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Le tableau de chasse d'une petite battue de fin de printemps
 
Le 08-06-2009
de Business Montres & Joaillerie

Votre Quotidien des Montres ne renonce pas à sa mission d’information, en dépit d’une effervescence horlogère aux abonnés absents.
Frappée en plein vol comme le vol AF 447, l’industrie de la montre a disparu des écrans radar de l’actualité et on cherche en vain la boîte noire de sa dynamique passée.
Malgré tout, voici quelques nouvelles capables d’accompagner ce vendredi.

... Cette semaine, le sniper a ...

• ANTICIPÉ la réouverture du mercato pré-estival de l’horlogerie, avec plusieurs annonces de transferts – certains très inattendus – dans les semaines à venir. Les demandes sont précises, mais l’offre est abondante – et pas seulement chez les managers libérés au cours de ces derniers mois...

• JOUÉ, aux Galeries Lafayette de Paris, avec les premiers Tokens, ces bijoux lancés par Qeelin [première marque de haute joaillerie chinoise] sur le modèle des anciennes monnaies de la dynastie Zhou, il y a deux mille ans. Chaque Token est une pièce en forme de Y renversé, qu’on peut porter en pendentif, mais qu’on peut également utiliser comme une monnaie pour régler ses achats dans les boutiques Qeelin du monde entier...

• REVU avec plaisir la machine à écrire le temps de Jaquet Droz, qui la présentait pour la première fois après son apparition au salon de Bâle (Business Montres du 1er avril) : c’était en petit comité, à la boutique Jaquet Droz de Genève et l’émotion était au rendez-vous pour saluer le premier automate horloger du XXIe siècle, capable d’écrire le temps avec précision [en quatre chiffres et deux points, avec un stylo !], tout en donnant l’heure et en présentant un enchevêtrement très complexe de ponts, de courroies. On aura oublié les « nouveautés 2009 » quand on se souviendra encore, dans les livres d’histoire, de cet épatant Meccano horloger...

• ENVOYÉ à quelques copains éditeurs des chiffres récents sur l’effondrement des recettes publicitaires dans la presse magazine, en volume comme en valeur : – 20 % à – 30 % en moyenne européenne, avec du – 30 % à – 40 % aux Etats-Unis ou en Espagne. Lors d’un récent colloque parisien, les élites de la publicité française ont dû faire le constat de la mort du modèle publicitaire pour la presse : « Certains titres ne passeront pas l’été », a prévenu Dominique Delport, le très influent directeur d’Havas Média. Il y a quelques semaines, Axel Ganz avait prédit la « disparition de la moitié des magazines » dans les trois ans...
••• LA PRESSE HORLOGÈRE PEUT-ELLE ÉCHAPPER À CETTE RESTRUCTURATION ANNONCÉE, alors qu’elle est confrontée à une déflation publicitaire encore plus marquée et à une révolution numérique assimilable, par analogie, à la révolution du quartz pour l’horlogerie des années soixante-dix ?

• CONSTATÉ que l’effet domino continuait à décimer l’industrie horlogère. Quand les médias se focalisent sur les 200 emplois perdus chez Franck Muller, combien de postes cela supprimera-t-il en amont, chez les fournisseurs des différentes marques du groupe. Cette grosse « charrette » – la première qui affecte près de la moitié des effectifs d’un groupe – n’est cependant que la première d’une longue file de « dégraissages » massifs, comme on le verra bientôt chez Zenith [pas loin de la moitié des effectifs biffés] et chez Richemont...
••• UN MAUVAIS REMAKE de L’Eté meurtrier se prépare sur les écrans horlogers...

• NOTÉ une annulation par Rolex de 425 000 cadrans commandés à ses fournisseurs romands. Jusqu’à présent, Bruno Meier, le nouveau patron de Rolex, est le manager horloger à avoir eu le courage d’avouer qu’il envisageait une baisse des volumes en 2009 et en 2010...

• ENREGISTRÉ chez Patek Philippe une sympathique perpétuation de la tradition, avec le lancement à New York d’une nouvelle édition d’une montre « Patek Philippe for Tiffany & Co » : il s’agissait de fêter l’ouverture de la boutique Patek Philippe chez Tiffany & Co, sur la Cinquième Avenue. Cette Gondolo sertie au cadran très travaillé ne sera éditée qu’à cinquante exemplaires pour chacun des deux cadrans à double marquage...

• ENTREVU une réponse possible aux questions que se posent les horlogers à propos de lubrification. Les chercheurs canadiens du CNRC (l’équivalent du CNRS français) ont mis au point des roulements « sans huile » pour des moteurs qui seraient lubrifiés... à l’air ! Les détails scientifiques du procédé foil – pour free oil, « sans huile » – sont complexes, mais l’idée est astucieuse et la voie prometteuse : demain, des montres non lubrifiées qui marcheraient « à l’air » ?

