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Les transferts du printemps ne font que commencer (Zenith, Swatch, CK Watches et les autres, qui ne vont pas tarder) : votre Quotidien des Montres reste à l’affût de ce qui se passe pour vous dévoiler et anticiperce qu’il faut retenir de ces changements et donner ainsi du sens à l’actualité des montres.
On vit une époque formidable !

••• BUSINESS MONTRES N’EST QUAND MÊME PAS UNE AGENCE DE PRESSE OFFICIELLE ! Merci à mes chers confrères de me lire avec autant d’attention : soyez tout de même assez gentils pour citer de temps en temps Business Montres quand vous y trouvez une information que vous vous empressez ensuite d’aller vérifier à la source avant d’en faire une « actualité » originale…
••• IL FAUDRA QUE JE PUBLIE UN JOUR les statistiques de fréquentation de Business Montres en fonction des adresses d’origine. Notre scoop d’hier sur Arlette Emch comme nouvelle présidente de Swatch a visiblement électrisé les rédacteurs horlogers, pour la presse grand public comme pour les sites spécialisés !

••• REBELLION : un nouveau chronographe RE-2 pour la marque lausannoise, qui a réussi cette année, à Baselworld, un rétablissement spectaculaire. Lancée en 2008 sans vrai professionnalisme, Rebellion a choisi d’effacer ce mauvais départ en renouvelant son équipe horlogère (complications – tourbillon, etc. – assurées par Laurent Besse, Les Artisans horlogers) et en changeant son design (nouveaux dessins d’Eric Giroud).
Ce chronographe RE-2 (ci-dessus) témoigne de ce renouveau stylistique, avec un boîtier à la fois plus élégant [c’est une question d’angles, de courbes affinées et de lignes mieux tendues] et plus musclé, des dimensions impressionnantes (46 x 56 mm) et tous ces petits détails horlogers qui font la différence (complexité du cadran, aiguilles retravaillées (la seconde à 9 h en pale), vis originales en hélice, couronne bodybuildée, mouvement chronographe « retour en vol » doté d’une roue à colonnes, rotor en or, etc.).
••• IL N’EST JAMAIS ÉVIDENT de se repositionner, surtout après… un an d’existence ! C’était courageux de la part de l’équipe, qui a tout purgé pour revenir au meilleur niveau. Le travail d’Eric Giroud est impressionnant : sans toucher au volume de la montre, il a su la transfigurer en lui apportant la puissance et la substance qui lui manquaient !

••• LÉON HATOT : le récent reclassement de nombreux membres de l’équipe au sein d’autres entités du Swatch Group laissait penser depuis un moment à un redimensionnement de la société. D’autant que Baselworld n’avait pas – en dépit d’un superbe stand [tiens, au fait, qui va récupérer cet espace à Baselworld 2010 ?] et des efforts un peu désespérés de l’équipe – permis de trouver un second souffle en termes de commandes, dans un contexte de stocks particulièrement alarmants…
••• LA VRAIE QUESTION POLÉMIQUE EST À PRÉSENT celle des six boutiques de la marque (Paris, Cannes, Courchevel, Tokyo, Taipeh, Genève), dont certaines ont déjà été « débranchées ». La plus convoitée par les autres marques du groupe est celle de place Vendôme (ex-boutique Breguet) : les candidats ne manquent pas, alors même que le Swatch Group repense son quadrillage du quartier (Omega, Blancpain, etc.).

••• ZENITH : après l’annonce officielle du remplacement de Thierry Nataf par Jean-Frédéric Dufour (divulgation par Business Montres le 4 mai, conjointement avec Forumamontres, on comprend mieux les raisons du choix opéré par Philippe Pascal. C’est avant une décision « industrielle » : Jean-Frédéric Dufour l’a emporté à cause de son expérience dans la production des mouvements, acquise chez Ulysse Nardin [où il avait croisé Jean-Claude Biver pour la première fois], chez Blancpain [où il était devenu un de ses fidèles lieutenants] et chez Chopard [qui lui doit les premiers mouvements de la manufacture L.U.C. de Fleurier et tous les récents développements en haute horlogerie, ainsi qu’une redynamisation de la collection Mille Miglia].
Déjà évoqué par Business Montres, le dossier des échappements à haut fréquence – ouvert chez Chopard par Jean-Frédéric Dufour, alors même que Thierry Nataf l’ouvrait chez Zenith – devrait avancer encore plus rapidement. D’autant que cette piste de recherches est également explorée par d’autres manufactures suisses, tout comme par Seiko…
••• ON EN DÉDUIRA QUE LVMH règle avec Jean-Frédéric Dufour un problème d’« outil industriel » pour ce qui concerne la manufacture du Locle. Ne pas oublier, cependant, que le futur président de Zenith est un vrai connaisseur des arcanes du métier et il affiche une vraie « sensibilité produit » : on en déduira aussi que Zenith n’entend pas renoncer aux ambitions assignées à la marque par Thierry Nataf. Pour sa première présidence [il n’a encore jamais dirigé une marque], Jean-Frédéric Dufour bénéficiera des procédures et de la logistique LVMH, ce qui n’est pas rien et ce qui lui permettra de donner le meilleur de lui-même dans les « copeaux » [c’est un spécialiste de la production et de la manufacture] comme dans la consolidation des collections actuelles.
• On reste cependant frappé par le contraste humain qui existe entre Thierry Nataf et Jean-Frédéric Dufour. A croire que LVMH a voulu physiquement et psychologiquement souligner le changement d’ère : moins de champagne dans les verres et plus d’huile dans les machines !

