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Les petits détaillants vaudois fustigent les marques
 
Le 02-07-2009

Loin des salons glamour et des publicités people, les détaillants en horlogerie se meurent. La profession subit les pressions des marques, la concurrence des grands magasins et d'internet, sans compter les problèmes liés à la sécurité.

Les petits horlogers disparaissent les uns après les autres et ne sont pas remplacés. Pour Jean-Pierre Morthier à Lausanne, le constat est dur, sans appel: «Plus personne ne veut reprendre nos commerces et on n'a plus les moyens de gagner sa vie», raconte-t-il.

Jetés comme des Kleenex
Fils d'horloger, le passionné de 62 ans est particulièrement en colère contre les marques et leur politique commerciale. «Nous avons passé notre vie à les promouvoir. Mais ces gens nous jettent comme des Kleenex et mettent leurs montres dans des grandes surfaces sans personnel compétent».

Très critique dans le moyen de gamme, la situation ne va pas s'améliorer. Les horlogers indépendants vont disparaître, comme ça la marge des marques sera «complète». «On ne peut pas discuter avec eux», déplore Jean-Pierre Morthier en parlant de responsables comme Nicolas Hayek qui n'a pas répondu à son courrier.

Pierre-Francis Kaenel, ancien président de la défunte association vaudoise des horlogers, est tout aussi pessimiste. «Le déclin est évident. Beaucoup de petites villes perdent leur horlogerie».

Plus rentable
»C'est plus rentable», regrette l'horloger qui a pignon sur rue à Villars. Les marges baissent alors que les frais fixes augmentent. S'il refuse de «dramatiser» l'aspect sécuritaire, il reconnaît que les frais d'une installation moderne ne sont plus supportables pour un magasin de quartier, sans parler des primes d'assurances.

Le moyen de gamme, de 500 à 2000 francs, est «voué à disparaître», selon le détaillant. Il en veut lui aussi beaucoup aux marques pour qui les commerçants doivent absolument «faire du chiffre».

En colère
«Nous sommes votre vitrine», avait lancé Bernard Metzger à Nicolas Hayek. «Mais le grand patron de Swatch s'en balance complètement», critique l'horloger qui tient trois magasins à Lausanne. La fâcherie est allée jusqu'à ce qu'il ne reçoive plus d'Omega à vendre.

A 65 ans, Bernard Metzger ne se fait plus d'illusions. «Je ne crois pas que l'horlogerie redeviendra ce qu'elle a été il y a 20 ans. Les nouvelles montres sont présentées ailleurs qu'en Suisse et mon fils n'a aucune hésitation à acheter sur internet», remarque-t- il avec franchise.

Supermarché
Les détaillants doivent aujourd'hui acheter les montres. Ils ne peuvent plus les avoir en consignation, d'où des investissements considérables, souvent impossibles pour des petits commerces qui n'enthousiasment pas les bailleurs de fonds.
Sans compter le développement des grands magasins qui jouent sur ce créneau et qui ont les reins plus solides. Les gens vont se faire conseiller chez l'horloger et achètent ensuite dans la grande surface, s'emporte Jean-Pierre Morthier. «Que les marques donnent leurs montres à des gens compétents, formés, qui savent réparer», lance-t-il.

No comment de Swatch
L'horloger reconnaît toutefois que la profession n'a pas su se défendre alors qu'elle en avait les moyens. «C'est clair et net, c'était la désunion et on n'est pas intervenu». Attaqué très directement, Swatch Group a indiqué qu'il n'avait «pas de commentaires» à faire sur le sujet.

Ats - 24 Heures

 



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