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Premier épisode d’une série de coups de sonde auprès de tous les acteurs du marché, qu’ils soient fournisseurs, détaillants, managers ou créateurs.
Du tac au tac, sans langue de bois, questions et réponses sur l'actualité des montresavec John Simonian, deus ex machina de la distribution américainepour la haute horlogerie conceptuelle et star retailer des meilleures marques à Beverly Hills (Californie).
• Retour du JCK de Los Angeles : quelles impressions ?
• John Simonian (ci-contre) : D’abord, j’y suis resté plus longtemps cette année, pour l'introduction officielle sur le continent américain des nouvelles montres Richard Mille, qui était présent à Las Vegas pour rencontrer ses détaillants des Amériques
• Les détaillants américains ont-ils recommencé à commander ?
• Si je mets ma casquette de détaillant, je dirais que j'achète ce qui se vend très vite ! J'achète les pièces qui se vendent chez les marques qui se vendent. Les autres marques devront attendre la reprise.
• On a constaté des ruptures de contrat...
• C'est une évidence, en ce qui me concerne : j'arrête certaines marques… Mais, comme d'habitude, je commence avec d'autres. Sur 55 marques chez Westime, il y a en moyenne dix marques qui s’en vont et dix qui viennent, cela même sans la crise. Avec la crise, il se peut que je ne remplace pas systémaiquement celles qui s’en vont...
• Qu’est-ce qui se vend bien, aujourd’hui ?
• Les produits qui ont du caractère, de la valeur ajoutée ou qui sont hors du commun, comme la Pocket Watch RM020 de Richard Mille, qui a bien fonctionné sur un segment du marché qui paraît pourtant difficile actuellement...
• Quelle est la priorité des clients ?
• On est nettement dans une optique « value for money », ce qui n'empêche pas quelques belles ventes pour des produits exclusifs ou des beaux designs, mais pas dans les quantités que nous avons connues en 2007 et début 2008.
• Quelle est le vrai prix de marché aujourd’hui ?
• Le prix « psychologique » pour le haut de gamme se situe autour des 20 000 dollars – à peu près le prix d’une Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet (facturée 18 500 dollars). Ce prix était plus proche des 50 000 dollars il y a un an !
• Retour aux « valeurs sûres » ou place aux jeunes ?
• Le marché américain a quand même conservé la même force d'attraction pour les nouvelles marques, puisque j'en vois une par semaine en moyenne dans mon bureau ! Celles qui réussiront ? Difficile, mais je dirais vraisemblablement une sur dix, comme c’était le depuis plus de vingt ans que je suis sur ce marché...
• Quel segment pour les montres Swiss Made ?
• Il est clair que tout ce qui est mécanique se doit d'être suisse. A quel prix ? Cela peut aller de certaines marques du Swatch Group qui disposent de leurs mouvements à prix accessible jusqu'aux grandes complications...
• Le surstockage par les grandes marques ?
• Disons que certaines marques sont plus fair play et smart que les autres et qu’elles jouent le jeu en « épurant » ou en mettant à jour nos stocks. A mon avis, c’est à ces marques que les détaillants doivent rester fidèles.
• Qui s’est sortira mieux les autres ?
• Je pense qu'il est trop tôt pour le dire : la crise n'est la que depuis huit mois et les marques qui souffrent le plus sont aussi celles qui ont les reins les plus solides. Mon pronostic : celles qui s’en sortiront le moins bien seront celles qui n’offrent pas de vraie valeur pour la facture qu’elles exigent et qui sont chères pour être chères. Sans oublier les copieurs et imitateurs !
• Sortie de crise ?
• Je table sur la fin 2010 !
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