|
Dans les grandes convulsions économiques de cette crise, votre Quotidien des Montres maintient le flambeau d’une information horlogère 100 % indépendante de toute allégeance et 100 % efficace pour garder le bon cap dans les tendances qui s’enchevêtrent.
La règle est simple : 0 % communiqués préformatés et 100 % de textes innovants, décapants et motivants.
...Cette semaine, le sniper a...
••• PRIS une leçon d’innovation métallurgique sur le stand de Bibus Metals
à l’EPHJ : alors que tout le monde n’a que le « titane grade 5 » à la bouche, il existe des titanes grade 7, 9, 11, 12 aux propriétés différentes, ainsi qu’une incroyable diversité d’alliages plus innovants les uns que les autres. Passionnant !
••• VÉRIFIÉ chez Biwi que la révolution du bracelet était en route : analysée à plusieurs reprises par Business Montres, elle se traduit chez Biwi – qui présentait quelques nouveautés à l’EPHJ – par une nouvelle matière, le Kalrez (matériau issu de l’aéronautique), dont il ne faut pas trop compter faire des bracelets... A 6 000 francs suisses le kilo [soit un prix de revient de l’ordre de 1 200 francs suisses le bracelet ex-factory !], cette matière aux résistances physico-chimiques remarquables a le principal inconvénient de ne se distinguer en rien du caoutchouc ordinaire : ceux qui paieraient un tel prix pour « le-bracelet-le-plus-cher-du-monde » seraient en droit d’espérer qu’il soit un tout petit peu repérable. On réservera plutôt le Kalrez à des super-joints ou des revêtements de pièces à très forte valeur ajoutée (coating, surmoulage, etc.)...
••• CONCLU, toujours chez Biwi, que la vrai révolution du bracelet était dans les nouveaux procédés de la gamme Vulca : nouvelle génération de « vulcarbonés » à haute résistance, association de caoutchouc vulcanisés à des pièces métalliques d’habillage, du saphir ou de la céramique, jeux de couleurs intégrées dans le caoutchouc (demain, le caoutchouc nacré et même phosphorescent), mariage avec du cuir (polymérisation à chaud). Biwi – qui également beaucoup avancé dans le domaine du surmoulage et des inserts très fins – ne s’interdit plus rien : le velouté de certains caoutchoucs est on ne peut plus tendance alors que reflue la mode de la fibre de carbone [voir ci-dessous]...
••• REMARQUÉ, effectivement, à l’EPHJ, l’effacement de la tendance fibre de carbone au profit de nouvelles matières (naturelles ou synthétiques) « veloutées » : la touche doit être soft, douce sous le doigt, duveteuse et satinée, voire sablée mais toujours soyeuse et lustrée. Ce qui n’interdit pas les angles post-industriels, mais à condition de les assortir de finitions plus sensuelles [« Un zeste de douceur dans un monde de brutes »]. Exit la fibre de carbone, de toute façon très usée visuellement et désormais déclinée en entrée de gamme par le premier Chinois venu. La vraie distinction, c’est aujourd’hui d’éteindre les reflets et de dépolir les aplats – ce qui ne fait que mieux mettre en valeur les arêtes en poli bloqué !
••• NOTÉ avec intérêt les pronostics de L’Agéfi (Suisse) pour la succession de Norbert Platt : les noms de Richard Lepeu (actuel CFO) – candidat qui était le plus probable jusqu’à ces dernières semaines – et de Bernard Fornas (Cartier) y sont cités, ainsi que celui de Georges Kern (IWC). Pour Business Montres, l’humeur de l’actionnaire est plutôt à la temporisation, le remplacement de chacun de ces papabile posant plus de problèmes que sa nomination au poste suprême sous le sien. Question subsidiaire : le groupe Richemont a-t-il vraiment besoin d’un président si son actionnaire est assidu ?
••• RELEVÉ, à propos de Richemont, les arguments affûtés de Pascal Brandt dans Horlogerie suisse : « Autant dire que les pincettes sont nécessaires lors de la lecture de ce type d’information... Le sell-in et ses résultats chiffrés est une chose, la montre qui sort du magasin dans le petit sac de papier doré au bras de l’acheteur final (sell-out) en est une autre. En d’autres termes, les performances mentionnées pour certains peuvent potentiellement traduire un surstockage conséquent des canaux de distribution. Il suffit d’ailleurs de se promener sur internet pour identifier rapidement les marques fortement discountées et massivement présentes sur la Toile, et dont Richemont n’a d’ailleurs pas l’exclusivité »...
••• AJOUTÉ une précision au commentaire de Business Montres sur les comptes de Richemont et le départ de Norbert Platt : le pessimisme affiché par le groupe pour l’année à venir. Apparemment, on est encore loin d’avoir touché le fond de cette crise. Ce qui est également le sentiment personnel de Nicolas Hayek, tel qu’il l’exprimait, jeudi dernier, en petit comité, dans les coulisses du Forum des 100.
