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HUITIÈME JOUR…
Calmement, posément, avec le sourire et sans éclats de voix,
Jean-Marc Wiederrecht (ci-contre) s’est hissé au premier rang des « grandes » manufactures de complications – grandes pour la notoriété et la réputation de ses réalisations plus que par la taille, puisqu’il refuse de faire grandir son atelier au-delà d’une trentaine de collaborateurs.
On lui doit chaque année quelques-unes des plus belles montres dont on parle dans les salons, même si trop de marques refusent encore de l’associer à leurs « créations ».
Son expérience était trop précieuse pour qu’on se passe de son avis au cours de ce phénoménal« Tour du monde horloger en 80 jours » dans lequel votre Quotidien des Montres vous embarque tout au long de l’été 2009...
• Les commandes ont-elles repris pour Agenhor ou ont-elles changé de nature ?
•••• Jean-Marc Wiederrecht (Agenhor, Genève) : Une sorte de « jour blanc » flotte sur la branche. Les budgets et besoins de nos clients varient constamment, en général à la baisse. Une extrême prudence est de mise. Par exemple, il n’est pas rare qu’un jour une commande soit décalée ou annulée et que, très peu de temps plus tard, une demande de livraison urgente nous parvienne pour le même produit !
• De nouveaux clients, avec quelles motivations de leur part et quelles demandes ?
•••• Les demandes de nouveaux développements émanent essentiellement de marques avec lesquelles nous travaillons déjà. Cette année, les quelques demandes de nouveaux clients potentiels me sont essentiellement parvenues de l’étranger, parfois assez lointain !
• Baisse des prix envisagée, et pourquoi ?
•••• Ma politique de prix a toujours été extrêmement stricte et n’a jamais été fonction de critères tels que « l'offre et la demande ». Pour le moment, mes coûts de fonctionnement sont difficilement compressibles et les prix payés à mes sous-traitants sont également très stables. Ces derniers ne peuvent souvent pas être revus à la baisse, sous peine de provoquer des dégâts irréparables chez la plupart de mes fournisseurs. D’autre part, le ralentissement du roulement du stock de fournitures a tendance à diminuer la rentabilité générale. En conséquence, mes prix ne devraient pas varier dans le proche avenir.
• Innovations et concepts à tout prix ou recentrage sur les complications « classiques » ?
•••• Je crois n’avoir jamais voulu développer des « innovations ou concepts à tout prix ». Je ne vais donc pas commencer maintenant. Je continuerai de tenter d’améliorer, de simplifier, de clarifier, de fiabiliser voire de développer des fonctions respectant l’art horloger et permettant des affichages efficaces de fonctions utiles, en fonction des besoins de mes clients.
• Peut-on faire confiance aux jeunes marques indépendantes et pourquoi ?
•••• Parfois. Malheureusement, beaucoup de jeunes marques ne sont pas conscientes des difficultés qui les attendent et que l’enthousiasme, associé à quelques moyens financiers, ne suffit pas à assurer un succès rapide !
• Le marché a-t-il encore besoin de nouvelles complications ?
•••• A l'instar de ce qui se passe pour les courses de Formule 1, la recherche constante d’améliorations techniques et esthétiques dans le cadre de complications nouvelles ou existantes permet à l’horlogerie de continuer de progresser et de susciter un engouement impressionnant – comparé à l’utilité réelle des montres, à l’heure des multiples gadgets électroniques qui donnent l’heure très précisément pour des coûts insignifiants.
• Qu’est-ce qui aura changé après cette crise ?
•••• Beaucoup de marques et surtout de sous-traitants, parfois très performants, auront disparu, emportant avec eux de précieux savoirs. Les survivants seront probablement plus forts qu’avant.
• La recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• 1) Préparer les produits de l’après-crise, qui soient capables de convaincre les clients de leur pertinence. Mériter ainsi la confiance des client et de conclure des contrats permettant d'attendes les jours meilleurs. 2) Assainir l’outil de production, profiter du ralentissement pour améliorer la qualité grâce à la diminution de la pression des délais.
• Les petites manufactures de mouvements ont-elles de l’avenir ?
•••• Difficile pour toutes, y compris des grandes maisons, mais quelques petites pourraient même s’en tirer plutôt mieux que d’autres.
• Sortie de crise pour quand ?
•••• Je suis horloger, pas devin…
(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.
••• LUNDI, puisque le Tour du Monde fait escale les week-ends ••• NEUVIÈME JOUR : EN DIRECT DE MIAMI (ETATS-UNIS), PIERRE HALIMI LACHARLOTTE (WINGS OF TIME).
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