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Bonne humeur, bons plans et bonnes initiatives dans l’actualité des montres
 
Le 08-05-2009
de Business Montres & Joaillerie

Le front horloger s’anime et votre Quotidien des Montres a délégué, comme toujours,son « sniper du vendredi » pour améliorer l’ordinaireen débusquant des nouvelles idées,des nouvelles montreset des nouvelles marques.

… Cette semaine, le sniper a…

••• TROUVÉ très bizarre le récent congédiement de Cécile Aguillaume, la conservatrice du musée horloger du Locle. Elle n’avait pourtant pas démérité ces dernières années, en redonnant un vrai coup de jeune à cette vénérable institution et en lançant, pour les 50 ans du musée, un nouveau concours de chronométrie – le premier en Suisse depuis près de 40 ans ! Les premiers tests de ce concours devraient d’ailleurs commencer dans deux semaines : une quinzaine de marques sont concernées. Les résultats devraient être proclamés début 2010. « Historienne » de la montre, Cécile Aguillaume était passée par le groupe Richemont avant de rejoindre Le Locle.
••• À QUELQUES JOURS DE LA CÉLÉBRATION de ce cinquantième anniversaire, cette éviction inopinée de la personne qui a tout organisé fait un peu désordre. D’autant que la presse locale se fait nettement accusatrice et parler, à mots couverts [avec des arguements apparemment puisés du côté des limogeurs plutôt que de la limogée], de problèmes financiers : aurait-on « tapé dans la caisse » ? C’est d’autant plus improbable qu’il n’y avait pas vraiment de caisse. La suractivité professionnelle de Cécile Aguillaume aurait-elle dérangé le ronron de l’établissement loclois ? On ne peut pas l’exclure : quand on accélère trop vite avec une vieille guimbarde, on a toutes les chances de quitter la route. C’est quand même stupéfiant de voir un conseil communal communiste – un des derniers d’Europe ! – licencier quelqu’un le 1er mai…

••• HISSÉ la voile d’Okalys, le multicoque engagé par Corum dans le nouveau Grand Prix Corum, coup d’envoi de la saison nautique à Genève (neuf courses regroupées en Challenge Julius Bär, compétition monotype sur Décision 35). Corum attache ainsi son nom à l’ancien Grand Prix de Genève [un paradoxe pour une marque de La Chaux-de-Fonds] et prend la place de Chopard : dans l’univers nautique, c’est désormais la seule visibilité sportive de la marque, qui soutient par ailleurs un champion de voile comme Ben Ainslie et qui fêtera l’année prochaine les cinquante ans de sa légendaire Admiral’s Cup [une série spéciale en titane noir a été confiée à l’équipage d’Okalys, ci-dessus en pleine action]. Les régates du Grand Prix Corum auront lieu ce week-end sur le lac, à bord de ces D35 qui sont considérées comme des « Formule 1 » de la régate en plan d’eau fermé, et on trouvera, face à Okalys-Corum, des équipages de premier plan comme Alinghi, Banque populaire ou Foncia, barrés par des stars de la voile dont Loïck Peyron, barreur de luxe< d’EM>Okalys-Corum…
Ce parrainage de Corum est un investissement minime (100 000 à 200 000 francs suisses selon le périmètre du budget retenu) pour un impact image/communication optimal : on y reconnaît la « patte » d’Antonio Calce, qui a négocié ferme pour faire exister ce Grand Prix Corum et qui va en profiter pour en faire un événement pilote pour ses marchés européens. Un petit tour dans la rade de Genève au mois de mai n’a jamais fait de mal à personne, et ce sont pas les détaillants anglais, italiens, allemands ou ibériques qui s’en plaindront. En période de crise, autant soigner ses marchés-clés : l’Europe représente aujourd’hui un tiers de l’activité de Corum, qui a retenu, depuis l’arrivée d’Antonio Calce à sa présidence, une stratégie de redéploiement sans paillettes, ni effets de manche.
••• CORUM A REPRIS DE L’ÉLAN : après le mouvement de la récente T-Bridge [une des montres-événements de Baselworld 2009], un autre mouvement est à l’étude, avec le souci de maîtriser toujours plus profondément la logistique industrielle [c’est la spécialité d’Antonio Calce] et la maîtrise par la marque des métiers horlogers élémentaires pour garantir son indépendance à long terme [il faut de toute façon des mouvements d’une taille plus généreuse pour équiper la nouvelle génération des boîtiers en 48 mm]. L’équipe elle-même a été renforcée de nouveaux talents. L’autre axe de cette stratégie est la refondation du réseau sur les bases d’un nouveau http://www.snyper-watches.com/professionnalisme et d’un engagement capable de résister aux crises [c’est une des missions de l’excellent Michel Ferracani, qui a quitté la direction marketing de Piaget pour rejoindre la nouvelle aventure Corum] : sur les pontons de la Nautique, à Genève, on pourra juger ce week-end de la motivation des nouveaux relais de Corum en Europe…

