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EPHJ 2009 : La premières impressions du franc-tireur...
 
Le 14-05-2009
de Business Montres & Joaillerie

... au rendez-vous de Lausanne, très attendu par tous les fournisseurs.

Les uns s’intéressent au Festival de Cannes.
Les autres ont rendez-vous à Lausanne, où se tient l’édition 2009 de l’EPHJ : pour les sous-traitants horlogers, sérieusement malmenés par la crise économique, c’est à la fois le salon de la dernière chance et le salon de la renaissance.
Explications…

••• ENVIRONNEMENT PROFESSIONNEL HORLOGERIE-JOAILLERIE :
On a connu plus glamour comme nom de baptême pour un salon, mais si on le prononce E.P.H.J., c’est tout de suite plus sérieux et plus… professionnel. L’idée de réunir à Lausanne l’ensemble de sous-traitants horlogers, en mettant l’accent sur les microtechnologies [le côté EPMT : Environnement professionnel microtechnologies], s’est imposée dans le paysage horloger : cette septième édition de l’EPHJ a fait le plein d’exposants horlogers [350, et on n’en mettra pas un plus, faute de place, dont une quarantaine de « nouvelles têtes » par rapport à 2008] et accordé encore plus de place aux microtechniques, désormais ouvertes à tous les secteurs non-horlogers – ce qui est parfois bien pratique pour trouver de nouveaux débouchés et décrocher de nouvelles commandes [nous reviendrons plus tard en détail sur l’EPMT].

Un mot sur l’ambiance générale de l’EPHJ : démarrage en douceur, comme tous les ans, les principaux donneurs d’ordre des marques se déplaçant plutôt en fin de semaine, avec une première journée plus micro-milieu que les autres [une impression de rester « entre soi »].

Le moral est bon, même si les nouvelles sont mauvaises : de toute façon, la crise est là – tout le monde a fini par l’admettre, même ceux qui fanfaronnaient en début d’année avec un carnet de commandes à rallonges : les annulations post-SIHH et post-Baselworld ont remis les compteurs à zéro. Les commandes, elles, ne sont plus là, alors qu’il faut continuer à payer les salaires et les machines.

D’où la chasse aux factures impayées par les donneurs d’ordre : un sujet qui fâche ! Et la chasse à tout ce qui peut donner du travail aux équipes : il n’y a plus de « petites » ou de « grandes » marques, mais des gens qui commandent ou des gens qui ne commandent pas…

La détermination est patente : avec la fin des années de vaches grasses, on réalise, côté sous-traitants, qu’on a sans doute été trop complaisant dans certaines dérives (délais, tarifs) et trop arrogant dans certaines relations humaines. Les illusions partenariales se sont évanouies avec les premières annulations « sèches » et la nécessité de procéder aux premiers licenciements. La mode serait plutôt aux partenariats entre fournisseurs et à la création de solidarités horizontales quand la mode était à la verticalisation des supply chains : il se pourrait même qu’une certaine déverticalisation s’impose comme nouvelle tendance et comme réaction anti-crise [nous y reviendrons] !

••• LA PREMIÈRE ET LA PLUS MANIFESTE DE CETTE SOLIDARITÉ HORIZONTALE :
C’est sans doute le fait de constituer un socle économique et culturel homogène. Contrairement à l’ambiance de Baselworld, l’EPHJ est résolument centre-européenne. On y parle surtout français [accent romand ou comtois de rigueur], avec une pointe de tonalité allemande ou italienne qui renforce cet ancrage alpino-jurassien. Ce détail linguistique change tout : « On est entre nous », c’est-à-dire entre gens de métier qui se fréquentent à travers des frontières très resserrées, pour certains depuis plusieurs siècles.

Une solidarité culturelle qui est assise sur un vécu commun, des traditions fortes et, surtout, une expérience des cycles économiques capable de relativiser les crises : c’est un facteur qui rend encore plus intolérable le manque de respect dans les relations personnelles et l’impression qu’ont pu avoir les sous-traitants d’avoir tiré les marrons du feu, en se brûlant les doigts quand d’autres faisaient festin.

Solidarité entre pairs, donc, avec des esquisses de regroupements, des micro-chaînes de métier qui s’agrègent pour mieux résister ensemble aux soubresauts économiques et des partenariats privilégiés qui pourraient reconstituer, à terme, les anciennes confréries médiévales : la tendance est clairement corporatiste – exprimée en exigence de respect plutôt qu’en revendication syndicale. Un nouveau rapport de forces s’établit dans l’univers de la sous-traitance, à peu près symétrique avec celui qu’on sent à l’œuvre, encore sourdement mais de plus en plus nettement, dans l’univers de la distribution.

