|
C’est bon, c’est acquis : maintenant, plus personne ne croit à un sursaut économique avant les vacances d’été.
Plus personne n’imagine même une reprise à la rentrée. L’idée d’une relance en fin d’année semble tout aussi illusoire. Nous y sommes donc, dans cette satanée « crise », longtemps niée, puis occultée, mais aujourd’hui tout juste activée dans sa phase la plus critique.
Une « crise » qui va nous obliger à changer durablement nos mentalités : votre Quotidien des Montres ouvre le débat sur cette mutation sociétale.
••• « 2009, ANNÉE DE TOUS LES DANGERS »
Le scepticisme était de mise quand Business Montres avait tiré la sonnette d’alarme, dès la rentrée de septembre dernier. Il suffisait pourtant de prendre la température dans les boutiques, d’analyser les statistiques horlogères (aussi insuffisantes soient-elles) et de suivre l’évolution des indicateurs économiques (immobilier, déficits américain, etc.) pour comprendre 1) que l’industrie horlogère plongeait ; 2) que le luxe n’échapperait pas à la catastrophe annoncée ; 3) qu’il fallait se préparer à une crise profonde et durable, au moins aussi grave pour la branche que la révolution du quartz et au moins aussi destructrice que la grande dépression des années trente [souvenons-nous de ceux qui tablaient paisiblement sur un coup de déprime comparable à l’après-9/11 aux Etats-Unis]...
Inutile de revenir sur les charlatans du « crisis proof » et les Pinocchio du « Tout va très bien, Madame la marquise » : ils se sont démonétisés d’eux-mêmes en affirmant que la crise allait épargner leurs carnets de commande bourrés à bloc, leur fantastique sell-out et leurs indicateurs au vert intense.
••• LA FIN TRAGIQUE DU BUBBLE BOOM
On regrettera seulement que les warnings émis par le marché – le vrai terrain, la vraie vie, pas le microcosme des financiers – n’aient pas été perçus à temps. Il y a toujours des imbéciles qui regardent le doigt quand on leur montre la Lune. En réagissant avec six à huit mois de retard sur un déflagration sociétale beaucoup plus qu’économique, trop de managers horlogers se sont mis à la faute : accélération en fin de ligne droite par défaut d’anticipation du virage, freinage en catastrophe et, logiquement, dérapage, tête-à-queue, puis sortie de route avec tous les passagers (personnel, fournisseurs, détaillants, partenaires).
Que de suppressions de poste auraient pu être évitées si on avait eu la lucidité d’admettre à temps que la bulle horlogère avait explosé ! Que de vies de famille ont été sacrifiés par l’aveuglement et l’envie de gagner quelques centimes supplémentaires en bourrant à tout prix les tiroirs pour ne pas se déjuger ! Que de dégâts dans un tissu industriel qui mettra de longues années à cicatriser et à retrouver un rythme de croisière sain et décent !
••• LES CLÉS D’UNE NOUVELLE MENTALITÉ
Puisque la « Bulle époque » est derrière nous, autant réfléchir maintenant non seulement à la survie élémentaire dans une tempête qui commence à peine à faire sentir ses effets (la « théorie de l’été meurtrier » est plus que jamais opérationnelle), mais surtout aux comportements intelligents de l’après-crise.
C’est dès cette fin 2009 que se préparent les positive attitudes d’un éventuelle reprise en 2011-2012. Business Montres en avait fait un leitmotiv à l’automne 2008 : « 2009, année de tous les dangers et de toutes les renaissances. Admettons que, l’inertie collective aidant, on a beaucoup plus senti jusqu’à présent les dangers que les renaissances, mais les plus fûtés y travaillent déjà, dans les manufactures, chez les détaillants et chez les fournisseurs...
Ce n’est pas une raison pour négliger un changement de mentalité devenu indispensable et sans lequel les leçons de cette crise ne seraient pas tirées, ce qui retarderait d’autant la reprise tout en semant les germes d’une « réplique » inéluctable du tremblement de terre en cours...
••••• DEMAIN, LA SUITE (et la fin de cette chronique) :
Quelques rampes de réflexion pour la « Bubble Boom » génération : la morale, l'argent, le travail, la création, la participation et tout le reste !
• « Seule la vérité est révolutionnaire »...
• « La fin ne justifie jamais les moyens »...
• « Labourez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le moins »...
• « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent »...
• « On ne respecte vraiment qu’en respectant les autres »...
|