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Plus que deux semaines avant l’« été meurtrier », qui verra de nombreuses maisons s’adonner par obligation à de longues « vacances horlogères », prélude à une rentrée d’autant plus difficile que les marchés n’envoient aucun signe positif de reprise.
Fidèle à sa mission d’exploration de l’actualité sous toutes ses formes, votre Quotidien des Montres maintient la pression et garde le cap.
••• IRIDIUM WATCH
Un concept amusant imaginé par le designer américain Daniel Will-Harris : il s’agit d’une montre Iridium capable d’afficher les heures (bleu)et les minutes (rouge) en couleurs, avec une coloration violette à chaque fois que les aiguilles se recouvrent. L’idée est de faire circuler des disques colorés autour du cadran, pour un affichage ultra-minimaliste et sans aiguilles du temps qui passe (image ci-contre). Le bonheur à 119 euros !
••• ON TROUVERA PLEIN D’AUTRES IDÉES étonnantes sur le site du designer (ci-dessus), dont les montres se vendent notamment au MoMa de New York...
••• EBEL
Toujours pas d’images officielles de la montre réalisée pour le GIGN par Ebel : annoncée vendredi par Business Montres, cette montre sera celle des équipiers du GIGN « ancienne manière » (1974-2007), c’est-à-dire avant le regroupement du « G.I . » avec d’autres unités spéciales de la gendarmerie, dans l’attente – de plus en plus hypothétique d’un regroupement avec le RAID de la Police nationale. Subtilités bureaucratiques à la française !
En attendant, il s’agit bien d’une Brasilia, modèle homme avec logo du GIGN et numéro de brevet (308 attributions possibles) et modèle femme pour les épouses. Un ou deux coffres collector circuleraient déjà sur Internet...
••• L’OPÉRATION GIGN A ÉTÉ MENÉE À BIEN par Arnaud Cymerman (le digne fils de son père, chez Heurgon, rue Royale, maison qui distribue aujourd’hui Ebel en France). Insolite à première vue, le fait de proposer une Brasilia aux « gendarmes de choc » a du sens quand on voit la montre à leurs poignets musclés : ils ont tous d’autres chronographes « professionnels » [notamment une précédente édition privée Breitling], mais ils manquaient d’une montre « habillée ». La série GIGN l’est vraiment, surtout avec le logo traité au trait, sans couleurs. On se prend maintenant à trouver de nouveaux accents virils à la Brasilia...
••• BELL & ROSS
Pour l’instant, pas question de faire de l’Airborne un cadeau officiel de la Présidence de la République : de bonne source, cette interrogation de Business Montres n’est pas – encore – d’actualité, mais il y a quand même, comme le notait la semaine dernière le « sniper du vendredi », une Airborne sous roche du côté des cérémonies officielles du D-Day...
••• DEPUIS LA DISPARITION DE LIP, la République n’offre plus de montres à ses invités : il faudrait peut-être faire savoir à la présidence qu’il y a de nouvelles marques Made in France et qu’elles ont un rayonnement international. Il n’y a pas que Rolex dans la vie, M. le Président !
••• ZAPPING •••
Quelques petits riens sur un peu de tout ce qui concerne les montres…
• OMEGA : interview laconique de Buzz Aldrin sur un des blogs du WWD américain. Il était de passage à la boutique Omega de la Cinquième avenue pour le lancement d’une Speedmaster commémorative des 40 ans du premier pas sur la Lune. Lui a fait le second (pas), mais la montre était la sienne, et il partage à présent sa gloire entre Omega et Louis Vuitton (analyse Business Montres du 9 juin) : à 79 ans, il était temps ! L’interview est assez étonnante. Son envie de retourner sur la Lune : « Pas de temps à perdre : j’y suis déjà allé ! ». Son regret de ne pas avoir le premier posé le pied sur la Lune : « On n’avait pas le choix »...
• CORUM : bonne opération de parrainage d’Antonio Calce, qui a misé sur la voile lémanique pour son image de marque. Son voilier Okalys-Corum prend provisoirement la tête du Challenge Julius Bär et du derby horloger officieux que cette course à épisodes constitue, avec des marques comme Girard-Perregaux (parrain du récent Bol d’or) ou Audemars Piguet (Alinghi) sur le plan d’eau.
