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Votre Quotidien des Montres ne baisse pas la garde et demeure mobilisé sur le front des informations horlogères.
Que se passe-t-il du côté de ceux qui font les montres et qui animent les marques ?
••• ENCHÈRES : Les bons résultats de la vente Patrizzi & Co de ce week-end (7,8 millions de francs suisses) traduisent assez logiquement le retournement du marché de la collection en faveur des amateurs – au détriment des vendeurs ! D’une part, ces marchands ont à court de trésorerie quand les acheteurs sont décidés à acheter. D’autre part, ces amateurs ont maintenant bien intégré le concept « zéro commission » des enchères P & Co – contrairement aux marchands – et ils poussent un peu plus loin leurs enchères, ce qui était le postulat initial d’Osvaldo Patrizzi !
Lequel est désormais à peu près débarrassé des bugs techniques qui avaient parasité les premières ventes de sa maison d’enchères. On remarquera au passage qu’il a mis de l’eau dans son vin et qu’il pratique, comme ses concurrents, la bonne vieille technique du catalogue papier, qu’il s’était promis d’abandonner. Apparemment, les collectionneurs quinquagénaires – plus nombreux que les trentas technophiles – préfèrent feuilleter plutôt que surfer. Ce qui reste beaucoup plus coûteux pour Patrizzi & Co – mais le client a toujours raison…
Autre enseignement de cette vente : le retour en force des collectionneurs occidentaux (Italie, Allemagne, Etats-Unis), en ligne en en salle, au désavantage des amateurs asiatiques : les belles montres – anciennes ou contemporaines – attirent toujours, surtout avec des grands noms (Breguet, Panerai, Patek Philippe), même à des niveaux élevés. Pour les grands collectionneurs, la « crise » est plutôt une période de bonnes affaires, les marchands et les musées des marques marquant une pause…
••• ON SUIVRA AVEC INTÉRÊT LES PROCHAINES VENTES GENEVOISES DES CONCURRENTS, pour vérifier la bonne intégration du concept « zéro commission » dans les stratégies d’achat des collectionneurs [à référence sensiblement équivalente, les objets adjugés font-ils ou non, sous le marteau, un score inférieur dans les ventes traditionnelles ?], mais on s’intéressera de près aux marchés « périphériques » de l’horlogerie, comme l’exceptionnelle dispersion de pendules « haute époque » chez P & Co, à Milan, le 24 mai prochain (Horloges européennes de la Renaissance) : une nouvelle génération d’amateurs semble décidée à ratisser large dans sa passion pour les « objets du temps »…
••• ATELIERS DE MONACO : le joyau du groupe Frédérique Constant (Peter et Aletta Stas) a donc fait sa première apparition publique au dernier Top Marques Monaco (chronique du 18 avril). Chose promise, chose due : les premières images (ci-dessus) et les premières explications techniques.
Déclarée à Monaco (bon positionnement en termes de marketing « instinctif), contrôlée à Genève par la direction de Frédérique Constant, mais animée par un tandem néerlandais (Pim Koeslag pour la partie horlogère et Robert R. van Pappelendam pour le reste), la marque Ateliers de Monaco hésite encore entre la signature deMonaco (pour l’instant, seule portée sur le cadran), le nom complet écrit Ateliers deMonaco et dMc ! Pas simple…
Une base monégasque [petit rocher déjà riche de trois marques haut de gamme] ne peut que se traduire par une approche haut de gamme : les deux collections « Nouvelle Horlogerie from Monaco » sont donc mécaniques (automatiques), équipées de tourbillons et assez sévèrement facturées. On pourra ergoter sur le côté strictement « manufacture » de ces tourbillons, dotés d’un original pont en verre saphir, de quelques coquetterie en silicium (ancre et roue d’échappement) et d’une masse oscillante sculptée en blason princier : la base n’est évidemment pas « 100 % in-house », en tout cas pas plus ni moins que les « tourbillons manufacture Frédérique Constant », mais la démarche est sympathique. Disons qu’elle est un peu plus poussée que chez la plupart des habilleurs à prétention manufacturale…
Boîtier en titane réhaussé d’or rose, cadran bien exécuté en titane et or rose et finitions globales plutôt soignées : cette interprétation Swiss Made – quoique Made in Monaco, label inusité ! – d’une haute horlogerie monégasque est tout sauf négligeable…
••• ENCORE UN COUP DE LA NOUVELLE HORLOGERIE BATAVE ! On voit se multiplier aux Pays-Bas les nouveaux créateurs et les nouvelles marques, dans tous les segments du marché. Le sommet de la pyramide haute horlogère était jusqu’ici occupée par Grönefeld et Christiaan van der Klaauw : il faudra désormais compter avec Ateliers de Monaco…
• Dernière marque néerlandaise repérée : les montres Skav, lancées sur le concept du design scandinave agrémenté d’une touche de Dutch twist.
