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Rien n’ira plus et les jeux seront faits pour quelques mois si les porcs grippés s’en mêlent et ommencent
à paralyser le peu qui reste de commerce international !
Pas encore vacciné, sauf contre la langue de bois de l’information pré-conditionnée, votre Quotidien des Montres prend le risque de vous promener un peu partout à travers le monde, et même aux Etats-Unis…
••• SEIKO : le superbe chronographe Ananta commence à faire parler de lui, mais pas forcément comme Seiko l’aurait souhaité. Business Montres en parle d’autant plus librement que ce nouveau concept a été qualifié, ici même, de « chronographe le plus bluffant de Baselworld 2008 ». Il s’agissait évidemment du mouvement, héritier du « premier-chronographe-automatique-de-l’histoire-horlogère », catégorie qui était cette année assez encombrée, avec quatre prétendants à la couronne !
Pour ce qui concerne le design de la boîte, léger malaise ! Seiko se flatte de l’originalité de cette création en « cuvette ». C’est très vrai dans l’usinage de la boîte, évocateur des techniques de forge des katanas (sabres du Japon traditionnel), et dans le polissage, lui aussi digne des grands artisans de l’archipel.
C’est plus problématique pour ce qui concerne le design, manifestement inspiré des boîtiers cuvette réalisés pour Villemont (design 131136 du registre des illustrations du Swisseg), ainsi que dans le fonds et les cornes monobloc imbriquées dans la forme bassinée du boîtier.
Le dessin de la couronne est tout aussi révélateur : on le retrouve sur la même référence du Swissreg, déposée par Nicolas-Barth Nussbaumer, un des plus talentueux designers suisses – dont l’agence, White (Neuchâtel) a aussi dessiné un boîtier « bassiné » pour la montre sportive de Jaquet Droz, ainsi que quelques TAG Heuer, Louis Vuitton, Maurice Lacroix et autres Chaumet…
Villemont avait été victime du même « détournement de boîtier » de la part de Reuge, dont la montre Mermod Frères ressemblait étrangement au concept Villemont : c’était normal puisque les deux maisons avaient… le même actionnaire. C’est plus surprenant avec Seiko, encore qu’on se souvienne, chez les anciens de Villemont, du passage du patron du Seiko Design Center sur le stand de la marque à Baselworld : apparemment, il avait apprécié !
Ci-dessus : en photo, le boîtier « bassiné » et la couronne Seiko ; en cartouche noir et blanc, les dessins de White pour Villemont, avec le même concept « bassiné » et une couronne dans la même veine d’inspiration. C’est beaucoup pour un seul modèle. Sans commentaires…
••• NE PAS EN CONCLURE TROP VITE que l’un « pompé » l’autre : ce serait trop simple, pour ne pas dire simpliste. On ne peut exclure des « coïncidences » stylistiques, inévitables quand trop d’équipes travaillent sur des concepts trop proches. D’autant qu’une large part de l’intérêt de la collection Ananta vient des finitions exceptionnelles du miroir (on peut vraiment parler de « miroir ») et de la qualité du mouvement.
Dommage que, pour sa première collection haut de gamme lancée hors du Japon à destination du monde entier, Seiko prennent ainsi le risque de voir ses montres entachées d’un soupçon détestable…
••• ART CONTEMPORAIN : un livre savoureux, que tous ceux qui imaginent des rapprochements créatifs et féconds entre les montres de luxe et l’art contemporain devraient lire. Il est signé de l’académicien français Marc Fumaroli : Paris-NewYork et retour. Voyage dans les arts et dans les images (éditions Fayard, 600 p.) se pose en dénonciation – aussi remarquablement argumentée que vigoureusement polémique – du « grand champ d’épandage visuel » qu’est devenu l’art officiel d’une culture esthético-industrielle dominée par la publicité et le « marketing mondial à l’américaine ». Un grand Barnum artistique dont l’auteur fustige la « nullité » et l’inculture du mode consommatoire dominé par les valeurs de l’argent. Les « vaches sacrées » des beaux-arts style XXIe en prennent plein les pinceaux et l’artytainment de la peinture-spectacle aura du mal à se relever de cette passe d’armes…
••• LES ICÔNES DE L’ART CONTEMPORAIN SORTENT ÉTRILLÉES de cette confrontation avec un des esprits les plus incisifs du moment, servi de plus par une plume aussi précise qu’acérée. Même quand on aime l’art contemporai, ses clins d’œil et ses interrogations [ce qui est mon cas, j’assume sans honte], on ne peut rester insensible à cette salutaire entreprise de déboulonnage, dont on regrettera seulement qu’elle finisse par donner raison aux artistes trop sages qui se contentent de répéter sans jamais prendre de risque.