• ROLEX : diffusion sur un forum horloger d’un article de presse suisse alémanique évoquant le rachat direct par la marque des surstocks de ses détaillants. Mesure défensive contre la tentation du discompte et de l’explosion du marché gris, déjà très actif pour ce qui concerne Rolex.
••• AUCUNE CONFIRMATION OFFICIELLE CHEZ ROLEX, mais l’information est crédible, Rolex ayant les moyens financiers d’investir dans cet auto-déstockage défensif, seul capable de garder un peu de consistance aux prix catalogue. C’est en tout cas la preuve d’une grande lucidité sur l’évolution du marché et d’une grande maturité dans le pilotage d’une manufacture en temps de crise...
• UNIVERSO : la grande fabrique d’aiguilles du Swatch Group et obligée de mettre 258 de ses 350 employés au chômage partiel (50 % de l’activité) dès le mois de septembre, après des « vacances horlogères » prolongées. Un indice de la faiblesse extrême des carnets de commande et des perspectives de reprise horlogère chez les concurrents du Swatch Group : Universo travaille principalement pour les marques tierces...
• TACHYMÉTRIE : comment mesurer des temps inférieurs à 60 km/h avec l’échelle tachymétrique classique d’un chronographe ? Peut-on, par exemple, se chronométrer soi-même avec un chronographe moderne ? Il suffit de savoir calculer : un site de fitness américain raconte tout. Il suffisait d’y penser...
• TEA TIME : dans la série des objets du temps improbables, un bon souvenir ! Celui de la théière-réveil, capable de faire bouillir le thé et de le servir au lit. Sans garantie du constructeur, puisque le concept remonte à 1902, mais l’esthétique néo-kitsch est assez réussie pour donner des idées à différentes marques contemporaines. Puisqu’on reste sur la table de nuit, à quand la montre-distributeur de Viagra ?
• INSTANTLUXE.COM : panier moyen de 500 à 1 000 euros pour les acheteurs qui fréquentent le nouveau site Instant Luxe (plate-forme spécialisée sur les produits luxe de seconde main, garantis en bon état et authentiques). Un bon début, même si les résultats de la fréquentation restent modestes : la principale réticence vient du délai entre l’achat et la réception du produit (explicable par l’expertise de chaque objet vendu)...
• TRIBOLOGIE : on sait que la science des frottements détient une des clés du futur de l’horlogerie, avec pour objectif l’élimination à terme de la lubrification. Les chercheurs mosvovites de l’Institut de Physique pour l’ingéniérie viennent de mettre au point des couvertures composites de haute résistance à l’usure. Les nanotechnologies de production sous vide leur permettent de créer des couches nanostructurées basées sur les métaux dichalcogénides (composés de métaux de transition avec de l'oxygène, du soufre, du sélénium, du tellure) et le carbone : indice de friction 0,03 sans lubrifiant. A voir de près côté horlogerie...
• CICATRISATION : imaginons des métaux capables de se « cicatriser » automatiquement. C’est le défi auquel ont répondu des chercheurs de l’université de Mons (Belgique), associé au centre de recherches appliqué Materia Nova : ils ont appliqué un revêtement « intelligent » à des aciers et des aluminiums pour les rendre plus résistants à la corrosion, sans employer de traitements à base de chromes ou de produits toxiques. Une avancée à suivre, cette équipe travaillant désormais sur le verre et la céramique...
• ART BASEL : les connexions entre nouvelle horlogerie et art contemporain ne manquant pas, il était intéressant de suivre Art Basel de près cette année. Tout comme pour Baselworld, ce ne fut ni Waterloo, ni Austerlitz, ni évidemment Arcole, mais une foire de transition, avec la vérification d’un facteur négligé par les analystes : le rôle désormais joué par les institutions officielles dans le Monopoly artistique. Ce marché reste désormais un pur marché de grands collectionneurs (archétype : François Pinault), qui ne perdent rien à s’échanger les uns les autres leurs investissements signés par les plus grands noms de la scène artistique. Dès qu’on débouche hors de ce circuit ultra-spécialisé des initiés, qui font et défont les réputations (François Pinault est à la fois investisseur, mécène, gourou, commissaire-priseur, patron de presse et organisateur d’expositions officielles), les cotes s’effondrent. Il s’est donc créé une sorte de marché des subprimes artistiques, avec une innovation : la garantie apportée par les musées et les institutions, qui « sécurisent » les « produits financiers dérivés » que sont les œuvres contemporaines. Les collections privées se trouvent « sanctuarisées » par l’Etat qui garantit aux yeux des profanes leur auto-légitimation. D’où le bon maintien apparent de la « valeur » des œuvres et des artistes : le krach de l’art contemporain a été évité.
