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En vrac, sans (trop de) commentaires, votre Quotidien des Montres vous maintient en prise sur l’actualité horlogère, ses fétiches et ses sortilèges.
Des voiles, des vélos, des volants et des voleurs : avec quelques diamants et des cacahuètes, on devrait s'en tirer...
••• ONLY WATCH 2009 : CHANEL
C’est la première fois que Chanel participe à la vente Only Watch et c’est la première fois qu’un chronographe J12 blanc s’offre une parure de saphirs roses : oui, il s’agit bien de saphirs roses, en taille baguette (4,07 carats), avec 12 index en diamants baguette (1,2 carats).
Pour les directeurs de production qui sont déjà en train de pianoter sur leur calculette, on va ajouter que la couronne et les poussoirs sont ornés de saphirs roses (0,45 carats), tandis que la boucle triple déployante est en or blanc 18 carats (ci-contre).
Du pur, et même du très pur Chanel, décliné dans un boîtier de 41 mm qui impose le respect : la montre concentre en quelques centimètres cubes les deux constantes identitaires de la marque – l’art joaillier et le savoir-faire horloger, puisque cette montre est certifiée chronomètre.
On pourrait y ajouter une troisième dimension : la maîtrise des nouveaux matériaux, puisque l’or blanc est ici combiné avec une céramique blanche, issu de technologies d’avant-garde qui subliment quelques composants élémentaires et primordiaux de notre bonne vieille planète.
Que faut-il saluer ? La générosité de Chanel ? Sans doute, mais c’est gênant de la souligner. L’audace de la marque, qui vient se mesurer ici aux plus grandes manufactures ? Evidemment, mais qui doutait encore de la pertinence des collections horlogères de Chanel, qui a signé avec la J12 le premier grand best-seller des montres du XXIe siècle. La réussite indéniable de cette montre, qui exprime une sorte de candeur laiteuse, régressive et séraphique ? Sous les saphirs roses, l’innocence des paradis perdus. Avec le feu des diamants, la magie céleste des lumières du temps. Dans la pâleur nacrée de la céramique, les réalités d’une Terre apaisé par la pureté du style.
Une Chanel, c’est toujours beaucoup plus qu’une montre...
••• SAUVEZ WILLIE !
Quoiqu’il n’ait pas mis les pieds en Suisse depuis plus d’un mois, William Rohr (CEO d’Antiquorum) a choisi de prolonger ses vacances en Chine, puis aux Etats-Unis, après la vente hongkongaise de la fin juin [4,1 millions d’euros, 6,3 millions de francs suisses : par les temps qui courent, un super-résultat pour une vente « ordinaire »]. On ne le reverra sans doute pas avant plusieurs semaines, mais il ne faut pas en déduire – comme une lecture aml intentionnée de Business Montres pouvait le laisser croire – qu’il se défie de la justice genevoise. Laquelle sera en « vacances judiciaires » quand il rentrera, dans quelques semaines. Comme il a lui-même pris soin de le préciser, il reste évidemment à la disposition des juges genevois qui ont des questions à lui poser sur la plainte pour escroquerie déposée contre Antiquorum par le fameux « marquis espagnol ».
••• VROOM VROOM
Horlo + auto : c’est généralement le bon plan gagnant ! Alexandre Strambini, qui dirige les montres Edox [une marque en plein revival marketing et produits] l’a bien compris en signant un partenariat avec le championnat du monde des rallyes (WRC), dont Edox sera le chronométreur officiel. Présence marquée sur les étapes et aux arrivées, avec forte notoriété auprès des pilotes, toujours grands amateurs de montres. En préparation pour Bâle 2010 : une collection spéciale WRC : boîtier démonstratif et mouvement quartz en édition limitée autour de 2 000 euros [un bon pricing pour cette cible]. Et, pour la rentrée, une série spéciale de 244 pièces (pour le championnat RC 44) étanche à 244 mètres !
••• BIZARRE
Quand toute la Suisse se félicite de voir La Chaux-de-Fonds classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, une seule marque horlogère a l’idée de s’en féliciter et d’affirmer sa fierté d’être ainsi « Made in La Tchô ». Alors que le bassin de la Watch Valley ne compte pas moins de 70 maisons et manufactures. L’équipe de Corum a défilé dans les rues de la ville pour prouver que sa marque « Corum-La Chaux-de-Fonds-Suisse » avait de la consistance. Et les autres ?
