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Parce que c’est mercredi et parce qu’il ne faut jamais se prendre au sérieux, votre Quotidien des Montres s’autorise quelques fantaisies dans le traitement des informations qui concernent les montres et les beaux-arts du temps.
Il s’en passe des choses bizarres, sur cette planète horlogère !
••• NOUVEAU JEU :
Un défi marketing sur l’exposition des consommateurs aux marques : à combien de marques et de logos suis-je exposé depuis l’heure de mon réveil [quelle marque ?] jusqu’à l’heure de mon coucher [combien de logos sur la table de nuit, logos d’éditeurs compris ?]. C’est vertigineux, en mode conscient comme en mode inconscient. Si on y ajoute un trajet aller-retour vers le lieu de travail et une vitrine horlogère, on frôle l’apoplexie. Avec le feuilletage d’une revue horlogère, c’est le nervous breakdown, comme on dit dans Les Tontons flingueurs...
• Un bon exemple de cette interaction temps-marques (Brand Timeline Portrait)sur le blog Dear Jane Sample...
••• N’IMPORTE QUOI :
Les contrefacteurs sont encore plus agaçants quand ils sont faussaires ! L’improbable marque Stauer (un des plus navrants mix sino-américains du marché) prétend vendre sur son site, pour 99 dollars, une réplique de la cultissime « montre Graves », qui fut dans les années trente la « montre la plus compliquée de son temps » et dont les 24 complications avaient été commandées à Patek Philippe par le milliardaire américain Henry Graves Jr. Vendue en 1999 pour 11 millions de dollars à un collectionneur anonyme, cette montre de poche super-compliquée n’a pas refait surface depuis. Avec sept aiguilles seulement et quatre complications dans son mouvement automatique, la montre-bracelet Stauer se ridiculise donc en revendiquant cette filiation – même quand on veut « porter au poignet une montre de milliardaire, en gardant ses millions dans sa poche »...
••• LUXE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE :
Ce n’est pas gagné d’avance, surtout après le récent Salon du Sustainable Luxury, qui se tenait à Paris le week-end dernier. Exposants improbables, visiteurs légèrement ahuris d’être ainsi rançonnés et ambiance étrange dans l’étalage de « produits de luxe écologique » : le bio très cher pour qu’une poignée de riches consomment sans complexes a tout un apprentissage culturel à faire. Un week-end n’y suffira pas ! L’or « bio » [ça existe] et les guêpières Princesse Tam-Tam en textiles « équitables » relèvent encore de la coquetterie branchée – un peu comme les 49 % du capital d’Edun [à l’envers, nude, « nu » : c’est la société « éthique » du chanteur Bono] rachetés par Bernard Arnault pour commencer à repeindre en vert son groupe.
••• SÉCULAIRE :
Une horloge « Time in six parts » dont le plus grand rouage fera un tour en 100 ans : après ce délai, un grand cercle de ferraille tombera bruyamment sur le sol et nous fera méditer sur la marche du monde. Ce projet bizarre a été conçu par Che-Wei Wang et on en trouvera quelques démonstrations vidéos sur son site. Il s’agit, nous assure-t-on, d’une « nouvelle approche dans l’expression du temps » : une horlogerie de grand malade...
••• ANTICIPATION :
Les marchés ont toujours raison, même quand ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas ! Les amateurs avaient surnommé « Mobutu » la Rolex Daytona sertie en or à décor « léopard » (réf. 116598 SACO) un hommage à l’ancien dictateur zaïrois. C’est un de ces modèles très spéciaux que Rolex a offert pour les enchères charitables du bal de la Croix-Rouge suisse, organisé sur le thème « The Magc of Africa »...
••• ANGLES HORAIRES :
Soit un groupe de 24 horloges analogiques (aiguilles), groupées en 4 groupes de 6 cadrans. Chaque horloge est programmée pour afficher, grâce à l’angle horaire de ses aiguilles, la partie d’un chiffre géant. On compte 6 cadrans pour dessiner un chiffre et obtenir une heure digitale. C’est l’idée fantastique du groupe de designers suédois Humans since 1982, qui nous proposent une démonstration sur YouTube. Ci-dessus : il est 09 h 26, puis 09 h 27. C’est tout simplement génial et fascinant !