••• APRÈS LA REPRISE, il faudra songer à mettre en place les conditions d’une telle « sanctuarisation » pour les montres, univers qui manquent d’institutions étatiques capables de sécuriser les investissements...
• CHINE : Gucci (PPR), Dunhill et Chloe (Richemont) partent en guerre contre la Bank of China, à laquelle ils réclament 4 millions de dollars de dommages-intérêts pour n’avoir pas gelé les avoirs financiers d’un faussaire supposé. Un procès intéressant à suivre : c’est la première fois que des groupes de luxe s’en prennent ouvertement à une institution officielle de la République chinoise...
• SORTIE DE CRISE : c’est le jeu de hasard préféré des managers horlogers. La réponse à la question « Quand ? » est loin d’être acquise, au dire même des experts. La méfiance de Dominique Strauss-Kahn, le directeur (français) du Fonds monétaire international fait l’effet d’une douche froide : « Nous devons rester très prudents. La reprise est faible. De nombreuses actions doivent encore être réalisées. L'impact social va encore durer. Quoi qu'il arrive, que les “jeunes pousses“ (de reprise) soient réellement des “jeunes pousses“, la croissance reviendra au début de l'année 2010, ce qui signifie un pic du chômage au début de 2011 », à cause du décalage d'un an entre la reprise économique et son impact sur le marché du travail, a-t-il averti...
• SORTIE DE CRISE (2) : « Le secteur du luxe doit se préparer à encore deux années difficiles au moins, surtout des segments tels que l'automobile et l'horlogerie ». C’était l’opinion commune après le Sommet du luxe et de la distribution organisé par Reuters. « Cela prendra sans doute plus de temps que prévu pour revenir au beau fixe, tant il est mal vu de dépenser 40 000 dollars pour une montre Chopard ou dix fois plus pour une Lamborghini quand tant de personnes perdent leur emploi et que l'avenir économique reste incertain ».
Facteur encourageant : « A plus long terme, l'horizon du luxe semble dégagé, car sa clientèle est susceptible de s'accroître et nombre de marchés comme l'Asie centrale, la Sibérie, l'Amérique latine ou l'Inde ne sont pas encore pleinement exploités. Mais, pour cela compense les dégâts sur les marchés bien établis, il y a un monde, précisément parce que la récession locale oblige les groupes du luxe à freiner leurs investissements vers de nouveaux débouchés. La croissance des marchés émergents assurera sans doute l'essentiel de la future croissance du marché du luxe, sans pour autant éteindre les répercussions d'une moindre croissance macroéconomique dans les cinq à dix prochaines années et nous ramener à la croissance du marché du luxe des cinq à dix dernières années. D'un point de vue géographique, le panorama est mitigé. La Chine sera l'un des seuls marchés émergents en croissance cette année, à la différence de la Russie ou du Moyen-Orient par exemple »...
• MAHARADJAS : on peut déjà réserver ses billets pour l’exposition consacrée aux « Splendeurs des Cours royales des Indes » par le Victoria and Albert Museum de Londres (10 octobre-17 janvier). Au programme : 250 parures et objets exceptionnels, avec des pièces signées Cartier, Louis Vuitton ou Van Cleef & Arpels, certaines n’ayant jamais té présentées en Europe.
• MONDIAL DE FOOTBALL 2010 : alors que le Swatch Group et LVMH bataillent encore avec la FIFA pour obtenir – à un prix réaliste, car on est encore loin du compte – le chronométrage officiel du prochain Mondial de football (Afrique du Sud, 2010), un long reportage du Daily Mail britannique raconte comme les Sud-Africains se préparent, l’arme au poing, à des attaques dont les brochures officielles du Mondial ne parlent pas. Une vision non-officielle de la nouvelle Afrique du Sud, qui doit faire réfléchir sur les à-côtés de ce Mondial...
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