• REPÉRÉ chez Movado une intéressante montre Sapphire Synergy, dont le verre saphir couronne le cadran sans lunette, ce qui donne beaucoup de fluidité au design. On y retrouve le dépouillement du cadran Museum cher à la marque (index concave à 12 h). Un bel exercice de style contemporain, en 42 et 34 mm.

• DÉCROCHÉ mon téléphone sur un appel de New York : c’était William Rohr (COO d’Antiquorum Genève), qui voulait préciser que, contrairement à ce qu’une lecture mal intentionnée de Business Montres pouvait avoir laissé entendre, il était aux Etats-Unis pour y préparer la prochaine vente-événement new-yorkaise – celle qui dispersera la montre Monaco, la moto et plusieurs souvenirs personnels de Steve McQueen – et que, devant organiser la vente suivante à Hong Kong, il serait donc absent un certain temps de Genève, où il comptait bien revenir avant l’été. Quoi de plus normal pour un manager que d’aller sur le terrain, alors que la « saison genevoise » des enchères est terminée ? Cela va sans dire, mais William Rohr est évidemment disposé à répondre immédiatement aux juges genevois qui voudront l’auditionner dans l’affaire de la plainte pour escroquerie déposée contre Antiquorum par le « marquis espagnol ». Pour ce qui concerne les logos de la maison et les sites dont la propriété est maintenant reconnue à Antiquorum USA, c’est tout simplement, explique-t-il, parce que ces actifs n’avaient jamais été déposés à Genève, et qu’il fallait les protéger – ce qu’Evan Zimmermann a fait à New York parce que c’était plus simple pour lui...

• TENTÉ de comprendre de quelle marque l’ex-astronaute américain Buzz Aldrin était l’ambassadeur. Le « deuxième homme à marcher sur la Lune vient d’apparaître sur les nouvelles publicités de Louis Vuitton (Business Montres du 3 juin), mais Omega vient de le recruter comme « ambassadeur de la marque » en lui dédiant une édition commémorative de la Speedmaster – ce qui est la moindre des choses, puisque c’est son Omega personnelle qui était au poignet de Neil Armstrong ce fameux 21 juillet 1969. Amusant : avant d’avoir sa Speedmaster réglementaire, Buzz Aldrin portait une Tissot, mais il aimait bien Timex !

• ESSAYÉ, tout aussi vainement, de comprendre qui faisait quoi avec Ferrari. On sait que la marque italienne a déjà « usé » une bonne douzaine de marques horlogères, la dernière étant Officine Panerai, constructeur officiel des montres Ferrari. De New York, on m’annonce cependant le lancement d’une Audemars Piguet Royal Oak Offshore en édition spéciale Montauk Highway [Montauk étant le symbole de l’évasion hebdomadaire des New-yorkais vers la mer et le soleil des Hamptons], lancement doublé de la première présentation officielle de la nouvelle Ferrari California, qui renoue avec la légende du modèle de 1957. AP contre OP ?

• DÉCOUVERT la première série des articles que Gabriel Tortella (Tribune des Arts, Genève) dédie à ses « amis » des grandes marques : une histoire très fouillée de Patek Philippe et de ses exigences en matière de qualité dans les finitions, du XIXe siècle au récent « sceau Patek Philippe » (parution début juillet). Soit quatorze pages sans démarquage d’un dossier de presse, il y avait longtemps que Tribune des Arts nous avait déshabitué des contenus éditoriaux un peu originaux ! Apparemment, la requalification rédactionnelle du titre est en cours, puisqu’un Gabriel Tortella plus actif que jamais annonce d’autres initiatives et de nouvelles rubriques journalistiques : « C’est justement parce qu’on est en temps de crise que j’ai voulu recréer une nouvelle manière de parler de l’horlogerie : quoique je sois à l’âge de la retraite, je n’allais pas laisser tomber mes amis de l’horlogerie au milieu du gué ».

• TROUVÉ un matériau beaucoup plus expressif que le banal acier ou or serti de diamants : les chercheurs autrichiens de l’Université de Vienne (Vienna University of Technology) ont mis au point un composite fait de métal directement fusionné avec des diamants ! Les particules de diamants ne font que 0,1 mm de diamètre, mais la symbolique est là. On peu additionner le tour de carbure de silicium et de nanofibres de carbone pour renforcer la structure de ces matériaux qui devraient être utilisés dans les centrales nucléaires. Nom de code de ce matériau diamantmétallisé : « ExtreMat »...

• ATTENDU vainement une réaction officielle de Montblanc aux informations de Business Montres sur le stylo dédié par la marque à l’« Indiana Jones du IIIe Reich » (image ci-dessus). Rien pour l’instant, alors plusieurs journalistes – non spécialisés – s’intéressent à ce sujet en Europe et aux Etats-Unis. C’est à la qualité de sa « communication de crise » qu’on peut juger la maturité d’une marque : test grandeur nature et en temps réel dans les jours qui viennent...

 



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