• Plus récemment, Business Montres avait découvert, au Top Marques Monaco, les montres Van Der Gang, ainsi que la collection D.M.H. lancée par Fred Dingemans. On pourrait encore citer les montres Easy Rider (groupe Van den Broeck), les marques Kiber ou Steiner, et encore TW Steel, Koolhoven ou Kyboe…
••• COMMUNICATION DE CRISE : le dernier numéro de la newsletter Communication & Influence (n° 9, avril 2009), éditée par Comes, société de communication spécialisée dans les stratégies d’influence, est consacré aux nouveaux paradigmes de la communication d’entreprise en période de crise.
« La crise majeure que nous traversons et qui touche à la fois les fondamentaux de l'économie de marché et les valeurs de notre société
ne peut que nous amener à nous interroger individuellement et collectivement sur le sens de la société dans laquelle nous vivons, sur le sens du capitalisme. La publicité, jusqu'ici légère et séductrice, doit trouver un langage en adéquation avec ce que vivent les gens dans la crise », notait récemment Maurice Lévy dans Valeurs actuelles (9 avril 2009).
••• UNE NEWSLETTER À TÉLÉCHARGER et à méditer à tête reposée pour situer les nouveaux modes opératoires d’une communication qui va plus que jamais se jouer sur les valeurs et sur l’identité…
••• EN VRAC,
••• SANS VOULOIR (TROP) ENTRER DANS LES DÉTAILS,
••• SANS FAIRE (TROP) DE COMMENTAIRES,
Quelques informations qui méritent d’être relevées dans l'actualité des montres, de ceux qui les font, de ceux qui les vendent et de ceux qui les portent...
• STATISTIQUES D’EXPORTATIONS HORLOGÈRES : toujours rien en vue côté FH pour les chiffres du mois de mars. On est quand même le 23 avril et de nombreuses marques attendent cette occasion pour… déstocker leur personnel excédentaire !
••• DERNIÈRE HEURE (08:21, alors que cette chronique est mise en ligne vers 07:00) : ces statistiques viennent de tomber. Elles sont assez désastreuses, avec une confirmation de la tendance très négative de ces six derniers mois : - 27 % pour le seul mois de mars. Commentaires dès demain par le « Sniper du vendredi »...
• LVMH : - 41 % des ventes à structure et taux de change comparables entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009 ! C’est la plus forte variation de toutes les divisions LVMH, le double du plongeon des Vins & spiritueux (- 22 %) et presque le quadruple des Parfums (- 11 %), alors que la mode évolue à + 4 %. Avec Hublot et en tenant compte des taux de change, on reste à – 27 % (154 millions d’euros) : « Cette évolution s'explique principalement par le déstockage mondial des détaillants horlogers et joailliers et par la forte exposition de TAG Heuer et De Beers au marché américain. Les nouvelles collections présentées au salon horloger de Bâle ont été très appréciées. Elles étaient centrées sur les lignes icônes, Aquaracer 500 de TAG Heuer, Big Bang King Power de Hublot, Chronomaster El Primero de Zenith et Christal automatiques de Dior. Nos marques, malgré le contexte de déstockage des distributeurs, gagnent des parts de marché auprès des consommateurs », nous explique le groupe. Puisqu’on vous le dit…
••• NE SOYONS PAS CRUELS EN RAPPELANT QUE, VOICI QUELQUES SEMAINES, selon son président, l’activité de TAG Heuer aux Etats-Unis n’avait officiellement baissé que de… 10 % !
••• AUCUNE CONFIRMATION NON PLUS, du moins par la voie officielle, du départ de Thierry Nataf, le président de Zenith, qui est ici sacrifié en bouc émissaire et victime expiatoire des malheurs de l'horlogerie LVMH (révélation Business Montres du 22 avril)...
• DE GRISOGONO : la marque a encore du potentiel ! Et des amateurs ! Récemment, lors d’un déstockage sur ventesprivees.com, tous les modèles proposés à - 75 % sont partis en quelques minutes…
• FRANC VILA : habile réhabillage du classique tourbillon-chrono monopoussoir (BNB) pour la dernière édition (8 pièces) du Cuatro Tourbillon Dial-Side Column Wheel Monopusher Chronograph. De là à prétendre que cette montre « révolutionne » l’industrie horlogère et qu’elle est une « légende dans l’univers des chronographes de luxe », il y a un grand pas que le fait d’avoir le « premier mouvement chronographe de l’histoire dont le mécanisme est exposé côté cadran » ne permet pas de franchir ! Tout ça pour une roue à colonnes visible sur le cadran…
• HERMÈS : toujours plus loin dans la stratégie multi-canals ! La marque s’apprête à mettre en place un dispositif de vente en ligne sur téléphone mobile (« smartphones »). Il ne s’agirait pour l’instant que de prêt-à-porter masculin et de mode féminine, mais d’autres lignes de produits sont à l’étude…
• MARC ECKO : la marque au rhinocéros, qui présentait une à Baselworld une des collections les plus déjantées de ce printemps, vient d’ouvrir à Paris, à la frontière des Halles, son premier concept store français. A voir absolument, pas seulement pour les montres [qui poussent très loin la provocation blingo-surréaliste], mais aussi pour le concept graphique et l’esthétique générale…
• MARC ALFIÉRI : Une belle série de sa Time Machine (images de Ian Skellern) sur Facebook (groupe Marc Alfiéri)…
• BABETTE KELLER : la reine de la haute couture horlogère – bénéficiaire officielle du seul monopole de cette industrie : celui de la lingette à nettoyer les montres (Keller Trading, Bienne) – recevra-t-elle début mai, à Zurich, le prix Veuve-Clicquot de la Femme d’affaires de l’année ? Le problème n’est pas qu’elle soit dans la liste des finalistes, mais bien qu’on ne s’aperçoive que cette année qu’elle mérite un prix !
