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Vincent Perriard quitte la présidence de Concord et prend en main la reconstruction de TechnoMarine

Première opération du grand mercato horloger du prochain « été meurtier » :
Vincent Perriard, 40 ans, qui présidait Concord depuis 2006, a remis sa démission à Efraïm Grinberg (le président du groupe Movado).
Il sera le prochain CEO de TechnoMarine, dont Christian Viros (ex-TAG Heuer)vient de renouveler toute l’équipe dirigeante pour recréer une marque de premier plantrès astucieusement positionnée.

Note à l’attention de mes confrères et néanmoins amis journalistes : cette information est un scoop Business Montres, merci de citer la source en cas de reprise...


••• UNE DÉMISSION SURPRISE
Efraïm Grinberg, le président du groupe Movado, ne s’attendait certainement pas à ce départ, dont il a été informé à la veille du dernier JCK Show de Las Vegas... Vincent Perriard avait tellement marqué Concord de son empreinte qu’on l’imaginait mal abandonner aussi vite « son » bébé, passé en quelques mois du rang de marque centenaire à celui de marque emblématique de la nouvelle génération horlogère.

Sa démission prend tout le monde de court. L’équipe Concord, personnellement recrutée par Vincent Perriard comme un commando des forces spéciales, pourrait d’ailleurs connaître quelques évolutions à la suite de cette renonciation inattendue : on imagine mal les membres de ce commando obéir à un autre « officier » que celui qu'ils s'étaient choisi...

Raisons officieuses de cette démission, encore non officiellement confirmée côté Movado : les sérieuses difficultés financières du groupe américain – qui avait été le premier touché dans l’univers du luxe et qui avait pris les premières mesures de licenciements dès l’été dernier. Une crise de trésorerie empêchait désormais Movado de consacrer au redéploiement de Concord les ressources nécessaires qui avaient été promises à Vincent Perriard, qui n'avait dès lors plus les moyens de mener à bien sa mission.

Vincent Perriard aime mener rondement ses affaires : il n’est pas d’un caractère à freiner, mais plutôt à accélérer, surtout en temps de crise, quand le malheur des timorés fait le bonheur des plus audacieux. Au récent JCK Show, il avait d’ailleurs ressenti un certain optimisme sur le marché américain et signé plusieurs nouveaux contrats de distribution. Pour lui, c'était le moment de foncer, pas de tergiverser !

Champion du néo-branding, virtuose du marketing nouvelle génération et créateur d’un style qui n’a laissé personne indifférent [du premier chronographe C 1 au dernier tourbillon Quantum Gravity], Vincent Perriard (ci-dessus) n’a pas à rougir de sa mission chez Concord, où il aura plus souffert des difficultés à bien gérer une production en période de surchauffe que des timidités des détaillants. Son bilan économique n'est pas négligeable lui non plus : même si la marque était loin d'avoir terminé sa phase de croissance et restait en phase d'investissement, l'exploitation était déjà à peu près équilibrée. Vincent Perriard arrive donc chez TechnoMarine auréolé de son succès dans la mutation d’une marque et dans son repositionnement tendance.

••• UNE NOMINATION SURPRISE
Non officiellement confirmé côté TechnoMarine, l’arrivée de Vincent Perriard couronne la stratégie de recrutement récemment entreprise par Christian Viros, actionnaire de référence de la marque et CEO intérimaire depuis la démission de Gilbert Ohayon (révélation Business Montres du 20 mars dernier). Vincent Perriard aura auprès de lui de multiples « pointures » de la profession, récemment embauchées par Christian Viros pour constituer une dream team capable de refaire de TechnoMarine une des marques les plus dynamiques du marché.

Aujourd’hui un peu éparpillée sur le plan commercial et marketing, la maison TechnoMarine reste une marque forte, mais sans contenu consistant. On peut compter sur le tandem Viros-Perriard pour la propulser au premier rang d’un segment qui est en train de s’ouvrir : celui des montres de nouvelle génération à prix très accessible.

Tout est à refaire chez TechnoMarine, marque restée étonnamment forte au fil des années en dépit d’errements multiples. Vincent Perriard a la confiance de son patron, l’obstiné et terriblement efficace Christian Viros, qui s’est assuré pour cette relance du soutien de ses investisseurs et de la cohérence de l’équipe porteuse du projet.

Tout est donc paré pour la manœuvre, sauf... Vincent Perriard, qui, selon des sources américaines, doit encore apparemment six mois de présence au groupe Movado ! Une situation pas très saine, qui devrait cependant trouver une solution cet été, dès qu’Efraïm Grinberg aura réglé son propre « problème suisse » : il était question, ces jours-ci, d’un regroupement du développement des produits Movado chez Ebel, à La Chaux-de-Fonds (« patrie historique » de Movado), sous l’autorité de Marc Michel-Amadry, un des deux co-présidents d'Ebel.

••• C’ÉTAIT À PRÉVOIR : ce 9 juin, Business Montres remarquait le boulevard ouvert pour ces montres de nouvelle génération à prix raisonnable : « Il se pourrait qu’on se trouve aujourd’hui face à une demande de nouveaux objets du temps, par exemple celle d’une haute horlogerie accessible : conceptuelle et nouvelle génération dans le style et les codes, mais approche low cost dans le prix. Face à cette forte demande énergente, l'offre est... nulle ! »

• C’est à peu près exactement le constat de Christian Viros : offrir des montres qui « ont de la gueule », mais à des prix situés entre 500 et 2 000 dollars. Puisqu’on parle de Vincent Perriard, imaginons une Concord C1 au prix d’une Tissot : quel amateur n’aurait pas le cœur qui bat ?

• On remarque ici les sourires narquois des sceptiques, mais, chez TAG Heuer et chez Tissot, on fait déjà chauffer les calculettes pour trouver les parades capables de contrer le redoutable duo Viros-Perriard : c'est sur les segments les plus accessibles et avec un concept design-marketing très pointu que vont se jouer les grandes batailles de la sortie de crise...

••• MERCATO HORLOGER : Les lecteurs de Business Montres s’attendaient évidemment à une annonce de ce type depuis l’avertissement lancé le 5 juin par le « Sniper du vendredi » : depuis le JCK Show et certaines indiscrétions de proches d’Efraïm Grinberg, la marmite commençait à bouillir ! Mais ce n’est qu’un début et d’autres transferts sont attendus dans les semaines qui viennent...