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Patek Philippe - La loi du meilleur
 
Le 14-07-2009

La mythique manufacture genevoise est probablement celle qui investit le plus dans la recherche et le développement: en point de mire, le nouveau poinçon PP.

Aux lecteurs
"J’ai le plaisir d’offrir sans doute l’un des meilleurs articles de fonds qu’il m’ait été donné d’écrire en 40 ans de métier. C’est pourquoi, vous y trouverez un ton moins ' léger ' que ce celui auquel vous étiez habitués"


Les salons horlogers comme Bâle ne seraient pas un tel événement annuel sans les traditionnelles nouveautés. Tradition et nouveauté, voilà deux mots au sens opposé et dont la somme est très efficace. C’est un peu ce qui caractérise Patek Philippe, cette année et d’une manière générale, chez qui les nouveautés présentées à Bâle 2009 consistaient principalement en la déclinaison en or rose de modèles emblématiques de la marque. Pourtant, en rapport au chiffre d’affaires, la mythique manufacture genevoise est probablement celle qui investit le plus dans la recherche et le développement. Et LA nouveauté, sujet de discussion incontournable de ces dernières semaines, c’est le fameux Poinçon PP. Les détracteurs diront que c’est prétentieux, se comparer à Rolls Royce, PP, RR… Pourtant, Patek est bien la Rolls des montres, n’en doutez pas, et ce concept pourrait bien être l’avènement de la maison pour le début de ce siècle. Comprenons d’abord les différences principales entre le Poinçon PP et le Poinçon de Genève.

Depuis 1886…

Par une loi du 6 novembre 1886, le Conseil d’Etat de la République et Canton de Genève, a institué le contrôle facultatif des montres de Genève donnant droit au justement nommé "Poinçon de Genève", destiné à protéger de toute utilisation abusive la notion d’origine et de qualité genevoises.

Le poinçon de Genève, une appellation d’origine pour les mouvements

Plus retouchée depuis 1957, la dernière version du règlement date de 1994. En voici quelques points essentiels.
"...Assemblage et réglage dans le canton de Genève. (…)
Les mouvements doivent être numérotés. (…)
Tout mouvement doit être pourvu de pierre en rubis avec des trous polis, au rouage et à l’échappement. (…)
Côté pont, les pierres doivent être mi-glace et les moulures polies.
La pierre de la roue de centre à la platine n'est pas exigée. (…)
Les fournitures en acier doivent avoir les angles polis, les flancs étirés, les faces visibles adoucies, les têtes de vis doivent être polies ou cerclées (pourtour et fente anglés).(…)
Les roues de finissage doivent être anglées dessus et dessous et avoir des moulures polies. Pour les roues dont l'épaisseur est inférieure ou égale à 0,15 mm, un seul angle est toléré (côté pont). (…)
Les mouvements munis de pare-chocs sont acceptés. (…)

Le poinçon est apposé sur la platine et sur l'un des ponts, sauf s'il y a une impossibilité technique. (…)
A la demande du fabricant, un bulletin de marche peut être obtenu en complément du poinçonnage de Genève.
Les critères de son obtention sont définis selon la norme chronomètre NIHS 95. Ces bulletins sont établis par le bureau de Genève du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC). Les montres ayant subi avec succès les épreuves de marche peuvent revendiquer le titre de chronomètre..."
Avec le temps, le Poinçon de Genève est passé de synonyme de Chronomètre à une sorte d’appellation d’origine contrôlée pour mouvements de qualité genevoise.

De la montre de poche à la montre-bracelet

Remontons au début du siècle passé, vers 1930. La production de montres-bracelets dépasse pour la première fois la montre de poche, profitant pleinement de la relance économique des années 1930. Le Poinçon de Genève, qui avait déjà 50 ans derrière lui, avait été conçu à l’heure de la montre de poche, cette dernière permettant avec facilité de découvrir son mouvement, par la simple ouverture de son couvercle protecteur.

Le fait de porter la montre au poignet empêcha désormais à son détenteur de profiter de la vue du mouvement. Il faut attendre la fin des années 1980 environ (en réaction aux conséquences néfastes du mouvement électronique sur le mouvement mécanique traditionnel) pour découvrir à nouveau la mécanique, grâce aux fonds transparents. Mais pendant tout ce temps, le Poinçon de Genève existait, et seules peu de maisons telles que Patek Philippe continuaient à utiliser ce symbole comme critère de qualité et argument de vente.

Après les années 1980, avec la multiplication des marques et des prétendants à la qualité renommée de Genève, on vit trop de maisons profiter de l’obtention de ce poinçon à des fins purement marketing. S’en suivit une banalisation de ce symbole. On peut aisément imaginer quels sentiments de frustration ou d’agacement ont pu ressentir des horlogers tels que Patek, gardiens de la meilleure tradition horlogère.

Fort de son indépendance, Patek crée un nouveau standard

Ces raisons et le regard du Poinçon de Genève exclusivement centré sur le mouvement, peuvent avoir engendré, chez Patek Philippe, la décision de rechercher une solution plus adaptée à leur standard de qualité. Comme vous avez pu le constater plus haut, les critères du poinçon de Genève concernent exclusivement la bienfacture du mouvement.

Le projet du Poinçon PP date de nombreuses années. En son temps, Henri Stern communiquait déjà sur la qualité Patek Philippe avec le concept des 4 P de Patek Philippe. Projet qui a certainement continué à germer en silence chez Philippe Stern.

Quand on aime son métier comme Philippe Stern, et à la veille d’une passation de pouvoir, on tient à laisser une situation proche de la perfection. Il ne peut partir sans avoir tout mis en place à la perfection, y compris ce nouveau standard PP. Sans la formalisation de la qualité Patek, cela aurait laissé un goût d’inachevé. Et quand on aime son entreprise comme Philippe Stern, on peut imaginer qu’il gardera toujours un oeil bienveillant sur Patek Philippe.