• MONTRE-SABLIER : on parle de mettre en production le concept de « montre-sablier » imaginé par Limor Yaron pour Presto. Boîtier manchette reprofilé en 8 (ou en anneau de Moebius), avec un affichage digital de l’heure dans le réceptable du sablier et un décompte approximatif des minutes en fonction de l’écoulement du « sable » – travaillé en cristaux de saphir ou en diamants, selon le sponsor ! Une des « montres philosophiques » les plus intéressantes de la nouvelle génération…
• PHILIP STEIN : première boutique entièrement consacrée au concept Philip Stein. C’est à Mexico et on peut y découvrir cette technologie révolutionnaire de « montres à fréquence naturelle » qui permettent de mieux se porter en éliminant de son organisme l’influence – réputée néfaste – des rayons émis par la plupart des appareils high-tech de notre quotidien. Détail savoureux : le dispositif Philip Stein s’applique également aux vins, pour les bonifier ! Le luxe horloger est désormais au service de la santé…
• BAPEX : c’est le nom du clone de la Rolex Submariner lancée par A Bathing Ape, une marque de mode japonaise qui s’est placée sous le signe du… singe ! Les marqueurs identitaires des montres de plongée (cadran noir, chiffres et index blancs, lunette gravée, aiguilles Mercedes) permettent de placer cette Bapex dans la catégorie des pastiches, surtout quand on considère le singe (logo) à la place de la couronne Rolex et la mention « Made by Human » à 6 h : pour un clin d’œil supplémentaire, la montre est fournie avec un bracelet OTAN de style James Bond. Plus Planète des Singes, tu meurs !
• E-MARKETING : une intéressante série d’analyses des sites officiels horlogers, sous le regard critique d’un spécialiste du e-marketing. Premiers articles sur Blogoergosum, avec un examen du site Rolex. Six autres études sont annoncées, la prochaine étant patek Philippe (lire auparavant l’introduction à la série)…
• AUTOMATIQUE : les téléphones « cinétiques » [plus ou moins alimentés par des rotors d’horlogerie] sont à la mode. Les Japonais de Kyocera travaillent ainsi un concept de téléphone mobile…pliable (en trois), qui se recharge dans la poche quand il est replié grâce aux mouvements du porteur (dispositifs piézo-électriques). Nom de code : EOS.
••• UN JOUR, LES INGÉNIEURS DES TÉLÉCOMMUNICATIONS vont se souvenir que les montres mécaniques existent encore, qu’elles se remontent toutes seules, qu’elles sont bourrées de fonctions inattendues et qu’on peut même les porter au poignet : ce sera une révolution culturelle…
• VANITY FAIR : initiative intéressante du supplément Vanity Fair on Time du magazine américain (mai 2009). Question posée : « A quoi ressembleront les montres en 2109 ? ». Les équipes de Chopard, Van Cleef, Harry Winston, Rado, Panerai, De Beers, Tiret et Zenith ont été mises à contribution. Et ces créatifs nous donnent envie d’avoir un siècle de plus pour profiter d'aussi belles montres !
• MAUVAISES NOUVELLES : encore plus de fournisseurs sous pression [certains ont tout de même entamé des procédures contre les plus mauvais payeurs, conduisant une ou deux marques au bord du gouffre], quelques faillites [celle du fabricant d’écrins Setco, à La Chaux-de-Fonds, souligne le scandale des écrins commandés en Asie par les plus grandes marques de luxe, contrairement à l’esprit même du Swiss Made, dont on affecte tant de faire grand cas], de nouvelles mesures de chômage technique dans les grandes manufactures [à Genève comme à Fleurier] et toujours de volumineux dossiers à l’étude pour des « charrettes » en vallée de Joux, à Genève et sur l’axe Le Locle-Neuchâtel. Exaspérante routine de crise…
• BIZARRE : si vous avez des surstocks de rouages, d’engrenages et de composants horlogers, vous avez la possibilité de vous recycler dans le steampunk, par exemple en transformant ces stocks inutiles en interrupteurs électriques. Fournisseurs en panne de commandes, si vous manquez d’idées, The Steampunk Workshop a pensé à vous !
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