réclame cependant une ultra-précision dans l’usinage des roues du balancier – mais les atelier spécialisés des Franches-Montagnes assument fièrement ces petits microns qui font la différence !

••• ATTENDU POUR CETTE SEMAINE LES RÉSULTATS DES EXPORTATIONS HORLOGÈRES DE MARS, mais ce sera sans doute pour lundi. On aura cependant noté l’extrême prudence de Jean-Daniel Pasche, le président de la FH, dans sa dernière interview à L’Agéfi (Suisse) : Il nous manque encore les statistiques d’exportations pour le mois de mars. Mais, sur la base des deux premiers mois de l’année, on constate un niveau similaire à 2007. Ce serait bien de finir l’année à ce niveau, soit d’environ 16 milliards de francs d’exportations. Précisons toutefois qu’établir des prévisions fiables s’avère très ardu dans le contexte actuel, caractérisé par le manque de visibilité. Il semble toutefois que le mois de mars ait connu quelques frétillements ».
••• « FRÉTILLEMENTS » – UNE BELLE INVENTION SÉMANTIQUE – QUI N’EMPÊCHERONT PAS LE PIRE : « Effectivement, nos membres doivent adapter les effectifs à la marche de leurs affaires. Il faut toutefois préciser que la branche a créé quelque 10 000 emplois ces cinq dernières années, une période incroyable pour l’horlogerie. L’outil de production est clairement formaté pour des années de croissance. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. D’où des besoins d’adaptation. (…) Il faut néanmoins craindre que des emplois soient encore supprimés tant que la reprise n’aura pas sonné ».

••• ÉVOQUÉ, AVEC QUELQUES EXPERTS DU MARCHÉ AMÉRICAIN, LA SITUATION DIFFICILE DU GROUPE MOVADO, qui annonce près de 18 % de baisse de son activité globale pour 2008 et qui doit faire face à d’innombrables fermetures des enseignes qui vendaient la marque Movado aux Etats-Unis (on parle de 1 400 points de vente). Les ventes auraient chuté de 32,2 % pour le seul dernier trimestre 2008, avec une dégradation de la marge brute qui n’est pas seulement explicable par les effets de change.
••• COMME ME L’AVAIT DÉCLARÉ EFRAIM GRINBERG À BASELWORLD « c’est ce que j’ai connu de pire depuis trente ans, avec la conjonction de deux baisses simultanées : celle des ventes – les consommateurs ont coupé leurs dépenses – et celle des commandes passées par les détaillants ». Son espoir : la force de ses marques, môle de résistance en attendant le « rebond ». Problème : les marques « fortes » du groupe sont surprises par cette crise en plein repositionnement et leurs stratégies de relance – aussi justes soient-elles – tardent à trouver une traduction commerciale positive. Les besoins de cash du groupe restent considérables, et c’est la ressource la plus rare sur le marché américain, voire international !

••• DOUTÉ, UNE FOIS DE PLUS, DU SÉRIEUX DES PRÉVISIONNISTES PROFESSIONNELS : quand le cabinet Bain & Company annonçait, fin 2008, 5 % de baisse sur le marché du luxe en 2009, c’était aussi peu crédible que les 12 % de chute « réajustés » à la mi-avril pour le seul marché horloger. Même les grandes marques – considérées fin 2008 comme « crisis-proof » par Bain & Company – devraient voir leur activité réduite de 10 % l’année prochaine
••• DANS LES DEUX CAS, ON SE CONTENTE D’EXTRAPOLER LES SEULES STATISTIQUES DISPONIBLES, sans tenir compte de la réalité mouvante et complexe du terrain. C’est prendre pour argent comptant les déclarations des groupes et celles des managers, dont l’optimisme de commande n’engage que ceux qui y croient. 12 %, c’est déjà énorme, mais ce n’est sans doute pas le fond du gouffre qui s’est ouvert sous les pieds d’une industrie horlogère qui avait perdu une partie de ses défenses immunitaires après un lustre de bonds en avant successifs…

••• ASSISTÉ À LA FIN D’UN DOUBLE RÈGNE : au Monte Carlo Rolex Masters, entre deux averses, Roger Federer – champion Rolex, dont on se souviendra qu’il avait été directement « racheté » à Maurice Lacroix – a clairement lâché les rênes du tennis mondial, dont il n’est plus que le numéro deux mondial, en attendant de descendre plus bas dans le classement. Manque de motivation et usure psychologique sans doute, ce qui devrait poser un problème à Rolex, qui n’accepte que les leaders potentiels dans ses équipes de personnalités représentatives.
C’est d’autant plus gênant que « Rafa » Nadal – l’intouchable numéro un mondial – est toujours solidement verrouillé par un contrat avec la modeste marque espagnole Time Force ! Un des meilleurs moments de ce Rolex Masters aura été, en effet, le mini-tournoi de tennis disputé amicalement, sur le perron du palais princier entre Rafael Nadal et Andy Murray (n° 4 mondial)...
••• L’AUTRE TRÔNE QUI A VACILLÉ CETTE SEMAINE est celui de Rolex et de son emprise sur le sport mondial. En termes de marketing, que cette ouverture monégasque de la saison tennistique de terre battue soit ou non baptisée Rolex Masters ne change réellement rien aux ventes locales ou internationales de la montre. D’un côté, être le parrain éponyme du tournoi n’apporte plus rien à la marque, sinon un degré de banalisation supplémentaire. De l’autre, le nom de Rolex accolé au tournoi ne constitue plus un atout supplémentaire pour l’épreuve : personne ne s’en apercevrait si le nom de Rolex était retiré de la compétition !
Business Montres avait relevé, voici quelques mois, que sur 1 000 occurrences Rolex proposées par les moteurs de recherche, 900 concernaient des répliques, 90 des événements sportifs, 9 des montres vintage et tout juste une seule les collections en cours. Moralité : Rolex est devenue une marque-ombrelle pour l’organisation d’événements sportifs à destination des élites plus qu’une marque de montres.
On voit donc de fantastiques budgets flambés dans des opérations qui ont perdu, au fil du temps, toute visibilité ou toute signification – et, en tout cas, tout lien direct avec le core business horloger de la marque, désormais invisible parce que trop vue sur trop de terrains sportifs…

 



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