La consolidation est affinitaire : les maillons de chaque chaine sont prioritairement ceux d’une confiance personnelle de l’un pour l’autre, mais le paysage s’en trouve redessiné, sans doute durablement. Dès la reprise, les directeurs de production auront face à eux des interlocuteurs moins que jamais taillables et corvéables à merci.

••• SALON DE LA DERNIÈRE CHANCE :
Pour beaucoup, cet EPHJ 2009 est un enjeu de survie. Après Bâle, dont la principale leçon serait que le message optimiste lancé sur place ne s’est pas traduit par de nouvelles commandes [ceci dit en termes diplomatiques, pour ne pas humilier les baratineurs], les plans de charge sont désespérément vides et l’EPHJ la dernière chance de les remplir, avant un été qui s’annonce meurtrier.

Beaucoup de plans sociaux ont été étudiés et acceptés, mais gardés en réserve comme l’arme du désespoir : comme on ne voit pas quel miracle économique pourrait brutalement faire exploser une demande toujours très déprimée et faussée par le marché gris des surproductions, la rentrée ne s’annonce pas très réjouissante et le pic des suppressions d’emploi reste à venir…

L’EPHJ est cependant aussi le salon de la renaissance : on y propose, dans les années, des innovations et des concepts qui peuvent, demain, modifier en profondeur l’offre des marques. On y décèle les tendances qui vont structurer, dès 2010, la création des nouvelles collections. Autant dire que ce salon est stratégique pour observer ces « signaux faibles » qui réorientent déjà le comportement des marques et qui peuvent réanimer la demande des amateurs.

Lausanne est donc un observatoire prospectif de premier plan pour découvrir, comprendre et anticiper. Cette année encore plus que les autres années : il suffit de demander pour que les projets les plus fous deviennent réalisables dans des délais normaux et à des prix décents...

On trouvera ci-dessous un échantillon de quelques-unes de ces bonnes idées pur l’horlogerie des années dix (en vrac et par ordre alphabétique de marque, pour ne pas faire de jaloux dans cette moisson provisoire, non exhaustive et non définitive).

••• ZAPPING •••
Quelques petits riens sur un peu de tout ce qu’il ne faut pas rater à l’EPHJ…

• ALTMANN CASTING : si vous n’avez jamais vu ce qu’est un cadran squelette en 3-D, c’est ici que vous en découvrirez la nouvelle génération, avec une sorte de « tour Eiffel » de micro-structures tubulaires posées entre glace et fond saphir. Même sans les aiguilles, ces cadrans sont des bijoux des nouvelles technologies. Ils ouvrent la voie à de nouvelles expérimentations esthétiques.
••• L’horlogerie est à la recherche d’une troisième dimension, celle du relief, qui s’exprime ici dans des propositions de cadrans totalement révolutionnaires.

• FILAO : la révolution des bracelets est en cours, grâce au Corioflex – retenez bien le nom, tous les bracelets un peu sophistiqués s’en trouveront changés dans les années à venir. Il s’agit d’une âme en copolymère, sur laquelle on peut « souder » un insert et autour de laquelle on peut coudre et réaliser le bracelet. Il est donc désormais possible de créer des attaches originales pour chaque boîtier, ce qui va doper la créativité des designers. On peut également définir, grâce au Corioflex la souplesse et la rigidité du bracelet, selon l’effet souhaité au porter.
••• Un nouvel horizon s’ouvre pour les bracelets en peau, qu’on va pouvoir travailler en volume comme les bracelets en matériaux souples ou métalliques.

• GÖRG ORIGINAL : les plus fantastiques établis horlogers qu’on puisse imaginer (pour le travail comme pour la décoration : heureux les amateurs qui peuvent se les offrir pour aller au bout de leur passion !) et des écrins de grand luxe, dont le design est aussi remarquable que la qualité d’exécution.
••• Jusqu’ici très orientée sur le marché germanique, la marque débarque dans l’espace helvétique : il n’y en aura pas pour tout le monde…

• FRAPORLUX : des cadrans en pierre naturelle capables d’être montés sur des boîtiers XL, des matériaux fossiles en série quasi-industrielle, des associations de matières (pierre, nacre, or, etc.) qui autorisent les montages les plus complexes, un savoir-faire unique qui marie les métiers lapidaires traditionnels, l’expertise du cadranier et l’œil d’un bureau de design. Impressionnant !
••• Il faut surveiller de près ce qui se passe chez les spécialistes du cadran : ils ont entre les mains une des clés de la future esthétique horlogère, surtout quand la technique est pilotée par ordinateur et inspirée par la vision d’un designer…

