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Le chômage technique des uns et le retour (forcé) des autres à la tradition des « vacances horlogères » raréfie singulièrement l’atmosphère de l’actualité horlogère.
Le Quotidien des Montres n’en reste pas moins mobilisé et le sniper est à son poste pour les premiers tirs sélectifs de l’été meurtrier.
... Cette semaine, le sniper a...
••• SURPRIS une réunion ultra-confidentielle de la nouvelle génération horlogère : ça se passait à Neuchâtel et une trentaine de personnes y représentaient une vingtaine de marques indépendantes et de créateurs horlogers, inquiets pour leur survie dans un contexte de raréfaction des commandes passées par les détaillants [à court de cash] et de tarissement des articles qui relayaient leur communication dans la presse [les rares annonceurs sont exigeants et sélectifs]. Bref, comment créer une relation directe avec le client final, dont l’intérêt ne se dément pourtant pas [les amateurs sont toujours là, moins nombreux mais plus insaisissables] ? Bonnes questions, que se posent toutes les marques hors groupes, bien au-delà de ce noyau dur de « résistants ». Réponses dans les mois à venir...
••• REPÉRÉ une montre totalement inconnue et furtivement passée sous les radars à Bâle : une Grande Sonnerie Gérald Genta baptisée Arena Metasonic (quatre marteaux et une sonorité de folie, audible à plusieurs mètres !). Il semblerait que cette pièce unique – peut-être y en aura-t-il un petite sœur plus tard – vienne d’être livrée aux Caraïbes. Comme quoi il y a encore des clients pour des montres à 700 000 dollars, qui disposeront, pour cette somme, d’un écrin high-tech qu’on ne peut ouvrir qu’avec ses propres empreintes digitales. Une grandes sonnerie qui sonne vraiment, ce n’est pas si fréquent dans la haute horlogerie : comme quoi le bon vieux mouvement mis au point et fiabilisé par Gérald Genta lui-même, voici quinze ans, a encore un gros potentiel.
C’est avec une pièce comme cette Arena Metasonic qu’on réalise les progrès réalisés au cours de ces dernières années par la manufacture du Sentier : sans tapage et sans show off, Gérald Roden (décidément, que de Gérald !) a finalement réussi à assurer une transition sans rupture entre la marque du créateur et la marque actuelle, dont le contenu a été densifié et relégitimé sans cicatrice après qu’elle ait coupé le cordon avec son fondateur. Le défi n’était pas mince alors que Gérald Genta est toujours sur le pont, au service d’autres marques. Genta sans Gérald (quoiqu'avec l'autre Gérald), c’est plus que jamais Gérald Genta tout court !
••• ENREGISTRÉ une nouvelle marque dans la série des naissances de 2009 : DWatch, avec un D comme design, est un concept horloger créé par deux plongeurs américains pour assurer une personnalisation totale de la montre. Sur la base d’un modèle en 46,6 mm de large, on peut tout changer et personnaliser : boîtier, cadran, aiguilles, lunette et bracelet. Le tout, étanche à 1 000 m, sera assemblé par des horlogers suisses (mouvement ETA 2824) et donc estampillé Swiss Made pour être facturé 990 dollars (vente en ligne exclusivement). On peut aussi opter pour un modèle de série, qui ne sera édité qu’à 100 exemplaires dans cette configuration de base...
••• AIMÉ la montre offerte par la maison américaine Tourneau à Only Watch 2009 (ci-dessus) : une heure sautantes automatique en or rose (mouvement Soprod) dont le cadran très travaillé illustre la nouvelle sobriété recherchée par les manufactures de montres. Détails très travaillés (cerclage des minutes, petite seconde, guillochage du cadran) sous une apparence faussement classique, qui se joue des convenances en décalant l’héritage horloger dont la montre s’inspire. C’est une 001/001 : il n’y en aura pas d’autres, en or rose ou en or pas rose...
••• COMPRIS que la révolte gagnait aussi les détaillants : plusieurs articles parus en Suisse, notamment dans 24 Heures et L’Agéfi, stigmatisent le comportement des marques et des groupes vis-à-vis des « petits détaillants » qui se meurent dans l’indifférence générale d’un excès de pression commerciale. Nouveauté : ces « petits détaillants » n’hésitent plus à attaquer les marques nommément. Un signe supplémentaire des tensions qui montent entre les différents maillons de la chaine horlogère...
••• APPRÉCIÉ les réactions positives d’à peu près tout le monde au Tour du monde horloger en 80 jours lancé par Business Montres. C’est la diversité des réponses qui donne du goût à la série, qui donne la parole non seulement à une sélection de managers, mais aussi de fournisseurs et de détaillants du monde entier. Quelques bonnes excuses chez ceux qui ont (poliment) décliné l’invitation et un ou deux grincheux : classique ! Mais pas grave : avec les réponses déjà arrivées, on pourrait faire deux Tour de la montre en 80 jours...
••• DÉCOUVERT sur le site ultra-tendance japonais Brownbreath une montre développé en collaboration avec la marque (japonaise) Alive Tokyo : cette 12 Gan-Ji watch renonce au décompte sur 24 heures des Occidentaux pour en revenir aux anciennes 12 heures des cultures japonaises et coréennes. Les heures sont mentionnées sur le cadran en idéogrammes animaliers chinois. Une montre très expressive. On regrettera seulement qu’elle n’aille pas plus loin dans le retour aux sources en proposant, comme les horloges japonaises jusqu’à la fin du XIXe siècle, des heures quotidiennes plus courtes en hiver et plus longues en été...