••• COMPLÉTÉ ce même commentaire de Business Montres sur les comptes de Richemont par une remarque relevée à Bienne : rien, dans les comptes de Richemont, ne laisse percer la moindre intention d’investir dans de nouvelles capacités de production. C’est un facteur de confiance en faveur du Swatch Group : quand la reprise se fera sentir, la maîtrise de la sous-traitance sera décisive. Ce ne sont pas les quelques « mouvements manufacture » réalisés ici et là dans des micro-ateliers qui feront la différence : il est très étonnant que les groupes de luxe qui se penchent sur l’horlogerie en soient encore à négliger cette élément de stratégie industrielle...
••• SURSAUTÉ en découvrant que Ice-Watch, marque belge qui décline l’esprit Swatch en polycarbonate, avait déjà ouvert 500 points de vente dans le monde, avec un objectif à 200 000 pièces en 2010, une fois ouvert les marchés russe, américain ou proche-oriental. Pas vraiment de quoi inquiéter le Swatch Group, mais un tel démarrage est à suivre de près, Ice-Watch – consonance intéressante ! – affichant un branding impeccable et un marketing quasi sans-fautes (produit, packaging, retail, prix, communication)...
••• JUGÉ plutôt mignonne et réussie la nouvelle ligne de montres de Links of London la collection Sweetie rend un hommage appuyé à la Cartier Déclaration autant qu’aux anciennes Bvlgari Tubogas. Autour de 390 euros (600 CHF) et déclinée dans tous les ors et les cadrans, la proposition est séduisante...
••• DÉCOUVERT qu’un des nouveaux actionnaires du tour de table qui a sauvé de Grisogono (Business Montres du 14 mai) pourrait être Flavio Briatore, le vieux copain de Fawaz Gruosi, dont on dit qu’il aurait également réussi à mouiller dans cette relance un des patrons du groupe russe Mercury. Soit un board d’amis proches de Fawaz Gruosi, et même très proche puisque Caroline Scheufele (Chopard), sa femme, fait partie des sauveteurs, à un niveau de dévouement conjugal rarement vu dans les affaires : la tâche ne sera pas facile pour François Tissot, qui avait justement quitté Chopard à cause de ce genre d’intrications économico-familiales et qui remet donc le couvert (révélation Business Montres d’hier).
••• OBSERVÉ que la mode des montres en bois, récurrente dans l’horlogerie depuis des siècles, revient très fort dans la nouvelle génération – écologie oblige ! Côté luxe, il n’est plus rare de voir Boucheron aligner des cadrans en bois façon pont en teck, ou Chopard proposer des marqueteries de bois sur ses cadrans. Nixon, Vestal ou Quiksilver donnent également dans la dendrohorlogerie. Maintenant, c’est Mica, une nouvelle marque, qui débarque sur le marché avec une montre entièrement en bois, maillons du bracelet compris. Tissot avait tenté une incursion sur ce terrain voici plusieurs décennies. Evidemment, Mica a déjà son fan club sur Facebook...
••• VU que Jaquet Droz avait réussi à placer sa Grande Seconde céramique dans une exposition au musée des Arts et du Design (MAD) de New York : sur le thème de « L’art des céramiques industrielles », la Grande Seconde est la seule montre sélectionnée (jusqu’au 13 septembre). Une belle reconnaissance pour cette quintessence du « noir absolu » (image ci-dessus)...
••• ÉTÉ NAVRÉ de la mésaventure du lapidaire qui s’est fait dérober sa mallette de pierres précieuses à l’EPHJ : un très – trop – classique détournement d’attention par ruse. Un complice qui expédie le professionnel vers le parking sous un faux prétexte et qui détourne ensuite l’attention du personnel, pendant qu’un second fait main basse sur la mallette du lapidaire français laissée dans le bureau... Bête à pleurer, mais redoutable !
••• DÉCIDÉ d’aller faire un tour au premier salon du « luxe durable » qui s’ouvre aujourd’hui à Paris (1.618 Sustainable Luxury Fair). Aucune marque de montres n’y exposant, alors que la préoccupation environnementale commence à tarauder les consciences horlogères [au moins dans les communiqués de presse], on pourra donc se poser la question qui fâche : le luxe est-il compatible avec avec l’écophilie et n’est-il pas soluble dans le commerce équitable ? Bref, est-il si éthique qu’il le prétend ? En tout cas, le luxe environnemental est un vrai luxe tout court : 25 euros l’entrée pour le grand public, ça laisse rêveur !
••• REPÉRÉ le coup d’accélérateur d’Antiquorum sur les montres vintage, avec la vente du 11 juin largement consacrée aux « montres iconiques du XXe siècle » – à moins qu’il ne s’agisse des « montres des icônes du XXe siècle », comprenez Franklin Delano Roosevelt, Franck Sinatra, Sammy Davis Jr ou Steve McQueen, dont on annonce la Heuer Monaco qu’il portait dans Le Mans et une des Rolex Submariner qu’il collectionnait. Il y aura également une moto Von Dutch1929 Scott 596cc Super Squirrel Engine que le comédien possédait. Les enchères horlogères mènent à tout...
|