Après le foisonnement de Bâle, le Salon international de la haute horlogerie de Genève démarre sur les chapeaux de roues.

CE N'EST PAS une mais trois perles horlogères que nous avons trouvées en arrivant à Genève... Trois sujets qui vous réconcilient avec la vie. Trois montres aussi inattendues que spectaculaires dans un univers pourtant rompu à l'art du dithyrambe et aux « premières mondiales » de toute espèce. Première surprise sur le stand de Jaeger-LeCoultre où l'on nous avait promis - en toute modestie - une « véritable révolution ». Elle était là. La manufacture du Sentier a conçu la première montre mécanique qui fonctionne sans aucune lubri­fication, la Master Compressor Extreme Lab. Du jamais-vu quand on sait que l'horlogerie traditionnelle utilise depuis la nuit des temps de l'huile ou des graisses pour assurer le bon fonctionnement des rouages de ses calibres traditionnels. Or, avec le temps, ces lubrifiants se détériorent et altèrent la précision de la montre si elle n'est pas révisée.

« Nous avons mis deux ans pour la développer, cela nous a coûté une fortune ! Mais elle pré­figure l'horlogerie de demain, s'enorgueillit Jérôme Lambert, PDG de Jaeger-LeCoultre. Comme on n'utilise aucun lubrifiant, la montre peut fonctionner ­éternellement et résister aux ­températures les plus extrêmes. On l'a testée à + 60 et à - 40 degrés, elle ne bouge pas. » Son secret ? Un mouvement repensé autour de composants allégés et reprofilés dans 13 matériaux high-tech... Et comme si cela ne suffisait pas, Jaeger-LeCoultre lui a adjoint une complication supplémentaire : un tourbillon... Le tout pour un prix d'environ 200 000 euros.

Une pyramide de diamants

Autre surprise de taille chez Piaget où le port de lunettes noires s'est révélé obligatoire au contact des montres de haute joaillerie présentées, hier, dès potron-minet. La marque en a montré sept d'une valeur globale de plus de sept millions de francs suisses, pour un total de près de 300 carats et 5 500 heures de travail. Et cette année, le « joaillier de l'horlogerie » s'est surpassé. La pièce phare, la Diamond Emperador Temple, est éblouissante. Imaginez une montre qui, de profil, ressemblerait à une pyramide de diamants dans laquelle se cacheraient deux mouvements, l'un à quartz, l'autre mécanique. On actionne un diamant et, hop, apparaît un premier mini-cadran, puis un deuxième surgit, révélant la beauté d'un tourbillon, le 602 P Manufacture Piaget. Quant au travail de sertissage des 1 144 diamants baguette (106,52 carats) qui recouvrent entièrement l'or blanc de la monture, il est tout bonnement extraordinaire. Une pièce insensée et unique à 3 millions de francs suisses.

Un bandit manchot miniature
Last but not least, Girard-Perregaux qui vient de décrocher le gros lot avec la Vintage Jackpot Tourbillon. Une montre incroyable qui, non content de donner l'heure, d'avoir un tourbillon à 6 heures, fait également office de machine à sous... Pour ce faire, la marque a entièrement désossé un authentique bandit manchot de manière à en reproduire, en version miniaturisée, le mécanisme dans cette montre. Quatre ans et demi de développement pour ce sujet extravagant et plein d'humour. Il suffit d'actionner le levier placé sur le côté du boîtier pour voir les trois rouleaux tourner. Un jackpot à environ 615 000 francs suisses.

Le Figaro Madame