••• EN VRAC
••• sans trop entrer dans les détails et sans faire trop de commentaires...
quelques informations qui méritent d’être relevées dans l'actualité des montres, de ceux qui les font, de ceux qui les vendent et de ceux qui les portent...
• ROLEX + JAEGER-LECOULTRE : il faut maintenant s’excuser quand on porte une belle montre ! Interrogé par France Info dans l’émission Parlons Net, le publicitaire Thierry Saussez, reconverti en « délégué interministériel à la Communication » du gouvernement français, explique aux journalistes qu’il porte une Rolex. En s’obligeant à préciser qu’elle lui a été offerte en cadeau quand il avait vingt ans ! On apprend au passage qu’il a été directeur adjoint de la communication de Jaeger-LeCoultre, dans les années soixante-dix [la discussion horlogère intervient à la minute 03:30 de la vidéo de l’émission]…
• BLUMLUX : c’est le nom du nouvelle marque de montres américaine, qui s’est déjà fait connaître pour ses bijoux, présentés dans différents shows. Créée par Nick Blum, la marque Blumlux débarque sur le marché avec une proposition étonnante : une Louie Quattro – c’est le nom du modèle – qui a pour objectif de faire aimer les diamants aux hommes. Boîtier rectangulaire massif (55 x 45 mm) aux flancs cintrés, 50 diamants noirs sur le cadran et sur la lunette, mouvement suisse et verre saphir « curvex » : on sera au final dans les 5 000 euros…
• ALAIN SILBERSTEIN : les plus belles moustaches de l’industrie horlogère franco-suisse ont désormais sous la protection de la loi, puisque l’entreprise vient de demander à bénéficier de la procédure de redressement judiciaire [on sait que le code commercial français est beaucoup plus protecteur des intérêts de l’entreprise que la loi suisse : en France, un règlement judiciaire est une simple mesure de suspension des créances de la société].
Le tribunal de commerce ayant accepté la poursuite de l’activité, cette mesure permettra à Alain Silberstein de renégocier l’étalement de son endettement, mais surtout de sécuriser ses approvisionnements pour livrer – et facturer – les commandes prises à Baselworld dans le cadre de The Watch Factory. Une stratégie « défensive » qui lui donne un ballon d’oxygène pour tenir au moins jusqu’à la fin de l’année…
• DE GRISOGONO : Fawaz Gruosi a lui aussi provisoirement sauvé son entreprise grâce à une injection de fonds « family and friends » comme on dit dans le quartier des banques à Genève [ce qui ne veut rien dire, les capitaux pouvant provenir d’Arabie séoudite aussi bien que de Suisse ou d’Allemagne]. Une solution qui lui permet de se mettre en position d’attente pour livrer ses commandes de Bâle : l’été 2009 sera sans doute moins flamboyant que les précédents, mais la manufacture a la tête hors de l’eau…
••• CE QUI N’EST PAS FORCÉMENT LE CAS DE SES CONCURRENTS : on parle beaucoup, toujours dans le quartier des banques, d’un mini-groupe de haute horlogerie à la recherche désespérée de 120 millions… Et ce n’est pas pour payer l’essence de la Rolls du patron !
