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Jérôme Lambert, le PDG de la manufacture de la vallée de Joux, est catégorique. De passage à Paris, il s’explique sur la stratégie du luxe horloger en temps de crise.
Au Trocadéro, face à la tour Eiffel, symbole de la Troisième République triomphante, Jaeger-LeCoultre a choisi de présenter discrètement lundi un projet humanitaire défendu par un descendant du roi des Français Louis-Philippe, à savoir Charles-Philippe, prince d’Orléans, duc d’Anjou et grand maître de l’Ordre de Saint-Lazare. Il s’agit de réhabiliter des points d’eau en Ethiopie.
Parmi les organisateurs de cette manifestation, Jérôme Lambert, président-directeur-général de la manufacture horlogère de luxe. Occasion est ainsi offerte de lui poser quelques questions sur fond de crise économique.
Zenith ou Franck Muller viennent d’annoncer un nombre important de licenciements. Qu’en est-il chez Jaeger-LeCoultre? Avez-vous, notamment, eu recours au chômage partiel ou y songez-vous?
Régulièrement des rumeurs circulent à propos de notre manufacture. Alors, soyons clairs: Jaeger-LeCoultre n’a prévu aucun plan de licenciement ou autres mesures de ce genre. Tout le monde est sur le pont. Tout le monde est mobilisé. L’état d’esprit à la vallée de Joux est à la fois au combat et à la sérénité. Nous avons internalisé la plupart de nos activités.
En d’autres termes, nous faisons le maximum de choses nous-mêmes en évitant de les faire produire ailleurs. De plus, nous sommes soutenus par un actionnaire très solide, le groupe Richemont. En 176 ans d’existence, Jaeger-LeCoultre a affronté et surmonté bien des périls. Nous savons gérer l’effort sur le long terme. L’important est d’avoir toujours un coup d’avance par rapport au marché. Pour l’instant, ce coup d’avance, nous l’avons. Mais nous avons suffisamment d’humilité pour savoir qu’il n’est pas acquis pour toujours.
Vous trouvez-vous devant un problème de stocks que vos distributeurs ne peuvent écouler?
Non. Nous faisons attention à disposer des bons produits aux bons endroits.
Quels sont les marchés les plus périlleux pour les montres de luxe? Et quels sont, éventuellement, les marchés qui résistent bien?
Les marchés américains, espagnols et japonais sont les plus exposés, c’est évident. En revanche, la Chine reste un client particulièrement actif. Cette nation est tellement grande qu’elle possède un dynamisme économique propre. Pour nous, la Chine est un vrai socle.
Vous venez d’inaugurer votre troisième boutique en France, à Cannes. Cette stratégie de développer vos propres boutiques est-elle une façon de contourner les habituels distributeurs multimarques?
Nous ne cherchons à contourner personne. D’autant plus que la boutique ouverte à Cannes n’appartient pas à Jaeger-LeCoultre. Elle a été franchisée. De cette façon, nous offrons à nos clients les plus fidèles un éventail plus large qu’ailleurs. Toute l’attention des vendeurs est ainsi dirigée vers la présentation de nos modèles.
Norbert Platt, directeur général de Richemont, a annoncé son départ pour la fin de l’année. On sait, dès lors, qu’une guerre de succession s’est ouverte au sein du groupe. Etes-vous intéressé par ce poste?
Je ne peux que vous répondre ainsi: seul M. Johann Rupert – actionnaire majoritaire du groupe Richemont – possède les clefs de cette nomination.
Tribune de Genève |