••• SALUÉ l’arrivée du nouveau président de Perrelet : l’Américain Michael Goldstein [dont Business Montres avait salué l’excellent blog personnel et officieux] devrait s’installer dans le fauteuil abandonné par Marc Bernhardt juste avant Bâle. Passé par Hublot, Audemars Piguet et d’autres marques de luxe, c’est un excellent connaisseur de la haute horlogerie. Il dirigeait jusque-là Perrelet North America.
••• INFORMATION NON OFFICIELLEMENT CONFIRMÉE chez Perrelet, où cette nomination devrait dynamiser les équipes en place après quelques mois de flottement…


••• DÉCOUVERT, en ligne, les premières images du concept Snyper, mis en place côté horloger par Jean-François Ruchonnet (Cabestan). On peut découvrir sur le site de la nouvelle marque des montres qui s’affirment à la fois « furtives » et musclées : un bon mix de ce que serait une Big Bang passée à la moulinette en même temps qu’une Royal Oak, une Concord C1, une TechnoMarine et quelques autres « patates » contemporaines bodybuildées. Le résultat est intéressant, à défaut d’être très original (boîtier 44 mm en PVD noir et classique chrono 7750), avec la panoplie habituelle des rivets apparents, du caoutchouc noir sur boîtier-cadran noir, des angles vifs et des aspérités qui accrochent le regard (bel ensemble poussoirs/couronne). Du coup, il manque cet épice qu’est l’émotion d’une vraie disruption…
••• LE CONCEPT COMMERCIAL semble avoir évolué depuis les premières approches marketing : on reste dans une boutique on-line couplée avec certains points de vente dans la distribution traditionnelle. Au passage, on a perdu l’idée d’une exclusivité « confidentielle » et réservée aux initiés, au profit d’une « montre de copains » pour une communauté de « snypers » dans le style beaux gosses dragueurs de la Côte-d’Azur.


••• PRIS une grande leçon d’horlogerie en découvrant les 70 horloges de la Renaissance rassemblées par Osvaldo Patrizzi pour sa prochaine vente du 24 mai à Milan (exposition à Genève ce week-end, dans ses nouveaux locaux genevois, du 9, rue de la Cité). Collection extraordinaire, comme on n’en n’avait plus vu depuis près d’un siècle et demi, mais surtout formidable démonstration d’histoire horlogère : toute la génétique de l’actuelle révolution horlogère était en place dès les années 1550-1650 et nous n’avons plus eu qu’à réinventer en permanence sur la base des jalons ainsi posés. Dès le milieu du XVIe siècle, on trouvait ces cadrans à « heures du monde » qui donnaient l’heure de Tokyo et de Mexico aussi bien que nos GMT. Certains mouvements ressemblent à des Cabestan et on trouve sur d’autres des dispositifs de « force constante » particulièrement admirables. Une vraie leçon d’esthétique horlogère et de… modestie mécanique !
incroyable,
••• DEUX BONNES NOUVELLES POUR CETTE VENTE : le retour des fameux catalogues Patrizzi, en version papier (beau volume relié) et non seulement électronique. Au moins, on peut les lire et les relire sans écran ! Le concept « zéro commission » permettra également d’acheter à des prix plus que raisonnables [25 à 30 % de moins que dans les maisons traditionnelles] ces chefs-d’œuvre – souvent uniques, ou presque – de l’histoire horlogère, qui devraient se vendre sous le marteau à des niveaux nettement inférieurs à bien des prétentieuses créations contemporaines (15-20 000 euros en moyenne).
• Business Montres publiera ce week-end une chronique sur cette leçon d’horlogerie, qui a un autre avantage : l’absence totale de tout bling-bling : même pour des pièces horlogères qui étaient achetées par des rois et des puissants de ce monde, le fer, l’acier et le laiton s’imposaient. C’est rafraîchissant !

