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La nouvelle était plus ou actée depuis Bâle, mais la décision date du dernier « comité des nominations » du groupe Richemont :
Norbert Platt (ex-Montblanc) quitte assez brutalement le groupe Richemont pour « raisons personnelles »...
••• RICHEMONT :
Signée en 2004, l’échéance normale du contrat du président du groupe Richemont était en fin d’année, mais Johann Rupert a choisi d’accélérer sans attendre le processus de « nettoyage » de sa haute direction. On s’en doutait depuis Baselworld, avec quelques indices que les « richemontologues » avaient pu décrypter : de passage à The Watch Factory, Norbert Platt lui-même (ci-dessus) n’avait pas pu cacher qu’il se passerait quelque chose dans les semaines suivantes.
C’est fait : il y a deux jours, le « comité des nominations » (traduction française de cette structure de l’état-major du groupe, à Bellevue) s’est réuni pour entériner cette décision personnelle de Johann Rupert. Norbert Platt quitte donc la présidence du groupe avec sept mois d’avance sur le calendrier prévu. Des raisons médicales officieuses ont été avancées – sans vraiment convaincre.
L’ex-président Platt [qui avait brillamment repositionné Montblanc au cours de ses 17 années de présidence, encore qu’il se soit montré réticent à la diversification dans l’horlogerie] n’est pas recasé au sein du groupe comme il avait pu l’espérer un instant : on lui avait fait miroiter un poste de responsabilité parallèle comme on les aime à la cour du roi Johann. Il n’a pas non plus obtenu les indemnités – plus que conséquentes ! – qu’il réclamait et qu’il estimait en rapport avec son salaire, le plus élevé de tous les managers horlogers suisses [estimation Business Montres autour de 10,5 millions de francs suisses annuels].
Aucun successeur n'a été désigné par Johann Rupert, ce qui dément certaines rumeurs genevoises concernant la promotion d'un des hauts dirigeants du groupe. Il ne semble pas que la nomination d'un nouveau président soit à l'ordre du jour, l'actionnaire ayant besoin de remettre un peu d'ordre dans toutes les sphères exécutives du groupe...
••• ON POURRAIT CONSIDÉRER CETTE DÉMISSION FORCÉE ++comme la conséquence de la chute de 31 % des profits du groupe Richemont au cours du dernier exercice. Cet effondrement historique a dû jouer et il fallait sans doute un geste fort et un bel effet d’annonce vis-à-vis de la communauté des analystes. Ces 31 % fatidiques n’expliquent cependant pas tout ! Et l'actionnaire du groupe Richemont n'est pas du genre à s'embarrasser de considérations inutiles pour sanctionner des dérives bien antérieures à la crise...
• Le malaise reste patent au sein de la direction du groupe et de ses marques. Sans revenir sur un départ programmé mais aussitôt démenti, il est certain que plusieurs autres dirigeants sont actuellement sur la sellette, en Suisse comme en France ou en Allemagne. C'est toute la « culture Richemont » qui se trouve ainsi remise en cause.
• Business Montres reviendra demain sur le sujet, avec une analyse plus fouillée des chiffres 2008-2009 de Richemont, dont le résultat « moins décevant que prévu » cache cependant de sérieux facteurs d’inquiétude..**
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