••• JEAN-CLAUDE BIVER : il est évident que le président de Hublot sort directement renforcé de l’arrivée chez Zenith de Jean-Frédéric Dufour, dont il avait soufflé le nom à Philippe Pascal. C’est un bon indice de l’influence discrète de Jean-Claude Biver au sein du groupe, qui a l’intelligence de lui laisser une paix royale pour mener ses affaires à sa guise. Il est plus que jamais le « gourou » de référence et on peut imaginer que le nouveau président de Zenith aura une ligne directe avec le président de Hublot !
••• LE « RÉSEAU BIVER » – les chevaliers Jedis et les padawans formés tout au long d’une carrière dans la montre – constituent un gisement inégalé de talents et de fidélités à mettre au service du groupe LVMH, lors de ses prochains remaniements présidentiels…

••• CHOPARD : le départ de Jean-Frédéric Dufour accroît sensiblement le désarroi d’une manufacture familiale déjà déstabilisée par la démission de son directeur général, François Tissot (révélation Business Montres du 13 octobre dernier) et de plusieurs cadres de haut niveau. Au passage, il semblerait que François Tissot ait réussi son exfiltration hors de l’horlogerie en se réinscrivant au barreau !
••• ON SEMBLE REDOUTER CHEZ CHOPARD d’autres départs, notamment ceux d’anciens compagnons de route de Jean-Claude Biver, qui pourraient être tentés par la reconstitution d’un « réseau JCB » au sein de LVMH…

••• FORUMAMONTRES : le premier forum horloger francophone fête ses quatre ans. Alors que personne ne misait un centime sur le concept initial, Forumamontres a su créer une formule qui connaît aujourd’hui un incroyable succès : plus de 700 nouveaux inscrits tous les mois et à peu 30 000 messages « postés » chaque mois. Un succès qui relègue très loin celui des forums anglophones – qui semblent avoir du plomb dans l’aile, faute d’avoir su renouveler leur concept – et des autres forums francophones, généralement plutôt ennuyeux ou franchement sectaires. Les statistiques de Forumamontres ridiculisent également les prétentions de fréquentation affichées par la plupart des sites marchands…
Pour son quatrième anniversaire, Forumamontres s’est offert un nouvel espace photos [pour les fanatiques des photos de montres, en macro ou en situation], un espace Bourse d’emplois [considentiel et réservé aux demandeurs d’emploi] et d’un nouveau forum dédié à Panerai.
••• JE ME RÉJOUIS D’AUTANT PLUS FRANCHEMENT du succès de Forumamontres que j’ai longtemps été le seul journaliste non seulement à en parler, mais aussi à y apporter des informations à visage découvert. Parfois au prix de vives polémiques, qui sont la loi du genre et la rançon de la liberté. C’est sur des espaces comme Forumamontres que s’inventent beaucoup des concepts qui révolutionnent aujourd’hui l’information horlogère et qui s'imposeront demain. Seuls quelques présidents ont compris et pris en compte cette nouvelle logique éditoriale : ils ne peuvent que se féliciter d'être montés dans le bon wagon. Les autres, à l’abri derrière leur pseudo [la peur de se révéler], regardent les balles passer…

••• ZAPPING •••
Quelques petits riens sur un peu de tout…

• ROLEX : horreur, on a refilé au président croate Stipe Mesic une fausse Daytona ! C’était, nous raconte le Croatian Times, un cadeau de Ramo Dedic, le leader local de la minorité rom. Il suffisait de regarder la montre (17 000 euros en vitrine) pour savoir qu’elle était fausse (380 kunas, soit 50 euros sur le marché de Sarajevo). « Nous les Gitans, nous aimons bien faire des blagues », a expliqué le généreux donateur…

