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SEPTIÈME JOUR…
Décollage immédiat avec Carlos Rosillo, co-fondateur et président de Bell & Ross, une des marques horlogères les plus dynamiques, non seulement parmi les références françaises, mais également sur la scène mondiale, où elle réussit un très beau parcours grâce à une offre produits aussi créative que raisonnable en prix.
Plus adepte du travail de terrain que de la paillette médiatique, Carlos Rosillo dessine le profil possible d'une nouvelle horlogerie post-bulle.
Il était logique de lui confier le pilotage d'une nouvelle étape de ce « Tour du monde horloger en 80 jours » dans lequel votre Quotidien des Montres vous embarque tout au long de l’été 2009...
• Reprise des commandes pour Bell & Ross ?
•••• Carlos Rosillo, Bell & Ross (ci-contre) : Reprise claire aux Etats-Unis, encore douteuse en Asie et parfois ponctuellement surprenante en Europe (en mieux comme en pire), avec des détaillants de plus en plus pointus dans leurs choix, dont le panier moyen a baissé. Difficile de donner une vue d’ensemble : il n’y a plus que des cas particuliers...
• Arrivée de nouveaux détaillants ?
•••• Les détaillants ne s’intéressent qu’aux marques les plus « pointus », celles qu’on ne voit pas partout et qui proposent des produits qui ne sont pas disponibles ailleurs. Ils nous prennent parce que nous sommes différents...
• Changement dans la politique des prix ?
•••• Non, dans la mesure où nous ne les avions pas augmenté depuis cinq ans...
• Innovation ou « back to classics » ?
•••• Les deux, forcément. Il faut marier une offre de base « classique » (dans le respect de notre identité) à des produits capables de créer des émotions fortes.
• Peut-on se fier à ses détaillants ?
•••• Diplomatiquement oui, si on les surveille de près. Trop souvent, hélas, non quand ils ne font pas grand-chose et qu’ils se contentent de vendre des marques – c’est plus facile – sans travailler le produit...
• Trop de petites marques indépendantes ?
•••• Ces marques ont de l’avenir si elles sont « pointues » et exclusives – si elles sont « segmentantes », c’est-à-dire si elles font autre chose que les marques généralistes.
• Où et comment séduire de nouveaux clients ?
•••• Même pour le réseau traditionnel, Internet est une aubaine fantastique. Pour une marque, c’est une relais et un amplificateur dans la diffusion de l’information. On peut créer du désir sur Internet et le transformer en acte d’achat qui sera ensuite canalisé vers tel ou tel réseau de vente.
• Une recette pour tenir le coup en tant de crise ?
•••• 1) Le stock : il faut absolument veiller à le maintenir au bon niveau (coup de chance : la marque Bell & Ross a été relativement épargnée par le sustockage, du fait que nous étions plutôt bas au début de la crise). 2) Le respect de la philosophie de la marque : l’intransigeance dans ce domaine est absolue. 3) La souplesse et la légèreté de la structure : il faut avoir les épaules libres pour bien manœuvrer, donc réduire nos coûts fixes, ce qui ne nous empêche pas de recruter...
• Comment rassurer ses fournisseurs ?
•••• Le tout est d’étaler intelligemment son programme de production pour éviter les à-coups fatals. C’est plus facile à faire sur la production « classique », mais ça permet aussi d’exiger plus quand on se lance sur une production atypique – comme la récente collection Airborne. S’il y a un secret, c’est celui d’une capacité d’adaptation permanente, de part et d’autre. Les risques doivent être partagés.
• Sortie de crise pour quand ?
•••• L’histoire de Bell & Ross est celle d’un challenge permanent. La gestion de crise est pour nous une seconde nature, donc un peu plus, un peu moins...
(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.
••• DEMAIN ••• HUITIÈME JOUR : EN DIRECT DE BERNEX (GENÈVE), JEAN-MARC WIEDERRECHT (AGENHOR).
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