••• ADMIRÉ une publicité Harley-Davidson trouvée dans un magazine brésilien : une orchestration parfaite de la marque et d’un univers esthético-musical de référence (la ville, la guitare, la nuit, l’autoroute, l’asphalt jungle), relié au fameux « grondement » des motos américaines. Comme quoi on peut sortir sans se renier du trop classique pack-shot qui obsède les maisons horlogères...
••• AJOUTÉ une marque à la longue liste des « montres de James Bond » : elle vient d’être exhumée des archives du Journal suisse d’horlogerie par le webmaster d’Horlogerie-suisse. Il s’agit d’une Moeris « James Bond 007 », présentée à Bâle en 1966. Elle porte au dos la fameuse image de l’agent 007 et de son Lüger. Particularité : une couronne carrée, gravée « 007 »...
••• TROUVÉ le site de référence de tous les passionnés de « carbone forgé », un matériau fascinant dont Audemars Piguet a été le pionnier dans l’horlogerie (Royal Oak) : l’entreprise de la région lyonnaise s’appelle tout simplement... carbone forgé, qui est donc une marque de fabrique et non une famille générique de nouveaux matériaux. Quelques applications hors horlogerie sont tout aussi intéressantes...
••• DÉNICHÉ sur le catalogue Miyota (groupe Citizen) un nouveau mouvement, le C. 9015 (11 lignes et demi, 28 800 A/h, trois aiguilles-date) qui se faufile sur le territoire du 2892 ETA pour ceux qui recherchent un mouvement automatique très plat (3,9 mm) et très... accessible !
••• PRIS rendez-vous pour le prochain salon Belles Montres : ce Salon international de l’horlogerie de prestige (SIHP) se tiendra à Paris, toujours au Carrousel du Louvre, les 27, 28 et 29 novembre prochains, avec à peu près le même périmètre de marques qu’en 2009...
••• ASSISTÉ à un télescopage assez amusant autour de la communication Louis Vuitton : d’un côté, lancement à grands roulements de tambours médiatiques de la nouvelle campagne avec Madonna, avec des images superbes et totalement irréelles de la star, rajeunie et fantasmée en Bunny Girl de féerie [diffusion presse magazine dès cet été et making of dès le 13 juillet sur le site Louis Vuitton. Dans le même temps, exposition à Londres d’une série de photos de Madonna nue – une... vraie brune ! – prises en 1979 et partiellement diffusée dans Playboy en 1985 (Impure Art Gallery de Londres). Ça fait désordre...
••• DISCUTÉ avec Aldo Magada de ses nouvelles fonctions directoriales au sein du groupe Festina : il a repris la direction des marques du groupe en Suisse (Festina, Lotus et les autres, dont Candino dont il aimerait bien refaire une grande référence du Swiss Made accessible), mais aussi la direction générale de Perrelet – restructuration en cours – et de Leroy – marque de haute horlogerie que Miguel Rodriguez n’arrive pas à relancer, ni d’ailleurs à céder...
••• CONSTATÉ que le Swatch Group continuait à recruter, avec un ton très djeune : « Ici, tu es à la bonne place ! Tu vas faire un pas important pour ton avenir professionnel. Ne t’arrête pas »... « Une formation professionnelle initiale au Swatch Group t’ouvre de nombreuses perspectives. A travers ses sociétés basées en Suisse, il assure la formation d’environ 300 apprentis pour une trentaine de métiers »... On trouve cette annonce sur l’Espace Emploi du site Swatch Group.
••• NOTÉ le renforcement de la formation interne au SAV dans le réseau TAG Heuer américain : on y recrute – hors horlogerie – des candidats à la réparation des montres à quartz, qui évolueront ensuite vers les montres mécaniques. Concernés pour l’instant : une dizaine de postes (350 personnes au SAV TAG Heuer dans le monde). Une réponse intelligente et adaptée au dossier explosif de la réparation future des centaines de milliers de montres suisses vendues récemment sur le marché américain : qui pourra les réparer dans les cinq à dix ans à venir, alors que les écoles d’horlogerie américaines ne « produisent » que quelques dizaines de diplômés par an...
••• CRU à un gag ou à un canular en découvrant la Culinary Watch de Morpheus : la marque est de Las Vegas, mais la montre est dédiée aux arts culinaires, avec un boîtier en forme de poêle, avec une alarme pour les temps de cuisson ! Il paraît que ce n’est pas une farce, même si l’adresse de la marque est sur Ali Baba Lane...
••• REMARQUÉ le flou réglementaire qui entoure le port des smart watches dans les salles d’examen : n’importe quelle montre électronique un peu avancée peut aujourd’hui servir... d’anti-sèche aux candidats un peu faiblards. Démonstration – totalement immorale – avec la Stealth One qui semble n’avoir que cette vocation de « dépannage » : les tricheurs peuvent même trouver le mode d’emploi de cette horlogerie anti-éthique en vidéo !
••• APPLAUDI les propos des bloggeurs qui signent collectivement Keith Shelter. Sous leur pseudonyme rollingstonien, il évoque le design sensoriel pour augmenter le charisme des marques : « Avant d'être des consommateurs, nous sommes des êtres humains... Notre relation aux marques est donc pilotée par nos Sens... Nos 5 sens participent pleinement à l'attraction ou au désintérêt pour une marque... Comme pour n'importe quel individu, le look, le son de la voix, la personnalité sont des aspects que notre cerveau prend en compte pour décider.... Une marque doit se construire une personnalité et donc une empreinte olfactive, une identité sonore... Ce n'est pas simplement une charte graphique, un logo, un pack.... C'est la base de la trace laissée et de la construction d'un lien pérenne et durable »...
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