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Johann Rupert, son président, n’anticipe pas un redressement rapide de la conjoncture mais se montre très confiant envers le potentiel des marchés émergents. Le titre a rebondi de 6,2% jeudi.
«L’argent reste toujours de l’argent. Il ne fait que changer de poches.» Johann Rupert, président de Compagnie Financière Richemont, ne se laisse pas impressionner par la récession qui frappe les pays industrialisés. Durant l’exercice 2008-09 (clos à fin mars), le groupe de luxe genevois a vu son bénéfice net chuter de 31% à 1,076 milliard d’euros. Le chiffre d’affaires a, lui, certes progressé de 2% à 5,42 milliards mais il recule de 5% en seconde moitié d’exercice.
Si le milliardaire sud-africain ne s’attend pas à un redressement rapide de la conjoncture, il se montre confiant pour les perspectives du luxe dans les émergents. «Des pays tels que le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine vont plus que compenser le déclin observé sur les marchés traditionnels», prévoit-il. Il rappelle que les affaires se développent favorablement au Moyen-Orient et au Brésil.
Le nouvel exercice a plutôt mal débuté. En avril, le chiffre d’affaires a chuté de 19% (–26% à taux de change constants) comparé à l’an dernier. Pour le reste de l’année, Richemont reste pour le moins prudent. Le marché américain est jugé «très faible». Les conditions sont mauvaises au Japon, alors que la situation est «instable» en Europe. «Le chiffre d’affaires au premier trimestre sera nettement inférieur à celui de l’an dernier», avertit Norbert Platt, le directeur de Richemont. Il remettra ses fonctions d’ici à la fin de cette année pour des raisons de santé.
Moins de points de vente
Durant le dernier exercice, les ventes du groupe ont encore progressé en Europe (+5% à taux de change constants) et en Asie-Pacifique (+14%). Elles ont reculé dans la région Amériques (–11%) et au Japon (–12%). Richemont a gelé les embauches depuis octobre dernier. En tout, 62 points de vente seront fermés durant les exercices 2009 et 2010. Les marques les plus concernées sont Montblanc (34 magasins), puis Alfred Dunhill (9 sites) et Cartier (8 sites). Des mesures de chômage partiel ont été introduites pour plusieurs marques, dont Cartier. En mars, Roger Dubuis a annoncé la suppression de 70 emplois.
Ces chiffres ont été bien accueillis par les marchés. Le titre a rebondi jeudi de 6,2% à 22 francs. Si le bénéfice net est inférieur aux attentes, le chiffre d’affaires et le résultat opérationnel ont, eux, été meilleurs que prévu. Le prolongement du programme de rachat d’actions, portant sur 10 millions de titres jusqu’à 2011 (1,74% du capital), annoncé hier a aussi soutenu le cours.
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