••• SUIVI avec beaucoup d’intérêt la polémique ouverte à Genève à propos des musées de la ville, et notamment du musée d’Horlogerie – inaccessible au public pour des mystérieuses raisons, ce qui est un comble dans une « capitale horlogère » et ce qui est encore plus étonnant quand on sait que le directeur des Musées d’art et d’histoire de Genève [dont le musée d’horlogerie fait partie] préside par ailleurs le Grand Prix d’Horlogerie ! Pour faire court, rien ne va plus dans ces musées, dont le management est jugé « flou, indécis, arbitraire et non participatif », voire « féodal » par les experts indépendants mandatés par la ville pour auditer ces institutions. « Les MAH affichent la perpétuation de codes culturels et muséographiques très dissuasifs pour toute population non initiée. (…) A qui s’adressent ces collections aseptisées d’un autre temps, étalées à longueur de mornes galeries ? » : c’est encore pire pour les collections horlogères, qui ne sont même plus exposées !
••• LA DÉMISSION DE CÄSAR MENZ, qui présidait les musées (et le Grand Prix d’Horlogerie) et qui conteste la pertinence de cet audit, risque cependant de ne pas changer la situation, à la fois par manque de ressources financières et par manque d’idées [au moins pour la partie horlogère] : et si les marques genevoises se décidaient à s’engager solidairement pour que Genève ait un musée digne de ce nom ? Economiquement, le moment est bien choisi : quand on n’a plus d’argent pour cause de crise, il faut avoir des idées…

••• BAVARDÉ avec Jorg Hysek (HD3), qui travaille à ses nouvelles créations « anti-crise » (Baselworld 2010). Une révision spectaculaire – mais pas déchirante – du style qui fondait jusqu’ici son identité : comme tout bon designer, il a reniflé l’air du temps et compris que le luxe vivait une extraordinaire mutation, qui pourrait renvoyer aux oubliettes les icônes d’hier, si ce n’est pas celles d’aujourd’hui. « Moins de bling et moins d’effets spectaculaires [on n’est plus obligé de mettre en valeur le moindre rouage]. Plus de retenue dans le style et de densité dans les contenus » : les nouvelles lignes hysekiennes en dévoileront moins tout en affirmant plus ! Détail complémentaire : cette actualité de la sobriété permettra également de proposer des montres nettement moins coûteuses – ce que les marchés et les détaillants réclament en trépignant d’impatience !
••• UN LUXE HORLOGER PLUS « DISCRET » EST-IL POSSIBLE ? C’est le vrai enjeu des prochains salons horlogers : comment montrer ce qu’on est sans trop se montrer ? Comment poser son identité sans s’imposer ?
• Question à se poser avant toute proposition de détail horloger : est-ce bien essentiel et indispensable ? Est-ce bien substantiel ? C’est sans doute cette nouvelle frugalité stylistique – antonyme absolu de la rapacité (greed) d’avant la crise – qui va interdire aux boîtiers de réduire leur taille, tout en leur enjoignant de réviser leur épaisseur, et qui va permettre l’explosion d’une nouvelle culture de la subtilité esthétique, avec la capacité de reconnaître la classe d’une belle courbe ou la tension d’une ligne réussie…