• BREGUET : une bonne synthèse de l’histoire de la montre Marie-Antoinette et de son odyssée rocambolesque dans le Telegraph (Royaume-Uni) du 24 avril…
• CRISE : la filiale suisse d’un des principaux groupes horlogers mondiaux s’apprête aujourd’hui à vivre un moment historique. Une baisse de 10 % de tous les salaires (base annualisée) doit être votée à main levée par le personnel ! La même filiale – déjà « dégraissée » de 10 % de ses effectifs en janvier – a déjà annulé la quasi-totalité du bonus de son personnel, décrété que tous les vols se feraient désormais en classe éco et supprimé toutes les voitures de fonction de l’encadrement…
• LVMH : remarque bizarre d’un analyste zurichois sur la sévérité de nos analyses sur la sous-performance horlogère de LVMH. « C’est un effet naturel du déstockage classique de début d’année », m’assure-t-on ! Sans doute par partie, mais la correction sévère enregistrée dans les comptes (- 41 %) dit clairement à quel niveau inquiétant les stocks étaient montés, probablement par le gonflement cosmétique du sell-in en fin 2008. Ce surstockage ahurissant avait d’ailleurs était analysé et évalué à l’équivalent de cinq à huit mois de production par Business Montres en février dernier. Il en faudra des ventes et des ventes pour éponger de tels surplus, qui bloqueront par principe la reprise des ventes pour les collections 2009 !
• ZENITH : dans l’analyse de l’« affaire Nataf » au prisme d’Internet (Business Montres d’hier), il manquait un élément déterminant, le décodage des images qui accompagnait les commentaires… Thierry Nataf flamboyant ou austère, top-model ou businessman, seul, cadré serré ou en joyeuse compagnie : tout était dit dans le choix du visuel, qui pouvait d’ailleurs avoir été pioché à la même source, le stock-shots officiel Zenith [à quelques mois d’intervalle, certaines images sont ravageuses !]…
• En toute objectivité, sans les génuflexions de la presse financée par la publicité horlogère, « Le patron de Zenith débarqué » : une analyse de L’Est républicain (France), dont on n’est pas obligé de partager toutes les opinions – mais il faut comprendre que le cas Zenith intéresse directement les frontaliers de Franche-Comté…
• THIERRY NATAF : on ne l’avait pas compris ainsi, mais Thierry Nataf avait en fait glissé un message d'adieu dans sa dernière interview à Europa Star. Interrogé fin mars par l’excellent Malcolm Lakin, il confie : « Après toutes ces années à la tête de Zenith, je voudrais dire que j’ai eu la chance de voir l’étoile de Zenith remonter très haut dans la galaxie… Merci à toutes les équipes de la manufacture, des seize filiales à travers le monde ; merci aux détaillants et merci à tous les clients et tous les aficionados de Zenith. Sans eux tous, aucun succès n’aurait été possible. Et merci à tous les amis, ambassadeurs, journalistes, collectionneurs, commissaires-priseurs et leaders d’opinion qui ont soutenu notre travail… Zenith continuera, dans les années à venir, à montrer le chemin : c’est la destinée d’une marque placée sous le signe de l’étoile ! »
••• ON N’AVAIT ÉVIDEMMENT PAS INTERPRÉTÉ CE PASSAGE COMME UN TESTAMENT, mais, avec le recul, il sonne comme un péan d’adieux à la profession ! Une sorte de « prière des morts » en plein salon de Bâle : impressionnant… Au passage, on constate avec regrets que Europa Star n’a toujours rien publié sur le départ de Thierry Nataf : pas intéressant ?
• LA CALIFORNIE COMME REFUGE DES AMATEURS DE MONTRES : un candidat inattendu pour remplacer Arnold Schwarzenegger (grand ami d’Audemars Piguet) dans le fauteuil de gouverneur de Californie. Il s’agit de Georges Marciano, 62 ans, co-fondateur avec son frère Paul, de la marque Guess, qui reste une des plus fabuleuses aventures horlogères de ce début de siècle [pas loin de 7 millions de montres vendues tous les ans !]…
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