• RJ-ROMAIN JEROME : pauvre Yvan Arpa, qui n’arrête pas de se faire piller ses idées ! Après les Titanic américaines dénichées par Business Montres (4 mai), on lui détourne à présent la légende Roswell, qu’il avait été le seul à oser avec son extravagant tourbillon Roswell – qui était un film fantastique sous le cadran ! Les inspirés de la marque « suisse » De Boulay & Korn (Chevenez) viennent ainsi de lancer un chronographe Alien Spot, « born in Roswell, 1947 », en nous assurant que son boîtier 45 x 48 mm est « réalisé à partir du mystérieux alliage du vaisseau spatial extra-terrestre de Roswell ». Il existerait même un Fan Club de la marque sur Facebook. Côté pastiche, ce serait drôle – notamment le film sur YouTube – si c’était original...

• EBEL CONTRE HUBLOT : c’est-à-dire Arsenal FC contre Manchester United FC. Le duel se passe sur les terrains de football. Hier soir, à Londres, en Ligue des Champions, c’était du 3-1 en faveur de Hublot…

• LOLO & MIMILE : Laurent Picciotto et Richard Mille (pour les non-initiés) ont le plaisir de vous annoncer la naissance de la RM 010 Chronopassion, version « boutique » éditée à 50 exemplaires de la célébrissime Richard Mille RM 010, déclinée pour Chronopassion en DLC noir avec des index au Superluminova bleu. Ne pas manquer la photo officielle de ce pacs horloger, avec les deux compères en Blues Brothers de la (très) haute horlogerie nouvelle génération – celle qui ne se prend pas au sérieux…

• L’ÉMÉRAUDE (LAUSANNE) : une pensée pour Patrick Cremers, victime hier d’une nouvelle attaque à main armée (la seconde en quatre ans), et pour son personnel, évidemment choqué. Comme quoi il y a encore des amateurs de belles montres, même s’ils ne sont pas décidés à les payer au prix catalogue !

• TERMINATOR SALVATION : ce sera le temps fort de la fin avril sur les écrans, avec une interrogation sur la montre capable d’accompagner le film. Pour la précédente édition, Audemars Piguet avait équipé Arnold Schwarzenegger d’une impress ionnante Royal Oak T 3. Aucun objet horloger associé au programme de cette quatrième édition (Terminator Salvation : The future begins pour les non-initiés), alors que le buzz est de plus en plus intense sur Internet : John Connor est-il privé de montre ?
••• LE RETOUR DE STAR TREK après quarante ans d’incubation (cette semaine sur les écrans) semble avoir été tout aussi négligé par les marques d’horlogerie : on dit pourtant que les « ovnis horlogers » sont à la mode…

• DE BEERS : 90% de diamants en moins pour les trois premiers mois de l’année chez De Beers, qui a fermé ses mines africaines afin de créer une pénurie capable de maintenir les cours, mais aussi pour accompagner l’effondrement de la demande de la part des marques de luxe…

• BLING-BLING : sous le titre « Le luxe bling-bling est rattrapé par la crise », Le Monde (France) ne manque pas de clouer les montres au pilori pour évoquer « la crise du luxe dans le monde entier ». Apparemment, nos chers confrères n’ont pas compris que leurs salaires étaient largement assurés par les annonceurs horlogers…

• SALON : aucun horloger ne semble devoir être présent au prochain salon 1.618 « Sustainable Luxury Fair » (14-17 mai, à Paris). Apparemment, le thème du développement durable dans le luxe n’a pas fait recette, alors qu’il constitue une des questions les plus pressantes qui seront adressées dans les années à venir aux industries du luxe. Un rendez-vous manqué ?

• CONSOMMATION : une nouvelle tendance est décelable chez les amateurs de produits de luxe [donc de montres]. Ils « picorent » dans les boutiques, en concentrant leurs achats sur quelques produits, au besoin plus chers, mais aussi plus « signifiants » à leurs yeux. Le panier moyen ne baisse pas forcément, mais la quantité n’y est plus et la visite au point de vente est moins régulière. Mieux par moins : la nouvelle équation du luxe marchand ?

• À SURVEILLER DE PRÈS : quelques extraordinaires ventes aux enchères de voitures anciennes dans les semaines qui viennent, avec des engins rarissimes à la « Ferrari Leggenda e Passione » (17 mai, à Maranello, en Italie) ou des Aston Martin de légende (Bonhams, 9 mai, à Newport Pagnell, au Royaume-Uni). La vente Artcurial du 27 avril donnait déjà une tendance d’un marché à peu près parallèle à celui des belles montres de collection : inflation du rare et de l’exceptionnel, déflation de l’engouement spéculatif et de l’effet de mode…