••• ÉTUDIÉ les premières propositions de mise en place d’un espace The Watch Factory pour Genève 2010. L’idée initiale était de monter cet espace avec le soutien de la Fondation de la haute horlogerie et l’assentiment du SIHH, en « salon off », dans l’ombre de Palexpo et dans le respect du concept testé à Baselworld : minimalisme décoratif et maximalisme expressif – tout dans les vitrines, rien dans les moquettes !
Si le test a été réussi à Baselworld, où il a fait l’unanimité chez les visiteurs, détaillants, journalistes et managers, c’était grâce au soutien de la direction du salon. Il n’en sera pas de même à Genève 2010, les responsables du SIHH ayant décliné l’offre, qui consistait à créer, à proximité immédiate du salon, un espace « low cost » capable de fixer à Palexpo des visiteurs qui étaient, en 2009, de plus en plus enclins à arriver tard et à partir tôt pour rendre visite aux 45 autres marques qui organisaient un événement dans la ville. Ce qui a fait du SIHH 2009 la « cantine horlogère » du tout-Genève…
••• FAUTE DE SE FAIRE AVEC LE SIHH, The Watch Factory se fera donc sans. Ce que tout le monde regrette. Ce sera dans un lieu central, mais dans le respect des mêmes conditions d’accès économiques, pour proposer aux détaillants et aux journalistes un pôle off, facile d’accès et capable de regrouper deux ou trois dizaines de marques ultra-créatives. Même ambiance conviviale qu’à Baselworld (open space et agora), même concept de sobriété esthétique, même efficacité commerciale et même volonté d’instituer un nouveau rapport au luxe…

••• VERSÉ une petite larme d’émotion quand Babette Keller, plus baroque, non-conformiste et extravertie que jamais, a reçu à Zürich le Prix Veuve-Clicquot de la Femme d’affaires 2009. Totalement atypique, son management de la microfibre à usage horloger (chiffons et gants) l’a placée, comme l’a déjà raconté Business Montres, en situation de monopole absolu ! Même Nicolas Hayek n’a pas verrouillé à ce point son marché. Le tout avec le plus beau sourire de toute l’industrie de la montre…
••• SACRÉE BABETTE ! Ne change rien ! Ne prends pas de gants – ni les tiens, ni ceux des autres – pour dire ce que tu penses et pour penser ce que tu dis, avec ta science particulière du franc-parler ! Ne te prends surtout pas pour une « femme d’affaires » et fais plutôt en sorte que ton « affaire de femmes » mette toujours un peu plus de douceur dans nos manipulations horlogères…

••• CONSEILLÉ aux amis qui veulent comprendre l’actuelle révolution de la presse écrite de lire l’excellente plaquette (téléchargeable) diffusée par l’Agence France Presse. « Médiapocalypse ou médiamorphoses » est, de loin, la meilleure synthèse et la plus accessible de ces dernières années : à lire absolument !
••• SI LE BESOIN D’INFORMATION reste plus que jamais déterminant, l’existence même des « journaux » (quotidiens ou magazines) est aujourd’hui problématique. L’information horlogère est ici directement concernée, avec le basculement en cours du print vers le Net, sans que personne ne puisse encore savoir jusqu’où ira cette glissade – tout ce qu’on peut deviner est qu’elle induira un bouleversement copernicien dans nos modes d’accès à l’actualité et dans nos procédures de diffusion de l’information…

••• DÉPLORÉ que l’humour se perde en milieu horloger : il faut préciser – au cas où certains ne l’auraient encore compris – qu’il fallait prendre au deuxième, troisième, quatrième, etc. degré l’« hyper-scoop » [à lui seul, ce néo-concept était une balise de… déstress] concernant « Les accablantes images de l’affaire Lolo-Mimile » (6 mai). C’était d’autant plus repérable que l’image publiée – qui n’était pas l’image officielle confiée à la presse – soulignait encore plus l’aspect parodique de ce « coup » de communication. Il est troublant – et légèrement inquiétant – qu’on ait pu prendre au premier degré l’hommage amusé de Business Montres. Les deux intéressés ne m'ont pas assigné devant les juges…
••• MISE EN PERSPECTIVE : quand deux copains – RM et LP – décident de créer une actualité horlogère en détournant les codes éditoriaux, pas question de s’empaler sur un balai pour rendre compte de cette information ! A pastiche, pastiche et demi. Il est vrai que, cette saison, les poissons d’avril se consomment à la sauce aigre-amère !

 



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