••• BRACONNAGE
Voici quelques semaines, Business Montres révélait la création d’un site Internet dédié aux articles de luxe de seconde main, avec un astucieux système d’expertise destiné à garantir l’authenticité des produits mis en vente. Il n’en fallait pas plus pour que Instantluxe se mue en une impressionnante caverne d’Ali Baba, vouée au déstockage discret de centaines de montres neuves, dont une petite poignée sont des vraies occasions, les autres relevant du parallèle le plus évident : 40 Breitling, 80 Cartier, 30 Chopard, 35 Jaeger-LeCoultre, 90 Rolex, 10 Patek Philippe... En tout, près de 75 marques y sont proposés avec des rabais allant jusqu’à – 50 %...
••• AMERICA’S CUT
Louis Vuitton mène actuellement une intense mais discrète guerre diplomatique pour pérenniser ses Louis Vuitton Pacific Series (courues sur Class America) et en faire le pendant, sinon le remplaçant d’une America’s Cup à laquelle plus personne ne comprend rien. Le plus amusant est que les syndicats de la Cup plébiscitent eux-mêmes ces régates internationales d’un nouveau style, mieux organisées et plus intéressantes pour les sponsors que les rituels désuets autour d’une aiguière d’argent qui ne fait plus rêver personne. L’opération Louis Vuitton – inspirée des Pacific Series autant que des Acts qui se couraient avant la Cup – pourrait porter un coup fatal à la plus vieille régate du monde, mais ce ne serait que pour mieux la phagocyter, histoire de rentrer par la grande porte quand on s’est fait sortir par la fenêtre...
••• CACAHUÈTE MARKETING
Sous le titre provocateur « Vous prendrez bien une cacahuète », Pascal Brandt jette dans Horlogerie-suisse un pavé dans le marigot des certifications horlogères, qu’elles soient jurassiennes, genevoises, confédérales ou municipales. Le nouveau Poinçon du Jura en prend pour son grade : « Cette initiative de distinction géographique initiée par un fournisseur de mouvements s’apparente surtout à ce genre de cacahuète marketing lancée en pâture à une poignée de compagnies, qui doivent absolument chercher le facteur décisif de différenciation, d’image qualitative et de légitimité que leur produit peine, où n’arrive pas, à générer ».
••• HORLOCARTE
Business Montres se demandait récemment s’il existait pour l’horlogerie suisse une carte comparable à celle qui avait été établi pour localiser les différents sites de l’horlogerie « Made in Germany ». Cette carte existe, même si elle est loin d’être complète : elle est très récente et régulièrement mise à jour. On peut la consulter sur Google Maps...
••• 2010
Quand l’homme qui tient les clés de la boutique horlogère prend la parole, on l’écoute : tout le monde a cru – ou fait semblant de croire – Nicolas Hayek quand il parlait d’une reprise à l’été 2009. Interrogé par Bastien Buss dans L’Agéfi (Suisse), il corrige le tir : « Selon moi, la sortie de crise pourrait intervenir à mi-2010. Il y aura encore de nombreux dégâts d’ici là. D’aucunes sociétés, qui ont engrangé de substantiels bénéfices ces dernières années, peuvent encore très bien survivre sans problème majeur quelques mois à une situation de forte récession, voire même à plusieurs années de crise. Certaines d’ailleurs rachètent leurs propres stocks auprès des détaillants. C’est de notoriété publique. D’autres marques vont par contre disparaître. Ce sera un nettoyage attendu et probablement salutaire pour l’industrie ». Non sans donner des coups de pied dans les tibias de la concurrence : « Un horloger, et pas des moindres, qui s’approvisionne chez nous pour certains composants, a encore des cœurs de mouvements de montres dans ses dépôts pour au moins dix-huit mois ».
Son pessimisme fait froid dans le dos : « L’homme est ainsi fait qu’il n’en tirera aucune. Nous n’y parvenons tout simplement pas. Nous n’allons rien en apprendre, la cupidité dans la finance restera. Un professeur d’une université américaine a analysé les éléments déclencheurs des crises économiques de ces 700 dernières années. Le constat est stupéfiant: les mêmes erreurs sont à chaque fois inexorablement reproduites. Pourtant, ce ne sont pas les éléments à changer, rectifier, améliorer qui manquent, comme les excès du système financier et sa mainmise sur l’industrie, pour ne citer que ce seul exemple »...