••• ANTI-ENCHÈRES :
Une Rolex Submariner (valeur 5 700 euros) adjugée aux enchères pour 8,51 euros ! C’est la nouvelle folie des enchères sur Bidizy, sauf qu’il s’agit d’enchères inversées, remportées par l’enchère unique la plus basse : s’il y a deux enchères à 0,01 euro et deux enchères à 0,03 euro, c’est l’enchère unique à 0,02 euro qui l’emporte – chaque enchère étant payante [2,50 euros dans le cas de la Rolex]...
••• ORTHODOXIE :
Un pope orthodoxe qui exerce son ministère en Israël nous donne une leçon d’horlogerie. Dans Le Monde du 18 mai, il raconte la récente visite du pape Benoît XVI à Jérusalem : « Des soldats israéliens partout. Très détendus. Ils s'étonnent en hébreu que j'ai deux montres : pourtant c'est simple : une montre pour le calendrier/horaire juif, universel, l'autre pour l'heure en Palestine/Eglise orthodoxe, jour calendrier julien et, notai-je en souriant, il est identique pour les Juifs pieux. On y perd souvent son latin dans ce contexte ».
• Pour écouler les stocks de montres, pas besoin d’attendre l’an prochain à Jérusalem...
••• DÉCEPTION :
Les temps sont durs pour le groupe LVMH, qui réunissait à Paris l’assemblée générale de ses actionnaires. Après l’exercice obligatoire et convenu d’optimisme prévisionnel [« Poursuivre la croissance grâce à une stratégie, encore plus nécessaire et efficace qu'avant, fondée sur notre forte dynamique d'innovation, la qualité de nos produits et le contrôle de la distribution »], les invités sont repartis avec un maigre butin : un rapport d’activités, un exemplaire du quotidien Les Echos et un carton jaune où se cachait une demi-bouteille de Veuve Clicquot...
••• STUPIDITÉ :
Un réveil en forme de paquet de dynamite, avec minuteur incorporé ! Le Dynamite Alarm Clock s’impose comme un des gadgets les plus stupides de l’année : ne l’oubliez pas dans une valise, sinon vous êtes bon pour dix ans de Guantanamo avant d’avoir lu la fin de la notice d’emploi !
••• PREMIER ROMAN :
Rolex est un mythe, et Clancy Martin est son prophète ! Le premier roman de ce professeur de philosophie à l’université de Kansas City fait de Rolex le héros [ou l’héroïne, au choix] d’une histoire endiablée, d’autant plus réaliste que l’auteur a fait fortune dans la joaillerie avant de s’exercer à la philosophie, puis à l’écriture. Dans Tout a un prix (éditions de l’Olivier), « Robert Clark, 16 ans, décide de quitter son pays natal, le Canada, pour rejoindre son frère Jim au Texas. Vendeur dans une bijouterie, Jim roule en Porsche et sort avec la belle Lisa. Ce roi de l’arnaque, champion de la vente de fausses Rolex et expert en manipulations de toutes sortes, enseigne à l’adolescent les ficelles du métier. Robert se révèle très doué. Suites d’hôtel à dix mille dollars la nuit, prostituées et cocaïne, il tombe dans tous les panneaux. Mais cette vie en toc est-elle faite pour lui ? » Bonne question, qui va nous promener dans l’univers des montres de luxe, avec une écriture très cinématographique [c’est la force des « ateliers d’écriture » à l’américaine], un art évident du montage des scène et un goût très sûr des portraits au vitriol [le commercial rusé, cupide et sans scrupules en prend plein les dents]...
••• LOLO & MIMILE, LE RETOUR :
On trouve l’hilarant best of de leur terrible show (« Mille bravos » : Business Montres du 6 mai, à prendre au second degré) sur le site du magazine du groupe Féau (cliquez sur la page 30). Une double bonne idée : d’abord, la campagne, effectivement destinée à casser tous les codes de la communication horlogère [nos deux compères s’y entendent parfaitement et ils y prennent un malin plaisir] ; ensuite, le choix du support [le groupe Féau est un des leaders européens de l’immobilier de très grand luxe]...
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