• LIC : les spécialistes du bracelet venus d’Ostende proposent cette année un buffle nubucké du meilleur effet visuel, très agréable au toucher et parfaitement adapté à la nouvelle demande de « douceur » – la soft touch post-technologique qui, alliée à l’effet de crise, exige plus de moelleux dans nos vies quotidiennes.
••• Les bracelets jouent un rôle décisif dans la nouvelle perception des montres : non seulement ils doivent être innovants dans leur matière, mais aussi dans le rendu visuel et sensoriel. Sans oublier la note écologique : tannage végétal de rigueur !

• MECAWATCH : cet atelier genevois de micromécanique s’est spécialisé dans l’impossible ! C’est le virtuose de l’infiniment petit, du composant plus fin qu’un cheveu fraisé au micron et du cauchemar pour bureau d’étude. On est là dans une logique d’intervention nanochirurgicale sur des pièces de haute horlogerie comme personne n’oserait en dessiner. Vous en rêvez ? Georges Auer peut vous le faire.
••• C’est cet art de rendre possible l’impossible qui permettra à la nouvelle horlogerie de proposer des produits réellement décalés de nouvelle génération, seuls capables de « redonner faim » au marché…

• OPAL : le plus high-tech des modules de remontage électronique pour mouvement mécanique à remontage manuel, avec un boîtier d’amplification pour répétition minutes et des écrins en bois précieux que leur réalisation rend encore plus précieux. Design soigné et exécution superlative : à ne pas manquer, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux [admirer aussi au passage les cadrans en marqueterie et en émail]…
••• L’écrin est aujourd’hui le champ exploratoire d’une nouvelle révolution des objets du temps : plus question de sacrifier une forêt tropicale pour loger une montre ! Place aux concepts d’écrins et de boîtiers de remontage innovants !

• PROJETS YOUHR : You + Uhr = à peu près ce que vous voulez comme objet horloger, du moment que c’est bizarre. Cette année, des écrins en marqueterie de bois précieux, avec « ascenseur » à montre, assemblés sans la moindre pièce métallique ! Plus quelques créations horlogères [Roland Gloor a des… doigts d’or et un cerveau plutôt créatif].
••• Au-delà de la montre, il y a tous les objets du temps de l’univers horloger. Les écrins et les boîtes de présentation constituent un des pôles de ce nouveau dispositif destiné à enchanter le quotidien des amateurs.

• POSITIVE COATING : de quoi remettre en couleurs les vieux mouvements, puisqu’on peut désormais traiter au PVD les platines empierrées. Si les vôtres sont tristes, vous n’avez plus d’excuses. En prime, un nouveau procédé de durcissement des surfaces : au bout de deux ans, le PVD sera toujours là [ce qui est loin d’être le cas actuellement, sauf que personne ne prévient les clients !]…
••• La révolution des couleurs est en marche, dans les tons métallisés les plus « néo-industriels » comme dans les nuances plus glamour : le marché exige désormais une palette chromatique complexe, pour tous les composants du mouvements et de la montre.

• PYLANIA : la plus belle luminescence jamais obtenue sur un cadran, grâce à un nouveau procédé de déposition du composé luminescent. Résultat : 30 % d’éclat en plus et une durabilité améliorée de l’effet lumineux.
••• La luminescence est un élément passif, mais déterminant, de l’animation d’un cadran, surtout avec ce procédé qui crée un relief visuel autour de cette source lumineuse.

• RICHARD TIMEVISION : un atelier créatif (conception et construction) capable de réinventer les « heures du monde », mais surtout de travailler à une nouvelle vision « orbitale » de l’heure, quelque part entre l’horloge médiévale et le XXIe siècle. Le concept a déjà été retenu par une marque et Business Montres reviendra prochainement sur cette esthétique décalée absolument époustouflante [avis confirmé par un grand horloger genevois croisé sur le stand].
••• La nouvelle génération des concepteurs-constructeurs ne se refuse rien, et surtout pas d’aller au bout de ses rêves. Frédéric Richard (ex-Franck Muller Watchland) a plus d’un tour dans son sac à malices : retenez également son nom, vous en entendrez parler dans les années à venir !

• PRESSE HORLOGÈRE : deux titres à ne pas manquer pour bien profiter de cet EPHJ 2009, le numéro spécial B to B de Movment (première édition cette année) et le traditionnel Journal suisse d’horlogerie, dédié au salon par Heure International.

 



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