••• GAYSORN
C’est le grand test estival de l’horlogerie exotique : cette semaine, c’est à Gaysorn, un des plus prestigieux hot spots de Bangkok que ça se passe : pendant un mois, l’exposition Art of Time 2009, organisée en partenariat avec The Hour Glass et le Swatch Group, permettra de découvrir quelques superbes pièces de haute horlogerie, présentées par des marques comme Blancpain, Omega, Ulysse Nardin, Romain Jerome, ou TAG Heuer...
••• LE RETOUR DE SIFFERT
Dans la famille Siffert, je voudrais le fils : fort de la légitimité paternelle dans le domaine de la course automobile, le fils de Jo Siffert prend le départ de la grande compétition automobile, avec des collections de montres (mais aussi de vêtements) qui font référence au champion disparu. On trouve donc sous la signature Jo Siffert des chronos Swiss Made dédiés à l’automobile. Décorés avec un revêtement en damier noir et blanc, ils seront plus utiles aux amateurs qu’aux pilotes, généralement très superstitieux, qui considèrent que porter sur soi un drapeau à damier [symbole de la victoire] est un... porte-malheur !
••• LIMITÉE
Suite et fin de l’édition limitée lancée par Nixon au printemps : l’idée était de lancer, tous les mois, une série limitée de Rubber Player 4x4 – c’est-à-dire des montres en gomme monochrome (cadran, boîtier, bracelet), avec une série par mois (bleu en avril, rouge en mai, vert en juin et jaune en juillet). Le succès a été immédiat dans le réseau Nixon, les détaillants ne sachant pas à l’avance ce qu’ils recevraient le premier du mois, mais prenant tout de même les commandes. Ni réassort, ni suite possible (mouvement quartz Miyota et « diamant » à 6 h pour 199 euros). Une belle opération de marketing, qui prouve la maturité de Nixon et qui rappelle les meilleures heures créatives de la Swatch.
••• BIBICYCLETTE
En priant Miguel Rodriguez (Festina) de bien surveiller ses arrières sur le Tour de France, Business Montres ne croyait pas si bien dire. C’est après-demain que Jean-Claude Biver enfourchera son nouveau « Bibi Bike » pour prendre le départ du World Stars Cycling Criterium de Monaco : une boucle de 48 km sur le circuit du port Hercule, au cœur de la principauté, en ouverture du prologue du Tour de France. BMC, le partenaire de Hublot pour le ce premier « vélo horloger » [une Bibicyclette 100 % Swiss Made, elle aussi], ne cache pas son intention de participer au Tour de France 2011 sous les couleurs du BMC Racing Team. De là à imaginer Jean-Claude Biver comme chronométreur officiel du Tour, il n’y a qu’un pas : après tout, voici deux ans, qui l’aurait imaginé dans le chronométrage de l’Euro 2008 et associé avec Manchester United ? En attendant, une échéance pour les deux équipiers de luxe : le record du monde de l’heure – évidemment chronométré par Hublot.
••• INCONTOURNABLE
Comment monter une vente privée Louis Vuitton sur Internet quand Louis Vuitton ne se vend que chez Louis Vuitton ? L’affiche est alléchante et la tentation forte : Bestmarques a subtilement reconstitué un assortiment de pièces vintage, de sacs de collection et de produits de seconde main. La légende fait le reste. Louis Vuitton fait recette ailleurs que chez Louis Vuitton...
••• SUR-RÉACTION
Les marques paniquent, mais les frontaliers trinquent : ils sont les premiers touchés par les licenciements dans les entreprises horlogères [80 % de hausse du chômage dans le bassin de Morteau), comme le rappelle un article d’hier matin dans L’Express/L’Impartial (Suisse). Les autorités françaises accusent même les Suisses de sur-réagir face à la crise. « Considérés jusqu'ici comme des privilégiés, voire des profiteurs, les frontaliers perdent des plumes en situation de chômage en étant indemnisés par la France, et pas par la Suisse. Une exception dans le droit communautaire qui les pénalise. En effet, si le chômeur suisse touche 70% de son salaire (80 % s'il a des enfants), le chômeur frontalier n'a droit qu'à une allocation égale à 57,4% de son salaire de référence, sur lesquels seront encore ponctionnés 11,37% de retenues sociales ».
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