Ce n’est pas un hasard si les deux plus belles manufactures horlogères au monde, Patek Philippe et Rolex, ont le point commun d’être indépendantes, face aux groupes de MM. Hayek, Rupert et compagnie. Ce qui paraissait être un avantage au cours des années 1990, l’appartenance à un groupe fi nancier puissant, est peu à peu devenu une lame à double tranchant, un point faible, lorsqu’il s’agit de l’approvisionnement de pièces que ne fabrique que le groupe concurrent, par exemple, ou lorqu’il s’agit de traverser une bourrasque économique et de payer pour les plus faibles du groupe.

Patek Philippe, ainsi, a traversé ces deux décennies en toute sérénité. Sans croissance exagérée, certes, lorsque certains grandissaient exponentiellement, mais sans subir de plein fouet la crise récente, ni en subir les eff ets indirects, car ne dépendant de personne.

40 000 montres par 1300 employés; la valeur-qualité ajoutée

Patek et Rolex ne sont pas des concurrents et ont des produits distincts. L’un fabrique en quantité les montres du meilleur rapport qualité-prix du marché (200 montres-employé-an), l’autre de la meilleure qualité tout-court (environ 30 montres-employé-an). Le prix de l’indépendance a été d’investir constamment dans un outil de production le plus performant et sur une main d’oeuvre qualifi ée ainsi que d’acquérir des sous-traitants importants, tels que fabricants de cadrans (Flückiger), de boîtes (Ateliers Réunis, puis Calame) et autres bijoutiers, etc. Afi n de pouvoir mieux contrôler la qualité dans toutes les étapes de la fabrication, tout en maintenant le traditionnel savoir-faire de la maison.

Le Poinçon PP

La montre comporte trois organes essentiels: le mouvement, le cadran et la boîte. Leur importance s’est répartie tout au long de ces années, alors qu’à la fi n des années 1800, la montre, c’était surtout son mouvement. C’est pourquoi le Poinçon PP, même s’il n’est gravé que sur le calibre, inclut, dans ses critères, désormais tous les composants de la montre: boîte, cadran, aiguilles, remontoir, poussoirs, att aches et bracelet. Pour dire, le contrôle est poussé même jusqu’à la qualité et la fi nition du cuir du bracelet.

En plus des critères techniques et esthétiques concernant l’ensemble des composants de la montre, il comprend un engagement concernant la bonne marche et la fi abilité des fonctions et de la précision. C’est aussi le seul seau de qualité horloger à intégrer le service durant toute la durée de vie du produit, en s’engageant à assurer la maintenance et la restauration de toutes les montres créées par la manufacture depuis 1839.

La montre, instrument de mesure du temps

Tous les calibres mécaniques actuellement en production chez Patek répondent déjà entièrement aux exigeances du Poinçon de Genève. Les critères "PP", plus poussés, impliquent dorénavant un contrôle de précision de la marche de la montre.

Ces contrôles, d’une trentaine de jours avant l’emboîtage et encore une vingtaine de jours après l’emboîtage, simulent les conditions (même extrêmes). Pour une montre automatique, qui nécessite déjà 1200 opérations pour sa fabrication, au cours desquelles plusieurs centaines d’heures de contrôle son eff ectuées, il faut ainsi ajouter une cinquantaine de jours, en tout, de contrôles et de tests. Ce qui fait de Patek Philippe non seulement la meilleure montre en fabrication, mais aussi la plus fi able, que vos enfants et petits enfants pourront porter à l’entretien, comme cela se fait depuis 1839. Comprenez alors les délais d’att ente. Parfois jusqu’à deux ans ou plus, pour certains modèles selon le degré de complexité. Cela me fait penser à une Ferrari, que l’heureux propriétaire doit souvent att endre des mois et des mois avant de pouvoir s’en régaler.

Une qualité incomparable

Pourtant, la montre elle-même brille par sa discrétion. En effet, dans une Patek, rien n’est fait pour se faire remarquer. Tout est fait pour le bon fonctionnement, le bon goût, l’esthétique intemporelle et surtout pour le confort au porter. Henri Stern le disait dans un catalogue de 1967: la qualité d’une Patek Philippe est invisible à son propriétaire. Ainsi, avec un horloger, nous avons démonté deux montres avec le même type de complication, un modèle Patek avec quantième et phases de lune, et une montre d’une marque concurrente et dans le même ordre de prix.

De la montre emballée, sortie du magasin, à la montre complètement démontée, j’ai effectué une dizaine d’observations comparatives et les ai notées de 1 à 10 au fur et à mesure que nous les déshabillions. J’en ai vu des montres, depuis plus de quarante ans de métier. Et fort de cett e expérience, le constat n’est que plus éloquent. Je note la Patek entre 8,5 et 9 sur 10 pratiquement tout le long. L’autre montre, qui paraissait de qualité comparable, surtout vue de l’extérieur, baissait en qualité et en fi nition au fur et à mesure que je découvrais l’intérieur, ne valant parfois pas même la moyenne.

Message à la descendance

Avec son nouveau poinçon, Patek veut faire passer un message fort: "Les critères du Poinçon de Genève n’étant pas des critères représentatifs de l’ensemble de ses propres critères de qualité, il fallait créer un nouveau label, une sorte de certifi cation pour les meilleures montres du monde."

Et pourquoi un Poinçon PP alors que c’est déjà une Patek Philippe? Pour que la descendance n’oublie pas que chaque Patek Philippe, depuis 1839, a été construite comme la meilleure montre du monde.
Gabriel Tortella

Tribune des Arts

Voir article : Patek Philippe - Perfection de la précision, must de la complication

 



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