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SEIZIÈME JOUR…

Avant de créer sa Cabestan, Jean-François Ruchonnet nous avait proposé quelques concepts de rupture, comme la Monaco V4 de TAG Heuerou le double tourbillon de Breguet.
Jamais en retard d’une idée et toujours en avance d’un projet, dans tous les domaines de prix, il a récemment lancé le projet Snyper.
Il parle aussi cash qu’il réagit au quart de tour : cet hyper-actif hyper-sensible a donc toute sa place dans le Tour du monde horloger en 80 jours que votre Quotidien des Montres vous propose tout au long de l’été 2009...

• Quel est le niveau des commandes pour la rentrée ?
•••• Jean-François Ruchonnet (Cabestan, Genève) : Nous avons enregistré deux nouvelles commandes ces dernières semaines, ce qui porte à 45 le nombre de pièces commandées et confirmées à ce jour.


• Ces commandes expriment-elles une nouvelle demande ?
•••• Nous sommes dans une niche totalement dédiée à ce que le client visite la manufacture et configure « sa » pièce. Quant au prix, nous ne voulons pas brader notre produit et, franchement, nous nous refusons à jouer les marchands de tapis…


• L'avantage ou l'inconvénient d'être une marque indépendante en temps de crise ?
•••• Le gros avantage est que nos frais généraux sont tous petits et que nous avons la liberté d’agir, de prendre des risques ou des décisions d’une manière extrêmement rapide. Par contre, nous n’avons pas le soutien d’un groupe qui fait la banque, ce qui limite notre possibilité de croissance. Mais je dois dire que, par ces temps difficiles, la balance des deux est plutôt en faveur des indépendants. En tout cas, c’est ce qui ce passe chez Cabestan...


• Une baisse des prix est-elle envisagée, ou des produits anti-crise, et pourquoi ?
•••• La force d’une entreprise devrait être de garder la tête froide et de ne pas paniquer à la moindre alerte… Je suis sidéré de voir l’attitude de certains dirigeants qui se trompent de combats, mais c’est leur choix. Chez Cabestan, nous avons décidé de garder notre cap, de ne pas changer nos prix et prestations, de nous concentrer sur la qualité et la chronométrie de notre calibre et de ne livrer les montres que quand tous les paramètres définis par Eric Coudray [le maître-horloger de Cabestan, créateur, entre autres, du GyroTourbillon de Jaeger-LeCoultre] sont validés. C’est une bonne façon de ne pas se laisser perturber par la crise.


• L'avenir de l'horlogerie : complications, design, classicisme, logistique, productivité, concept watches, nouvelles technologies ?
•••• Je ne suis pas un devin, mais j’ai une petite idée de ce qui n’a pas encore été ou pas assez exploité. J’ai personnellement pas mal contribué à des concepts watches, avec les bonnes et les mauvaises choses que ça engendre. Maintenant, je dispose, avec l’équipe d’Eric Coudray et notre micro-manufacture, de moyens efficaces pour surprendre. La Cabestan II, la Chrono Hydro, le stylo « Tangon », la Winglet et quelques surprises seront mes réponses à cette question dans les 4 prochaines années.


• Comment repenser la communication horlogère ?
•••• Nous avons fais un choix, dès le début, de ne pas soutenir Cabestan par de la publicité, car la pièce fait sa propre communication. Par contre, je suis très impliqué sur les nouveaux médias comme Facebook (par exemple) : bien que critiqué pour ce coté show off que j’assume parfaitement, nous avons réalisé deux ventes par ce média. De plus, la notion d’appartenance au groupe ou à la tribu Cabestan est fondamentale dans ma démarche commerciale. Je m’amuse en travaillant et, vraiment, c’est très fun pour un communicateur comme moi !


• Peut-on faire confiance aux détaillants traditionnels pour relancer la machine horlogère ?
•••• Oui, mais aux vrais détaillants qui ont les c... de faire le tri dans notre « super-marché Carrefour de l’horlogerie ». Je me suis permis de dire non à des grands détaillants qui ont eu une attitude totalement désinvolte et irrespectueuses à l’égard de notre produit ou d’Eric Coudray qui l’a mis au point. Certains continuent encore à croire que le Cabestan ne fonctionne pas ou n’est pas livrée : c’est hallucinant et totalement délirant ! Par contre, des personnalités comme Laurent Picciotto (Chronopassion) ou Patrick Frischknecht (Les Ambassadeurs) sont des références pour moi, tant par leur attitude que par le professionnalisme qui les caractérise.


• Comment séduire des nouveaux clients et par quels canaux ?
•••• Nous avons une approche totalement directe. Je m’appuie sur mes réseaux de Paris, Monaco et Genève. Je m’implique sur tous les événements et les présentations de la marque, avec, à la clé, une livraison de la pièce que j’assure dans 80 % des cas. Avec une montre de ce prix, on peut comprendre aisément que l’approche diffère un peu des marques génériques. J’ai aussi d’autres approches en cours de test et on verra d’ici la fin de l’année si on développe ces nouveaux canaux.


• La bonne recette pour tenir le coup en temps de crise ?
•••• Là, on touche ce qui est ma vie depuis plusieurs années... Se lever tôt, travailler dur en s’amusant et se coucher tard avec le sentiment d’avoir eu une journée bien remplie !


• Sortie de crise pour quand ?
•••• Je ne suis pas un économiste, mais la plupart des gros acheteurs retrouvent l’usage de leur calculette... Le mal est profond : je pense que les grands groupes ont joué avec le feu dans le domaine de la distribution. Ma vision est que tout est en train de se reformater sur des fondamentaux logiques. Comme tout changement de cap, ça prendra du temps. Allez, je me risque à dire qu’il faudra attendre fin 2010 pour être confortable.


(*) « Le Tour du Monde Horloger en 80 Jours » (exclusivité Business Montres) : pendant tout l'été 2009, l'actualité horlogère au jour le jour, exprimée du tac au tac par quatre-vingt décideurs et influenceurs, en quatre-vingt fois dix textos d’actualité.

••• DEMAIN ••• DIX-SEPTIÈME JOUR : EN DIRECT DE SCHAFFHOUSE (SUISSE), GEORGES KERN (IWC).